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sourds aux appels du rebelle. Les protestations indignées arrivérent de toutes parts; il ne fallait pas se le dissimuler, c'était un coup manqué. On se contenta donc de former avec un tout petit nombre d'adhérents, conquis à force de promesses, de places et de décorations, un parti cabrériste. Parmi les chefs carlistes quatre seulement, mécontents de leur inaction pendant la dernière période de la campagne, suivirent l'exemple de Maroto II: ce furent, Polo, Diaz de Rada, Rosalès et Aguirre. On en parla quelque temps, ils se montrèrent quelquefois sur la frontière, et puis tout rentra dans le silence: Cabrera, son Convenio, ses tristes partisans, tout fut oublié après avoir été jugé, condamné et maudit. M. Canovas del Castillo dut poursuivre seul l'accomplissement de ses projets.

Après avoir retracé les rapports de Don Carlos avec Ramon Cabrera, notre dessein était de parcourir rapidement l'histoire de la guerre carliste, de cet effort héroïque d'un peuple pour l'unité de sa foi, son prince et ses libertés. Nous pensions arriver ainsi à l'heure du triomphe et, après avoir montré Don Carlos luttant dans la Navarre, le montrer régnant à Madrid. La Providence en a autrement décidé.

La noble cause est vaincue; le jeune et vaillant roi a dû reprendre le chemin de l'exil; l'unité religieuse de l'Espagne est de nouveau menacée et les libertés séculaires vont probablement disparaître sous le niveau du libéralisme moderne. Le jour où, grâce à des complaisances à jamais déplorables, les troupes d'Alphonse XII purent se servir du territoire français pour empêcher d'abord la reddition de Puycerda, pour reprendre ensuite la Seo d'Urgel, le jour où l'armée carliste de Catalogne fut dissoute et que la rivalité des généraux, peut-être la trahison, vinrent s'ajouter aux revers, il fut, hélas! trop visible que toutes les forces de l'Espagne libérale allaient se concentrer sur la Navarre et les provinces vascongades et que, peut-être, Charles VII n'y pourrait résister. Peut-être aurait-on pu vaincre, mais il ne fallait plus la moindre désunion, la moindre infidélité, la moindre lassitude. Ici les questions se pressent en foule.

Est-il vrai que Martinez-Campos ait été sur le point de passer aux carlistes avec son corps d'armée?

Est-il vrai que le choix d'un ministre de la guerre dans lequel on avait peu de confiance ait empêché ce mouvement?

Est-il vrai que plusieurs mois avant les dernières batailles, des généraux carlistes aient touché des fonds au consulat général d'Espagne à Bayonne ?

Est-il vrai que, dans la dernière lutte, les troupes alphonsistes aient emprunté le territoire français? Est-il vrai tout au moins qu'elles y aient trouvé en vivres et en munitions tout ce qui leur était nécessaire?

Est-il vrai que des positions formidables aient été abandonnées sans avoir été défendues?

Est-il vrai que le corps de Martinez-Campos, engagé dans le Bastan et pouvant être jeté en France, ait été épargné par ce même ministre de la guerre à cause duquel Martinez-Campos ne s'était pas rallié ?

Sur tout cela les documents sont très-contradictoires et nous n'oserions formuler un jugement définitif. Pour parler de ces dernières luttes il faut attendre que, dans le silence, l'histoire ait pu réunir le dossier de ceux qui sont en cause. Il n'y a plus aujourd'hui d'intérêt immédiat à parler de ces choses et nous bornons là ces études. Mais nous qui avons suivi de près ces derniers événements et qui ne voulons pas livrer à la publicité ce qu'il convient de garder encore, c'est avec une parole d'espérance que nous voulons terminer. Oui, nous croyons sincèrement que don Carlos n'a pas perdu le chemin de Madrid. Le droit moderne triomphe; mais il passera lui aussi. Dans combien de temps? C'est le secret de Dieu, le secret de ses justices ou celui de ses miséricordes pour 1 Europe dévoyée.

FRÉDÉRIC FORT.

LETTRES A UN AMI INCONNU

(Suite. V. les livraisons précédentes.)

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Je crois que j'ai dit à peu près tout ce que je voulais dire aux véritables destinataires de ces lettres : aux chrétiens pratiquants. Qu'ils ne pèchent du moins gravement et de la manière que nous l'avons expliqué. — ni contre la foi, ni contre l'espérance, ni contre la charité; qu'ils portent leur part du fardeau social; qu'ils fassent l'aumône; qu'ils se travaillent eux-mêmes; qu'ils prennent garde de donner ou de recevoir le scandale; qu'ils redoutent l'esprit mondain et cherchent à se pénétrer de l'esprit chrétien; que, pour ce faire, ils donnent à leur vie les vraies bases de la vie chrétienne, l'humilité, la mortification, la prière, ce qui lui fera produire les vraies manifestations de cette même vie, le courage, le zèle et la joie; que les bons chrétiens auxquels je m'adresse s'efforcent de pratiquer toutes ces choses ils deviendront infiniment meilleurs encore qu'ils ne sont, et leur action sur tous ceux qui les entourent deviendra de plus en plus considérable; et, si notre pauvre société n'est pas guérie du coup, elle aura fait un grand pas vers la guérison; les éléments de régénération, de lutte contre le mal, abonderont dans son sein; elle commencera de remonter la pente fatale qu'elle descend depuis si longtemps presque sans résistance. Nous pourrons respirer.... non pour cesser de combattre, mais pour envoyer vers le ciel un soupir de soulagement et d'action de grâces.

