de M. Gouellain date vraiment de la Révolution, elle doit être au plus tard des premiers mois de 1793. Cette date sinistre est au reste très-admissible.

Mais le bruit se répand qu'une nouvelle assiette à la guillotine va faire son apparition dans le monde des curieux, et que cette nouvelle venue représente de la manière la plus claire la mort tragique de la royale victime de la Convention.

La mort de Louis XVI, retracée au fond d'une assiette, telle est la nouvelle que quelques curieux de céramique se transmettaient dans la ville d'Eu en juillet dernier, pendant la tenue du congrès provincial de Normandie, et je lisais dans un numéro récent du Courrier de la Bresle, que cette assiette, incontestablement révolutionnaire, allait être exhibée à Dieppe, chez M. Marais, libraire et collectionneur. Mais est-elle authentique?

Des céramistes au coup d'œil exercé pourront seuls le dire. On assure, d'un autre côté, que cette assiette mystérieusement annoncée serait tout ce qu'il y a de plus faux, de plus moderne et de moins réussi comme imitation de la vaisselle du temps de la Terreur.

Cette odieuse composition serait une contrefaçon parisienne datant tout au plus de la Commune de 1871. Un collectionneur d'Amiens, M. Poûy, dans une brochure sur les faïences picardes, a donné une reproduction en couleur d'un objet analogue, mais bien différent de l'assiette à la guillotine publiée par M. Gouellain.

BORDEAUX.

UNE LETTRE INÉDITE DE MATTHIEU DE MORGUES

SIEUR DE SAINT-GERMAIN

Michel Le Vassor (Histoire de Louis XIII, édition de 1757, t. III, p. 638) consacre ces lignes au plus ardent et au plus infatigable de tous les pamphlétaires de la première moitié du XVII° siècle; « Matthieu de Morgues de Saint-Germain devint si célèbre dans le monde, en défendant lui seul Marie de Médicis et le duc d'Orléans contre Richelieu, et contre tous ses lâches écrivains, que je crois devoir dire quelque chose d'un auteur dont les ouvrages, peut-être trop aigre's et trop envenimés, mais bons à cela près, et remplis de traits vifs

et agréables (1), ont chagriné le cardinal et embarrassé ses flatteurs Saint-Germain étant entré fort jeune dans la société des Jésuites, en sortit avec la permission des supérieurs, et embrassa l'état ecclésiastique. Sa manière de prêcher fut goûtée à Paris, et ses ennemis, qui l'observaient de fort près, ne trouvèrent jamais rien à redire à ses mœurs, ni à sa doctrine. La reine Marguerite en fit son prédicateur ordinaire, et, après la mort de cette princesse, il entra dans la maison de Marie de Médicis, en qualité de son premier aumônier (2). Il raconte lui-même, d'un ton un peu trop railleur et en témoignant une trop bonne opinion de son mérite, la manière dont Richelieu commença de le persécuter... » Ici (p. 639), Le Vassor reproduit le récit de Matthieu de Morgues, et ajoute: « Richelieu, picqué des reproches peut-être trop véritables de Saint-Germain, lui fit faire son procès (3), éteignit les pensions réservées sur ses anciens bénéfices, et le dépouilla de tout ce qu'il avait acquis par des services rendus à l'Église et au public dans l'espace de vingt années. >>

J'ai trouvé piquant de publier une lettre adressée à Charpentier, le secrétaire du cardinal de Richelieu, par le futur adversaire du cardinal, lettre toute tissue de prières et de protestations (4), et qui forme un singulier contraste avec les virulentes pages (5) qu'écrivit un peu plus tard, contre le premier ministre de Louis XIII, celui que Gui Patin, indulgent pour un confrère en satire, appelle un grand personnage (6). »

(1) Déjà Le Vassor (même volume, p.329) avait dit de l'apologiste de Marie de Médicis. «Il avoit de l'esprit et une assez grande connoissance des belles-lettres; son style est vif, pur et élégant. »

(2) M. de Morgues fut encore curé d'Aubervilliers et évêque nommé, mais non sacré, de Toulon. Les notices abondent sur lui., Voir notamment Moréri, Bayle, Leclerc, Joly, Niceron, la Biographie universelle, la Nouvelle biographie générale, etc. (3) Des lettres d'abolition lui furent accordées après la mort de Louis XIII; en 1643. On les trouvera dans le volume 631 de la collection Du Puy, au départenent des manuscrits de la Bibliothèque nationale.-Voir encore, à la date du 5 juillet 1614, le Journal d'Olivier Lefèvre d'Ormesson (t. I, p. 193).

