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cryphe. Il reste donc un seul fait, c'est que le parlement défendit la représentation du Tartufe. Mais le parlement n'est pas le premier président; d'ailleurs, si M. de Lamoignon, induit en erreur par les déclamations de quelques faux dévots, ou par les représentations de quelques personnes pieuses trompées elles-mêmes, a réelle

connoissoit sûrement pas, ce n'a pu être de sa part qu'un mouveinent irréfléchí de zele religieux, ou même une mesure provisoire de haute police, et non point une censure formelle et motivée de l'ouvrage. Peut-on croire que le Tartufe eût été désapprouvé en connoissance de cause par le même magistrat qui donna à Boileau le sujet du Lutrin, et prit sous sa protection un poëme où se trouvent

ces deux vers:

de tragédie et cent louis; mais ils se brouillèrent pour une affaire de théâtre. Ils ne s'en rendirent pas moins justice réciproquement. Racine, à qui l'on annonçoit le mauvais succès du Misanthrope, soutint que Molière ne pouvoit pas avoir fait une mauvaise pièce, et qu'on avoit mal jugé: Molière, en sortant des Plaideurs, pièce qu'on avoit mal accueillie, ditment prohibé une pièce qu'il ne qu'elle étoit excellente, et que ceux qui s'en moquoient méritoient qu'on se moquat d'eux. Ce célèbre poëte, sur la fin de sa vie, Vivant que de lait, engageoit ordinairement Chapelle à faire les honneurs de sa table à Autenil. Il plaisoit dans les rôles de Mascarille, de Sganarelle, et excelloit dans les rôles de haut comique, tels que ceux d'Arnolphe, d'Orgon, d'Harpagon, étc. C'étoit alors que, par la vérité des sentimens, par l'intelligence des expressions, et par toutes les finesses de l'art, il séduisoit les spectateurs au point qu'ils ne distinguoient plus le comédien du personnage représenté. Ami de l'avocat Foureroy, qui avoit la voix la plus forte, il eut avec lui une dispute à table; l'avocat se mit à crier à son ordinaire; alors Molière s'écria: «Hélas! que peut la raison, qui n'a qu'un filet de voix, contre une gueule comme celle-là ?» On rapporte de lui plusieurs bons mots : tel est entre autres celui qui lui échappa lorsque le parlement défendit qu'on jouât le Tartufe. On étoit assemblé pour la seconde représentation, lorsque la défense arriva. « Messieurs, dit Molière, en s'adressant à l'assemblée nons comptions aujourd'hui avoir l'honneur de vous donner le Tartufe; mais M. le premier président ne veut pas qu'on le joue. Cette dernière anecdote est apo

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Tant de fel entre-t-il dans l'ame des dévots!......

Abîme tout plutôt, c'est l'esprit de l'église. et dix autres vers à-peu-près de cette force? En agissant ainsi, M. de Lamoignon se fût montré le plus inconséquent des homines : or il n'étoit rien moins que cela c'est donc à tort que, sur la foi d'une anecdote fausse, ou d'une simple conjecture, ou enfin d'une démarche précipitée, démentie par le caractère constant du sonnage, on invoqueroit le témoignage de monsieur de Lamoignon contre l'admirable comédie du Tartufe. Quant à Bourdaloue, il n'est pas douteux qu'il

per

ne se soit élevé en chaire contre

מון

le Tartufe. Son sermon subsiste; mais, en conscience, prédicateur, parlant contre un auteur comique, n'est-il pas un témoin récusable ? La chaire a pour objet la réformation des mœurs, et la scène prétend y

:

travailler aussi: malheureusement le jugeoit que d'après le rapcelle-ci procure souvent du plai-port infidèle que lui en avoient sir, tandis que celle-là, il faut fait vraisemblablement quelques bien le dire, cause souvent aussi hypocrites; et d'ailleurs, il de l'ennui; de plus, toutes deux croyoit toujours avoir suffisamreprésentent aux mêmes heures il est donc inévitable que le parterre de l'une se remplisse aux dépens de l'auditoire de l'autre. Aussi, moitié zèle pieux, moitié mouvement d'amour-propre, tout prédicateur verra avec dépit les succès d'un faiseur de comédies. Tout jésuite qu'il étoit, Bourdaloue professoit un rigorisme outré. Boileau lui en fit la guerre à Bâville, chez ce même président de Lamoignon, et l'austère religieux pardonna difficilement au satirique ce petit couplet de chan

son:

Si Bourdaloue, un peu sévère,
Nous dir: craignez la volupté ;
Escobar, lui dit-on, mon père,
Nous en permet pour la santé.

