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qui me paraît regarder un corps que je n'aurais point, et d'autres corps qui ne seraient point aussi.

Donc il n'est pas vrai que je n'aie point de corps, et que mon esprit soit la seule créature de Dieu.

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3. Dieu agit par les voies les plus simples, et selon les lois générales; or, ce ne serait pas si je n'avais point de corps, et qu'il n'agît qu'envers moi seul : donc il n'est pas vrai, etc.

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Je ne demeure pas d'accord de ces démonstrations, parce que je ne demeure pas d'accord que les principes dont on les tire soient assez généraux et assez nécessaires pour démontrer une proposition qui pourrait être contestée; mais il me semble que la conclusion en est bien tirée, et par conséquent il faut qu'il reconnaisse, ou que ces maximes ne sont pas telles qu'il les a crues, ou qu'il a eu tort de dire qu'il n'y a que la foi qui puisse nous assurer qu'il y a des corps.

CONCLUSION.

Voilà, Monsieur, mes premières difficultés sur les sentiments particuliers de notre ami. Cela ne regarde pas encore ceux du Traité de la Nature et de la Grâce; mais il a cru lui-même qu'ils y avaient bien du rapport, puisqu'il a souhaité qu'on les étudiât avant que d'examiner ceux de son Traité, et qu'il y renvoie expressément dans le premier chapitre de son troisième Discours. Je ne pouvais donc mieux faire, pour bien entrer dans les nouvelles pensées de son dernier ouvrage, que de commencer par là.

J'y ai trouvé de plus de l'avantage pour lui et pour moi. C'est que je n'ai point eu besoin de lui opposer l'autorité de celui-ci, ou de celui-là, ce qui jette souvent dans des questions de fait assez ennuyeuses, ni de le combattre par les vieilles règles et les vieux principes d'une philosophie qu'il n'aurait pas approuvée. Je n'ai eu le plus souvent qu'à l'opposer à lui-même, qu'à le prier de prendre plus garde à ce qui se passe dans son esprit, qu'à l'avertir, comme il a fait si souvent les autres, de plus écouter la raison que les préjugés, et de le faire souvenir des maximes qu'il a établies pour se bien conduire dans la recherche de la vérité.

Si j'y ai bien réussi, je ne prétends point en tirer de gloire; car je ne saurais dire comment tout cela m'est venu dans l'esprit, ne m'étant jamais formé jusqu'alors aucun sentiment sur cette matière; de sorte que si l'on trouve que j'y aie donné quelque jour,

j'avouerai sans peine qu'il faut qu'il y ait eu plus de bonheur que d'adresse.

Que si, au contraire, je m'étais trompé, et que je me fusse ébloui moi-même, lorsque je me suis imaginé avoir découvert l'éblouissement des autres, il serait juste que j'en portasse la confusion. Et il me semble, autant que je puis sonder le fond de mon cœur, que je n'en appellerais point, et que je ne trouverais point mauvais que l'on me traitât comme je l'aurais mérité, si j'avais été assez imprudent pour parler avec tant de confiance, n'ayant pas raison. Car c'est une faute humaine et pardonnable de tomber innocemment dans quelque erreur qui n'a point de mauvaise suite; mais en quelque matière que ce soit, on a de la peine à excuser un homme qui ne se contente pas de combattre ce qu'il aurait dû approuver, mais qui le fait avec tant de présomption, qu'il entreprend de faire passer les égarements de son esprit pour de véritables démonstrations.

Mais je dis plus, Monsieur, quand il n'y aurait rien que de solide dans tout ce que j'ai écrit sur ce sujet des idées (comme je vous avoue de bonne foi qu'il m'est impossible de croire autre chose, tant que je n'aurai point d'autre lumière que celle que j'ai maintenant), je serai très aise que, si notre ami n'en est pas persuadé, et qu'il demeure toujours dans ses premiers sentiments, il les défende du mieux qu'il pourra, sans m'épargner, et en se servant des termes qu'il jugera les plus propres à faire voir qu'il n'a point tort; mais que c'est moi qui ai combattu mal à propos cette belle maxime si digne de Dieu que c'est en Dieu que nous voyons toutes choses.

NOTES

SUR LE TRAITÉ DES VRAIES ET DES FAUSSES IDÉES.

(1) Réponses aux sixièmes Objections.

(2) Voyez plus haut Objections contre les Méditations, p. 2.

(3) Reid partage entièrement la manière de voir d'Arnauld sur l'origine de l'hypothèse des idées représentatives. Voyez OEuvres complètes, t. III, p. 226 et suiv. Le même volume renferme un morceau remarquable de M. Royer-Collard sur le même sujet, p. 327 et suiv. Cf. II, p. 365 et suiv. (4) Cinquièmes Objections contre les Méditations, t. II, p. 273 de l'édition des OEuvres philos. de Descartes, publiées par M. Garnier.

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DES VRAIES ET DES FAUSSES IDÉES.

(5) Les Conversations chrétiennes sont un ouvrage de Malebranche. (6) Ces efforts d'Arnauld pour concilier sa propre théorie avec les façons de parler communes lui ont attiré les critiques de Reid (OEuv. compl., t. IV, p. 229). Ils sont en effet moins heureux que subtils; ce qui n'empêche pas que la critique de Reid ne soit fort exagérée, comme nous en faisons la remarque dans l'introduction.

