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chefs ne demandent pas mieux que de renverser le ministère pour conquérir les portefeuilles; mais, dès là que le renversement du ministère ne doit pas les hisser au pouvoir, ils aiment mieux attendre une occasion plus favorable, le ministère actuel faisant déjà les affaires du radicalisme d'une façon très satisfaisante. On accordera donc au gouvernement la nomination des maires de canton. Mais que penser de cette manière de fabriquer les lois, non en vue du bien général, mais dans l'intérêt de quelques ambitieux ?

III

Ces agissements de la Révolution, la guerre acharnée qu'on fait à la religion, les menaces que font entendre le radicalisme et la libre-pensée ne doivent, d'ailleurs, ni nous effrayer, ni nous décourager; c'est la lutte de tous les siècles, lutte qui, de temps en temps, devient plus vive et plus violente, mais c'est la lutte nécessaire pour arriver au triomphe. Et comment pourrait-on désespérer, quand on voit des manifestations catholiques pareilles à celles qui viennent d'éclater à Lourdes à l'occasion du couronnement de la statue de la sainte Vierge et de la consécration de la basilique! Nous ne pouvons faire ici le récit de ces fêtes magnifiques. Nous nous contenterons de dire que tout s'est admirablement passé, que le concours des fidèles était immense, que plus de trente évêques rehaussaient de leur présence l'éclat de ces belles cérémonies, qu'il y a eu d'éloquents discours prononcés, et que Dieu, dans sa miséricorde, a bien voulu accorder à la foi et à la prière plus d'une de ces faveurs extraordinaires, de ces miracles que l'impiété ne veut ni croire, ni examiner, mais que la raison éclairée et sincère accepte avec autant de reconnaissance que de joie.

Les évêques réunis à Lourdes ont envoyé au Saint-Père cette Adresse:

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Avant de se séparer, les évêques réunis à Lourdes pour la consécration de la basilique et le couronnement de l'image de Marie-Immaculée veulent déposer aux pieds de Votre Sainteté l'hommage de leur profond respect et de leur filial attachement au Siége apostolique.

Il y a vingt-deux ans, Très-Saint Père, votre parole infaillible définissait le dogme si doux à tous les cœurs chrétiens de l'Immaculée-Conception, et, lorsque, peu d'années après, Marie, répondant à votre parole souveraine, daignait apparaître dans la grotte de Lourdes à une humble. petite bergère, elle se nommait elle-même l'Immaculée Conception.

«En glorifiant ainsi la plus pure des vierges, vous voulież, Très-Saint Père, exalter devant le monde entier celle dont le pied virginal a écrasé, dès l'origine, la tête du serpent, et qui, dans la suite des siècles, a vaincu

toutes les hérésies. Bientôt, inspiré par Elle, votre parole, écrasant à son tour les erreurs contemporaines, proclamait la charte immortelle qui demeurera désormais l'inviolable monument de l'union des peuples avec Dieu.

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Aujourd'hui, Très-Saint Père, en déléguant un prince de l'Eglise pour consacrer la basilique de Lourdes (1) et en couronnant la statue de Marie par la main de celui qui représente auprès de nous le Siége apostolique (2), vous ajoutez votre sanction à la miraculeuse apparition de la très-sainte Vierge et vous donnez à la France entière un grand et précieux témoignage de votre paternelle dilection.

« C'est pour cela que, depuis deux jours, une foule immense venue de la France, de l'Europe et du monde entier se presse autour du sanctuaire de Lourdes, acclamant avec enthousiasme Marie-Immaculée.

<«<La France a beaucoup péché, mais elle sait beaucoup aimer. Elle aime Marie, elle aime l'immortel Pie IX! Pour avoir beaucoup aimé, nous avons tous l'espoir qu'il nous sera beaucoup pardonné.

«En cette circonstance solennelle, Très-Saint Père, cette pensée nous fortifie et nous console, et, tous ensemble, nous supplions Votre Sainteté de répandre sur nous, sur nos diocèses, sur la France qui nous est si chère, ses plus paternelles bénédictions. >>

Ce langage, ces voeux, ces espérances forment un consolant contraste avec les cris de haine et les menaces de l'impiété; ce contraste seul devrait ouvrir les yeux aux hommes de bonne foi.

J. CHANTREL.

On lit dans la Correspondance de M. de Saint-Chéron.

« Un ancien député qui, dans l'ancienne Assemblée de 1871, a rendu de si éminents services à la cause religieuse et sociale, M. Armand Fresneau, a publié dans la France nouvelle des articles qui ont été très remarqués, et, notamment à propos de la loi Waddington. M. Fresneau expose, avec une puissante force de logique, toutes les raisons qui doivent décider le Sénat à maintenir la loi du 12 juillet 1875.

Quand nous voyons les services rendus, depuis cinq ans, par ce journal, il est difficile de comprendre comment M. de Champagny a pu, dans la Défense, réclamer, pour les classes populaires, la création d'un journal conservateur à un sou.

