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toit point donné la peine d'examiner les originaux. Les calvinistes ne laissèrent pas de s'attribuer la gloire de cette dispute, et se l'attribuent encore aujourd'hui ; mais, pour constater leur défaite, il ne faut que lire ce qu'en dit le duc de Sully, zélé protestant, dans ses Mémoires. (Voyez PERRON, n° I. ) Cette conférence, loin d'éteindre les différens, ne produisit que de nouvelles querelles parmi les con

enfin il n'y en eut que nenf d'examinées. On se diputa sur des mots, sur leurs diverses interprétations. On offrit des éditions d'ouvrages qui n'étoient pas celles d'où MorDay avoit tiré ses citations. On alecta de ne point le prévenir sur les passages qui seroient l'objet de la discussion; de sorte que celui-ci n'étoit point préparé à la défense. Emu par la pensée de se voir en butte à une intrigue de cour, après avoir rendu, pen-troversistes, et des plaisanteries dant vingt ans, des services émi- parmi les incrédules. Un ministre Bens au roi il se troubla et huguenot, présent à la confédefendit assez mal sa cause, si rence, disoit avec douleur à un l'on en croit Sully, qui, dans ses capitaine de son parti : « L'éCEconomies royales, ne dit point vêque d'Evreux a déjà emporté que sa cause fût mauvaise, mais plusieurs passages sur Mornay. qu'elle fut mal défendue. Il ajoute que Henri IV lui dit : « Eh bien! que vous en semble de votre pape? Il me semble, sire, répondit Sully, qu'il est plus pape que vous ne pensez; ne voyez-vous pas qu'il donne un chapeau rouge à M, Evreux. » La nuit mit fin à cette conférence qui ne dura que quelques heures. La cour, suivant son plan, décida que Mornay étoit vaincu. Les protestans soutinrent le contraire il y eut plusieurs ouvrages publiés pour et contre Fun et l'autre champions de cette dispute. (Voy. la Vie de Philippe de Mornay, livre II, sous l'an 1600, et les OEconomies royales de Sully, in 12, tom. II, cha-prudence et par la justice de celui pitre XCVI.) 11 s'étoit vanté qui gouverne. La force des armes de faire voir clairement près de ne se doit employer que contre cinq cents fautes dans le livre un ennemi étranger. Le feu roi 'de son adversaire, et il tint sa auroit bien renvoyé à l'école des parole. «Vérifier une multitude de premiers élémens de la politique passages par des compi- les nouveaux ministres d'état, lateurs , gens ordinairement peu qui, semblables aux chirurgiens exacts, comme l'observe Meze-ignorans, n'auroient point eu ray, et ne se souciant pas de d'autres remèdes à proposer que fournir de bons matériaux pourvu le fer et le feu, et qui seroient qu'ils en fournissent quantité, » venus lui conseiller de se couper étoit une entreprise trop hasar- un bras malade avec celui qui est deuse pour Mornay, qui ne s'é- [en bon état. » Ces remontrances

amassés

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Qu'importe, repartit le militaire, pourvu que celui de Saumur lui demeure? » C'étoit un passage important sur la rivière de Loire, dont du Plessis étoit gouverneur. Ce fut là qu'il se retira, toujours occupé à défendre les huguenots et à se rendre redoutable aux catholiques. Lorsque Louis XIII entreprit la guerre contre son parti, du Plessis Ini écrivit pour l'en dissuader. Après avoir épuisé les raisons les plus spécieuses, il lui dit : « Faire la guerre à ses sujets, c'est témoigner de la foiblesse. L'autorité consiste dans l'obéissance paisible du peuple; elle s'établit par la

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Mornay sur l'art discret de reprendre et de plaire

Son exemple instruisoit bien mieux que ses
discours;

