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préoccupation du peuple romain, et c'est par là qu'il est arrivé à un haut degré de puissance (1).

SECTION DEUXIÈME

FORMALITÉS ANTÉRIEURES A LA DÉCLARATION DE GUERRE

Elles sont de deux sortes : les unes accomplies par le ministère du collège des Fétiaux, les autres accomplies en dehors de lui et se rapportant à l'examen fait par le Sénat de la question de guerre, au vote favorable émis par cette assemblée, et enfin à la décision du peuple déclarant approuver la guerre ou la rejeter, suivant les circonstances.

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Formalités accomplies par les Fétiaux.

Les Fétiaux, avons-nous dit, examinaient les motifs de guerre soumis à leur appréciation par le Sénat. Si de l'examen minutieux auquel ils se livraient pour arriver à connaître la vérité, il ressortait que les griefs du peuple romain étaient fondés, les Fétiaux devaient, avant tout, faire les démarches nécessaires pour empêcher la guerre ; car, ne l'oublions pas, leur devoir est de veiller à ce que la paix ne soit pas troublée. A cet effet, une députation était choisie au sein du collège et envoyée à l'étranger. «< Priusquam indicere bellum, iis a quibus injurias factas sciebat Fetiales legatores repetitum mittebant quatuor; avant de déclarer la guerre à ceux que l'on savait avoir commis l'offense, les Fétiaux leur envoyaient quatre ambassadeurs

(1) Tite-Live, XLIV, I.

pour adresser des réclamations (1). » Nous savons déjà que ce nombre de quatre n'avait rien d'obligatoire et qu'il pouvait être réduit à trois et même à deux (2). Ces délégués exposaient les griefs de Rome et réclamaient satisfaction pour le préjudice qui lui avait été causé. Un mot technique servait à désigner toute espèce de satisfaction demandée. En effet, soit qu'il s'agisse d'objets enlevés au peuple romain ou à ses alliés, soit qu'une offense ait été commise par un étranger contre la République et que celle-ci exigeât des réparations, un terme unique servait à désigner la réclamation adressée par les Fétiaux. Dans l'un comme dans l'autre cas, c'était une rerum repetitio, sans distinguer si la demande avait pour objet une restitution matérielle ou une satisfaction purement morale. Les textes sont formels sur ce point. Tite Live, VII, 6: « Senatus, cum Fetiales ad res repetendas nequiquam misisset; lorsque le Sénat eut envoyé en vain des Fétiaux pour adresser des réclamations;» — VIII, 22: «< Fetialibus Palepolim ad res repetendas missis ; des Fétiaux ayant été envoyés à Palépolis pour adresser des réclamations; » - IX, 45: « Fetiales venerant res repetitum; les Fétiaux étaient venus pour adresser des réclamations; » −XXXVIII, 45 : . Sæpe legatos ante missos res repetitos, postremo qui indicerent bellum missos; souvent des envoyés allaient faire des réclamations avant que les ambassadeurs ne vinssent déclarer la guerre ; » — XLII, 25 : « Legati ad res repetendas in Macedoniam missi; des ambassadeurs envoyés en Macédoine pour y adresser des réclamations. » Valère-Maxime, II, 2 Legati a senatu Tarentum ad res repetendas missi; : «

(1) Varron, de Vila populi romani.

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(2) Voir plus haut, première partie, chap. 1, pages 34 et 35.

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des ambassadeurs envoyés par le Sénat à Tarente pour adresser des réclamations. » Macrobe, Saturnales, I, 16 : Præliares autem omnes quibus fas est res repeteré, vel hostem lacescere; tous les combats pour lesquels il est permis de faire des réclamations, ou de provoquer l'ennemi. » Dans la plupart des cas, la satisfaction demandée consistait à remettre quelques objets enlevés par rapine ou à livrer quelque coupable. Quelquefois elle consistait à demander l'évacuation d'un pays allié ou d'un territoire romain par une armée étrangère. Tite-Live nous cite une rerum repetitio de ce genre: Fetiales missi qui Samnites decedere. agro sociorum ac deducere exercitum finibus Lucania juberent; les Fétiaux furent envoyés pour ordonner aux Samnites d'évacuer le territoire des alliés et d'éloigner leurs armées des frontières de Lucanie (1). »

Dans leur mission, les Fétiaux avaient à leur tête un paler patratus. Arrivé à la frontière étrangère, celui-ci, revêtu des insignes distinctifs de la corporation (2), s'arrêtait quelques instants pour prononcer la formule qui contenait la sommation du peuple romain. C'est à haute et intelligible voix, clarâ voce,'que parlait le pater patratus. Précédée d'une invocation à la divinité, prise à témoin de la loyauté du peuple romain, cette sommation exposait brièvement les griefs de Rome contre les nations étrangères « Aut quia socios læserant, aut quia nec abrepta animalia, nec obnoxios reddiderant; soit parce qu'elles avaient offensé des alliés, soit parce qu'elles n'avaient pas rendu des animaux enlevés par violence, soit parce

(1) Tite-Live, X, 12.

