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leurs pages m'enseignent que l'âme qui aime sait tout ce que vous voulez qu'on sache. O amour, instruisez-moi par le cœur, et non par l'esprit. Désabusez-moi de ma vaine raison, de ma prudence aveugle, de tous désirs indignes d'une âme qui vous aime. Que je meure, comme Augustin, à tout ce qui n'est pas vous.

XX. FOUR LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS.

L'intention de l'Eglise est d'honorer aujourd'hui tous les saints ensemble. Je les aime, je les invoque; je m'unis à eux, je joins ma voix aux leurs pour louer celui qui les a faits saints: que volontiers je m'écrie avec cette Église céleste : Saint! saint! saint! à Dieu seul la gloire, que tout s'anéantisse devant lui!

Je vois des saints de tous les âges, de tous les tempéraments, de toutes les conditions: il n'y a donc ni âge, ni tempérament, ni condition qui exclue de la sainteté. Ils ont eu au dehors les mêmes obstacles, les mêmes combats que nous; ils ont eu au dedans les mêmes répugnances, les mêmes sensibilités, les mêmes tentations, les mêmes révoltes de la nature corrompue ; ils ont eu des habitudes tyranniques à détruire, des rechutes à réparer, des illusions à craindre, des relâchements flatteurs à rejeter, des prétextes plausibles à surmonter, des amis à craindre, des ennemis à aimer, un orgueil à saper par le fondement, une humeur à réprimer, un amourpropre à poursuivre sans relâche jusque dans les derniers replis du cœur.

Ah! que j'aime à voir les saints faibles comme moi, toujours aux prises avec eux-mêmes, n'ayant jamais un seul moment d'assuré! J'en vois dans la retraite livrés aux plus cruelles tentations; j'en vois dans les prospérités les plus redoutables et dans le commerce du siècle le plus empesté. O grâce du Sauveur, vous éclatez partout, pour mieux montrer votre puissance, et pour ôter toute excuse à ceux qui vous résistent! Il n'y a ni habitude enracinée, ni tempérament, ou violent ou fragile, ni croix accablante, ni prospérités empoisonnées, qui puissent nous excuser si nous ne pratiquons pas l'Évangile. Cette foule d'exemples décide : la grâce prend toutes les formes les plus diverses, suivant les divers besoins : elle fait aussi aisément des rois humbles que des solitaires pénitents et recueillis : tout lui est facile quand nous ne résistons pas à son attrait. J'entends la voix du Sauveur qui dit que Dieu sait changer les pierres mêmes en enfants d'Abraham. O Jésus! ô parole du Père! mais parole d'éternelle vérité! accomplissez donc cette parole en moi, moi, pierre dure et insensible; moi qui ne puis être taillé que sous les coups redoublés du marteau; moi, rebelle,

indocile, et incapable de tout bien. O Seigneur! prenez cette pierre; glorifiez-vous, amollissez mon cœur; animez-le de votre Esprit, rendez le sensible à vos vérités éternelles; formez en moi un enfant d'Abraham, qui marche sur les vestiges de sa foi.

Dirai-je avec le monde insensé : Je veux bien me sauver, mais je ne prétends pas être un saint? Ah! qui peut espérer son salut sans la sainteté ? Rien d'impur n'entrera au royaume des cieux; aucune tache n'y peut entrer; si légère qu'elle puisse être, il faut qu'elle soit effacée, et que tout soit purifié jusque dans le fond par le feu vengeur de la justice divine, ou en ce monde, ou en l'autre : tout ce qui n'est pas dans l'entier renoncement à soi, et dans le pur amour qui rapporte tout à Dieu sans retour, est encore souillé. O sainteté de mon Dieu, aux yeux duquel les astres mêmes ne sont pas assez purs! O Dieu juste, qui jugerez toutes nos imparfaites justices! mettez la vôtre au dedans de mes entrailles pour me renouveler; ne laissez rien en moi de moi-même.

