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tifes pour le droit sacré; pas plus qu'eux ils ne prononçaient la sentence, mais comme eux ils montraient la loi ; quelque haut placés qu'ils fussent, en effet, quelque puissantes et étendues qu'aient été leurs attributions, jamais on n'oublia que les membres des collèges sacrés n'avaient pas le droit de jussion, mais de simple avis seulement. Aussi le premier des prêtres marche-t-il après le roi et ne le conseille que quand il en est requis. En dépit des suggestions de la piété, Rome a toujours maintenu inflexiblement cette maxime que le prêtre doit demeurer sans puissance dans le gouvernement, et que, loin qu'il ait d'ordre à donner, il doit, comme tout citoyen, obéissance au plus humble des officiers publics (1). »

ORIGINE DE L'INSTITUTION DES FÉTIAUX. Est-ce à Numa Pompilius, à Tullus Hostilius ou à Ancus Martius que revient l'honneur d'avoir créé cette institution? Nous n'en savons rien au juste. Ce qui est à peu près certain et admis par la plupart des auteurs modernes, c'est que les Romains n'ont point eu l'idée première du droit fétial. La vérité est que cette institution était connue bien avant la fondation de Rome, et que les Romains, en se l'appropriant, n'ont fait que suivre une coutume répandue depuis longtemps chez les différents peuples italiques. Des témoignages de l'histoire il résulte en effet que cette institution existait chez les Albains (2), chez les Ardéens (3) ou Ardéates, chez les Samnites (4), les Sabins, chez les Falisques d'Étrurie (5) et les Équicoles (6). Il est même bon

(1) Mommsen, Histoire Romaine, tome I, page 232.

(2) Tite-Live, I, 24.

(3) Denys d'Halycarnasse, Antiquités romaines, II, 72. (4) Tite-Live, VIII, 39; IX, 1

(5) Servius, ad Æneidem, X, 14.

(6) Tite-Live, I, 32.

de remarquer que chez les Falisques et les Équicoles le nom de fétial était également employé pour désigner les ambassadeurs envoyés par ces peuples à l'étranger pour y décider de la paix ou de la guerre. « Fetiales Romam missi le Fétiaux envoyés à Rome, » dit Tite-Live (1) en parlant des Samnites alors en guerre avec la République. Rome n'eut donc pas l'idée première du droit fétial, mais il faut aller plus loin et dire que très probablement cette institution fut apportée en Italie par les conquérants Pélasges, car si nous en croyons Denys d'Halycarnasse « leurs armées, dans les expéditions, étaient précédées par des hommes revêtus d'un caractère sacré, et n'ayant d'autres armes qu'un caducée et des bandelettes (2) ». Aux temps héroïques de la Grèce, Homère nous montre des hérauts sacrés présidant à la conclusion des traités et interposant leur autorité pour maintenir la paix (3). A une époque moins fabuleuse et plus récente, on retrouve chez les différents peuples grecs des hérauts ou théores (xnpuxns) qui ont pour mission principale de déclarer la guerre aux peuples étrangers. Les historiens grecs de cette époque nous parlent à plusieurs reprises de guerres non déclarées et paraissent vouloir nous laisser entendre que c'étaient des exceptions regrettables. Thucydide emploie pour désigner cette exception, l'expression oλepot axηpuxta (guerre non déclarée) (4). Ailleurs, c'est Hérodote qui nous apprend que les Athéniens portèrent la guerre chez les Egynètes sans l'avoir déclarée «πόλεμον ακήρυκτον Αθηναιοι ἐπέφερον Αίγινηταις (5).

(1) Tite-Live, VIII, 39.

(2) Denys d'Halycarnasse, Antiquités romaines, I, 21.

(3) Homère, Iliade, livre I, vers 345 à 301.

(4) Guerre du Péloponèse (Thucydide), I, 29.

(5) Hérodote, Histoire, V, 31.

Du reste, pour se convaincre qu'en Grèce il existait une institution présentant certaines analogies avec celle des Fétiaux latins, il suffit de rappeler que le tribunal amphictyonique des Grecs exerçait sur les états confédérés une médiation qui avait pour but d'empêcher entre eux toute guerre injuste ou inutile. M. Rouard de Card à ce propos rappelle le rôle de ce tribunal grec qu'il compare au collège des Fétiaux romains (1). Le conseil des Amphictyons était composé des députés des villes de la Grèce entière, et se tenait deux fois l'année, tantôt aux Thermopyles, près du temple de Cérès, et tantôt à Delphes; il jugeait les différends qui survenaient entre les peuples grecs et veillait au maintien de la concorde et de la paix. Au moment où la guerre allait éclater entre Sparte et les Messéniens (144 av. J.-C.) ceux-ci proposèrent de s'en rapporter au jugement des Amphictyons. Sur la réponse négative de Sparte, les hostilités commencèrent. Au dire des historiens grecs, l'autorité de ce tribunal fut longtemps respectée, et contribua pour une large part à assurer à la Grèce une suprématie incontestable sur les peuplades primitives de l'Europe orientale.

