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tel empreffement les Ouvrages qui s'en écartent, qu'une Edition eft bientôt éparfe & comme perdue, dès qu'une fois ils cherchent à s'en emparer, ce qui en caufe infailliblement la rareté.

3°. Les Livres obfcènes.

Ces fortes de Livres, ou plutôt ces ordures, fe vendent ordinairement en cachette: elles ont été infpirées d'après les princi pes des Pourceaux d'Epicure, & conviennent à peu de gens; auffi ces Livres ne fe trouvent-ils que très-rarement dans les Bibliothèques des curieux, & font tellement difperfés qu'il n'eft pas facile de les rencontrer ( 1 ).

4°. Les Livres féditieux, ou préjudiciables à la Société, les Satyres & Libelles diffamatoires.

Ces Ouvrages infectés pour l'ordinaire d'horreurs & de malignités, trouvent toujours affez de curieux parmi ceux qui fe plaifent dans le défordre, pour avoir un prompt débit; mais comme ils font fupprimés dès leur naiffance, ils ne fauroient être longtemps communs, & deviennent bientôt rares ( 2 ).

(1) Depuis la Révolution de Paris du 13 Juiller 1789, dès qu'il a été question de la liberté de la Preffe, les Imprimeries fe font tant multipliées, que file nombre en augmente encore (ce qu'à Dieu ne plaife) ces fortes de Livres deviendront si communs, qu'il n'y aura plus en France de Religion, ni de bonnes mœurs. On ne voit aujourd'hui que des Livres de ce genre avec des figures les plus obfcènes expofés fur les quais.

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(2) Depuis cette fatale liberté de la Preffe, fi mal entendue par ceux qui ont levé des Imprimeries, on n'a jamais tant vu d'écrits feandaleux, cendiaires & féditieux. Les nouvelles Preffes ne font occupées que de libelles & de fatyres abominables: l'Arc de l'imprimerie, qui a donné à la France tant de célébrité, fera caufe de fa décadence, fi une telle licence, préjudiciable à la liberté même, n'est pas promptement réprimée.

DES ÉDITIONS

DONT LA RARETÉ EST RELATIVE:

Un Livre peut être très-commun dont il y ait des Editions très-rares; de ce nombre font:

Qu

1. Les Editions faites fur des Manufcrits anciens.

UOIQUE ces anciennes Editions foient fouvent défectueuses, elles font par-tout recherchées, parce qu'elles repréfentent en quelque forte les Manufcrits qui leur ont fervi de modèle : il fuffit qu'il y ait long-temps qu'elles aient vu le jour, & qu'il ne s'en foit confervé qu'un petit nombre d'exemplaires, pour qu'elles foient rares.

2o. La première Edition de chaque Ville.

Comme il y a peu de Villes où l'impreffion n'ait été établie depuis fort long-temps, ces premières épreuves fe font perdues; on les recherche par curiofité, parce qu'elles peuvent fervir à éclaircir différens points de l'Hiftoire Littéraire.

3°. Les Editions faites chez les célèbres Imprimeurs des XVIe., XVIIe. & XVIIIe. fiècles.

La beauté du Type, l'exécution Typographique même, & l'exactitude de l'ouvrage le fait rechercher avec empreffement telles que celles de l'impreffion des Aldes, des Juntes, des Torrentins, des Giolito, des Gryphes, des Rouilles, des Eftiennes, des Vafcofan, des Turnèbes, des Dolet, des Elzeviers, des Plantin, des Blaeu, des Coutelier, des Barbou, des Baskerville, des Didot, &c. On apprend facilement à les connoître, en parcourant les grandes Bibliothèques qui font autant de réceptacles où l'on conferve précieufement ces chefs-d'œuvres de l'Art Typographique.

4°. Les Editions imprimées avec des lettres ou des caractères particuliers & extraordinaires.