On a donc eu raison, dans les Congrès catholiques, de se plaindre de ces prétendus conservateurs qui ne savent même pas encourager leurs propres journaux. »

(1) Son Em. le cardinal Guibert, archevêque de Paris.

(2) Mgr Meglia, nonce apostolique.

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Rapport du ministre de l'agriculture et du commerce au Président de la République française sur les traités de commerce.

Le Journal officiel du 10 février publie le rapport suivant présenté par M. de Meaux, ministre de l'agriculture et du commerce, au Président de la République.

Monsieur le Président,

Les traités de commerce et de navigation qui nous lient aux puissances étrangères touchent à leur terme. Nos conventions avec les Pays-Bas, l'Angleterre, la Belgique, doivent prendre fin du 30 juin au 10 août 1877. Celles que nous avions conclues avec l'Italie et l'Autriche nous ont été déjà dénoncées par ces deux puissances. Avec l'Italie, nos arrangements, prolongés de quelques mois, d'un commun accord, expirent le 1er juillet prochain; avec l'Autriche, le 1er janvier 1877. Enfin, désireux de reprendre, en vue de négociations futures, notre pleine liberté d'action, nous avons nous-mêmes dénoncé notre traité avec la Suisse; nous serons dégagés vis-à-vis d'elle le 20 novembre 1876.

C'est donc dans le cours de la présente année et de l'année suivante que la France devra régler son régime économique et ses relations commerciales avec ses voisins.

Votre gouvernement, monsieur le président, et, dans ce gouvernement, les trois départements des affaires étrangères, des finances et du commerce n'ont pas attendu jusqu'à ce jour pour préparer des solutions qui sauvegardent le travail et assurent le développement de la richesse nationale. Dès le 7 avril dernier, le commerce, l'industrie, l'agriculture ont été interrogés. J'ai demandé aux chambres de commerce, aux chambres consultatives d'agriculture et des arts et manufactures leur avis, soit sur nos tarifs, soit sur la manière dont à l'avenir ils devraient être établis par lois puremeut intérieures ou par traités internationaux.

Les réponses que nous devions attendre, avant de fixer notre ligne de conduite, me sont parvenues. Il est de mon devoir de vous faire connaître ces réponses et de soumettre à votre approbation cette ligne de conduite.

Renouvellement des traités de commerce maintien, sauf certaines modifications de détail, des tarifs conventionnels actuellement en vigueur : enfin, et dans la mesure praticable, substitution des droits spécifiques aux droits ad valorem voilà, monsieur le président, dans quel sens se prononcent à une très-grande majorité, les corps délibérants qui nous ont fait parvenir leur opinion.

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Selon eux, les traités sont pour l'industrie, aussi bien à l'intérieur qu'au dehors, une garantie de stabilité, et la stabilité est une condition nécessaire de développement et de progrès. Il est toutefois, dans la plupart des traités actuels, une clause contre laquelle les chambres de commerce élèvent quelques objections, précisément parce qu'elle compromet à leurs yeux cette stabilité, principal avantage des arrangements internationaux : c'est la clause par laquelle chaque puissance contractante stipule à son profit le traitement de la nation la plus favorisée. Grâce à cet engagement, des traités successifs ont eu leur contre-coup sur des pays qui ne les avaient pas débattus; ils ont pu modifier, à certains égards, les transactions déjà conclues, les relations établies et déranger les prévisions commerciales. Or, ce qui importe avant tout au commerce, ce qu'il attend de nous en ce moment, on ne saurait trop le répéter, c'est la fixité du régime économique.

Les tarifs de douane ont été appréciés par les représentants de l'industrie beaucoup plus dans leurs conséquences industrielles que selon leur valeur fiscale, et il a été reconnu que les tarifs actuels ont créé ou développé des intérêts, des besoins, des ressources qui ne permettent plus de les contester, comme on a pu le faire à leur origine en 1860. Ceux mêmes qui ont blâme et blâment encore leur établissement ne proposent point de revenir en arrière. On nous demande d'abaisser ou de n'abaisser pas certains droits; il n'en est presque aucun que personne nous propose de relever. Les matières premières surtout doivent demeurer affranchies.

Les droits spécifiques laissent moins de place à l'arbitraire et moins de facilités à la fraude que les droits ad valorem. Ils assurent au commerce plus de précision dans ses calculs, plus de liberté dans ses transactions.

En résumé, monsieur le président, et sauf quelques réserves, ce qui est réclamé dans l'intérêt du commerce français par ses représentants les plus autorisés, c'est le maintien de l'état de choses actuel. La dernière demande relative aux droits spécifiques ne contredit pas, à cet égard, les deux premières, car dans la pensée de ceux qui la formulent, il s'agit de changer, non pas le taux, mais uniquement le mode de perception de diverses taxes.

