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NOMINA, GENTESQUE

ANTIQUE ITALIE.

SECT. I.

NOMINA.

On sait que l'Italie s'appelloit aussi Oenotria, Saturnia, Ausonia, Hesperia, &c. et que le nom d'une tribu particulière devenoit souvent générique par les conquêtes ou le commerce. Les grammairiens anciens et les critiques modernes ont vainement tenté de percer les ténèbres de ces origines, et de trouver dans le Latin, le Grec, le Phénicien, ou le Celtique, des étymologies raisonnables pour des mots que le caprice et le hasard ont peut-être dictés à des peuples qui parloient des langues dont nous connoissons à peine les noms, l'Etrusque, l'Osque, et la Sabine. L'Hespérie seule exprime une idée connue et avérée. Les navigateurs Grecs donnoient toujours ce nom au pays le plus occidental qu'ils connoissoient; d'abord à l'Italie, ensuite à l'Espagne, et enfin aux îles Canaries, et peut-être à l'Amérique.

GENTES.

cadémie des

tom. xviii. p. 72.

J'EXPOSERAI le système du savant Freret sur la population de l'Italie. v. Hist. de l'AJe sens qu'il peut avoir ses endroits foibles, mais en général il me paroît Belles Lettres, simple, lumineux, et fondé sur les grands principes. Il suppose, 1, 114. Que les premières peuplades se sont faites par terre. 2. Que ces peuples nomades, peu attachés à leurs terres, cédoient sans peine aux nouvelles migrations, et qu'ainsi c'est à l'extrémité méridionale de l'Italie qu'il faut chercher ses premiers habitans. 3. Que l'Italie, entourée de hautes

mon

N.B. Je ne vois point la preuve que les Siculi étoient d'origine Illyrienne.

montagnes, doit avoir reçu ses premiers peuples par les gorges où elles sont les moins difficiles à franchir pour des sauvages, à qui de pareils obstacles devoient être très importans. Voici les colonies:

1. Colonies Illyriennes. Ces nations, qui n'étoient séparées de l'Italie que par la partie la moins élevée des Alpes, y passèrent bientôt. Il y avoit trois nations Illyriennes, 1. Les Liburni; 2. Les Siculi; et 3. Les Veneti. Les Liburni occupèrent enfin toute la côte orientale depuis Mont Garganus jusqu'au pays des Salentins. Ils étoient distingués en trois tribus: 1. Les Apuli; 2. Les Calabri; et 3. Les Peucetii ou Pædi'culi. On voit par Strabon qu'elles avoient une langue commune, et par Pline que les Peucetii étoient d'origine Illyrienne. Il paroît que les Peligni et les Prætutii avoient aussi une origine Liburnienne. 2. Les Siculi s'établirent sur la côte occidentale. Il paroît que ce nom générique, aussi bien que ceux de Osci ou Opiques et d'Ausones, comprenoient tous les peuples depuis le Tibre. On peut se contenter de cette idée générale, sans vouloir démêler la confusion qui règne dans les auteurs à l'égard des petites guerres et des migrations de leurs tribus particulières, dont il se forma enfin les cités des Latins, des Sabins, des Samnites, &c. Une tribu qui n'est connue que par le nom générique de Siculi le porta en Sicile 80 ans avant la guerre de Troye, 1364 ans avant J. C. selon la chronologie d'Hérodote et de Thucydide. 3. Les Heneti ou Veneti conservèrent toujours leur pays. Ils devinrent bientôt les alliés des Romains contre leurs ennemis communs les Gaulois, dont Polybe les a bien su distinguer par la langue. Ils n'étoient point Celtes; encore moins étoient-ils Paphlagoniens.