XXI. POUR LA COMMEMORATION DES MORTS.

Mon Dieu, je regarde avec consolation cette cérémonie de votre Église qui met la mort devant nos yeux. Hélas! faut-il que nous ayons besoin qu'on nous en rappelle le souvenir? tout n'est que mort ici-bas; le genre humain tombe en ruine de tous côtés à nos yeux; il s'est élevé un monde nouveau sur les ruines de celui qui nous a vus naître ; et ce nouveau monde, déjà vieilli, est prêt à disparaître : chacun de nous meurt insensiblement tous les jours; l'homme, comme l'herbe des champs, fleurit le matin; le soir, il languit, il se dessèche, il est flétri, et il est foulé aux pieds. Le passé n'est qu'un songe; le présent nous échappe dans le clin d'œil où nous voulons le voir; l'avenir n'est point à nous, peutêtre n'y sera-t-il jamais; et quand il y serait, qu'en faudrait-il croire? il vient, il s'approche, le voilà; il n'est déjà plus, il est tombé dans cet abîme du passé où tout s'engouffre et s'anéantit.

O Dieu! il n'y a que vous, vous seul êtes l'être véritable; tout le reste n'est qu'une image trompeuse de l'être, qu'une ombre qui s'enfuit. O vérité! ô tout! je me réjouis de ce que je ne suis rien : à vous seul appartient d'être toujours : vous êtes le vivant au siècle des siècles. O hommes aveugles, qui croyez vivre, et qui ne faites que mourir!

Mais cette mort, qui fait frémir toute la nature, la craindrai-je lâchement? Non, non; pour les enfants de Dieu elle est le passage à la vie; elle ne nous dépouille que de la vanité et de la corruption; c'est elle qui doit nous revêtir des dons éternels.

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O mort! ô bonne mort! quand voudras-tu me réunir à ce que j'aime uniquement? Quand viendras-tu me donner le baiser de l'époux? Quand est-ce que les liens de ma servitude seront rompus? O amour éternel! ô vérité qui ferez luire un jour sans fin! O paix du royaume de Dieu, où Dieu lui-même sera tout en tous! O céleste patrie! ô aimable Sion, où mon cœur enivré se perdra en Dieu! qui ne vous désire que désirera-t-il ?

Mais, ô mon Dieu et mon amour! c'est votre gloire, et non mon bonheur, après quoi je soupire; j'aime mieux votre volonté que ma béatitude: je consens donc, pour l'amour de vous, à demeurer encore loin de vous dans ce lieu d'exil, dans cette vallée de larmes, autant que vous le voudrez. Vous savez que ce n'est point par attachement à la terre ni à ce corps de boue, ce misérable corps de péché, mais par un sacrifice de tout moi-même à votre bon plaisir, que je consens à languir encore ici-bas; mais faites que je meure à tout avant que de mourir éteignez en moi tout désir; déracinez toute volonté, arrachez tout intérêt propre : alors je serai mort, et vous vivrez, vous, en moi : alors je ne serai plus moi-même.

O précieuse mort, qui doit précéder la naturelle! O mort, qui est une mort divine et transformée en Jésus-Christ, en sorte que notre vie est cachée avec lui dans le sein du Père céleste! O mort, après laquelle on est également prêt à mourir ou à vivre! O mort qui commence sur la terre le royaume du ciel! O germe de l'être nouveau! Alors, mon Dieu, je serai dans le monde comme n'y étant pas; j'y paraîtrai comme ces morts sortis du tombeau, que vous ressusciterez au dernier jour.

MÉDITATIONS

POUR UN MALADE.

1.

Je me suis tu, Seigneur, parce que c'est vous qui l'avez fait. Ps. xxxvIII, 10.

Est-ce à moi à me plaindre quand mon Dieu me frappe, et qu'il me frappe par amour, afin de me guérir? Frappez donc, Seigneur, j'y consens. Que vos coups les plus rigoureux sont doux, puisqu'ils cachent tant de miséricordes! Hélas! si vous n'aviez point frappé mon corps, mon âme n'aurait point cessé de se donner à elle-même le coup de la

mort. Elle était couverte d'ulcères horribles. Vous l'avez vue, vous en avez eu pitié. Vous abattez ce corps de péché; vous renversez mes ambitieux projets; vous me rendez le goût de votre éternelle vérité, que j'avais perdu depuis si longtemps. Soyez donc à jamais béni. Je baise la main qui m'écrase et j'adore le bras qui me frappe.

