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Hist. 1. xxv. C.

élu leurs chefs: témoin le brave Martius. (16) Il est vrai que cette élec- (16) Tit. Liv. tion passoit pour illégitime. (17) Mais dans des usages qui favorisent 37. nos prétentions nous nous souvenons de la pratique, et nous oublions sa xxvi. c. 2. condamnation.

(17) Idem, 1.

III. L'équivoque du mot d'Imperator leur fournissoit une nouvelle raison; je crois même que c'est celle qui a eu le plus de poids. Les soldats conféroient le titre d'Imperator, imperatorem salutabant, comme auparavant, (18) mais ce mot avoit bien changé de signification. Sous (18) Vide Pitisc. Lex. Antiq. sub la république il n'étoit que le titre d'un général vainqueur, sous l'empire voce Imper. il avoit ajouté à son ancien sens un autre bien plus relevé, c'étoit le nom de la première dignité de l'état; la personne qui l'avoit reçu devenoit généralissime absolu de toutes les armées. (19) Nouvel exemple de l'at- (19) Dion. Hist. tachement des hommes aux noms, et de leur négligence pour les idées 235. qu'ils renferment.

Il faut (suivant M. de la Bleterie) considérer le titre d'Auguste sous trois points de vue différens. 1. Pour Octavien, c'étoit un titre personnel; comme Pius, Magnus, Felix. Les Romains lui reconnoissoient par-là quelque chose supérieure à l'homme, qui tenoit de la divinité. 2. Pour Tibère, pour Livie, pour Caius, c'étoit un nom de famille. 3. Il devint un titre de dignité sous les empereurs suivans. Cependant il conservoit toujours quelques marques de son origine personnelle. C'étoit le seul titre que gardoient les princes qui avoient abdiqués. C'étoit le seul qu'on communiquoit aux femmes des empereurs.

Rom. 1. lxiii. p.

RE

REMARQUES CRITIQUES SUR LE NOMBRE DES HABITANS DANS LA CITÉ DES SYBARITES.

BOILEAU apprit à Racine l'art de rimer difficilement. Je voudrois que M. Wallace m'eût l'obligation de lui avoir appris à croire difficilement. Il en auroit assez besoin. Les trois cens mille combattans de Sybaris ne lui font aucune peine. Quel Pyrrhonien que ce M. Hume! La seule incrédibilité du nombre le lui fait rejetter.* Entrons cependant dans la pensée de ce M. Hume, et faisons voir que le territoire de Sybaris n'a jamais pu être peuplé à ce point-là. La littérature ne comporte guères les démonstrations. Quel bonheur pour nous, si nous en

trouvions!

Crotone, l'ennemie de Sybaris, en étoit éloignée d'environ deux cens stades du côté du midi.† Ces deux cens stades sont donc la plus grande étendue possible de la cité de Sybaris. Héraclée, sujette aux Tarentins, l'empêchoit de s'étendre beaucoup plus loin vers le septentrion. La mer qui baignoit ses murs formoit sa frontière orientale, et l'on n'a qu'à jetter les yeux sur la carte pour voir combien l'Italie, rétrécie elle-même, lui fournissoit peu de conquêtes occidentales. Pour mettre les Sybarites à leur aise, accordons-leur un cercle dont le rayon soit de deux cens stades.

Le stade Grec est composé de six cens pieds. Or, comme le pied Grec est au pied de roi en raison de 23 à 24,§ 600 pieds nous donnent 575 pieds de roi. Le rayon du cercle en a 155,000, et par les opérations ordinaires, la circonférence 974,286, et l'espace circonscrit par le cercle contiendra 37,997,154,000 pieds quarrés. 28,800 pieds quarrés des Romains, ou 24,365 pieds de roi formoient le jugerum. Ce cercle contenoit 1,559,498 jugera.