Les solides vertus furent ses seules amours.
Avide de travaux, insensible aux délices,
I marchoit d'un pas ferme au bord des
précipices
Jamais l'air de la cour et son souffle infecté

peut avoir eu quelque part. « Du
Plessis-Mornay, dont les hugue
nots ont tant vanté le savoir et la
capacité, étoit bien éloigné du mé-
rite qu'ils lui ont attribué. Il leur
étoit utile par
l'estime que Henri
IV faisoit de lui, par son gouver-
nement de Saumur,
et par
le cré-
dit qu'il avoit dans le parti. Pour
mieux établir son autorité et la
rendre plus respectable, et per-
suader au public qu'il n'étoit pas
huguenot par intérêt ni par enga-
gement, mais en connoissance de
cause, ils voulurent aussi lui
faire une grande réputation dans
les lettres, et l'ériger en savant
du premier ordre. Pour parvenir
à ce but, ils faisoient des extraits,
etlui fournissoient des matériaux.
Il les mettoit en œuvre, et ré-
pandoit dans le public des ou-
vrages qui étoient suivis des ap-
plaudissemens et des acclama-
tions de toute la cabale; mais les
bons connoisseurs ne s'y lais-

soient

pas surprendre. On y trouve des passages entassés sans discernement, des raisonnemens foibles ou faux; nulle exactitude dans le choix des matières; et par-tout des marques d'un homme superficiel, se commettant légèrement, et donnant prise sur lui. Koule au sein furieux d'Amphitrite étonnée, C'est ce que le cardinal du PerUn cristal toujours pur et des Hots toujours

N'altéra de son cœur l'austère pureté :
Beile Arethuse, ainsi ton onde fortunée,

clairs, Que jamais ne corrompt l'amertume des

mers.

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ron sut bien remarquer, et sut bien relever, à la honte éternelle de ce savant masqué. Scaliger même, quoique zélé pour le parti, ne put se taire de cette su percherie qu'on vouloit faire au public, et il lui échappa de dire que du Plessis ne savoit ni grec, ni hébreu; mais ce mot ayant été relevé et pris en mauvaise part, il le retracta, de peur de se faire des affaires; mais on sut bien à quoi s'en tenir. Le roi Henri IV, quoique affectionné pour du Plessis, son ancien serviteur, ne lui dissimula pas, avant cette

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Philippe de Mornay, composée par les mêmes, et imprimée par les Elzévirs en 1647. Elle est plus recommandable par la matière que par le style.

blié sur les crustacées et les autres corps marins un ouvrage en deux livres, qui a été traduit en français, et une lettre apologétique du même ouvrage. On a encore de lui une Dissertation sur la descente de la foudre des nuages contre l'opinion du mar quis de Maffei. Les manuscrits qu'il à laissés sont en grand nombre.

conférence scandaleuse et ruineuse à toute la serte, qu'il s'étoit engagé dans un mauvais pas ; mais il se laissa entraîner par sa vanité. Il étoit plus capable de donner un bon conseil que de le prendre ou de le suivre. On a de *I. MORO (Antoine-Lazare); lui I. Un Traité de l'Eucha- | né en 1687, à Saint- Vitteau, ristie, 1604, in-fol. II. UnTraité terre noble du Frioul, entra dans de la vérité de la religion chré l'état ecclésiastique, et, après y tienne, in-8°. III. Un livre in- avoir rempli plusieurs emplois, titulé Le mystere d'iniquité, il obtint la cure de Corbolone dans in-4°. L'objet de ce livre est de le diocèse d'Udine, qu'il gouprouver que le pape Paul V est verna avec sagesse pendant pluPantechrist. On voit après le sieurs années. Il mourut en 1764. titre une figure de la tour de Moro avoit du goût pour l'hisBabel, bâtie sur pilotis, à la-toire naturelle qu'il étudia dans les quelle on met le feu: à côté pa- momens de loisir que lui laisroît un jésuite dont l'air mélan-soient ses fonctions, et il a pu colique annonce la chute prochaine de l'édifice. Depuis Luther, les protestans d'Allemagne et les calvinistes de Frauce ne cessèrent de prédire, d'année en année la ruine de Babylone (car c'est ainsi qu'ils appeloient l'Eglise romaine). Les ministres des deux religious, aujourd'hui plus sages et plus modérés, rougissent des excès de leurs prédécesseurs, et il est bien étonnant qu'un homme tel que Mornay les partage. Mais l'enthousiasme et le fanatisme égarent les meilleurs esprits. IV. Un Discours sur le droit prétendu par ceux de la maison de Guise, in-8°. V. Des Mémoires instructifs et curieux, depuis 1572 jusqu'en 1629, quatre volumes in-4°, estimés. VI. Des Lettres écrites avec beaucoup de force et de sagesse, publiées par Valentin Conrard et David Liques, sur les matériaux que fournit Charlotte Arbalestre, épouse de Mornay, publiés par Jean Daillé, ministre protestant, et imprimés par les Elzévirs en 1624. A ces quatre volumes in -4°, se joint un cinquième, même format, intitulé Histoire de la Vie de