(4) Les défenseurs de Richelieu avaient déjà joué à M. de Morgues le mauvais tour de faire imprimer un titre du 7 juin 1627, où il promettait au cardinal un attachement perpétuel et inviolable, fondé sur le souvenir des bienfaits qu'il en avait reçus et sur l'admiration des qualités éminentes de ce ministre. Voir le Recueil de Paul Hay du Chastelet. (Paris, in-fol, 1635)

(5) Richelieu, Mémoires, à l'année 1632, p. 408, de l'édition Michaud ét Poujoulat, se plaint des placards et libelles diffamatoires que l'on semait dans Paris et autres villes du royaume, « la plupart desquels étaient composés par SaintGermain, et pleins de son venin ordinaire. »

(6) Lettre du 20 mars 1665. M. de Morgues ne mourut qu'à la fin de 1670, ågà de quatre-vingt-huit ans.

Monsieur (1),

Après vous avoir assuré de ma perseverence en la volonté que j'ay tousjours eu de vous honnorer et servir, et tes oigner que je considéreray soigneusement tant que je vivray la souvenence que j'ay des bons offices que vous m'avez rendus auprès de la personne de Monseigneur, je vous supplieray très humblement de me vouloir pardonner si je prends la hardiesse d'implorer vostre assistence, pour tacher d'obtenir le prioré de la parroisse en laquelle je demeure qui despend de l'abbaye de la Chazedieu, et est vacquant despuis quelque temps. Ce benefice qui vault environ deux cent livres de rente est tout joignant le peu de bien que j'ay au pays de Vellay (2), et personne ne peult plus facilement que moy remettre le bastiment desmoly et conserver les droicts de l'Eglise. S'il plaict à Monseigneur, pour comble de tous les bienfaicts que j'ay reçeu de sa bonté, de m'en gratiffier, et à vous, Monsieur, de me procurer ce bien, mon frère vous baillera les memoires, et vous assurera que la cognoissance parfaicte que j'ay eu de vostre vertu et confience entiere que j'ay en la bienveillance que vous n'avez faicte paroistre m'ont porté à m'adresser à vous seul pour tacher d'obtenir cette grace, laquelle avec vostre merite et toutes les auitres que j'ay eu par vostre moyen, m'ont donné subject d'estre toute ma vie, ce que je suis en verité,

Monsieur,

vostre très humble et très obligé serviteur, M. DE ST GERMAIN.

A Saint-Germain, le 7e d'octobre 1629.

Je vous supplie très humblement de presenter et de lire ma lettre à Monseigneur.

(1) Bibliothèque nationale, collection dite des armoires de Beluze, vol. 337, p. 8. (2) On sait que Matthieu de Morgues était né dans le Velay, comme il le rappelle lui-même (Lettre de change protestée, p. 946). Sur les innombrables libelles du sieur de Saint-Germain, il faut consulter la Bibliothèque historique de la France, où pourtant la liste donnée est incomplète, Quei intéressant opuscule formerait un bibliograpte habile et patient du catalogue analytique de toutes les productions du mordant écrivain.

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4051. BASCHET (A.). La diplomatie vénitienne. Les princes de l'Europe au av siècle : François Ier, Philippe II, Catherine de Médicis, etc. Paris, Plon, 1862. Les archives de la sérénissime République de Venise. Paris, Amyot, 1857, pap. vergé. En un vol. in-8, d. rel. mar. br. du Levant. Nombreux fac-simile d'autographes. 9 Au chiffre de M. le marquis de Laborde.

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