(2) La verveine et le voile de laine blanche. Voir 1re partie, chap. 1, pаges 20 et s.

qu'elles n'avaient pas remis les coupables (1). » Elle contenait ensuite la satisfaction demandée par la République à titre de dédommagement et se terminait par un serment solennel que faisait le pater patratus, qui attestait son entière bonne foi. Tite-Live nous a conservé cette formule: «<Audi Jupiter, ait, audite fines, (cujuscumque gentis sunt nominat). Audiat fas. Ego sum publicus nuntius populi romani, juste pieque legatus venio verbisque meis fides sit. » Peragit deinde postulata. Indè Jovem testem fecit: « Si ego injuste impieque illos homines, illasque res dedier nuntio populi romani,-exposco tum patriæ compotem me nunquam sinas esse; entends-moi, Jupiter, écoute-moi, dieu des limites (il nomme ceux de la 'nation) et toi, oracle sacré du droit, écoute: « Je suis le messager du peuple romain; je viens en toute justice et mes paroles méritent toute confiance; » ensuite il énumère les demandes du peuple, puis il prend Jupiter à témoin : « Grand Jupiter, si c'est contre l'équité et la justice que je viens ici réclamer la remise de ces personnes et de ces choses, ne permets pas que je revoie jamais ma patrie (2). » La langue latine, si féconde en expressions, a imaginé un mot spécial pour désigner la nécessité de prononcer la formule à haute et intelligible voix. Les auteurs se servent du mot clarigatio pour exprimer que cette formalité avait été scrupuleusement accomplie. Quoique ce mot ait donné lieu a des controverses et qu'il ait été rangé par Quintilien dans les obscuriora et ignotiora verba (mots obscurs et inusités) (3), il résulte néanmoins d'une façon certaine des textes.

(1) Servius, ad Eneidem, IX, 51.

(2) Tite-Live, I, 32

(3) Quintilien, Institution oratoire, 7, 3, 13.

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anciens qu'il servait à désigner les formalités précédant ou accompagnant la déclaration de guerre. Servius, ad Eneidem, IX, 51: « Pater patratus clara voce dicebat se bellum indicere, et hæc clarigatio dicebatur a claritate vo cis; le père patrat disait à haute voix qu'il déclarait la guerre et cette formalité était appelée clarigatio à cause de la sonorité de la voix; -X, 14: Clarigationem exercere, hoc est per Fetiales bella indicere; faire une clarigatio, c'est déclarer la guerre par le ministère des Fétiaux. TiteLive, VIII, 14: « Jussique (Veliterni) trans Tiberim habitari, ut ejus qui cis Tiberim deprehrensus esset usque ad mille assium clarigatio esset; les habitants de Veliternes avaient reçu l'ordre d'habiter au delà du Tibre, de sorte que si quelqu'un d'entre eux était trouvé en deçà du Tibre, la réclamation pouvait aller jusqu'à mille as. » — Arnobe, II,67: Per clarigationem repetitis res raptas; par la clarigatio vous réclamez les choses enlevées. » -Pline, Histoire naturelle, XXII, 2: « Legati cum ad hostes clarigatum que mitterentur, id est res raptas clare repetitum; lorsque des ambassadeurs sont envoyés pour faire des réclamations, cela veut dire demander à haute voix les choses enlevées. »

Cette formule de réclamations, le pater patratus devait la prononcer plusieurs fois et toujours à haute voix (clara voce) d'abord en franchissant la frontière étrangère, puis à la première personne qu'il rencontrait sur le territoire. ennemi, quelle qu'elle fût. Tite-Live, qui nous donne tous ces détails, nous apprend que le pater patratus devait encore la répéter aux portes de la ville, et enfin sur la place publique ou forum de la cité étrangère; il ajoute qu'elle était différente de celle qu'il prononçait à la frontière,mais

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