II. Les Colonies Ibériennes. Ces peuples n'étoient point renfermés dans les limites de l'Espagne. Ils occupoient un territoire très étendu entre les Pyrénées et les Alpes, et ce fut en se répandant de proche en proche le long des côtes qu'ils franchirent à la fin les Alpes maritimes pour passer en Italie, qu'ils parcoururent plutôt qu'ils ne s'y établirent. Dans leur marche un détachement Ibérien passa du promontoire Populonium dans la Corse, où ses mœurs et sa langue, malgré tant de mélanges, se conservèrent jusqu'au tems de Senèque qui sut les distinguer de celles des Grecs et des Liguriens. Une autre tribu Ibérienne, (les Sicani,) poussée peu peu jusqu'au promontoire de Rhegium, passa en Sicile et se fixa dans la partie occidentale de l'île où les Siculi les trouvèrent. Cette circon

à

stance

stance feroit croire que leur migration en Italie a dû avoir lieu près de 1500 ans avant J. C. Ne seroit-elle pas par hasard le voyage d'Hercule avec les bœufs de Geryon? Les uns et les autres traînent avec eux des troupeaux nombreux, seules richesses d'un peuple pasteur; ils partent du même point, suivent la même route, surmontent les mêmes obstacles que leur opposoient les nations de la Ligurie et du Latium, s'arrêtent au même terme, le pays d'Eryx, où ils fondent une colonie après avoir vaincu les naturels du pays. Ces conformités sont grandes, et je ne les ai point choisies.

III. Les Colonies Celtiques. Les Umbri, Ambra, ou Ambrones, étoient d'origine Gauloise selon le témoignage de Bocchus, et l'on sait l'aventure des Liguriens de l'armée de Marius qui reconnurent pour leurs parens une tribu Helvétienne de leurs ennemis à leur cri commun d'Ambrones. Ces colonies peuplèrent une grande partie d'Italie depuis les Alpes et l'Addua jusqu'au Tibre et au Nar. Mais l'invasion des Toscans leur enleva la meilleure partie de leurs établissemens, et sépara les cités qui prirent le nom de Ligures d'avec celles qui conservèrent celui d'Umbri. Je vois que l'Abbé Langlet de Fresnoy place cette migration dans les tems les plus reculés, à l'an 1912 avant J. C. J'ignore ses raisons, mais je crains qu'elles ne tiennent au roman des Titans du P. Pezron. Il ne faut pas confondre cette migration des Celtes avec celle de Bellovesus vers l'an 600, qui reprit sur les Toscans les pays entre les Alpes et l'Apennin.

IV. Les Colonies Pélasgiques. Toutes les fables que Denys d'Halicarnasse en a débitées ne sont propres qu'à y répandre des doutes. L'Arcadie, pays méditerrané, qui n'avoit point de vaisseaux à la guerre de Troye, fournit, dix-sept générations auparavant dans le tems qu'elle étoit sauvage, une flotte nombreuse à Oenotrus qui va peupler l'Italie. Rejettons hardiment tous les systèmes, toutes les conjectures, et tous les détails d'un historien qui évite les difficultés et qui dissimule les contradictions dans les siècles reculés où nous voyons à peine la lumière. Etendons notre idée des Pélasges à toutes les nations barbares qui habitoient la Grèce, la Macédoine,et l'Epire, et qui ne quittoient ce nom générique qu'à mesure qu'elles entroient dans le corps Hellénique. Quelques-uns de ces peuples passèrent en Italie. En sacrifiant tous les accessoires de cette tradition il en faut conserver le fondement. Je vou

drois

drois aussi, malgré M. Freret, conserver la manière de leur migration et croire qu'ils sont venus en Italie par mer. Je reconnois le grand principe de cet auteur. Il est fort étendu, mais s'il étoit universel, verrionsnous des îles très éloignées du continent peuplées d'habitans les plus sauvages? L'ignorance totale de la navigation est aussi rare que son extrême perfection. N'étoit-il pas bien plus facile aux Pélasges de l'Epire de traverser un bras de mer de cinquante milles que d'entreprendre une course immense à travers cent nations féroces de l'Illyrie? Quelques canots auront suffi pour apporter le germe d'une colonie peu nombreuse dans son origine. Aussi les Pélasges ne formèrent jamais en Italie un grand corps de nation; ils se répandirent dans les cités Sicules, Umbriennes, et Toscanes, dont la langue, les mœurs, et la religion se ressentirent, jusqu'aux derniers tems, du nombre plus ou moins grand de ces étrangers qu'elles avoient reçus.

