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LES

PARTITIONS ORATOIRES,

TRADUCTION NOUVELLE,

PAR J. V. L.

INTRODUCTION.

UNE Rhétorique complète, que Cicéron écrivit par demandes et par réponses, pour l'instruction de son fils, semblerait devoir être répandue dans toutes les écoles; et cependant elle est à peine connue. Le sens vague du titre, la sécheresse et la difficulté de quelques parties, les doutes même qu'on a exprimés sur l'authenticité de cet ouvrage, dont Cicéron ne parle pas, ont pu contribuer à cette indifférence. Les bons livres élémentaires sont si rares, qu'il est impossible que celui-ci ait été négligé sans raison.

Le titre, qui ne présente peut-être pas un sens très net à tous les esprits, pourrait être remplacé par cet autre, Abrégé méthodique de l'Art oratoire. L'auteur avait traduit le mot des rhéteurs grecs, qui entendaient par diagious toutes les divisions et subdivisions de leur art, et qui appelaient les Traités de ce genre dizigetinal Téva. On voit, au chap. 40, qu'il avait appris des académiciens à soumettre ainsi aux formes philosophiques la théorie de l'art de la parole.

Il doit résulter sans doute du système de ces rhéteurs philosophes quelque monotonie dans la marche de l'enseignement, qui procède

toujours par classifications et par définitions; mais l'aridité un peu scolastique des préceptes est bien rachetée par la justesse et la clarté de la méthode. Marmontel, qui parle de tous ces écrits didactiques avec beaucoup plus de sens et d'instruction que La Harpe, admire surtout, dans cette Rhétorique de Cicéron, le parfait accord de sa théorie et de sa pratique : «< Le plan de la Milonienne, dit-il, est tracé en dix lignes dans le Traité des Partitions oratoires (chap. 30). On a dit de Montaigne que c'était l'homme du monde qui savait le mieux ce qu'il disait, et le moins ce qu'il allait dire. Mais Cicéron savait également bien ce qu'il disait, et ce qu'il dirait, et comment il fallait le dire. C'est là le caractère de l'esprit de méthode. Aussi, dans les savantes et profondes leçons qu'il en a données, non seulement l'orateur, mais le politique, le moraliste, le métaphysicien trouvera sa route tracée. C'est surtout dans ce dialogue entre son fils et lui, des Partitions oratoires, qu'en un quart d'heure de lecture, vous apprendrez, en théorie, tout ce que Cicéron lui-même savait dans l'art d'amener les esprits au but de la persuasion. »

Si l'auteur n'a pas répandu sur les préceptes de son art plus d'ornements, plus de traits d'imagination, plus de variété, quelques uns en attribuent la cause à la tristesse et à l'abattement de son âme, consternée des malheurs de sa patrie. Corradus, dont la conjecture a

paru certaine à plusieurs critiques, prétend que ce dialogue est de l'année 707, époque où César, seul maître de la république romaine, terminait la guerre d'Afrique contre Scipion, Caton et Juba. Peut-être est-il plus ancien ; car on aurait lieu de s'étonner que Cicéron eût adressé à son fils, qui avait alors dix-neuf ans, un ouvrage qui semble plutôt fait pour instruire un enfant. Ne pouvait-il pas lui recommander de préférence, comme au fils de Lentulus (Ep. fam., I, 9), ses trois Livres de l'Orateur, publiés dès l'année 698 ? Dans l'incertitude où nous sommes d'une date précise, nous laissons les Partitions à la place où elles se trouvent dans presque toutes les éditions, quoiqu'il valût mieux peut-être les placer avant les Topiques, comme l'ont fait quelques autres.

Le silence de Cicéron et de la plupart des anciens grammairiens sur cet ouvrage, mais surtout la forme de la composition et le caractère du style, engagèrent, au quinzième siècle, Ange December (De Polit. litterar., Lib. 1, p. 62) à élever le premier quelques doutes sur le véritable nom de l'auteur. Wetzel n'est pas éloigné de les partager, dans son édition des Rhetorica minora, Lignitz, 1807, page 344. M. Schütz, ordinairement si sévère, mais arrêté ici par le témoignage de Quintilien, n'a point banni ce Traité des OEuvres de Cicéron, et ceux qui le liront avec soin ne le trouveront pas indigne de lui.

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