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Cam-hi, contenoit 11,052,872 familles, et 59,788,364 hommes en état de porter les armes, sans y comprendre les lettrés, les bonze, les mariniers, &c. Un pareil calcul nous donneroit pour le moins 200,000,000 d'habitans.

Les détails qu'il donne sur les denrées que les provinces envoyoient en cour ont un air d'authenticité. Entr'autres j'y trouve en bled et ris 40,155,490 sacs, chaque sac du poids de 120 livres. Cette quantité énorme reviendroit à 15,494,722 quartiers d'Angleterre, et vaudroit ici plus de 30,000,000 livres sterling. Je sais que les denrées sont à meilleur marché à la Chine, mais cette somme me paroît aussi incroyable que peu nécessaire. Vanité Chinoise!

Lausanne, 10 Décembre, 1756.

MEMOIRES POSTHUMES DE M. DE CHESEAUX.

Je n'ai lu qu'une très petite partie de cet ouvrage. Les calculs dont il est rempli, en interdisent l'entrée à quiconque n'est pas mathématicien achevé. Cependant la partie chronologique que j'ai lu m'a fait bien du plaisir. Un grand astronome est en état d'y répandre bien de la lumière, mais il n'y a guères que M. Newton et M. de Cheseaux qui l'ayent tenté.

Il fait une remarque assez curieuse sur le verset 12. ch. vii. de Daniel, où il est dit que la domination fut enlevée aux autres bêtes après que leur vie eut été prolongée à un tems et un tems. Il le paraphrase de cette manière. La domination (app. des Babyloniens) des Perses et des Grecs fut aussi détruite après qu'elle eut durée 720 ans, entendant par ces deux tems, deux années prophétiques de 360 ans chacune; et en effet ces trois empires durèrent 720 ans, depuis le commencement de Nabonassar en 747 A. C. jusqu'au tems qu'Octavien reçut

le

le nom d'Auguste du sénat Romain, et qu'il devint le premier empereur en 27 A. C. Quoiqu'on pourroit faire quelques objections contre ce sentiment, cependant on doit au moins avouer que si non vero e ben trovato. On pourroit dire par exemple que si Daniel avoit voulu parler de l'empire Babylonien il n'auroit dû commencer qu'à Nabuchodonosor, ou tout au plus à Nabopolassar son père, ce qui ne fait que 598 ans, les rois précédens de Babylone ne faisant pas plus à l'empire Babylonien que les rois de Macédoine depuis Caranus jusqu'à Alexandre ne faisoient à l'empire Macédonien.* Et si pour obvier à cet inconvénient on dit que la première domination, dont parle Daniel, n'étoit point celle des Babyloniens, mais celle des Assyriens, ce sera bien pis; le sentiment d'Hérodote, le plus modéré sur la durée de leur empire, plaçant son commencement dans un tems éloigné de 1240 ans de celui d'Auguste. Voy. Herodot. lib. i. p. 66. Edit. Henr. Steph. Usser. ad A. M. 2737.

Il croit aussi avoir fait une découverte sur la vision du huitième chapitre : il prétend que les 2300 soirs et matins, dont il est parlé au v. 14, signifient les sacrifices du soir et du matin du temple: 2300 de ces sacrifices font 1150 jours; mais il croit que ces 1150 jours de sacrifices se rapportoient seulement aux trois grandes fêtes des Juifs; ainsi 1150 faisoient 383 ans et une fête de l'année suivante. Il établit ensuite que le dernier sacrifice avant la persécution d'Antiochus fut celui de Pâques 168 ans avant notre Seigneur. De la fête de Pâques d'168 inclusivement jusqu'à celle des Tabernacles de 552 exclusivement, se trouvent justement 383 ans plus une fête. Il s'agit donc de prouver que Daniel eut cette vision dans le tems marqué. Il nous dit lui-même qu'il l'eut dans la troisième année du règne du roi Balsatsar. On sup

* Les princes de Perse depuis Achæmenes jusqu'à Cyrus le Persan, ou les rois et les consuls depuis Romulus jusqu'à Auguste à celui de Rome. Il ne s'agit point ici de leur existence comme petit état, mais comme monarchie assez puissante pour l'emporter de beaucoup sur toutes les autres, et pour mériter les noms des quatre grands empires. Pour ce qui regarde la foiblesse du royaume de Babylone jusqu'à Nabopolassar, voici ce qu'en dit le Père Pétau: "Quod regnum (Babylonicum, scilicet) victis tenue et Assyriis obnoxium ab Nabopolassaro ejusque filio Nabuchodonosoro amplificatum est, ut et Medos ipsos et Assyrios sibi subjiceret." Petavii Ration. Temp. p. ii. 3. c. 3. p. 80; sans compter qu'il seroit pour le moins aussi naturel de placer la fin de l'empire de Macédoine à la destruction du royaume de Macédoine qu'à celle du royaume d'Egypte.

pose

pose avec Prideaux que ce Balsatsar est le Nabonadius de Ptolémée. Nabonadius commença à régner 555 ans avant notre Seigneur. La question est, dans quel tems de l'année. Si c'étoit dans l'automne, l'époque que nous cherchons tombe dans la troisième année du règne de Balsatsar, et le système de M. de Cheseaux est bien lié; mais s'il commença plutôt, cette même époque se trouve dans son quatrième an. M. de Cheseaux allègue quelques argumens en faveur du premier sentiment.