Bourdalone n'entendoit guère la
plaisanterie, et Molière, à ce
titre, avoit de quoi lui déplaire.
Mais ce qui ôte toute leur force à
ses déclamations contre le Tar-
tufe, c'est qu'il n'avoit pas lu cette
pièce; on en a la preuve sans ré-
plique. Bourdaloue dit: « Voilà
ce que les esprits profanes ont
prétendu en exposant sur le théâ-
tre et à la risée publique un hy-
pocrite imaginaire.. en le
montrant sous un visage de pé-
nitent, qui ne servoit qu'à cou-
vrir ses infamies, etc. » On sait
ce que c'est qu'un «< visage de
pénitent. » C'est un visage pâle
et maigre. Or, Dorine dit :

Tartufe! Il se porte à merveille, Gros et gras, le teint frais et la bouche

vermeille;

et ailleurs :

Il a l'oreille rouge et le teint bien fleuri. Bourdaloue, cela est évident, 'avoit pas lu le Tartufe; il ne

pour

ment raison contre un excommu-
nié d'acteur, qui osoit empiéter
sur les droits de la chaire. Mais
aujourd'hui il y faut plus de fa-
çons; il faut sur-tout des motifs
plus solides, mieux établis,
condamner un aussi beau génie
et un aussi honnête homme que
Molière. Il disoit souvent : « Le
mépris est une pilule qu'on peut
avaler, mais non mâcher sans
faire la grimace. » Molière avoit
commencé à traduire Lucrèce
dans sa jeunesse, et auroit achevé
cet ouvrage sans un malheur qui
lui arriva. Un de ses domestiques
prit un cahier de cette traduction
pour faire des papillotes. Molière,
qui étoit facile à irriter, fut si pi-
qué de ce contre-temps, que, dans
sa colère, il jeta sur-le-champ le
reste au feu. Pour mettre plus
d'agrémens dans cette traduction,
il avoit rendu en prose les raison-
nemens philosophiques, et avoit
mis en vers toutes les belles des-
criptions qui se trouvent dans le
poëte latin... On alloit représen-
ter une pièce de Corneille, de ses
derniers temps, c'étoit Sertorius;
Molière, qui étoit fort malade ne
pouvant y assister, engagea quel-
ques-uns de ses amis à s'y trou-
ver. «Eh bien ! dit-il à leur retour,
comment cela a-t-il été ?—Il y a
de très belles choses, mais tout
d'un coup il retombe et il devient
Cela
commun et médiocre.
ne m'étonne pas, dit Molière :
c'est qu'il a un genie, un lutin
qui lui fait ces belles choses-là,
et qui dit ensuite, laissons faire
le bonhomme, et voyons com-
ment il s'en tirera; et c'est là pré-
cisément ce que vous avez trouvé
de mal fait.» Les éditions les

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plus estimées de ses ouvrages sont, I. Celle d'Amsterdam, 1699, 5 vol in-12, avec une Vie romanesque de l'auteur, par Grimarest. II. Celle de Paris, en 1734, en 6 vol. in-4°. On la doit à de Jolly qui en a donné une uouvelle en 1739, en 8 vol. in-12. Cette édition est ornée de Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière, et du catalogue des critiques faites contre ses coine dies. III. Celle que Bret a donuée 'à Paris, en 1773, en 6 vol. in-8°, avec des Commentaires intéressans, où il a exécuté sur Molière ce que Voltaire avoit exécuté sur Corneille. Il fait sentir les beautés et les défauts, et relève les expressions vicieuses. Les Anglais ont traduit Molière, Londres, 1755, 10 vol. in-12. Dans la préface de cette traduction, ils ont comparé ses OEuvres à un gibet. « Là, ont-ils dit, le vice et le ridicule ont été exécutés, et restent exposés comme sur un grand chemin pour servir d'exemple. Voltaire dit (Mélanges de Litt., chap. des Académies) « que Molière est plein de fautes de langage. » Il y en a beaucoup plus dans ses vers que dans sa prose; mais ces négligences ne prouvent pas que sa poésie, lorsqu'elle est un peu soignée, ne soit préférable à sa prose. Bessara a publié, en 1777, en 2 vol. in-12, l'Esprit de Molière, avec un abrégé de sa Vie et un catalogue de ses pièces.

