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on le voit, sont bien changés. Huit ans avant J.-C., C. Marcius Censorinus, protecteur des savants, des philosophes, des poëtes, reçoit, à titre de présent, les ouvrages qu'ils lui adressent. Et, deux cent cinquante ans plus tard, nous retrouvons un descendant de ce Censorinus, qui, savant à son tour, protégé et non protecteur, grammairien et non préteur ou édile, philosophe et non courtisan, humble écrivain et non riche consul, sollicite le patronage que ses aïeux étaient en possession d'accorder.

Ce fut vers l'an 991 de la fondation de Rome, ou 238 de l'ère chrétienne, sous le consulat d'Ulpius et de Pontianus, ainsi qu'il nous l'apprend lui-même (ch. xx1), que Censorinus écrivit ce petit, mais curieux ouvrage, qu'il intitula de Die natali, moins sans doute à cause des matières qu'il y traitait, que parce qu'il l'avait composé à l'occasion de l'anniversaire de la naissance de Quintus Cerellius. Aussi Lien notre auteur y parle-t-il non-seulement de l'histoire naturelle de l'homme, mais encore de la musique, des rites religieux, de l'astronomie, de la chronologie, des années, des mois et des jours chez les Romains et les diverses nations.

Quoi qu'il en soit, ce petit livre a été de la plus grande utilité aux chronologistes, pour déterminer les principales époques des événements anciens. Aussi Joseph Scaliger (lib. ш Emend. temp.) n'hésite-t-il point à nommer Censorinus, eximius ille et doctissimus temporum et antiquitatis vindex. Partout, en effet, cet auteur se montre aussi érudit que judicieux; et, comme l'a écrit M. Walkenaer 1, « il paraît avoir fait une étude particulière des livres des Pythagoriciens et des Étrusques; son style est toujours clair et concis, sans aucune trace de mauvais goût, mêlé seulement de quelques expressions peu classiques. »

Du reste, quelques savants ont pensé que ce petit livre n'était que l'abrégé, epitome, d'un ouvrage plus important, composé par Censorinus, et adressé sous le même titre à Quintus Cerellius. Ils rattachaient même à ce livre, ou, du moins, ils attribuaient à notre auteur les fragments d'un ouvrage intitulé de Naturali Institutione, qui traite de l'astronomie, de la géométrie, de la musique, de la versification. Ces Fragments d'un auteur incertain sont même imprimés, dans quelques anciennes éditions, à la suite du livre de Censorinus; mais on eut bientôt reconnu le peu de fondement de cette opinion.

1 Article CENSORINUS de la Biographie universelle, publiée à Paris par les frères Michaud.

C'est à tort aussi, suivant nous, que quelques écrivains, et entre autres M. Fuhrmann (dans son Manuel de littérature classique, publié en allemand, tome iv, page 321), ont prétendu que Censorinus avait composé un livre intitulé Indigitamenta. Il est vrai que notre auteur parle, au chapitre II, d'un ouvrage sous ce titre; mais il l'attribue à Granius Flaccus, et il ajoute qu'il était dédié à César.

Indépendamment de son livre intitulé de Die natali, Censorinus avait composé un traité sur les Accents. Cet ouvrage, cité avec éloge par Cassiodore et par Priscien, n'est point parvenu jusqu'à nous.

Le livre de Censorinus était trop curieux, trop utile surtout aux chronologistes et aux savants, pour qu'on ne songeât point à l'éditer. Aussi fut-il successivement publié en Italie, en France, en Angleterre, en Allemagne. L'édition princeps parut à Bologne, en 1497, in-folio, avec le Manuel d'Epictète et la Table de Cébès. La meilleure édition est celle qu'a donnée Sigebert Havercamp, Leyde, 1743, in-8°, et qui, réimprimée sans aucun changement quatre ans plus tard, renferme, avec les Fragments d'un auteur incertain, les fragments des Satires de Lucilius, qu'on ne s'attendait guère à y trouver. La dernière édition est celle qu'a donnée Jean Sigismond Gruber à Nuremberg, in-8°, 1805, et qui y a été réimprimée, sous le même format, en 1810.

Jamais, que nous sachions, ce petit livre de Censorinus n'avait été traduit en notre langue; aussi le présentons-nous comme traduit en français pour la première fois.