Ce vœu commun des principaux intéressés est-il vraiment conforme à l'intérêt général? Est-il justifié par les résulats obtenus depuis 1860? Doit-il, en conséquence, étre respecté par les pouvoirs publics? Quelques chiffres sumront pour en juger.

En 1859, le mouvement de nos importations et de nos exportations se limitait à un total de 3,907 millions au commerce spécial; il s'est progressivement élevé à 5,730 millions, en 1865; à 6,228 millions, en 1869; à 7,342 millions, en 1873; enfin à 7,625 millions, en 1874. En quatorze ans, l'augmentation est d'à peu près 50 0/0.

Chercherons-nous l'influence particulière des traités de commerce sur nos échanges avec chaque pays contractant? En 1859, à la veille des traités de 1860, notre commerce spécial avec l'Angleterre, tant à l'importation qu'à l'exportation, ne dépassait pas 869 millions; dans la période qui suit la conclusion des traités, il monte à 1,644 millions en 1865, redescend à 1,500 millions en 1869, pour atteindre 1,522 millions en 1873 et 1,588 millions en 1874.

Antérieurement au traité de 1861, le total de nos échanges avec la Belgique était représenté par une somme de 328 millions qui, par une progression rapide et non interrompue, monte à 562 millions en 1865, à 611 millions en 1869, et enfin à 945 millions en 1873.

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En 1865, notre commerce avec la Suisse n'était que de 321 millions, il figure pour 429 millions au compte de 1873.

- Mème accroissement, quoique sur une moindre échelle, dans nos relations avec l'Italie, l'Autriche, les Pays-Bas, la Suède, la Norwège et enfin l'empire d'Allemagne pour ce dernier pays, le chiffre de nos affaires a passé de 385 millions en 1865, à 413 millions en 1868 et à 774 millions en 1873.

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Dans ces conditions, monsieur le président, en face des résultats obtenus par le commerce français et des vœux formulés par ses représentants, la ligne de conduite du gouvernement est tracée. Nous devons préparer de nouveaux traités et de nouveaux tarifs, en leur donnant pour base les traités actuels et nos tarifs conventionnels.

Il appartenait au ministre des affaires étrangères de pressentir les Etats actuellement liés avec nous par des conventions commerciales. Il n'y a pas manqué, et nous sommes autorisés à penser que les négociations spontanément ouvertes il y a quelques mois par l'Italie seront le prélude de nos négociations avec les autres puissances, disposées comme nous à pourvoir, par des engagements réciproques, à l'avenir industriel de l'Europe.

Mais ces engagements, quels devront-ils être en ce qui nous concerne? La tâche de nos négociateurs pourrait devenir difficile si, conformément à des vœux que je n'ai pas dissimulés, ils ne devaient, en aucun cas, offrir aux Etats qui contracteront avec nous le traitement de la nation la plus favorisée. Elle le serait d'autant plus, que la France aura souvent intérêt à stipuler cette clause à son profit. Mais en examinant de près l'opinion des chambres de commerce, on est amené à reconnaître que ce qu'elles redoutent principalement, ce sont des traités successifs venant modifier les transactions antérieures. Si toutes les négociations sont engagées en même temps, si même les conditions auxquelles nous pouvons traiter avec les divers Etats sont indiquées d'avance et simultanément, les inconvénients signalés disparaissent ou du moins sont singulièrement atténués. Nous devons donc avant tout, et visà-vis de tous, nous demander dès à présent quels tarifs nous pourrons, soit proposer, soil accepter, soit établir. Ici commence la tâche qui incombe à mon département, et, pour l'accomplir, le ministre de l'agriculture et du commerce devra prochainement vous proposer, si vous le trouvez bon, monsieur le président, la réunion du conseil supérieur du commerce, de l'agriculture et de l'industrie. Nous ne prétendons pas, en effet, disposer des plus grands intérêts du pays sans consulter, à tous les degrés, ceux qui représentent ces intérêts et parlent en leur nom. Nous avons commencé notre travail en interrogeant les chambres de commerce, nous devons le poursuivre en interrogeant le conseil supérieur.

Ce conseil pourra réformer à certains égards, mais il ne cherchera certainement pas à bouleverser le régime établi, et c'est dans un esprit à la fois conservateur et progressif qu'il examinera l'échelle de nos taxes douanières. Il indiquera entre quel maximum et quel minimum elles devront se mouvoir. Il réformera et précisera en les comparant ensemble, nos divers tarifs conventionnels; il substituera à nos tarifs généraux, devenus depuis longtemps inapplicables, des tarifs assez modérés pour être mis en vigueur, assez élevés pour laisser ouverture aux transactions de nos négociateurs et ménager entre nous et l'étranger un échange de concessions profitables.

L'établissement de ces tarifs amènera le conseil à débattre des questions difficiles et complexes. Par exemple, en examinant les droits qui pèsent à leur

Nouvelle Série. Tome XXVII. N. 131

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