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+ MOLIÈRES (Joseph-Privat de), né à Tarascon en 1677, d'une famille noble, qui a donné des grand'croix à l'ordre de Malte, reçut de la nature un tempérament extrêmement délicat et un esprit fort pénétrant. On le laissa maître de s'amuser, ou de s'occuper; il choisit l'occupation. La

congrégation de l'Oratoire le posséda pendant quelque temps. II y enseigna les humanités et la philosophie. Les ouvrages du P. Malebranche lui ayant inspiré une forte envie de connoître l'auteur, il quitta l'Oratoire, et se rendit à Paris pour converser avec lui. Après la mort de ce célèbre philosophe, il se consacra aux mathématiques qu'il avoit un peu négligées pour la métaphysique. L'académie des sciences se l'assócia en 1721, et deux ans après il obtint la chaire de philosophie au college royal. On connoît son système des petits tourbillons. II le soutenoit avec une chaleur extrême, et souffroit impatiemment les plaisanteries qu'on lui en faisoit quelquefois. La vivacité l'entraînant alors, elle lui ôtoit la liberté de s'expliquer nettement, et il tomboit dans des méprises qui prêtoient encore à la plaisanterie. Un jour il y fut si sensible, qu'il se mit en colère; il se fâcha sérieusement, et sortit tout échauffé de l'académie. Le froid le saisit de telle sorte, qu'en rentrant chez lui, il sentit sa poitrine embarrassée; la fièvre lui survint; son mal de poitrine augmenta, et empira si rapidement, qu'il y succomba fe 12 mai 1742. A ce défaut près, l'abbé de Molières étoit un excellent homme, et même, lorsqu'il s'abaudonnoit à ses méditations philosophiques, d'une insensibilité et d'un flegme singuliers. Un jour qu'il étoit dans ses distractions, un décrotteur ôta les boucles d'argent qu'il avoit à ses souliers, et en substitua de fer. Une autre fois, un voleur entra dans son appartement; et, sans se détourner de ses études, de Molières lui indiqua son argent et se laissa voler, demandant, pour toute grace, qu'on ne dérangeât

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* I. MOLIGNANO ( César ) de Sorrento, vivoit au commencement du 17 siècle. On a de lui Descrizione dell' origine sito, e famiglie antiche di Sor rento, in-4°.

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* II. MOLIGNANO ( Jean-An

de Bari, jurisconsulte du 17° siècle, a publié Legalium altercationum centuria prima et secunda, opus theorico-practicum: Promptuarium juris, et quelques autres ouvrages.

pas ses papiers. On a de lui, I. rejetant une partie des idées de Leçons de mathématiques, né- Descartes et de Newton, il n'a fait cessaires pour l'intelligence des lui-même qu'un système qui a principes de physique qui s'en- passé bien vite, et qui a fait tort seignent actuellement au colà ce qu'il y a de bon dans son lege royal, in- 12, 1726. Ce livre. III. Elémens de géométrie, livre, qui a été traduit en an-in-12, 1741. Autant il s'étoit éloiglais, est un Traité de la gram-gné des anciens dans sa physique, maire en général. Les principes autant il s'en rapproche dans d'algèbre et de calculs arithmé-géométrie, du moins pour leur tiques y sont exposés avec ordre, synthèse et leur manière de déet les opérations bien démon- montrer. trées. II. Leçons de physique contenant les élémens de la physique déterminés par les seules lois des mécaniques, expliquées au college royal, in- 12, Paris, 4 vol., 1739; et traduites en italien, à Venise, 1743, 3 volumes in-8. On voit que l'auteur est partisan des tourbillons de Descartes; mais, ne pouvant se dis-toine), d'Aqua-Viva, dans la terre simuler ses écarts ni les découvertes de Newton, il a tâché de rectifier les idées du philosophe français par les expériences du philosophe anglais. Il a pris ce qui lui a paru de plus vrai dans le système de Descartes, et l'a mis dans un nouveau jour, tantôt en démontrant des propositions qu'il n'avoit fait que supposer, tantôt en retranchant les propositions qui pouvoient passer pour inutiles. Newton lui a servi à poser des principes propres à expliquer d'une manière mécanique des effets dont Newton lui-même a cru qu'on chercheroit vainement la cause, tels que les tourbillons célestes, les lois de ces tourbillons, et leur mécanique. Quoiqu'on lui tienne aujourd'hui peu de compte de ses efforts, il faut avouer qu'ils décèlent beaucoup de sagacité. L'auteur, écrivant avec méthode, précision et clarté, devoit peutêtre se borner à exposer les diffé-teurs qui le pressoient d'indirens systèmes, sans chercher à quer, avant de mourir, les memles concilier. En adoptant et en bres de la faculté les plus dignes

* III. MOLIGNANO ( JeanJérôme), de la même famille que le précédent, vivoit dans le même siècle : il est auteur de quelques Poëmes, et d'une Histoire de la Pouille et de la ville d'Aqua-Viva, où il traite de son origine, de ses antiquités, et des hommes qui s'y sont rendus célèbres soit dans les armes, soit dans les belles-lettres.

