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sance italienne le coup le plus terrible qu'elle eût reçu depuis l'élévation du nom romain (a), Masinissa, roi des Numides, admis dans notre alliance par P. Scipion, que ses exploits firent surnommer plus tard l'Africain, avait accompli de nombreux et brillants faits d'armes (4). En récompense, après la défaite des Carthaginois et la prise de Syphax, dont l'empire en Afrique avait été puissant et étendu, le peuple romain fit don au roi de toutes les villes et de toutes les terres dont il s'était emparé (5). L'amitié de Masinissa, amitié avantageuse et honorable pour nous (b), resta la même jusqu'à sa mort. Son règne dura aussi longtemps que sa vie. Après lui, son fils Micipsa hérita seul de son royaume, Manastabal et Gulussa, ses frères, étant morts de maladie (6). Micipsa donna naissance à Adherbal et à Hiemsal, et éleva dans son palais, avec les mêmes honneurs que ses propres enfants, Jugurtha, fils de son frère Manastabal, que Masinissa avait laissé dans une condition privée, parce qu'il était né d'une concubine.

Aussitôt qu'il eut atteint l'âge de l'adolescence, celui-ci, plein de force, d'un bel extérieur, et doué surtout d'une grande vigueur d'âme, ne se laissa pas corrompre par les plaisirs (c) et l'oisiveté; mais, selon les habitudes de sa nation, se plut à monter à cheval, à lancer des traits, à disputer le prix de la course à

(c) Luxu, le luxe. (M. Durozoir, et presque tous les traducteurs.) Nous croyons cependant que luxus n'a pas ce sens ici. Ainsi, dans Virgile, en parlant d'Énée et de Didon :

Nunc hiemem inter se luxu quam longa fovere.

(Liv. IV, v. 193, Énéide.)

certare : et quum omnes gloria anteiret, omnibus tamen carus esse: ad hoc pleraque tempora in venando agere, leonem atque alias feras primus, aut in primis ferire plurimum facere, minumum ipse de se loqui. Quibus rebus Micipsa tametsi initio lætus fuerat, existumans virtutem Jugurthæ regno suo gloriæ fore: tamen, postquam hominem adolescentem, exacta sua ætate, parvis liberis, magis magisque crescere intellegit, vehementer negotio permotus, multa cum animo suo volvebat. Terrebat eum natura mortalium, avida imperii et præceps ad explendam animi cupidinem : præterea opportunitas suæque et liberorum ætatis, quæ etiam mediocres viros spe prædæ transvorsos agit ad hoc studia Numidarum in Jugurtham accensa; ex quibus, si talem virum interfecisset, ne qua seditio aut bellum oriretur, anxius erat.

His difficultatibus circumventus, ubi videt, neque per vim, neque insidiis opprimi posse hominem tam acceptum popularibus, quod erat Jugurtha manu promptus et appetens gloriæ militaris, statuit eum objectare periculis, et eo modo fortunam tentare.

(a) Généralement on traduit : c'était lui qui faisait le plus, et c'était de lui qu'il parlait le moins.

(b) Ou, pour son règne.

ceux de son âge; et, bien qu'il les surpassât tous en gloire, il devint cependant cher à tous. Il employait aussi à chasser la plus grande partie de son temps; il frappait le premier, ou des premiers, le lion et les autres bêtes féroces; il agissait beaucoup et parlait fort peu de lui-même (a): toutes choses dont Micipsa se réjouit d'abord, présumant que la valeur de Jugurtha serait une gloire pour son royaume (b); cependant, lorsqu'il comprit que ce jeune homme prenait chaque jour plus d'autorité, alors que lui touchait au terme de sa carrière, et que ses enfants étaient encore en bas âge, il s'en inquiéta vivement, et mille pensées traversèrent son esprit. Il s'effrayait en songeant à la nature humaine avide de domination, emportée vers la satisfaction de ses désirs (c); puis encore, en pensant à la circonstance de son âge et de celui de ses enfants: il y avait là une de ces occasions qui, par l'espoir du succès, poussent au mal les âmes même peu ambitieuses. Ajoutez à cela l'ardent amour de ses sujets pour Jugurtha. S'il mettait à mort un tel homme, il redoutait de voir s'élever une sédition ou une guerre.

