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Écrites par les plus grands maîtres et les plus illustres
amateurs qui aient paru dans ces trois arts depuis
le xve. siècle jusqu'au xvIII; publiées à Rome par BOTTARI
en 1754; traduites, et augmentées de beaucoup de lettres
qui ne se trouvent pas dans son Recueil; et enrichies
de notes historiques et critiques.

PAR L.-J. JAY,

Correspondant de l'Institut royal de France, de l'académie des Arcades
de Rome, de celle des beaux-arts de Pérouse et de Grenoble, ancien
professeur de l'école centrale, et ancien conservateur du musée de
cette ville.

PARIS,

AZ 5365

GALERIE DE TABLEAUX, RUE DU GROS-CHENET.

1817.

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AUX ARTISTES,

ET AUX AMATEURS

DES BEAUX-ARTS.

C'EST aux amis des beaux-arts de tous les temps et de tous les pays, que je dédie cet ouvrage.

Le plaisir que, sans doute, ils éprouveront à connaître les artistes et les amateurs les plus illustres qui aient existé, depuis le quinzième siècle, dans la peinture, la sculpture et l'architecture, sera, pour la publication de ces Lettres, le plus solide appui que je pouvais invoquer.

Un nouvel Horace eût-il célébré dans ses vers un Mécène nouveau, je n'aurais pu lui faire hommage du monument le plus respectable de l'art moderne; je le devais aux dignes successeurs, aux véritables appréciateurs des grands maîtres.

C'est donc à vous, amans passionnés des beaux-arts, amateurs ou artistes, que je présente la portion la plus précieuse et la moins connue de l'immense héritage que ces grands hommes nous ont laissé; c'est vous, que je regarde comme mes amis, par l'enthousiasme qui nous est commun, qui communiquerez à d'autres l'instruction que vous y aurez puisée vous-mêmes. Dans ces artistes fameux tout est leçon, tout est modèle ; ils ne pouvaient, à l'exemple des Grecs, chercher le beau physique sans arriver au beau moral, objet de leur étude et de la vôtre.

La lecture de ces lettres prouvera jusqu'à l'évidence cette vérité; on y verra que le vrai, le grand et le sublime de l'art nous sont transmis par ces auteurs classiques, et que, sans leurs préceptes, le feu sacré qui les anima

pourrait s'éteindre encore. Mais il brille, il devient électrique dans ces écrits sortis de leurs savantes mains.

C'est surtout dans le silence des ateliers, que la méditation de ces Lettres fera sentir aux artistes qu'elles renferment pour eux des richesses inappréciables.

Telle est, enfin, l'importance de ce Recueil, que si l'art devait succomber sous les efforts d'une barbarie nouvelle, ou qu'il dût être encore avili par une corruption semblable à celle du dix-huitième siècle, il y trouverait des principes sûrs et régénérateurs.

Artistes et amateurs! bientôt vous allez jouir de l'entretien de ces artistes immortels. Bientôt vous allez les entendre parler de leur art, de ses difficultés, des moyens de les vaincre, et d'arriver par de nobles travaux à la plus brillante renommée.

Après avoir rendu d'assez longs services aux beaux-arts, si celui-ci devait être le dernier, je n'aurais plus qu'un vœu à former, ce serait qu'ils pussent s'élever dans la France, ma chère patrie, à la hauteur sublime du siècle de Léon X. Il est permis de le croire, puisque les grands génies naissent indépendamment des révolutions des empires, et que l'École française, devançant toutes les autres aujourd'hui, ne fait pas regarder comme impossibles d'aussi flatteuses espérances (1).

L.-J. JAY.

(1) Mon vœu ne saurait être exclusif; il s'étend à toutes les nations

qui cultivent les beaux-arts.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

QUELLES que soient les fictions plus ou moins aimables, ou ingénieuses, au moyen desquelles on a cherché à donner à la naissance des beaux-arts une origine précise, il n'en est pas moins vrai qu'elle se perd dans la nuit des temps, comme celle des autres connaissances humaines.

L'homme a un goût si naturel pour l'imitation, que tous les peuples sauvages et policés s'y sont adonnés. Les premiers, non contens de peindre ou de sculpter sur diverses matières, se peignent la figure et les différentes parties de leur corps, en y faisant des traits dont la forme et la couleur sont ineffaçables. Le mot tatouer sert aujourd'hui à exprimer ce singulier genre de talent, que beaucoup de nos ouvriers imitent imparfaitement sur leurs poitrines, sur leurs bras et ailleurs.

de sa

Laissant donc à part la question souvent agitée, voir quel est celui, du peuple égyptien, du peuple étrusque ou des Pélages, qui a le plus anciennement cultivé les arts, disons que, malgré une certaine ressemblance qu'ont leurs idoles et leurs monumens, il est bien probable que les beaux-arts eurent chez les deux premiers une très-longue enfance d'où l'on doit inférer que ni les uns ni les autres ne purent rien apprendre de leurs voisins, moins instruits et sans doute plus barbares qu'eux (1).

:

Quoi qu'il en soit, nous voyons que l'art étrusque parvint à une exacte imitation de la nature: on remarque beaucoup de feu et de vivacité dans le mouvement de ses figures, tandis que l'art égyptien n'est singulier que par son degré d'immobilité, et par un dessin plus défectueux que celui des Chinois.

Hâtons-nous de franchir cette multitude de siècles sur lesquels nous n'avons que des notions assez incertaines ;

(1) C'est après avoir vu plusieurs fois le beau musée étrusque de M. Oddi Baglioni, près de Pérouse, que nous avons acquis cette

conviction.

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