II.

Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis infirme. PS. VI, 3.

O mon Dieu, je n'ai point d'autre raison que ma misère pour exciter votre miséricorde. Voyez le besoin que j'ai de votre secours, et donnez-lemoi. J'en sens le besoin, Seigneur : heureux de le sentir, si ce sentiment me tient dans la défiance de moi-même! Vous avez frappé ma chair pour la purifier; vous avez brisé mon corps pour guérir mon âme. C'est par la douleur salutaire que vous m'arrachez aux plaisirs corrompus. L'infirmité de ma chair m'afflige, moi qui n'avais point d'horreur de l'infirmité de mon esprit. Il était en proie à la vaine ambition, à la fièvre ardente de toutes les passions furieuses. J'étais malade, et je ne croyais pas l'être; mon mal était si grand que je ne le sentais pas. Je ressemblais à un homme qui a une fièvre chaude, et qui prend l'ardeur de la fièvre pour la force d'une pleine santé. O heureuse maladie, qui m'ouvre les yeux et qui change mon cœur!

III.

Il vous a été donné non-seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui. Philip. I, 29.

O don précieux, qu'on ne connaît point! La douleur n'est pas moins précieuse que la foi répandue dans les âmes par le Saint-Esprit. Bienheureuse marque de miséricorde, quand Dieu nous fait souffrir! Mais sera-ce une souffrance forcée et pleine d'impatience? Non, les démons souffrent ainsi. Celui qui souffre sans vouloir souffrir ne trouve dans ses peines qu'un commencement des éternelles douleurs. Quiconque se soumet dans sa souffrance la change en un bien infini. Je veux donc, ô mon Dieu, souffrir en paix et avec amour. Ce n'est pas assez de croire vos saintes vérités, il faut les suivre : elles nous condamnent à la douleur, mais elles nous en découvrent le prix. O Seigneur! ranimez ma foi languissante. Qu'on voie reluire en moi la foi et la patience de vos saints! S'il m'échappe quelque impatience, du moins que je m'en humilie aussitôt, et que je la répare par ma douleur!

IV.

Seigneur, je souffre violence, repondez pour moi. Cant. d'Ezech. Is. xxxvIII, 14.

Vous voyez les maux qui m'accablent. La nature se plaint; que lui répondrai-je? Le monde cherche à m'amuser et à me flatter: comment faut-il que je le repousse? Que dirai-je! Seigneur? Hélas! il ne me reste de force que pour souffrir et pour me taire. Répondez vous-même : par votre parole toute-puissante écartez le monde trompeur qui m'a déjà séduit une fois. Soutenez mon cœur, malgré les défaillances de la nature. Je souffre violence par les maux dont vous m'accablez, et par mes passions qui ne sont point encore éteintes. Je souffre; hâtez-vous de me secourir. Délivrez-moi du monde et de moi

même. Délivrez-moi de mes maux, par la patience

à les souffrir.

V.

Le Seigneur me l'a donné, le Seigneur me l'a ôté.
Job, 1, 12.

Voilà, Seigneur, ce que vous faisiez dire à votre serviteur Job dans l'excès de ses maux. Oh! que vous êtes bon de mettre encore ces paroles dans la bouche et dans le cœur d'un pécheur tel que moi ! Vous m'aviez donné la santé, et je vous oubliais ;vous me l'ôtez, je reviens à vous. Précieuse miséricorde, qui m'arrachez les dons de Dieu qui m'éloignaient de lui, pour me donner Dieu même! Seigneur, ôtez tout ce qui n'est point vous, pourvu que je vous aie. Tout est à vous; vous êtes le Seigneur; disposez de tout : biens, honneurs, santé, vie, arrachez tout ce qui me tiendrait lieu de vous.

VI.

Venez à moi, vous tous qui êtes chargés, et je vous soulagerai. S. Matth. xi, 28.