Les Editions grecques imprimées en lettres capitales, comme P'Anthologie, Callimaque, Appollonius de Rhodes, Euripe, &c. Les deux Editions des Aventures du Chevalier Dbeurdonck, imprimées en Allemagne en 1516 & 1517, in-folio, dont les caractères, ornés de traits, font croire qu'ils ont été taillés en relief fur des planches, & les autres de cette trempe, font trèsrares, très-curieux & très-difficiles à trouver.

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5°. Les Editions qui ont vu le jour dans les Pays étrangers:

11 eft naturel que les Editions que les pays étrangers ont vu naître, foient rares parmi nous, quoique nos Editions foient dans ce pays-là; tels que les Livres imprimés en Italie, en Efpagne, en Portugal, en Suède, en Danemarck, & fur-tout en Irlande, en Ecoffe, en Bohême, en Pologne, en Hongrie, en Tranfylvanie, &c.

6°. Les Editions que l'on n'a jamais mifes en vente.

Tels font les Ouvrages fecrets qui fortent des Preffes Royales, & de celles particulières. Par exemple, les Ecrits du Cardinal Quirini ne feront jamais trop connus, parce qu'il les a fait imprimer à fes dépens, qu'il n'en a point été vendu, & qu'il s'eft réfervé le plaifir d'en faire des préfens.

L'Edition de 1718, in-12, des Amours Paflorales de Daphnis & Chloé, gravée d'après les deffins du Régent, eft dans la même claffe de rareté, en ce qu'elle n'a point paru dans le commerce, quoique ce Livre y foit affez cominun de toute autre Edition & de tout autre format.

7°. Les Editions qui ont été débitées fous différens titres.

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C'eft un fratagême auquel le Libraire ou un Auteur, ont fouvent recours, lorfqu'ils veulent déguifer un Ouvrage qu'ils ne peuvent débiter publiquement, ou dont ils ne trouvent pas à fe défaire; & cette remarque n'eft pas à négliger.

Après avoir ainfi parcouru les divers degrés de rareté dont les Livres font plus ou moins fufceptibles, nous croyons devoir dire an mot fur l'origine de l'Impriinerie, cet Art fi favorable à l'a vancement & au progrès des Sciences. Nous ferons enfuite quelques réflexions fur les rapports que l'ordre vulgaire peut avoir avec l'orgine de nos idées; & nous indiquerons la manière de les claffer fuivant les divifions & fous-divifions qui conftituent la Bibliographie en général.

ORIGINE DE L'IMPRIMERIE.

ES Auteurs qui ont écrit fur l'origine de l'Imprimerie, s'ac cordent affez à en fixer l'époque vers le milieu du quinzième fiècle, c. à. d. de 1440 à 1450, & à faire honneur à la Ville de Mayence de l'avoir vu naitre dans fon fein,

Les Hiftoriens font partagés en quatre opinions différentes: les uns attribuent cette invention à Jean Fauft, Bourgeois de Mayence; les autres en donnent la gloire à Jean Guttemberg, natif de la même Ville; quelques-uns à Jean Mentel, Bourgeois

de Strasbourg; enfin les Hollandois affurent que Cofter, Bourgeois de Harlem, fut le premier qui découvrit cet admirable fecret.

Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'à en juger impartialement, on ne peut guere douter que Guttemberg ne foit le véritable auteur de l'Imprimerie, dont l'invention a été regardée dans le commencement comme tenant du prodige.

En 1452, Pierre Schoëffer, trouva le fecret de perfectionner cet Art. C'eft lui qui inventa les caractères mobiles. Guttemberg avoit feulement imaginé de graver fur des planches de bois, d'après les Manufcrits les plus corrects, la Sainte Bible; mais en gravant il fit quelques fautes. Cependant l'écriture étoit fi bien imitée, qu'il fe pafla plufieurs années fans qu'on s'apperçût qu'elle étoit imprimée. Le grand nombre d'exemplaires que l'on voyoit fe répandre, & les mêmes fautes répétées dans chacun, donnèrent des foupçons, & fit découvrir que la Bible, que l'on croyoit avoir chez foi manufcrite, étoit imprimée (*).