Du tems de la fondation de Rome deux jugera suffisoient pour l'entretien d'une famille composée de sept personnes. Le territoire de Sy

* Vide Wallace upon the Numbers of Mankind, p. 303.

+ Strabon, 1. vi. p. 404.

**

↑ Voyez Mazochii Comment. in Tub. Heracléens. ap. Journal des Savans, Novembre, 1758, p. 16,

§ Eisenschid. de Ponderibus et Mensur. Veterum, p. 110.

Plin. Hist. Natural. 1. xviii. c. 2.

**Wallace, page 119.

baris, cultivé de la même manière, en auroit pu nourrir 5,458,243. Malheureusement les récits de Diodore et de Strabon* nous obligent d'en. trouver presqu'une fois autant. Trois cens mille hommes se mirent en campagne contre ceux de Crotone. C'étoit tout au plus la moitié des Sybarites en état de porter les armes. Ceux-ci étoient au nombre de 600,000; toutes les personnes libres de 2,400,000, et tous les habitans de 9,600,000: comptant la proportion des esclaves aux maîtres comme trois à un.

L'on sentira assez combien toutes les suppositions ont été faites favorables aux Sybarites. J'ai supposé tout leur territoire cultivé, villes, déserts, rivières, tout a été supprimé. Je n'ai point fait attention au luxe et à la mollesse des Sybarites. Je ne leur ai pas donné plus d'esclaves qu'à ces Romains dont les consuls eux-mêmes bêchoient la terre. Je leur ai supposé la même simplicité, la même patience, la même assiduité au travail qu'à ces pâtres qui s'exerçoient à conquérir l'univers.

Que sera-ce encore si le fondement de cette supposition est ruineux, si les Romains eux-mêmes ne pouvoient pas nourrir une famille du crâ de deux jugera? On exagère avec tant de plaisir. Les Romains sontils pauvres-deux jugera entretiennent une famille. Sont-ils riches?leurs bains couvrent des provinces. Mais venons à quelque chose de plus précis. Du tems de la simplicité Grecque et Romaine, un chanix par jour, ou quatre modii à peu près par mois, nourrissoient une personne. C'étoit l'étroit nécessaire. On le donnoit aux esclaves.† Or quel étoit le produit d'un jugerum? Cicéron nous l'apprend de la campagne de Leontium; dix medimni, les bonnes années,-huit, année commune.‡ Mais cette campagne, distinguée par sa fertilité,§ ne doit point servir de modèle pour toutes les autres. Si nous leurs accordons, aux unes portant les autres, cinq medimni, ce sera beaucoup. Il en faut encore

* Diodor. l. xii. c. 9. Strab. 1. vi. p. 404.

↑ V. Hortensius de Re Frument. apud Ciceron. Olivet. Tom. iv. p. 605.

↑ Cicero in Verr. Actio II. 1. iii. c. 47. In jugere Leontini agri, medimnum fere tritici, perpetuâ et æquabili satione, ager efficit cum octavo, bene ut agatur: ut omnes Dii adjuvent cum decimo.

§ Cicero, in Verr. Actio II. 1. iii. c. 18.

Quod caput est rei frumentariæ, campus Leontinus, cujus antea species erat, ut cum obsiAum vidisses, annonæ caritatem non vererere.

VOL. III.

м

déduire

déduire un medimnus d'ensemencement, reste à quatre medimni à vingtquatre modii. Deux jugera ne suffisent donc qu'à l'entretien d'une seule personne; et le territoire de Sybaris, en supposant les deux tiers cultivés, pouvoit en nourrir cinq cens vingt mille, pas la seizième partie de ceux que Diodore, Strabon, et M. Wallace y ont placés.. Je ne déciderai pas s'il les nourrissoit en effet.

