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c. 48. & Suet. iu

Othon. c. 11,12.

feu, et l'incendie dura quinze jours. Cependant les ennemis entrèrent par la brèche, se rendirent maîtres de Ninève, et une assemblée générale des chefs salua Arbace comme roi. Telle fut la fin de Sardanapale, qui vécut Tacit. Hist. l. ú. et qui mourut comme Othon. Tous les deux ils montrèrent à l'univers que la mollesse peut étouffer des vertus qu'elle n'éteint pas. Tel fut encore le sort de cette dynastie Assyrienne; voici le tableau énergique et vrai d'un homme qui voyoit beaucoup d'histoire dans une seule réflexion. " Après les trois ou quatre premiers princes, la corruption, le Esprit des Loix, luxe, l'oisiveté, les délices s'emparent des successeurs; ils s'enferment dans leur palais, leur esprit s'affoiblit, leur vie s'accourcit, la famille décline, les grands s'élèvent, les eunuques s'accréditent; on ne met sur le trône que des enfans, le palais devient ennemi de l'empire, un peuple oisif qui l'habite ruine celui qui travaille, l'empereur est tué, ou détruit par un usurpateur, qui fonde une famille dont le troisième ou quatrième successeur va dans ce même palais se renfermer encore."

1. vii. c. 7.

p. 133.

Dans ce récit abrégé je ne me suis point arrêté à corriger une erreur de mes originaux qui, dans plus d'un endroit, placent la ville de Ninève sur les bords de l'Euphrate: elle étoit située sur ceux du Tigre. Plusieurs critiques ont déjà relevé cette méprise que je ne saurois attribuer à Ctesias. Il y a des fautes géographiques qu'un homme qui à parcouru Phot. Biblio. l'Asie, d'Ephèse jusqu'aux Indes, ne peut jamais commettre et les commettre encore sans motif et sans intérêt. Je ne craindrois pas de la reprocher à un Diodore qui ne se perdoit que trop souvent dans l'immensité de son ouvrage et dans l'abondance de ses matériaux. Mais qu'il me soit permis de conjecturer quelque expression équivoque dont Ctesias aura pu se servir et qui laissoit quelque incertitude dans l'esprit de Diodore; les Orientaux disent souvent le grand fleuve, le fleuve royal, en parlant de la rivière qui baigne les murs de la capitale. Si Ctesias avoit conservé cette phrase, la méprise du Sicilien seroit des plus naturelles. Si Ctesias avoit employé le nom Assyrien, ou Persan, du Tigre, s'il l'avoit même exprimé par un nom vague qui désignoit toutes les grandes rivières qui sortent des montagnes de l'Arménie; la situation de Diodore auroit été encore plus embarrassante. Il est difficile d'ex. pliquer plusieurs des anciens sans supposer que le Niphates (nom d'une Cellar. t. ii. chaîne de montagnes dans la Grande Arménie) avoit aussi ce sens vague Strab. p. 725. et général. Tzetes, qui lisoit encore l'histoire de Ctesias ou du moins

YOL. III.

с

les

p. 202.

725.7.27.

iii. v. 245.

Lucan. Phars. les recueils de Constantin Porphyrogénète, confirme ma conjecture, en Juvenal. Sat. vi. renchérissant sur l'erreur de Diodore; il ne met point l'Euphrate à la Horat. Carm. ii. place du Tigre, il y met le Nil.

p. 409.

9. 20. avec les

notes de Dacier

et Sanadon.

iii. 430. Voss. de

1. ii. c.27. p.305.

ii. p. 142.

Mais il y a une erreur bien plus importante, et qu'on doit imputer à J. Tzetes Chil. Ctesias lui-même: c'est d'avoir fixé à la mort de Sardanapale, la derHistoricis Græc. nière ruine de Ninève et de l'empire Assyrien. Les monumens les plus purs de l'antiquité nous assurent que l'un et l'autre ont subsisté, quoique avec un éclat affoibli, jusqu'à l'an 608 avant J. C. et près de trois siècles après cette révolution. M. Freret a prouvé très solidement qu'il y a eu trois Sardanapales, et que sous le premier et le dernier de ces princes les Mèdes et les Babyloniens ont renversé la puissance Assyrienne. Tant de conformités auront ébloui Ctesias ou ses interprètes, au point de lui faire confondre sous la même époque la révolte d'Arbace, et la ruine finale de l'empire de Ninève. Dans cette confusion il nous est Diodor. Sicul. 1. très difficile d'en séparer les traits détachés. Je crois pourtant qu'Arbace, jaloux de la force de cette capitale, qu'il avoit éprouvée lui-même, la fit raser de fond en comble, “ την δε πολιν εις εδαφος κατεσκαψεν.” Les villes de l'Asie, qui ne sont bâties que de briques cuites, se détruisent et se rebâtissent avec une facilité merveilleuse. Nous voyons reparoître, après les ravages affreux des Mogols, toutes ces villes qu'ils avoient détruites, et l'on ne sera pas étonné de retrouver Ninève dans le siècle suivant. Arbace usa des droits de la victoire avec une modération qui fit aimer son joug aux vaincus; en détruisant Ninève il épargna les biens des citoyens, il se contenta de les disperser dans les bourgs du pays. Hélas! qu'un Arbace seroit utile à Londres ou à Paris! Cette modération du vainqueur nous permet de croire qu'il laissa à quelque prince du sang royal une autorité subalterne sur l'ancien héritage de Ninus, qu'il lui conféra même le titre de roi, et que c'est par ces dynastes que les anciens ont continué la liste des monarques Assyriens.*

Athenæi.Deipn. xii. 7.