Douce parole de Jésus-Christ, qui prend sur lui tous les travaux, toutes les lassitudes et toutes les douleurs des hommes! O mon Sauveur, vous voulez donc porter tous mes maux! Vous m'incitez à m'en décharger sur vous. Tout ce que je souffre doit trouver en vous du soulagement. Je joins donc ma croix à la vôtre; portez-la pour moi. Je suis,, comme vous étiez, tombant en défaillance, quand on fit porter votre croix par un autre. Je marche après vous, Seigneur, vers le Calvaire, pour y être crucifié. Je veux, quand vous le voudrez, mourir entre vos bras ; mais la pesanteur de ma croix m'accable. Je manque de patience; soyez ma patience vous-même ; je vous en

| conjure par votre promesse. Je viens à vous; je n'en puis plus; c'est assez pour mériter votre compassion

et votre secours.

VII.

Parlez, Seigneur; votre serviteur vous écoute.
I. Rois, III, 10.

Je me tais, Seigneur, dans mon affliction; „e me' tais, mais je vous écoute avec le silence d'une âme contrite et humiliée, à qui il ne reste rien à dire dans sa douleur. Mon Dieu, vous voyez mes plaies; c'est vous qui les avez faites, c'est vous qui me frappez. Je me tais; je souffre, et j'adore en silence: mais vous entendez mes soupirs, et les gémissements de mon cœur ne vous sont point cachés. Je ne veux point m'écouter moi-même ; je ne veux écouter que

vous, et vous suivre.

VIII.

Mon père, délivrez-moi de cette heure. S. Jean, XII, 72.

Quoique vous me menaciez et me frappiez, ô mon Dieu! vous êtes mon père; vous le serez toujours. Délivrez-moi de cette heure terrible, de ce temps d'amertume et d'accablement. Laissez-moi respirer dans votre sein, et mourir entre vos bras. Délivrezou par moi, ou par la diminution de mes maux, l'accroissement de ma patience. Coupez jusqu'au vif, brûlez; mais faites miséricorde; ayez pitié de ma faiblesse. Si vous ne voulez pas me délivrer de ma douleur, délivrez-moi de moi-même, de ma faiblesse, de ma sensibilité et de mon impatience.

IX.

J'ai péché contre toute votre justice. Dan. ix, 15, 16.

J'ai péché contre toutes vos lois. L'orgueil, la mollesse, le scandale, n'ont rien laissé de saint dans la religion que je n'aie violé. J'ai même fait outrage à votre Saint-Esprit ; j'ai foulé aux pieds le sang de l'alliance; j'ai rejeté les anciennes miséricordes qui avaient pénétré mon cœur. J'ai fait tous les maux, Seigneur; j'ai épuisé toutes les iniquités, mais je n'ai pas épuisé votre miséricorde. Au contraire, elle prend plaisir à surmonter ma misère; elle s'élève comme un torrent au-dessus d'une digue. Pour tant de maux vous me rendez tous les biens; vous vous donnez vous-même. O mon Dieu! un si grand pécheur, si comblé de grâces, refusera-t-il de porter sa croix avec votre Fils, qui est la justice et la sainteté même ?

X.

Ma force m'a abandonné. Ps. xxxvIII, 11.

Ma force m'abandonne : je ne sens plus que faiblesse, qu'impatience, que désolation de la nature défaillante, que tentation de murmure et de désespoir. Qu'est donc devenu le courage dont je me piquais, et qui m'inspirait tant de confiance en moi-même ? Hélas! outre mes maux, j'ai encore à supporter la honte de ma faiblesse et de mon impatience. Seigneur, vous attaquez mon orgueil de tous côtés; vous ne lui laissez aucune ressource. Trop heureux, pourvu que vous m'appreniez, par ces terribles leçons, que je ne suis rien, que je ne puis rien, et que vous seul êtes tout!

XI.

que par amour ! C'était, il y a six mois, qu'il était à plaindre, lorsqu'une mauvaise prospérité empoisonnait son cœur, et qu'il était si loin de Dieu.

XIII.

Soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. Rom. XIV, 8.