*II. MORO (François), Japonais, et directeur du commerce des Portugais au Japon, fut accusé faussement d'une conspiration contre l'empereur, et brûlé vif en 1637, en protestant jusqu'au dernier soupir de sa parfaite innocence. Le P. Charlevoix a démontré la fausseté de cette prétendue conspiration et da roman que Kompfer a on fabriqué ou adopté pour l'accréditer.

* III. MORO (Jean-Baptiste D'ANGELO del); peintre de Vérone, vers le milieu du 16 siècle, fut disciple de François Torbido, surnommé Le Moro, et grava à l'eau-forte une SainteFamille, où Saint Joseph se voit une fenêtre, d'après Raphaël; le

Martyre desainte Catherine, d'après Bernard Campi de Crémone, et quelques Paysages, d'après Le Titien, etc.

* IV. MORO (Etienne), jésuite hongrois, savant mathématicien, assassiné en 1704, par les Rasciens, à Cinq-Eglises, On a de lui Geographia Pannonice, insérée dans Imago Hungariæ antiquæ, par Timon, qui en fait un grand éloge.

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mant l'arrière-garde de l'armée sous les ordres du maréchal de Conflans; et après avoir soutenu tout le choc du combat dans la et avoir à lui seul combattu trois fatale journée du 20 novembre, vaisseaux de ligne anglais à la portée du fusil, pendant plus d'une heure, il parvint à se déde la nuit, gager à la faveur et à reconduire, son vaisseau dans la rade de l'île d'Aix. A la pratique de l'art militaire, le vicomte * I. MOROGNES (Sébastien- de Morognes joignoit la plus saFrançois BIGOT, vicomte de), vante théorie, ce qui le fit nomfils de Jacques Bigot de La Motte, mer en 1752 directeur de l'acaconseiller d'état ordinaire, et in- démie de marine lors de la fontendant de la marine en Bretagne, dation de cette société. En 1763 naquit à Brest en 1705, entra il publia un Traité de tactique dans l'artillerie de terre en 1723, navale, ou Traité des évolutions présenta en 1735, à l'académie et des signaux, I vol. in -4°. des sciences, un mémoire sur Cet excellent ouvrage, qui mit l'application de la théorie des sur la voie des découvertes qui forces centrales aux effets de la furent faites depuis dans cette poudre à canon, et fut nommé importante branche de l'art mien 1735 correspondant de cette litaire, fut accueilli très-favorasociété célèbre. Entré en 1736 blement de tous les marins, et dans le corps de la marine, par en 1767 fut traduit et imprimé le conseil du comte de Maurepas, de format in-4° dans les langues ministre et secrétaire d'état, il anglaise et hollandaise. Son aului dédia et fit imprimer en 1737 teur eut encore la gloire, en 1769, le Mémoire précédemment cité, d'être le principal restaurateur sous le titre d'Essai sur l'appli de l'académie royale de marine, cation des forces centrales aux et d'en être nommé membre hoeffets de la poudre à canon noraire. Les grandes connoisParis, un volume in-8°. En sances que de Morognes réu1741 il servoit comme lieu-nissoit, tant dans l'artillerie que tenant de vaisseau sur le vais dans la marine, le firent nommer seau le Bourbon, qui périt avec en 1764, chef d'escadre, et comBoulainvilliers, son comman-missaire-général de l'artillerie de dant, et fut chargé par ce la marine. Bientôt il perfectionna brave officier de reconduire un ce corps nouvellement formé, et des canots à terre: peu après il en 1771 il fut élevé au grade reçut la croix de Saint-Louis. de lieutenant-général des armées Ayant épousé en 1743 Marie de navales, et nommé inspecteurBodineau, fille du baron de général de l'artillerie de la maMeslai, lieutenant - général et rine. Il avoit l'espoir d'être miinspecteur-général de l'artillerie nistre de la marine, et la profrançaise, il continua à servir dans messe de la grande croix de l'orla marine. En 1759 il commandoit dre de Saint-Louis; mais, plus le vaisseau le Magnifique, for- militaire que courtisan, il ne put