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Votre raisonnement seroit juste, me dira-t-on, si les Sybarites ne se nourrissoient que du produit de leurs terres. Mais ils faisoient venir du grain de chez l'étranger. Cette ressource est commode. Elle garantit les Sybarites de la disette, et leurs panégyristes des objections. Il faut cependant prendre garde de ne pas l'employer trop souvent, de peur de faire entrer du bled dans tous les pays sans en faire sortir d'aucun. Les importations de cette espèce ne se peuvent faire que chez des peuples riches et commerçans. Les exportations annoncent à coup sûr une contrée moins peuplée qu'elle ne pourroit l'être; et si la fertilité du terroir, ou l'art des habitans n'y suppléent en partie, un pays assez dégarni d'habitans. Cependant, selon les admirateurs des anciens, les environs de Sybaris, la Grèce, l'Italie, la Sicile, l'Afrique regorgeoient alors de monde.

Mais que les Sybarites ayent fait venir du grain, leur commerce, n'a pas sûrement surpassé celui d'Athènes, le siège de l'empire et des arts. Celui-ci n'alloit qu'à 1,600,000 medimni tout au plus, peut-être à la moitié seulement.* 200,000 personnes ont pu subsister de ce commerce, et l'on pourroit trouver dans la cité de Sybaris 720,000 âmes; la douzième partie du nombre requis.

Puisque deux auteurs estimés ont pu convenir d'un fait impossible, que la population de l'antiquité nous devient suspecte! Il est si peu de faits appuyés sur des autorités aussi bonnes. En tout, hormis la religion, il vaut mieux ne pas croire assez, que de croire trop.

Wallace, p. 291..

DU

DU GOUVERNEMENT FÉODAL, SUR-TOUT EN FRANCE.

19-27.

La terre (disoit le Jupiter d'Homère) est suspendue dans les airs, par Homer. Iliad. une chaîne d'or; seul je soutiens ce poids immense. L'effort réuni des dieux ne sauroit me l'arracher. Cette chaîne d'or c'est le système féodal, mais il s'en falloit bien que son chef put tenir le même langage.

Des milliers de légistes ont commenté tous les détails minutieux de ce système. Depuis un siècle, et sur-tout en France, on a voulu rechercher son origine et ses principes. Les parodoxes hardis du Comte de Boulainvilliers, et les sophismes adroits de l'Abbé Du Bos sont assez connus. Le Président de Montesquieu, toujours brillant et toujours profond, y a porté ses vucs systématiques et philosophiques. L'Abbé de Mably vient de nous donner sur cette matière un ouvrage utile et bien écrit.* L'esprit juste et méthodique emprunte les conjectures du génie, et lui rend des critiques. Instruit par Mably, on lit Montesquieu avec plus de fruit et de sureté; l'on marche sans s'égarer à la lueur de ses éclairs. Ces hommes célèbres ont ouvert la carrière; je les suis en tremblant.

N'obscurcissons point nos idées sous prétexte de les simplifier. Le système féodal, assemblage monstrueux de tant de parties, que le tems et le hasard ont réunies, nous offre un objet très compliqué; pour l'étudier il faut le décomposer.

J'examine la France au commencement du douzième siècle, lorsque le gouvernement féodal avoit acquis un peu de tranquillité sans rien perdre de sa vigueur, j'y vois, 1. Une hiérarchie presqu'infinie, qui ne laisse à son chef qu'un vain fantôme de pré-éminence, et dont chaque membre, à la fois suzerain et vassal, exerce tous les droits de la puissance publique, en démembrant l'état. 2. La foi et l'hommage, seuls liens de ce grand corps. 3. Le service militaire que chaque vassal doit à son seigneur pour le fonds qu'il reconnoît tenir de sa bonté. 4. Des millions de paysans enchaînés à la terre qu'ils cultivent.

* V. le Comte de Boulainvilliers sur l'ancien Gouvernement de la France; l'Abbé du Bos, Histoire Critique de l'Etablissement de la Monarchie Françoise; l'Esprit des Loix, livres xxx et xxxi; Observations sur l'Histoire de France de l'Abbé de Mably, &c. &c.

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