Nous avons dû éclaircir par quelques notes les passages qui nous semblaient obscurs, ou qui réclamaient une interprétation toute spéciale. Les chapitres où sont retracées les principales règles de la musique, et dans lesquels ces règles sont appliquées au fait de la gestation et au système astronomique, étaient nécessairement dans ce cas. N'ayant point de meilleure interprétation à leur donner que celle que nous offrait le Dictionnaire de musique de J.-J. Rousseau, nous ne nous sommes fait aucun scrupule d'emprunter à cet auteur quelques articles, que l'on croirait avoir été composés tout exprès pour servir de commentaire à ces différents chapitres de Censorinus.

J. MANGEART.

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MUNERA ex auro vel quæ ex argento nitent, cælato opere, quam materia, cariora, ceteraque, hoc genus, blandimenta Fortunæ, inhiat is, qui vulgo dives vocatur. Te autem, Q. Cerelli, virtutis non minus, quam pecuniarum divitem, id est vere divitem, ista non capiunt. Non quod earum possessionem, vel etiam usum a te omnino abjeceris, sed quod sapientium disciplina formatus, satis liquido comperisti, hujusmodi sita in lubrico, bona malave per se non esse, sed twv μeowv, hoc est bonorum malorumque media censeri. Hæc, ut Comicus ait',

Perinde sunt, ut illius est animus, qui ea possidet:
Qui uti scit, ei bona; illi, qui non utitur recte, mala.

Igitur, quoniam quisque, non quanto plura possidet, sed quanto pauciora optat, tanto est locupletior: opes tibi in animo maximæ, et eæ, quæ non modo bona generis humani præcedant, sed quæ ad deorum immortalium

CENSORINUS.

DU JOUR NATAL

OUVRAGE ADRESSÉ A Q. CERELLIUS.

I. Préface.

Les cadeaux qui consistent en objets d'or ou d'argent, objets plus précieux par le fini de leur travail que par le prix de leur matière, et toutes ces autres faveurs de la fortune, excitent la cupidité de celui que vulgairement on nomme riche. Quant à toi, Q. Cerellius, dont la vertu non moins que l'argent forme la richesse, c'est-à-dire qui es véritablement riche, tu ne te laisses point prendre à de tels appâts. Non que tu en aies à tout jamais repoussé loin de toi la possession ou même la jouissance; mais formé par les préceptes des sages, tu as assez clairement reconnu que toutes ces fragilités ne sont par elles-mêmes ni des biens ni des maux, mais des choses indifférentes, c'est-à-dire tenant le milieu entre les maux et les biens. Elles n'ont, suivant la pensée du poëte comique,

« De valeur que celle qu'a l'esprit de celui qui les possède : des biens, pour qui sait en user; des maux, pour qui en use mal. »

Donc, puisque, je ne dirai point plus on possède, mais moins on désire, plus on est riche, ton âme est riche des biens les plus grands, de ces biens qui non-seulement l'emportent sur tous les biens d'ici-bas, mais qui encore

æternitatem penitus accedant. Quod enim Xenophion Socraticus dicit: Nihil egere, est deorum : quam minime autem, proximum a diis. Quare, quum dona pretiosa neanimi virtutem desint, neque que tibi per mihi per rei tenuitatem supersint, quodcunque hoc libri est, meis opibus comparatum, Natalitii titulo 2 tibi misi. In quo non, ut plerisque mos est, aut ex ethica parte philosophiæ, præcepta ad beate vivendum, quæ tibi scriberem mutuatus sum: aut ex artibus rhetorum locos laudibus tuis celebrandis persequutus (ad id enim virtutum omnium fastigium ascendisti, ut cuncta, quæ vel sapienter, monentur, vel facunde prædicantur, vita moribusque superaveris): sed ex philologis commentariis quasdam quæstiunculas delegi, quæ congestæ possint aliquantum volumen efficere. Idque a me vel docendi studio, vel ostentandi voto non fieri, prædico: ne in me, ut vetus adagium est, jure dicatur: Sus Minervam. Quum vero tuo collatu scirem, me plura didicisse, ne beneficiis tuis viderer ingratus, nostrorum veterum sanctissimorum hominum exempla sum sequutus. Illi enim, quod alimenta, patriam, lucem, se denique ipsos deorum dono habebant, ex omnibus aliquid dîs sacrabant; magis adeo ut se gratos approbarent, quam quos deos iis arbitrarentur indigere. Itaque, quum perciperent fruges, antequam vescerentur, dìs libare instituerunt : et, quum agros atque urbes possiderent, partem quamdam templis, sacellisque, ubi eos colerent, dicaverunt: quidam etiam pro cetera bona corporis valetudine crinem deo sacrum

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