T. XII,

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résister aux intrigues qui se succédoient continuellement sur la fin du règne de Louis XV; il fut disgracié, et se retira à sa terre de Villefallier près Orléans, où il mourut en 1781, emportant avec l'estime et la reconnoissance des marins les regrets de ses amis et de ses parens, dont il avoit fait le bonheur. Outre les deux ouvrages que nous avons cités, de Morognes a laissé plusieurs Mémoires insérés dans le Recueil de ceux de l'académie des sciences. L'un a pour objet de rendre salubre l'air dans la cale des vais

Seaux, et un autre est relatif à l'histoire naturelle. Il a aussi laissé plusieurs ouvrages manuscrits, qui sont restés entre les mains de sa famille, et une Collection de modèles relatifs à l'artillerie et à la marine, qui fait maintenant partie du cabinet des modèles de Brest.

comte Jérôme DE MORON, chan-
celier de Milan, et l'un des plus
grands politiques de son temps,
mort au camp devant Florence,
en 1529, eut une des parties des
talens de son père. Moron mérita
l'évêché de Novarre, puis celui de
Modène, par son zele et ses ta-
lens. Envoyé en qualité de nonce
en Allemagne l'an 1542, il engagea
les princes de l'empire à souserire
à la convocation d'un concile gé-
néral. Le
Paul III,
pape
charmé
d'un tel succès, récompensa Mo-
ron par le chapeau de cardinal,
et le nomma légat à Bologne
et président au concile indiqué
à Trente. Jules III l'envoya
comme légat à la diète d'Aus-
bourg, où il soutint avec chaleur
les intérêts de la cour de Rome.
Moron s'y fit également aimer
des catholiques et des protes-
tans. La modération, l'équité,
qui formoient son caractère
étoient dignes d'un philosophe
chrétien. Il tonnoit contre l'hé-
résie, et traitoit avec douceur
les hérétiques. Ses ennemis lui
firent un crime de cette modé-

* IÍ. MOROGNES (Jacques Adrien-Isaac BIGOT, seigneur de Villandy, et de), fils de Pierre Bigot, cousin germain du précédent, et de Frédérique-Antoinetteration. Paul IV le fit arrêter; Albertine, baronne de Gendt, petite-fille d'Emmanuel II, prince titulaire de Portugal né à Utrecht en 1709, gentilhomme de la cour du stathouder, major des gardes du corps de ce prince, général-major de la cavalerie des troupes de la république de Hollande, et grand échanson de la cour de son altesse royale madame la princesse gouvernante, est auteur de l'Essai sur la tactique de l'infanterie, Amsterdam, 1761, 2 vol. in-4°, attribué faussement au précédent dans la nouvelle édition de la Bibliothèque historique de la France, tome III, p. 189.

mais Pie IV son successeur prit hautement sa défense, et confondit la calomnie, en le nommant président du concile de Trente. Après la mort de ce pontife, saint Charles - Borromée le crut digne de la tiare, et lui donna sa voix. Il en avoit déjà eu vingt-huit dans un autre conclave. Grégoire XIII l'envoya en qualité de légat à Gênes, et ensuite en Allemagne. Au retour de cette dernière légation, il mourut à Rome, le 1er décembre 1580, 72 ans avec la réputation d'un homme adroit, habile, intrépide, zélé pour les intérêts de son diocèse et pour ceux de l'Eglise. On a de lui, + MORON (Jean de ), fils du I. Des Constitutions, qu'il pu

à

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