"

Est-ce tout? Et ne nous reste-t-il plus qu'à dire à nos lecteurs : « C'est la grâce que je vous souhaite, » à écrire ce mot qu'un auteur trace avec tant de satisfaction au bas de sa dernière page Fin.

A toute force nous le pourrions.

Pourtant il me semble que, tout près de ceux qui ne remplissent que le quod justum des commandements, qui se contentent de la confession et de la communion annuelles, il y a toute une zône, nombreuse et intéressante, d'hommes à qui, pour être chrétiens, il ne manque précisément que ce quod justum.

C'est beaucoup, assurément, puisque les premiers sont dans le bercail, tandis que les autres s'obstinent à demeurer dehors. Mais pourtant, dans ces tristes jours où tant d'indifférents passent à côté de ce divin bercail sans paraître se douter qu'il existe, où tant d'impies, comme animés d'une rage satanique, ne peuvent l'apercevoir, même de loin, sans se répandre en injures grossières et en sacriléges outrages, n'est-il pas touchant de voir d'autres hommes qui, même lorsqu'ils ne franchissent pas le seuil de la bergerie, disent cependant avec nous : « Cette bergerie est divine. Les nations, comme les individus, ne sauraient trouver ailleurs de sécurité ni de joie?»

Sans doute, dire ces paroles et demeurer en dehors de cet ovile quo tecti condimur (1), c'est une grande inconséquence.

il

Hélas! où est l'homme qui ne soit inconséquent? Et, lorsque la vérité a tant d'ennemis déclarés et acharnés, ne fautpas considérer comme ses amis ceux qui lui rendent hommage, sinon par leurs actions, du moins par leurs paroles? Qui sait ce qui les retient? Un malentendu, peut-être, une ignorance ou un préjugé dont ils sont victimes plutôt encore que coupables.

Cette difficulté levée, ce mal-entendu expliqué, qui sait si, non contents de se joindre à nous, ils ne deviendraient pas nos plus intrépides champions ?

Ils sont nombreux; ils sont honnêtes; ils sont courageux et dévoués plus, hélas! quelquefois que ceux qui sont censés combattre avec nous, mais qui, par leur mollesse ou leurs habitudes d'indiscipline et d'opposition, nous sont souvent un embarras plutôt qu'une aide.

(1)« Ce bercail qui nous abrite et nous protège.»

Prose de la Dédicace propre de Paris.

Imaginez-vous cette zône conquise; nos rangs seraient presque doublés.

Ne ferons-nous rien pour éclairer et conquérir Pierre, qui a tenu absolument-malgré sa femme, pourtant bonne chrétienne - à faire élever ses fils dans un petit séminaire; Paul, qui ne manque jamais la grand'messe et qui ne compte plus le nombre de gens qu'il a aidés à mourir chrétiennement; Jacques, qui, en plein conseil municipal, ose défendre les jésuites et le Pape et traiter les francs-maçons d'ennemis publics; Jean, qui suit pieusement les processions du St-Sacrement, fait des pèlerinages et ne craint pas de paraître à Lourdes ou à la Salette, parmi les dévotes et les cléricaux ?

Si, nous ferons quelque chose pour éclairer et conquérir ces chrétiens, qui ont la foi et point la pratique. Et nous commencerons par nous demander pourquoi ils ne sont pas avec nous.

Les uns, quand nous leur posons cette question, nous répondent: Mon cher ami, je vous en prie, ne vous mettez pas en recherche d'arguments. Je vous arrive. C'est une question de quelques semaines ou de quelques mois. Laissez-moi seulement le temps de me reconnaître. Si vous me pressiez trop, au lieu d'avancer la besogne, vous pourriez tout brouiller. La main sur la conscience, je vous assure que je suis des vôtres. Repassez après Pâques; vous me trouverez en règle.»

A l'égard de ces âmes qui gravitent, quand nous avons lieu de croire à leur parfaite sincérité-même avec elles-mêmes-le mieux est peut-être de les laisser à la grâce qui les sollicite. Prions pour elles cependant et tâchons, ne fût-ce qu'une fois, de leur rappeler que le temps n'est pas à nous, et qu'il est bien imprudent de remettre au lendemain ce qu'on pourrait faire le jour même.

Mais voici la nombreuse catégorie de ceux qui, pour ne point revenir à Dieu, ont des motifs que, la plupart du temps, ils n'osent avouer.

C'est une chaîne..... un de ces liens malheureux contractés à l'âge des passions, que l'on traîne maintenant, depuis longtemps peut-être, avec ennui, avec remords, avec dégoût, mais que par

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