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La

* Qu'on me passe encore une conjecture. Un passage d'Athénée (copié sur Ctesias) a toujours fait de la peine aux savans : τις γαρ τρεις υιους, και δυο θυγατέρας, ορων τα πραγματα κακούμενα, προπεπομφει εις Νίνον, προς τον εκει βασιλεα,” &c. Personne ne comprend comment Sardanapale, Roi de Ninève, a pu envoyer ses enfans au Roi de Ninève. Voici mon interprétation de cet endroit qu'Athénée a très bien pu gâter en l'abrégeant. Sardanapale étoit résolu de périr, mais le sort de ses enfans le touchoit. Il les fit sortir du sérail, dont l'enceinte étoit peut-être distinguée de celle de la ville, et il les fit condui.e aux pieds du vainqueur

La modération d'Arbace éclata encore plus à l'égard des compagnons de sa victoire. Lorsqu'ils prirent les armes il leur avoit promis la liberté. Sa promesse ne fut pas vaine. Mais il est bon de fixer l'idée précise d'un mot toujours vague en lui-même, et assez étranger au langage des Orientaux.

1. Aux gouverneurs des provinces, Arbace donna une autorité plus grande que celle dont ils jouissoient. Il les distribua parmi ses amis. On devine sans peine les degrés successifs par lesquels ces satrapes s'attribuèrent tous les droits régaliens et secouèrent enfin jusqu'au nom de la dépendance. Il paroît même qu'Arbace accorda à ses capitaines le privilège important de ne jamais perdre la vie ou leur satrapie que par la sentence d'une assemblée générale des capitaines leurs pairs. Arbace suivit du moins cette règle à l'égard de Belesus à qui il avoit donné la satrapie de Babylone. Son avarice lui fit enlever les cendres du bucher Diodor. Sie. I. ii. de Sardanapale. Il fut condamné à perdre la tête, mais Arbace oublia son Nicol. Dam, in crime, ne se souvint que de ses services, et lui rendit jusqu'à son gou- 426 Excerpt. Val. p. vernement et le trésor même qu'il avoit dérobé.

2. Les chariots' des Scythes, les tentes des Arabes, et toutes les branches du Taurus et du Caucase ont toujours renfermé une multitude de sauvages fiers de leur pauvreté et de leur indépendance féroce. De tems en tems ils sortent de leurs retraites pour subjuguer les peuples amollis par le luxe, pour se corrompre et pour périr comme eux. Il seroit aussi difficile qu'inutile d'indiquer toutes les nations à qui Arbace se contenta de faire reconnoître sa souveraineté. On y peut distinguer les Cadusiens, les habitans d'une partie de la Perside, quelques montagnards de la Médie, et plusieurs peuplades des Scythes en deça de l'Oxus connues sous le nom de Parthes, de Saques, de Derbices, &c.

p. 141.

Diod.Sicul. 1. xi.

1. Arbace se soutint sur le trône par les mêmes vertus auxquelles il A. C. 898. le devoit. Il gouverna l'Asie vingt-huit ans et laissa l'empire à sa mort p. 146. à son fils Mandauces.

2. Mandauces régna vingt ans, ou cinquante selon Diodore. 3. Sosarme régna trente ans.

qui entroit déjà dans la capitale et qu'il regardoit avec raison comme le souverain de Ninève.
Si j'ajoutois qu'Arbace, touché du malheur de ces jeunes princes, leur laissa le royaume
d'Assyrie, je le dirois sans preuves, mais le caractère d'Arbace me justifieroit dans cette idée.
C 2
4. Attycas

A. C. 870.

A. C. 850.

A. C. 820.
A. C. 790.

Justin. Hist.

1. xli. et xlii.

4. Attycas régna trente ans, ou cinquante selon Diodore.*
5. Arbianes régna vingt-deux ans.

Je n'ai point d'événemens pour remplir ces cinq règnes des premiers rois des Mèdes et de l'Asie. Ctesias n'avoit rien trouvé dans les annales, ou Diodore s'est peu soucié de conserver ses détails. Je vois très clairement que ce copiste a négligé plusieurs faits des plus intéressans, que nous trouvons ailleurs. Sa liste des rois est défectueuse, peut-être même remplie de fautes. Je lui trouve dans cette partie de sa bibliothèque une sorte d'impatience. Il s'étoit fort étendu sur le règne de Sémiramis, les merveilles de Babylone et la science des Chaldéens; ce grand morceau avoit déjà passé les bornes que la proportion générale de son ouvrage lui prescrivoit: il se dédommage aux dépens de la monarchie des Mèdes.