Mais une seule observation suffit pour les détruire, c'est qu'il ne faut point aller chercher en Ptolémée, la durée précise du règne de chaque roi. M. de Cheseaux en convient lui-même. Ainsi quand même on auroit prouvé que Cyrus prit Babylone en automne on n'auroit point prouvé, que Nabonadius monta sur le trône dans la même saison, et quand vous auriez fait voir qu'Evil-Mérodach monta sur le trône au commencement de l'année vous n'auriez encore point fixé le commencement quant au mois du règne de Nabonadius. Le règne de Tibère dura 23 ans suivant le canon. Or Tibère mourut au mois de Mars de l'an 37. Vous croyez pouvoir inférer de-là que Tibère commença à régner au mois de Mars de l'an 15. Point du tout: il avoit commencé au mois d'Août de l'an 14. Mais Ptolémée ne comptoit que les années révolues qui n'étoient en effet que 22.

M. de Cheseaux apporte encore un argument en faveur de son hypothèse. C'est le règne de Laborosaarchod de neuf mois qu'il prétend que Ptolémée avoit renfermé dans celui de Nabonadius. EvilMérodach, dit-il, commença à régner à peu près avec l'année 561; ôtez-en 23 ans et neuf mois (comptant apart les neuf mois de Laborosoarchod) vous allez à l'automne de 538, dans laquelle Babylone aura été pris par Cyrus. Mais sans parler de ma première remarque, ce calcul me semble fondé sur une supposition qu'on aura peine à admettre, que Ptolémée avoit renfermé les neuf mois de Laborosoarchod dans le règne de Balsatsar, et qu'alors, pour ôter à Balsatsar ce qu'il lui avoit donné de trop, il avoit ajouté au règne de Cyrus, neuf mois de celui de son prédécesseur. Sans cette supposition on voit clairement que le commencement d'Evil-Mérodach, bien loin d'être avantageux à Mons. de Cheseaux lui seroit très nuisible, puisqu'il s'en ensuivroit que Na

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bonadius

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bonadius commença à gouverner au mois de Janvier environ de 535. Mais deux raisons me font rejetter cette supposition, et me font croire que le court règne de Laborosoarchod étoit plutôt contenu dans celui de son père Nériglissar. I. Nériglissar fut tué dans une grande bataille que Cyrus, à la tête des Mèdes et des Perses, gagna sur les Assyriens. Ce fait est certain, Prideaux en convient, et on ne sauroit le révoquer en doute sans renverser entièrement l'histoire de Xénophon que M. de Cheseaux reconnoît lui-même. Or quelle apparence y a-t-il qu'une telle battaille se soit donné au plus fort de l'hiver? II. Nous voyons que la coutume ordinaire de Ptolémée, à l'égard des princes qu'il passoit sous silence, étoit de renfermer leurs règnes plutôt dans ceux de leurs prédécesseurs que dans ceux de leurs successeurs. L'usurpation des Mages est contenue dans les huit ans de Cambyses, les règnes de Galba, d'Othon, et de Vitellius dans les 14 de Néron. M. de Cheseaux sent le poids d'une pareille induction, veut s'en servir aussi à son tour, et pour cet effet il prétend que Ptolémée renferma dans le règne d'Artaxerxe Longimanus sept mois que régna son prédécesseur Artapan. Je connois cet Artapan, mais je ne crois pas qu'il régna jamais en Perse. Voici ce que je trouve sur son compte en Ctesias, médecin de Darius, fils de cet Artaxerxes. 'Apráπavos dè, péya wapà Eépëņ δυνάμενος μετὰ Σπαμίτρου του Ημιάῤῥενος. και αύτε μέγα δυναμένα βολεύονται ἀνελεῖν Ξέρξην και αναιροῦσι . . . . και βασιλεύει Αρταξέρξης. σπουδῇ ̓Αρταπάνω και επιβελεύεται πάλιν ὑπ ̓ αντε . . . . και Αναιρεῖται Αρταπάνος. . . . Ctesia Fragm. ad Calc. Herod. edit. Hen. Steph. p. 666, 667. Justin dit à peu près les mêmes choses, Hist. 1. 3. c. 1. aussi bien que Diodore de Sicile, Bibliot. Histor. lib. xi. c. 69. p. 391, 92. Traduct. Rhod. et les chronologistes modernes les plus habiles ne se sont pas écartés de ce sentiment. Voy. Petav. Ration. Tempor. 1. 1. 1. 3. c. 6. p. 80. Edit. Lugd. Batav. et Prideaux, Histoire des Juifs à l'an avant N. S. 465.

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Ce seroit bien pis si on alloit contester la vérité de l'histoire de Xénophon que M. de Cheseaux suppose toujours démontrée. Je sais que tous les systèmes qu'on a formé pour expliquer les premiers temps de l'empire des Perses auront leurs difficultés. Toutefois après avoir lu la belle dissertation de M. Freret, (juge impartial, puisqu'en condamnant Xénophon d'un côté il le défend d'un autre,) on aura bien de

la

la peine peut-être à se refuser au sien qui paroît plausible, lié, et débarrassé des plus grandes objections. V. Mém. de l'Acad. des Belles Lettres, tom. iv. p. 588. tom. x. p. 778. d'espérance à celui de M. de Cheseaux. sar (alors Evil-Mérodach) sera avancée de sept ans, tombera sur l'an A. C. 559.

Fait environ le 10 Décembre, 1756.

Un tel système ne laisse plus
La troisième année de Balsat-

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