O mon Dieu! que m'importe de vivre ou de mourir? La vie n'est rien: elle est même dangereuse dès qu'on l'aime. La mort ne détruit qu'un corps de boue; elle délivre l'âme de la contagion du corps et de son propre orgueil; des piéges du démon elle la fait passer à jamais dans le règne de la vérité. Je ne vous demande donc, ô mon Dieu ! ni santé ni vie ; je vous fais un sacrifice de mes jours. Vous les avez comptés; je ne demande aucun délai. Ce que je demande, c'est de mourir, plutôt que de vivre comme

Quand on m'aura élevé de la terre, je tirerai tout à moi. j'ai vécu; c'est de mourir dans la patience et dans

S. Jean, XII, 32.

Vous promîtes, Seigneur, que quand vous seriez élevé sur la croix, vous attireriez tout à vous. Les nations sont venues adorer l'Homme de douleur ; les Juifs mêmes en grand nombre ont reconnu le Sauveur qu'ils avaient crucifié. Voilà votre promesse accomplie aux yeux du monde entier. Mais c'est encore du haut de cette croix que votre vertu toute-puissante attire les âmes. O Dieu souffrant! vous m'enlevez au monde trompeur; vous m'arrachez à moimême et à mes vains désirs, pour me faire souffrir avec vous sur la croix. C'est là qu'on vous appartient, qu'on vous connaît, qu'on vous aime, qu'on se nourrit de votre vérité. Tout le reste, sans croix, n'est qu'une piété en idée. Attachez-moi à vous, que jedevienne un des membres de Jésus-Christ crucifié!

XII.

Malheur au monde, à cause des scandales!
S. Matth. xvii, 7.

Lemonde dit : Malheur à ceux qui souffrent ! mais la foi répond au fond de mon cœur : Malheur aù monde qui ne souffre pas! Il sème la terre entière de piéges funestes pour perdre les âmes : la mienne y a été longtemps perdue. Hélas! mon Dieu, que vous êtes bon de me tenir, par l'infirmité, loin de ce monde corrompu! Fortifiez-moi par la douleur, pour achever de me déprendre de tout, avant que de m'exposer au scandale de vos ennemis. Que la maladie m'apprenne à connaître combien toutes les douceurs mondaines sont empoisonnées. On me trouve à plaindre dans mes langueurs. O aveugles amis! ne plaignez point celui que Dieu aime, et qu'il ne frappe

l'amour, si vous voulez que je meure. O Dieu, qui tenez dans vos mains les clefs du tombeau pour l'ouvrir ou pour le fermer, ne me donnez point la vie, si je n'en dois être détaché! vivant ou mourant, je ne veux plus être qu'à vous.

EXHORTATIONS ET AVIS

POUR

L'ADMINISTRATION DES SACREMENTS.

ARTICLE PREMIER.

DU SACREMENT DE BAPTÊME.

I.

Explication des cérémonies du baptême en forme
d'instruction.

La foi catholique nous enseigne, mes très-chers frères, que tous les enfants d'Adam naissent dans le péché de leur premier père; qu'ils sont enfants de colère, indignes de l'héritage céleste, et enveloppés dans la condamnation générale. C'est pour les retirer de cet état de perte et de mort que JésusChrist, sauveur de tous les hommes, a institué le sacrement de baptême. L'homme est régénéré dans cette fontaine de vie; non-seulement le péché originel y est pleinement effacé, et il ne reste rien de l'ancienne condamnation, comme dit l'Apôtre, dans ceux qui se dépouillent du vieil homme, pour

se revêtir du nouveau en Jésus-Christ, mais encore ils reçoivent une vraie régénération, ils renaissent par la vertu de la grâce; ils deviennent enfants adoptifs du Père, frères et cohéritiers du Fils, temples du Saint-Esprit. Comme enfants, ils sont héritiers du royaume éternel et de tous les biens promis. Dans ce sacrement, ils sont marqués d'un caractère spirituel et ineffaçable, qui les distingue comme un peuple bien-aimé, et teint du sang de l'Agneau. Par ce sacrement, ils sont rendus capables de recevoir tous les autres; car c'est le baptême qui est la porte du christianisme, et le fondement de tout "'édifice spirituel.

Nous usons, mes très-chers frères, dans l'administration de ce sacrement, de plusieurs cérémonies qui sont anciennes, touchantes et propres à nous rappeler un tendre souvenir des principaux mystères de la religion.

