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PRÉFACE.

(1852.)

La littérature romaine est née de la littérature grecque. On peut même affirmer hardiment que, sans la littérature grecque, il n'y aurait point eu de littérature romaine. Nous en avons pour preuve cinq siècles entiers, les cinq preniers siècles de Rome, au travers desquels il est impossible de rien apercevoir qui mérite le titre d'œuvre littéraire, ni de relever un nom, un seul nom de poëte ou de prosateur. L'éloquence elle-même, en dépit des institutions qui semblaient la provoquer à grandir, reste dans les langes, jusqu'au jour où les hommes d'État romains commencent à lire Eschine et Démosthène.

C'est vers le milieu du troisième siècle avant notre ère que.Rome se mit aux leçons des Grecs. Il ne lui fallut que quelques années, je ne dis pas pour atteindre à la perfection, mais pour faire grand honneur à ses maîtres. Livius Andronicus et Névius achevaient à peine son initiation aux mystères de la pensée, que déjà elle comptait parmi ses gloires un Plaute, un Ennius, un Caton. La poésie latine, après Ennius et Plaute, et jusqu'au grand siècle, n'est trop souvent qu'un écho bien affaibli de la poésie

LITT. ROM.

a

grecque ce sont pourtant de beaux noms encore que ceux des comiques Cécilius et Térence, des tragiques Pacuvius et Attius, du satirique Lucilius. Caton, le grand historien, n'eut, avant César et Salluste, que des successeurs indignes de lui. Caton, le grand orateur, fut suivi d'orateurs dignes de lui et dignes de Rome : la chaîne qui unit Caton à Cicéron passe par Scipion Émilien, par les Gracques, par Crassus, par Antoine, par Hortensius. Le génie romain touche à son apogée avec Cicéron. Cicéron, à lui seul, est presque toute une bibliothèque de chefs-d'œuvre; et la génération de Cicéron nous fournit d'admirables historiens, César, Salluste; un poëte égal aux plus grands, Lucrèce; enfin deux écrivains d'un vrai talent, chacun dans son genre, le poëte Catulle et le biographe Cornélius Népos. La génération suivante n'a guère qu'un prosateur; mais ce prosateur est Tite Live. En revanche, les poëtes abondent: Virgile, Horace, Properce, Tibulle, Ovide. Je ne cite que les plus fameux.

A la mort d'Auguste, finit ce qu'on nomme improprement le siècle d'Auguste, ce qui est pour moitié le siècle de César, ou plutôt le siècle de Cicéron; je veux dire l'âge d'or des lettres latines. La décadence se faisait déjà pressentir dans Ovide même. Phèdre le fabuliste en marque nettement le premier degré ; les Sénèque la précipitent. Avec Lucain et Perse, avec Pétrone et Pline l'Ancien, nous sommes loin déjà de Tite Live et de Salluste, d'Horace et de Virgile. C'est pourtant un grand siècle encore, que celui qui suivit le siècle d'Auguste. Ces hommes, diversesement célèbres, ne sont pas les seuls dont la Rome des empereurs ait à s'enorgueillir. Il y eut, au temps des Flaviens, des poëtes d'infiniment d'esprit, Martial, Stace

et d'autres; un poëte de génie, le terrible Juvénal; deux prosateurs d'un talent très-distingué, Quintilien et Pline le Jeune; deux prosateurs du premier ordre, l'écrivain de génie à qui nous devons le Dialogue des Orateurs, et surtout Tacite, le Juvénal de l'histoire, Tacite, le plus saisissant, le plus dramatique, sinon le plus complet des historiens,

Après l'âge d'argent, il n'y a pas même un âge d'airain, Depuis le règne d'Adrien jusqu'à la dernière moitié du quatrième siècle, c'est à peine si l'on peut dire qu'il existe une littérature romaine. Des orateurs comme Fronton, des philosophes comme Apulée, ou même des poëtes comme Némésien et Calpurnius, ne sont pas pour prouver précisément le contraire, Vers le temps de Julien, il y eut une sorte de renaissance, mais bien éphémère. Il fut donné, du moins, à la littérature romaine de finir d'une manière presque digne d'elle, Ammien Marcellin, Symmaque, Macrobe même, ont laissé des œuvres qui ne sont pas méprisables; et il a revécu quelque chose de l'antique poésie dans les vers de Claudien et de Rutilius.

La littérature de Rome païenne expire avec Rutilius, au temps même où brillait dans son plus vif éclat la littérature de Rome chrétienne. Depuis les premières représentations de Livius Andronicus.jusqu'au voyage raconté par Rutilius dans son Itinéraire, il n'y a pas sept siècles entiers. La littérature grecque avait duré quinze siècles. Nonseulement la littérature grecque a duré plus longtemps que la littérature romaine, mais elle a été plus féconde : je veux dire qu'en un temps donné, elle a produit plus de belles œuvres, et légué à la postérité plus de grandes renommées. Comparez, par exemple, le catalogue des au

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