+ MOLIN (N.), appelé communément du Moulin, célèbre médecin, l'un des plus grands praticiens de Paris, mort dans cette ville en 1755, à 89 ans, sans postérité, et riche de seize cent mille livres. On prétend qu'il répondit à quelques jeunes doc

از

dele remplacer : « Je laisse après moi trois grands médecins, l'eau, la diète, et l'exercice. » Une pratique de 60 ans lui avoit prouvé que le régime vaut mieux que la médecine; cependant il en sentoit le besoin dans les maladies graves, et sa grande expérience, jointe à un coup-d'oeil excellent, le faisoit appeler de préférence à ses autres confrères. On cite plusieurs traits de son avarice; entre autres, qu'il éteignit sa lampe, un soir qu'un harpagon étoit venu lui demander quelques leçous d'économie. On ajoute qu'il lui d.t: « Nous n'avons pas besoin d'y voir pour parler, nous en serons moins distraits.» Mais, ce qu'on n'auroit pas dû oublier, c'est que cet homme, qui ne crai'gnoit point de s'enfumer dans 'une chambre éclairée d'une petite lampe, fit des actions généreuses. Appelé chez des gens riches, il n'y revenoit point si on ne le payoit à chaque visite; mais non seulement il donnoit

à l'âge de 18 ans. Il fit ses études à Coimbre, et enseigna pendant vingt ans la théologie dans l'université d'Evora. Molina avoit l'esprit vif et pénétrant ; il aimoit à se frayer des routes nouvelles, et à chercher de nouveaux sentiers dans les anciennes. Cet har bile jésuite mourut à Madrid le 12 octobre 1600, à 65 ans. Ses principaux ouvrages sont, I. Des Commentaires sur la première partie de la Somme de saint Thomas, en latin. II. Un grand traité De justitia et jure. III. Un livre De concordia gratiæ et liberi arbitrii, imprimé à Lisbonne en 1558, en latin, avec un Appendix, imprimé l'année d'après in-4°, fort cher. « Molina, en travaillant sur la Somme de saint Thomas, dit l'abbé de Choisy, avoit cru trouver le moyen d'accorder le libre arbitre avec la prescience de Dieu, la providence et la prédestination, se flattant que saint Augustin lui-même auroit approuvé les voies qu'il avoit soins aux pauvres, il leur laissoit imaginées. Les Peres anciens, encore de l'argent. Un jour on le dit-il, qui ont précédé l'hérésie de fit demander dans un Couvent Pélage, ont fondé la prédestinapour une jeune demoiselle d'une tion sur la prescience du bon usage grande condition, mais d'une du libre arbitre; au lieu que plus grande pauvreté. On crai- saint Augustin et ses disciples gnoit que, selon sa méthode, il n'ont parlé si affirmativement, que ne revînt point, parce qu'on n'a- parce qu'ils avoient à combattre voit pas d'honoraires à lui offrir. les pélagiens, qui donnoient tout Il revint pourtant, et laissa chez au libre arbitre, et qu'il semla malade un rouleau de dix bloit qu'on devoit lui ôter beaulouis, afin qu'on pût le payer coup. Molina définit le libre ard'une partie de cet argent, et bitre la faculté d'agir ou de ne qu'on ne s'aperçût point de l'in-pas agir, ou de faire une chose, digence de la demoiselle. Ce qui en sorte qu'on puisse faire le augmente le prix des bienfaits de contraire. Il avoue que l'homme, Molin, c'est qu'en donnant, il par ses seules forces, ne peut rien oublioit qu'il eût donné. faire qui entre dans l'ordre de la grace, et qui soit même une disposition éloignée à la recevoir.... Mais, ajoute-t-il, quoique Dieu distribue comme il veut les dons de graces que Jésus-Christ nous

ses

† I. MOLINA ( Louis), né à Cuença dans la Castille neuve, d'une famille noble et ancienne, eutra chez les jésuites en 1553,

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