1o Nous exorcisons celui qui doit être baptisé, pour faire entendre que le péché originel le tient sous la puissance du démon qui règne dans le siècle corrompu, et pour délivrer la créature de Dieu de

la tyrannie de l'esprit de mensonge. 2o Nous ajoutons aux exorcismes des soufflements, ou exsufflations, pour chasser cet esprit impur et ennemi du salut des hommes, par la vertu du Saint-Esprit, comme Notre-Seigneur Jésus-Christ communiqua cet esprit aux apôtres en soufflant

sur eux.

3o Nous imprimons le signe de la croix au front, à la poitrine et à la main droite de cette personne, pour exprimer que c'est en vertu de la mort douloureuse de Jésus-Christ sur la croix que nous sommes délivrés de l'esclavage du péché, et que nous entrons dans la liberté des enfants de Dieu. C'est par le baptême que nous sommes configurés à la mort du Sauveur, c'est-à-dire rendus conformes à Jésus crucifié, et attachés sur la croix avec lui. C'est cette croix qui doit être encore plus dans le fond de notre cœur que devant nos yeux. C'est elle que nous devons vouloir porter humblement et patiemment tous les jours de notre vie, pour l'amour de Dieu, à l'exemple de Jésus-Christ, et en pénitence de nos péchés. C'est cette croix dont nous devons être toujours armés pour le combat des tentations contre le monde, contre la chair et contre le démon.

4o Nous mettons du sel dans la bouche de cette personne, afin qu'elle conserve, par le sel de la sagesse évangélique, la pureté de la foi, et qu'elle soit préservée de la corruption des mœurs. Le sel de la véritable sagesse lui est donné pour goûter les choses d'en haut, pour se dégoûter de celles de la terre,

et pour ne prononcer que des paroles assaisonnées de justice, de bienséance, de grâce et de vérité.

5o Nous mettons le doigt avec de la salive aux oreilles et aux narines de la personne, pour représenter l'action mystérieuse par laquelle nous voyons, dans l'Évangile, que Jésus-Christ donna l'ouïe et la parole à un homme sourd et muet. L'entendement de l'homme est ouvert par la grâce du baptême, pour pouvoir écouter les paroles de la foi, pour les croire de cœur, et pour les confesser de bouche.

6o Nous donnons à cette personne un parrain et une marraine, pour marquer une naissance nouvelle, où chacun doit avoir de nouveaux parents, selon l'esprit, qui aient soin d'instruire et de faire croître le nouveau-né en Jésus-Christ.

7o Le parrain et la marraine renoncent pour cette personne à Satan, à ses pompes et à toutes ses œuvres. Cette promesse doit être inviolablement accomplie, quoiqu'elle soit faite par autrui. C'est cette promesse qui nous attire le plus grand des biens. On ne promet pour nous que de renoncer à la vanité et au mensonge, pour nous acquérir un vrai droit au royaume promis. Heureux ceux qui renoncent à des biens si faux et si méprisables, pour posséder le bien éternel et infini! Quiconque est chrétien n'est plus libre d'aimer le monde, ni de chercher les pompes de Satan. On ne saurait être vraiment chrétien sans être humble, et par conséquent soumis à Dieu dans l'humiliation. Quiconque est encore rempli de l'ambition et de la vanité mondaine se rengage dans les liens de Satan, viole les promesses de son baptême, et en foule aux pieds la récompense.

8° La manière dont nous touchons cette personne montre que tout son corps malade a besoin du remède céleste. En effet, depuis le péché d'Adam, qui a passé en nous par sa contagion, la chair de l'homme est révoltée contre l'esprit; elle est sujette à des passions grossières et honteuses contre la raison; ce n'est plus qu'un corps de mort, parce que ce n'est plus qu'un corps de péché; on ne peut plus soumettre cette chair corrompue à l'esprit, qu'en soumettant l'esprit à Dieu par sa grâce : il faut tâcher de purifier le corps avec l'esprit.

9o, On met un linge, ou vêtement blanc, sur la tête du nouveau baptisé, parce que les enfants ont été et sont encore d'ordinaire vêtus de blanc, et que les personnes même les plus âgées, qui reçoivent le baptême, deviennent alors des enfants nouveau-nes en Jésus-Christ. En quelque âge avancé qu'ils puissent recevoir le baptême, ils sont toujours enfants par cette naissance spirituelle: ils doivent être re

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