PLAN DE L'OUVRAGE. IL eft tellement effentiel de fe faire un plan de connoiffance

des Livres, de favoir caractériser & réduire à des claffes convenables ce nombre prodigieux d'Ecrits qu'on a donnés & que l'on donne tous les jours au public, qu'autrement on eft expofé à errer inceffamment dans l'immenfité de la Littérature, comme dans un labyrinthe plein de routes confufes.

Ce fyftême confifte à diviser & fous-divifer en diverfes claffes tout ce qui fait l'objet de nos connoiffances: chacune des claffes primitives pouvant être confidérée comme un tronc qui porte des branches, des rameaux & des feuilles, la difficulté monter, pour établir, furentre toutes ces parties, l'ordre qui leur convient, eft:

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pour

1o. De fixer le rang que les claffes primitives doivent tenir entr'elles.

2o. De rapporter à chacune d'elles la quantité prodigieufe de branches, de rameaux & de feuilles qui lui appartiennent.

Un des avantages que l'on retire de ces divifions & fous-divifions bien établies, eft de trouver avec facilité les Livres que l'on cherche dans une vafte Bibliothèque, ou dans un Catalo

(*) Voyez l'Encyclopédie, Prosper Marchand, la Bibliothèque de Fabricius, & les Annales Typographiques de Maitraire, Moreri, &c.

La première Imprimerie qui ait exifté en France, a été établie en Sorbonne, en 1469, par les foins de Maître Jean de la Pierre, Prieur de ce College.

gue, & de connoître promptement ce que l'on a écrit de mieux fur les matières que l'on étudie, ou fur lefquelles il eft indif penfable de s'inftruire.

Ainfi les Livres fe divifent communément en cinq claffes primitives la Théologie, la Jurifprudence, les Sciences & Arts, les Belles-Lettres & l'Hiftoire.

:

Mais ce qui exifte, ce qui arrive, ce qu'on peut dire, faire ou imaginer; tout enfin étant matière de Livres, pour se faire une jufte idée du véritable plan qu'il y auroit à fuivre pour les divifer & les claffer felon l'origine des chofes, ce feroit fans doute d'examiner la généalogie & la filiation des connoiffances humaines. Les caufes qui ont dû les faire naître, & les caractères qui les diftinguent; en un mot, de remonter jufqu'à la géné ration de nos idées, & fe former un fyftême qui, ne laiffant plus rien d'indéterminé, fauveroit l'inconvénient de trouver quelquefois le même Livre dans plufieurs claffes différentes; mais fans trop s'éloigner de ces principes. Nous avons cru devoir adopter le fyftemme fuivant, comme le plus général & le plus fimple.

DE LA THÉOLOGIE.

Fondement fur lesquels on établit cette première claffe.

Si l'on confidère l'Homme dans la naiffance du Monde, foible & inquiet fur fa destinée, agité par la crainte & par d'autres fentimens qui lui infpirent la défiance de lui-même, & le porte à chercher un protecteur puiffant conduit par degrés à la connoiffance d'un Dieu, il met tous fes foins à fe le rendre propice par le culte qu'il croit lui être le plus agréable; c'est ce qu'on nomme Religion chez tous les Peuples : ce qui la concerne, foit en général, foit en particulier, foit pour la maintenir, foit pour la combattre, fait le premier chef de ce plan fous le titre de THEOLOGIE.

DE LA JURISPRUDENCE.

Raifons qui femblent déterminer cette feconde claffe.

L'HOMME ifolé fentit de nouveaux befoins & chercha, dans la protection de fes égaux & de ses voisins, un appui à sa portée ; cela feul forma la Société, dont les commencemens n'eurent d'autres motifs que les fecours naturels & les fervices réciproques, mais dont les progrès formèrent bientôt des Patries, des Etats & des Empires, divifèrent les opinions, élevèrent des différends, produifirent des Loix & des Coutumes, &c. Tout ce qui regarde la Société, fes formes, fes intérêts, fes Loix, fes ufages, établit le fecond chef de ce fyftême, fous le titre de JURISPRUDENCE.

SCIENCES

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