Immagini della pagina
PDF
ePub

GUERRE

CONTRE JUGURTHA.

Les hommes se plaignent à tort de leur condition, disant que, faibles et n'ayant qu'une existence bornée, ils vivent sous l'empire du hasard plutôt que sous celui de la vertu. A la réflexion, vous trouverez au contraire que rien n'est plus grand ni plus élevé que la nature humaine, et que la force ou le temps lui manquent moins que le bon usage de ces choses. L'âme dirige la vie des mortels, et en est l'arbitre; dès qu'elle marche à la gloire par le chemin de la vertu, elle est riche en force, en puissance, en éclat, et n'a pas besoin de la fortune: celle-ci, en effet, ne peut donner ni enlever à personne la probité, le talent, et les autres belles qualités. Possédé de mauvaises passions, se plonge-t-on dans la paresse et les plaisirs du corps, lorsque, après s'être livré quelque temps à un penchant fatal, on a perdu au sein de l'oisiveté forces, années, esprit, on accuse la faiblesse de la nature. Tous les coupables imputent leurs fautes aux circonstances. Si l'amour de

cura esset, quanto studio aliena ac nihil profutura, multumque etiam periculosa petunt; neque regerentur magis, quam regerent casus; et eo magnitudinis procederent ubi pro (a), mortalibus gloria æterni fierent.

:

Nam uti genus hominum compositum ex anima et corpore ita res cunctæ studiaque omnia nostra, corporis alia, alia animi naturam sequuntur. Igitur præclara facies, magnæ divitiæ, ad hoc vis corporis, alia hujuscemodi omnia brevi dilabuntur : at ingenii egregia facinora, sicuti anima, immortalia sunt. Postremo corporis et fortunæ bonorum, ut initium, sic finis est; omniaque orta occidunt, et aucta senescunt : animus incorruptus, æternus, rector humani generis, agit atque habet cuncta, neque ipse habetur. Quo magis pravitas eorum admiranda est, qui, dediti corporis gaudiis, per luxum atque ignaviam ætatem agunt; ceterum ingenium, quo neque me

(a) Au lieu de eo magnitudinis procederent ubi pro..... certains textes portent uti pro....

(b) Ce sens est conforme à celui de M. Burnouf et de M. Durozoir. Ne pourrait-on pas comprendre aussi, qu'ils deviendraient immortels par la gloire, autant que le peuvent des étres sujets à la mort.

(c) Ea omnia quibus studemus (Burnouf). Si l'on adopte cette interprétation, il faudrait traduire : tous les objets de nos penchants.

choses louables égalait chez les hommes leur zèle à rechercher ce qui leur est étranger, inutile, et même souverainement pernicieux, ils ne seraient pas plus dominés par les événements qu'ils ne les domineraient; et ils atteindraient un tel degré de grandeur, de mortels qu'ils sont, ils deviendraient immortels par la gloire (b).

que,

L'homme se compose d'une âme et d'un corps; de même, toutes les choses extérieures et tous nos penchants (c) participent, les uns à la nature du corps, les autres à celle de l'esprit. Or un bel extérieur (d), de grandes richesses, ainsi que la force physique et tous les autres avantages de ce genre, s'évanouissent vite; mais ce que l'intelligence fait de remarquable est immortel comme l'âme. Enfin (e), les biens du corps et de la fortune ont leur terme comme leur commencement, et tout ce qui s'est élevé tombe, tout ce qui s'est accru vieillit; l'âme incorruptible, éternelle, guide suprême du genre humain, mène tout, a tout sous sa dépendance; mais elle-même est indépendante (f). Aussi doit-on s'étonner (g) grandement de la démence de ceux qui, livrés aux plaisirs des sens, passent leur vie dans la volupté et la mollesse, et, du reste, laissent l'esprit, c'est-àdire ce qu'il y a de meilleur, ce qu'il y a de plus

(d) Facies ne signifie pas seulement visage, mais l'ensemble de la personne; ainsi, dans Juvénal: Proh, qualis facies, et quam vere digna tabella! en parlant d'Annibal.

(e) Postremo, en un mot. (Durozoir et Burnouf.)

(f) Anime, possède tout, et n'est pas possédée. (Damas-Hinard.)

(g) Admirari. Peut-être y a-t-il dans ce mot une intention ironique, et alors il faudrait traduire par admirer.

lius, neque amplius aliud in natura mortalium est, incultu atque secordia torpescere sinunt : quum præsertim tam multæ variæque sint artes animi, quibus summa claritudo paratur.

Verum ex his magistratus et imperia, postremo omnis cura rerum publicarum, minume mihi hac tempestate cupiunda videntur : quoniam neque virtuti honos datur; neque illi, quibus per fraudem jus fuit, tuti aut eo magis honesti sunt. Nam vi quidem regere patriam aut parentes, quamquam et possis, et delicta corrigas, tamen importunum est; quum præsertim omnes rerum mutationes cædem, fugam, aliaque hostilia portendant; frustra autem niti, neque aliud se fatigando, nisi odium, quærere, extremæ dementiæ est nisi forte quem inhonesta et perniciosa lubido tenet, potentiæ paucorum decus atque libertatem suam gratificari.

Ceterum ex aliis negotiis, quæ ingenio exercentur, in primis magno usui est memoria rerum gestarum cujus de virtute quia multi dixere, prætereun

(a) Au lieu de en effet (nam), M. Dureau de la Malle met: d'un autre côté.

que

vous

(b) D'Otteville, Beauzée et M. Damas-Hinard traduisent: Bien ayez le pouvoir de réformer les abus et que vous les réprimiez.... (c) MM. Burnouf et Damas-Hinard traduisent ici parentes par famille.

grand dans la nature humaine, s'engourdir au sein de la grossièreté et de l'inertie. On doit s'en étonner surtout, quand il est pour l'esprit des moyens si nombreux et si divers d'acquérir une grande illus

tration.

Mais, parmi ces moyens, les magistratures et les commandements, en un mot toute participation aux affaires de l'État, me semblent, en ce temps-ci, fort peu désirables; car le mérite n'est pas honoré; et quant à ceux qui ont obtenu les charges publiques par fraude, ils ne sont ni en sûreté, ni plus considé rés à cause de leurs fonctions. En effet (a), bien que vous ayez le pouvoir (6), bien que vous réprimiez les abus; cependant, gouverner par la force la patrie, ou des peuples subjugués (c), est une pénible tâche (1); par cette raison surtout, que chaque révolution politique présage le meurtre, l'exil et les autres rigueurs de la guerre; mais, faire de vains efforts, et, en s'épuisant, ne récolter rien autre chose que la haine, c'est le comble de la folie; excepté pour celui que possède la passion indigne et funeste de sacrifier son honneur et sa liberté à la . puissance de quelques-uns.

Du reste, parmi les diverses œuvres qui sont du domaine de l'intelligence, rappeler les actions accomplies est surtout d'une grande utilité je crois qu'il ne faut pas insister là-dessus, parce que beau

Nous préférons le sens adopté par d'Otteville. « César, dit ce dernier, avait d'abord eu l'intention de se faire roi de Rome, Vi regere patriam; ensuite il s'était ¿orné à demander qu'on le déclarât roi hors de l'Italie, regere parentes. »

« IndietroContinua »