Ainsi entouré de difficultés, dès qu'il jugea impossible de faire périr, soit par force ouverte, soit par embûches, un personnage aussi aimé des Numides, comme Jugurtha était entreprenant et avide de gloire militaire, il résolut de l'exposer aux dangers, et de tenter le sort par ce moyen. Aussi, lors de la guerre

(c) Combien par sa nature l'homme est avide de dominer, et prompt à satisfaire cette passion. (Durozoir.) C'est à peu près aussi la manière de comprendre de Beauzée et de M. Damas-Hinard.

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Igitur, bello Numantino, Micipsa, quum populo romano equitum atque peditum auxilia mitteret, sperans, vel ostentando virtutem, vel hostium sævitia facile eum occasurum, præfecit Numidis quos in Hispaniam mittebat. Sed ea res longe aliter, ac ratus erat, evenit nam Jugurtha, ut erat impigro atque acri ingenio, ubi naturam P. Scipionis, qui tum Romanis imperator, et morem hostium cognovit ; multo labore multaque cura, præterea modestissume parendo et sæpe obviam eundo periculis, in tantam claritudinem brevi pervenerat, ut nostris vehementer carus, Numantinis maxumo terrori esset. Ac sane, quod difficillumum in primis est, et prælio strenuus erat, et bonus consilio quorum alterum ex providentia timorem, alterum ex audacia temeritatem afferre plerumque solet. Igitur imperator omnes fere res asperas per Jugurtham agere, in amicis habere, magis magisque in dies amplecti; quippe cujus neque consilium neque inceptum ullum frustra erat. Huc accedebat munificentia animi et ingenii sollertia, quis rebus sibi multos ex Romanis familiari amicitia conjunxerat.

Ea tempestate in exercitu nostro fuere complures novi atque nobiles, quibus divitiæ bono honestoque potiores erant, factiosi, domi potentes, apud socios

contre Numance, Micipsa, envoyant aux Romains des secours en cavalerie et en infanterie, mit Jugurtha à la tête des Numides expédiés en Espagne (7), dans l'espoir qu'il succomberait facilement, soit en faisant parade de son courage, soit sous la fureur des ennemis. Mais l'événement fut tout autre qu'il ne pensait. Jugurtha, doué d'un esprit actif et pénétrant, se mit au fait du caractère de P. Scipion, alors général des Romains, et des habitudes des ennemis; puis, à force de fatigues et de vigilance, et aussi par son obéissance modeste, par son empressement habituel à rechercher les périls, il acquit bientôt une telle gloire, que, vivement aimé des nôtres, il fut encore très-redouté des Numantins. De plus, il était à la fois vaillant dans le combat et bon pour le conseil, deux mérites qu'il est souverainement difficile de réunir; car l'un conduit ordinairement à la timidité par la prévoyance, l'autre à la témérité par l'audace. Le général fait donc exécuter par Jugurtha presque toutes les choses difficiles, l'admet au nombre de ses intimes, l'embrasse chaque jour d'une affection plus vive. Aucun de ses avis, en effet, aucune de ses entreprises ne demeurait sans résultat. A cela se joignaient une âme libérale, un esprit adroit, qualités avec lesquelles il s'était attaché beaucoup de Romaius par les noeuds d'une étroite amitié.

En ce te.nps, notre armée renfermait nombre d'hommes nouveaux et de nobles qui préféraient les richesses à la justice et à l'honneur, gens factieux, influents à Rome, plus connus chez nos alliés qu'estimés. Ces personnages enflammaient l'esprit ambi

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