(7) Malebranche dans sa Réponse, p. 138, a désavoué cette opinion. (8) Malebranche a également désavoué cette opinion. Voyez la Réplique d'Arnauld, Défense du Livre des vraies et des fausses Idées, p. 149.

(9) « La troisième réflexion que je présenterai au sujet des idées, dit Reid (OEuv. compl., III, p. 249), c'est qu'à l'exception de leur existence qui est universellement admise, tout ce qui les concerne est un sujet de dispute entre les philosophes. Si les idées ne sont pas des êtres imaginaires, nous devons les connaître parfaitement puisque nous avons avec elles le commerce le plus intime: cependant il n'y a rien sur quoi les philosophes aient autant différé. »

(10)« Lorsque nous voyons le soleil ou la lune, dit Reid, il nous semble assurément que les objets immédiats de notre vision sont très éloignés de nous et qu'ils le sont aussi l'un de l'autre. Nous ne doutons pas qu'ils ne soient ce même soleil et cette même lune que Dieu a suspendus à la voûte des cieux le jour de la création, et qui depuis n'ont pas cessé d'exécuter les révolutions qu'il leur avait prescrites. Cependant les philosophes nous avertissent que nous sommes dans une erreur grossière; que le soleil et la lune que nous voyons immédiatement ne sont point, comme nous le supposons, à des millions de lieues l'un de l'autre et de nous; qu'ils sont dans notre esprit ; qu'ils ont commencé d'être quand nous les avons aperçus ; qu'ils cesseront d'être lorsque nous cesserons de les voir; qu'en un mot, les objets que nous percevons ne sont que des idées en nous.... » OEuvr. compl., t. III, p. 232.

(11) Arnauld dans sa Défense, p. 275, est revenu fort au long sur ces variations de Malebranche.

(12) Aristote a présenté la critique du système de Platon dans la plupart de ses ouvrages, et en particulier au livre Ier et au livre XIII de sa Métaphysique. C'est d'ailleurs une question que de savoir si Platon a distingué les idées de l'intelligence divine ou les y a confondues. On trouvera un résumé substantiel de cette controverse dans les Études sur le Timée, par M. Henri Martin, Argum. § I, et notes 22 et 60.

(13) Arnauld, comme nous l'avons dit dans notre introduction, alla plus loin dans la Défense et soutint que Malebranche mettait formellement l'étendue en Dieu, en d'autres termes, faisait Dieu matériel. Malebranche se défendit victorieusement de cette imputation; Arnauld toutefois crut devoir insister de nouveau. Voyez Lettres au P. Malebranche, let

tres VIII et IX.

(14) Discours sur la Méthode, partie VI.

(15) Principes de la Philosophie, partie III.

(16) Réponses aux Cinquièmes Objections, III. Cf. Méditations, III; Principes,I, 19.

(17) Voyez les Notes sur la Logique, 17.

(18) Cordemoy, partisan de la philosophie de Descartes, né vers 1620, mort en 1684, auteur de divers opuscules, entre autres, d'un traité du Discernement de l'Ame et du Corps.

(19) Descartes ayant répondu aux Premières Objections de Gassendi, celui-ci répliqua ; c'est au recueil de ses Instances que renvoie Arnauld. On en trouvera l'analyse au tome II des OEuvres philosophiques de Descartes, publiées par M. Garnier.

(20) Tous les arguments d'Arnauld en faveur de l'existence du monde matériel peuvent se ramener à celui de Descartes : Si les corps n'existaient pas, Dieu ne serait pas véridique, et il manquerait de plusieurs autres perfections. Est-il nécessaire de faire remarquer que cette démonstration prétendue n'est qu'un paralogisme, qu'on appellerait grossier, a dit M. Royer-Collard, s'il ne s'agissait d'aussi grands hommes. Nous ne connaissons Dieu qu'au moyen et dans la mesure de notre faculté générale de connaître il est donc étrange de présenter les perfections divines comme preuve de la véracité de ces facultés considérées soit en elles-mêmes, soit dans leur application. L'existence du monde nous est directement révélée par les sens : quand on entreprend de la démontrer, on accorde implicitement qu'elle a besoin de l'être, et si la démonstration est détestable, on s'expose à susciter des philosophes qui la contestent comme ont fait Berkeley et Hume.

FIN.

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PREMIER DISCOURS, où l'on fait voir le dessein de cette nouvelle

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SECOND DISCOURS, contenant la réponse aux principales objections
qu'on a faites contre cette logique.

PREMIÈRE PARTIE.

23

33

Contenant les réflexions sur les idées ou sur la première action de l'esprit
qui s'appelle concevoir.

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Des idées considérées selon leur composition ou sim-
plicité, et où il est parlé de la manière de connaître
par abstraction ou précision. .

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61

VI.

Des idées considérées selon leur généralité, particularité

et singularité. . .

63

-

VII. Des cinq sortes d'idées universelles, genres, espèces, dif-
férences, propres, accidents...

65

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VIII. Des termes complexes et de leur universalité ou particu-

larité...

71

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