On n'est pas en droit d'exiger que je remplisse ce vuide: il y en a tant dans ces siècles reculés. Mais je sens que le système que je propose deviendra bien plus vraisemblable et plus lumineux si je réussis à découvrir quelques traces de cette monarchie et de ses premiers rois, dans les traditions des compatriotes et des contemporains, je veux dire dans celles des Perses modernes et des anciens Grecs.

Je ne connois l'histoire Persanne que par les extraits que nos savans nous en ont donnés, et particulièrement par la Bibliothèque Orientale de M. d'Herbelot. Cette ignorance me donne une sorte de mérite; c'est celui de l'impartialité. Mon amour-propre n'est point intéressé à justifier une science dont l'acquisition ne m'a rien coûté. Voici en peu de mots l'idée que je me suis fait de l'authenticité de cette histoire.

Dans ce long intervalle de cinq siècles qui s'écoula depuis la destruction de la première monarchie des Perses jusqu'à l'établissement de la seconde, la Haute Asie étoit retombée dans la barbarie. Les Parthes, ses maîtres, conservèrent toujours la férocité de leurs ayeux Scythes.

* Diodore a donc compté 282 ans au lieu des 232 de Jules Africain cité par les chronologistes Chrétiens. J'ai suivi l'exemple de M. de Bougainville; mais je crains qu'un certain petit intérêt de système n'ait contribué à cette préférence que nous lui donnons. Artée, le sixième roi de la dynastie, devoit régner avant l'ère de Nabonassar.

+ Sur toute cette histoire, v. Biblioth. Orient. aux mots Pischadiens et Caïanides, et à ceux de chaque roi en particulier.-Universal Hist. Edd. Fol. tom. ii. p. 172-240.

Le

1. ii. c. x. xi.

chéisme, par M.

de Beausobre,

tom. i. p. 165.

au mot Nasser.

p. 66-4.

Abulpharag. Po

Le luxe corrompit leurs mœurs sans les adoucir. Ils opprimoient les Agathias, Hist. Persans et se rendoient odieux à tous les vrais Mages par mille super- Hist. du Manistitions étrangères qu'ils avoient introduites dans le culte de Zoroastre. Les malheureux n'ont d'asile que l'avenir et le passé. Les prédictions et les fables les consolent de leur misère actuelle. Lorsqu'Ardshir Bahaman rendit l'empire aux Perses, les poëmes historiques qui sembloient renfermer les origines de la nation furent reçus sans critique et sans contradiction. Ecrits d'ailleurs d'une manière intéressante, ils franchirent bientôt les bornes de l'empire. On les écoutoit avec autant d'avidité à la Mecque qu'à Madyan. Enfin les Arabes parurent et subjuguèrent Biblioth. Orient. la Perse. L'ignorance et le fanatisme marchèrent devant eux: ils détruisirent par-tout les monumens d'un culte étranger. Au bout de trois cock, Dynast. ix. siècles les arts avoient civilisé ces barbares; et ils ne cherchèrent plus P-114. qu'à réparer les ravages de leurs ancêtres. Ferdoussi, fameux poëte Biblioth. Orient. Persan, composa un poëme historique de 30,000 vers sur les débris des vieux romans qu'il avoit recueillis. Mais Ferdoussi étoit poëte et Musulman. On peut croire que dans cette première qualité il préféroit toujours le merveilleux au vraisemblable, et que c'est à la dernière que nous devons Abraham, Salomon, et tous les prophètes Juifs. Ferdoussi est cependant la source où la plûpart des historiens et des poëtes ont puisé. Mirkhond et Khondemir, deux historiens Persans de la fin du quinzième siècle, sont, pour ainsi dire, les seuls originaux que nos savans sont accoutumés à citer.

Je passe aux caractères internes de cette histoire. Je n'y vois rien de plus vraisemblable. C'est un assemblage de fictions grossières. Nulle géographie, nulle chronologie, des paladins, des génies, des fées et des monstres. Nous avons surtout un excellent moyen de comparaison dans les deux siècles depuis Cyrus jusqu'à Darius. Les Grecs contemporains, sujets ou ennemis du grand roi, ont pu prendre de fausses idées sur les révolutions intérieures et sur les caractères de ces princes, mais ils connoissoient sans doute leurs noms, la durée de leurs règnes, leurs successions, et les grands événemens qui les regardoient eux-mêmes. Les relations d'Hérodote, de Xénophon et de Ctesias, n'ont avec celles de Mirkhond que ce rapport qui suffit pour nous convaincre combien les idées de ce dernier étoient confuses et défectueuses.

De cet amas de traditions, tout imparfait qu'il est, nous pouvons

néanmoins

au mot Ferdous

si, p. 347.

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