Si de la Grèce nous passons en Gaule, là encore nous voyons des collèges sacerdotaux présider aux déclarations. de guerre et calmer l'humeur trop belliqueuse des chefs gaulois. Dans ce pays c'étaient les druides qui avaient pour mission d'empêcher les guerres inutiles et de s'interposer dans les différends entre peuplades voisines. Ils servaient, nous dit Grotius, d'arbitres entre les peuples belligérants, et souvent ils séparèrent les combattants qui en étaient déjà

(1) Rouard de Card, l'Arbitrage international dans le passé, le présent et l'avenir, pages 10 et 11.

arrivés à prendre les armes : « Inter bellantes erant arbitri et sæpe jam acie congressuros diremerunt (1). » Au dire de Strabon, en Ibérie comme en Gaule, il y avait certains hommes revêtus d'un caractère sacerdotal, interposant leur autorité religieuse entre les combattants et les forçant souvent à déposer les armes (2).

Ainsi l'idée première d'une institution destinée à servir de médiatrice entre peuples voisins et, souvent ennemis n'a pas pris naissance à Rome. Celle-ci n'a fait qu'imiter les autres peuples et leur emprunter une institution qu'elle a su s'approprier en lui donnant une forme nouvelle et inconnue jusqu'alors, en la façonnant selon les besoins et les mœurs de la société romaine au point de la rendre méconnaissable en la marquant, en un mot, de l'empreinte impérissable de son puissant génie. Il n'est donc pas étonnant que cette institution, commune à bien d'autres peuples de l'antiquité, soit considérée comme essentiellement romaine et que seul le peuple romain paraisse avoir pratiqué quelques règles de justice internationale à une époque où la force brutale s'imposait au mépris du droit et de l'équité.

Puisque ce n'est pas à Rome qu'il faut rechercher l'origine de cette institution, à quel moment la voyons-nous apparaître pour la première fois dans l'histoire romaine? A qui revient l'honneur de l'avoir introduite à Rome? Les auteurs anciens sont loin de s'entendre sur ce point. Les uns, comme Denys d'Halycarnasse (3) et Plutarque (4), l'ont attribuée sans hésiter à Numa Pompilius; les autres à Tul

(1) Grotius, de Jure pacis et belli. Prolegomen, § 36. (2) Strasbon, IV.

(3) Denys d'Halycarnasse, Antiquités romaines, II, 72. (4) Plutarque; Numa 12; Camille 18.

Du reste, pour se convaincre qu'en Grèce il existait une institution présentant certaines analogies avec celle des Fétiaux latins, il suffit de rappeler que le tribunal amphictyonique des Grecs exerçait sur les états confédérés une médiation qui avait pour but d'empêcher entre eux toute guerre injuste ou inutile. M. Rouard de Card à ce propos rappelle le rôle de ce tribunal grec qu'il compare au collège des Fétiaux romains (1). Le conseil des Amphictyons était composé des députés des villes de la Grèce entière, et se tenait deux fois l'année, tantôt aux Thermopyles, près du temple de Cérès, et tantôt à Delphes; il jugeait les différends qui survenaient entre les peuples grecs et veillait au maintien de la concorde et de la paix. Au moment où la guerre allait éclater entre Sparte et les Messéniens (144 av. J.-C.) ceux-ci proposèrent de s'en rapporter au jugement des Amphictyons. Sur la réponse négative de Sparte, les hostilités commencèrent. Au dire des historiens grecs, l'autorité de ce tribunal fut longtemps respectée, et contribua pour une large part à assurer à la Grèce une suprématie incontestable sur les peuplades primitives de l'Europe orientale.

Si de la Grèce nous passons en Gaule, là encore nous voyons des collèges sacerdotaux présider aux déclarations. de guerre et calmer l'humeur trop belliqueuse des chefs gaulois. Dans ce pays c'étaient les druides qui avaient pour mission d'empêcher les guerres inutiles et de s'interposer dans les différends entre peuplades voisines. Ils servaient, nous dit Grotius, d'arbitres entre les peuples belligérants, et souvent ils séparèrent les combattants qui en étaient déjà

(1) Rouard de Card, l'Arbitrage international dans le passé, le présent et l'avenir, pages 10 et 11.

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