V. Les Colonies Etrusques. Selon le père de l'histoire, les Etrusques étoient d'origine Lydienne. Ce peuple avoit une famine dans le pays; il inventa les jeux de dés pour occuper la moitié des citoyens les jours qu'elle ne mangeoit pas. Cet expédient réussit pendant dix-huit ans. Enfin cette moitié s'ennuya du jeu, équippa une flotte nombreuse, et alla s'établir dans l'Etrurie. Faut-il réfuter une pareille fable? Denys d'Halicarnasse s'est donné la peine de faire voir que la langue, les mœurs, et la religion de ces deux peuples éloignés n'avoient aucun rapport. Les Etrusques, dont le nom véritable étoit Rasena, n'étoient point Lydiens. On peut soupçonner qu'ils sortoient des montagnes de la Rhétie. Les historiens conviennent qu'ils avoient une ligue commune; et selon l'analogie de ces migrations, les Etrusques paroissent plutôt les descendans que les ancêtres des Rhétiens. On détermine l'époque de leur migration d'une façon assez ingénieuse. La grande année des Etrusques se mesuroit sur la durée de la vie humaine. La première s'étendoit jusqu'à la mort du dernier survivant de tous les enfans nés le jour de la fondation de la colonie. Le jour de cette mort devenoit une nouvelle époque semblable à la première. On sait que leur huitième année finissoit au premier consulat de Sylla avant J. C. 88, et que les sept premières avoient duré 781 ans. A supposer la huitième égale à la plus longue des autres elle étoit de 123 ans ; elle commençoit en 211, et la première époque de la fondation de la colonie a commencé en 992. Les Rasena avoient étendu leurs

établisse

sans.

établissemens dans l'Etrurie et la Campanie; mais après les conquêtes des Gaulois et des Samnites, il ne leur restoit que Mantoue, avec Atria sur le Po, et Cupra Maritima dans le Picenum. Les Tyrrhéniens étoient les Pélasges de l'Italie, mais sur-tout de l'Etrurie, où ils étoient très puisEnclavés dans ce pays, unis avec le corps Etrusque, les anciens les ont souvent confondus avec les Rasena, dont l'origine étoit si différente. Ils possédoient les quatre cités de Veii, de Falerii, de Tarquinii, et d'Agylla, où leur langue et leur religion se conservèrent jusqu'au siècle d'Auguste. On voit par les anciens monumens qu'on a déterrés dans l'Etrurie, que leurs caractères étoient les mêmes que les Ibériens. Les uns et les autres ressemblent beaucoup aux lettres Samaritaines dont les Phéniciens auront pu répandre l'usage dans les pays occidentaux de l'Europe. Le voyage de Saturne dans le Latium, qui civilisa les sauvages de ces côtes, m'a l'air très Phénicien. Ce peuple commerçant auroit naturellement apporté les arts, l'argent monnoyé, le culte de Moloch, ou Saturne, et les sacrifices humains. Je pense aussi que c'est à cette communication et peut-être à quelques colonies Tyriennes, que les Etrusques ont dû leur politesse, leur goût pour les arts et la navigation, et ce goût. oriental qui se fait sentir dans tous leurs ouvrages; leur divination et leur théologie paroissent seules originales.

SECT. II.

REGIONES, AËR, ET SOLUM ITALIÆ, ET MONS APEN.

NINUS.

man's Survey.

1. MAGNITUDO. L'Italie contient 75,576 milles quarrés. Si l'on veut Dr. Templela comparer aux autres pays, elle contient dix fois autant de terrein que la Péloponnèse, la Palestine, ou les Provinces Unies, et elle est d'un tiers plus grande que l'Angleterre, ou la Grèce (y comprise la Macédoine.) L'Italie a 6000 stades de longueur depuis l'Apennin jusqu'à Tarentum, Strab. Georg. 1. v. p. 146. et environ 1300 de largeur. 2. LAUDES. Denys d'Halicarnasse parle de l'Italie avec une espèce Dionys. Hal. d'enthousiasme. En convenant que quelques pays peuvent l'emporter 1. i. p. 16. sur elle à certains égards, il trouve qu'il n'y en a aucun qui réunisse autant tous les avantages. 1. Les champs fertiles de la Campanie portent

Rom. Antiq.

1 VOL. III.

I I

des

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