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cés représentations de la société actuelle, nous sommes forcés de les chercher dans les livres, puisqu'une inquisition ombrageuse les exile de la scène. Cependant, de nouvelles institutions ont dû inévitablement amener des coutumes, des idées et des mœurs nouvelles, et, par suite, des ridicules nouveaux. Si de pareils sujets, si tous les traits qui touchent à cette vie publique que nous essayons sont interdits à la muse comique, il ne lui reste plus qu'à dépérir de langueur, faute de pouvoir faire allusion à certains usages politiques, faute de pouvoir parler du jury, mettre en scène un électeur ou un éligible, et nommer un sous-préfet : aussi, peu à peu le public abandonne un théâtre usé, ennuyeux, où rien ne répond plus aux besoins des esprits, et le génie désertera sans retour une carrière frappée de stérilité.

ARTAUD.

T. XXIV. Octobre 1824.

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III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

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LIVRES ÉTRANGERS (1).

AMÉRIQUE.

ÉTATS-UNIS.

I. — American Ornithology, or the history of the birds of the United States, etc. - Ornithologie américaine, ou Histoire des oiseaux des États-Unis, avec des planches gravées et coloriées sur des dessins faits d'après nature; par Alex. WILSON. Seconde édition du 7o volume, publiée par M.-G. ORD. Philadelphie, 1824. In-4o.

Le dernier volume de l'Ornithologie de Wilson, ne fut publié qu'après la mort de ce naturaliste, et n'était pas aussi soigné que le reste de l'ouvrage. On y remarquait des fautes de nomenclature que M. Ord a corrigées; des descriptions inexactes ou insuffisantes ont été rectifiées, ou complétées. La nouvelle édition de ce volume devra donc être substituée à la première, dans toutes les bibliothèques qui possèdent l'ouvrage entier.

2.- * American medical Botany, etc. Botanique médicale de l'Amérique (États-Unis); par G. BIGELOW. Boston, 1821; Commings et Hilliard. 3 vol. petit in-4° avec des figures coloriées.

Trois volumes in-4° sur les plantes médicinales du nord de l'Amérique! et l'on demande pourquoi l'homme n'est pas immortel, puisqu'il possède la sauge! Comment un art aussi bien pourvu de ressources peut-il être si souvent réduit à l'impuissance? Voilà peutêtre ce que penseront quelques esprits superficiels, plus imbus de la lecture de Molière que de celle des livres de médecine ou de botanique. Mais ce n'est pas pour eux que M. Bigelow a fait son immense travail sur la botanique médicale de sa patrie; il voulait montrer à ses compatriotes les richesses de leur sol, et prouver qu'ils n'avaient aucun besoin de faire venir de loin des médicamens que la nature a placés près d'eux. En effet, on est tenté de croire que le Nouveau

(1) Nous indiquerons par un astérisque (*) placé à côté du titre de chaque ouvrage, ceux des livres étrangers ou français qui paraîtront dignes d'une attention particulière, et nous en rendrons quelquefois compte dans la section des Analyses.

Monde a été mieux partagé que le nôtre, en fait de plantes médicinales. C'est au nord de l'Amérique que croît en abondance le trop fameux ginseng, recueilli à si grands frais par les Chinois sur les montagnes du Thibet. Mais, en Amérique aussi bien que chez nous, plusieurs de ces plantes salutaires entre des mains habiles, sont encore plus vénéneuses que médicinales. Tel est, dit-on, le beau kalmia à larges feuilles, dont les bourgeons nourrissent pendant l'hiver les faisans d'Amérique, ce qui rend alors la chair de ces oiseaux très-malsaine. On rapporte même que les Indiens se servent de la décoction du kalmia pour s'empoisonner. L'existence est donc quelquefois un fardeau que ces enfans de la nature ne peuvent supporter. La vie sauvage n'a donc pas les douceurs si vantées par quelques moralistes qui ne les avaient pas goûtées. — Suivant notre auteur, les magnoliers joignent à la beauté de leur feuillage et de leurs fleurs le mérite de fournir une écorce amère et tonique, propre à remplacer la canelle dans certains cas. Une espèce de nymphea (n. odorata), non moins belle que notre nymphea à fleurs blanches, et de l'odeur la plus suave, est digne de trouver place sur nos eaux stagnantes, quand même ses propriétés médicales seraient contestées. La botanique médicale de M. Bigelow devrait être consultée par les cultivateurs, autant que par les médecins. Nous avons encore beaucoup à recevoir des États-Unis, sans que nous apercevions aucun produit de notre sol qui puisse leur être offert en échange.

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3.-Notice of an excursion among the White mountains of New-Hampshire, and to the summit of mount Washington, etc. Notice d'un voyage aux montagnes Blanches de New-Hampshire, et au sommet du mont Washington, en juin 1823, avec des observations sur différens sujets; par James PIERCE. New-Haven, 1824. (Extrait du Journal américain des Sciences et des Arts; par B. LLIMAN).

La chaîne des montagnes visitée par M. Pierce, est la plus élevée des États-Unis. L'une de ses branches traverse le New-Hampshire, en se dirigeant au sud-ouest. Les routes de Portland et de Lancastre la traversent dans les régions les plus intéressantes; en sortant de vastes forêts de pins, on découvre à l'Ouest ces monts sauvages couronnés de pics majestueux, et dominés par le mont Washington, souvent enveloppé de nuages neigeux. Au pied des montagnes, du côté de l'est, on trouve un grand lac sur les rives duquel on a construit le beau village de Fribourg; les vents et le fen causent de grands dommages aux forêts élevées : mais on trouve

fréquemment des lieux abrités par d'épaisses forêts d'arbres verts, et qui échappent aux causes de destruction qui frappent les végétaux sur les terrains découverts A plus de 1,300 mètres d'élévation, les diverses sortes d'arbres résineux n'atteignent pas plus d'un mètre de haut. Leurs branches étalées horizontalement soutiennent le voyageur, et lui fournissent des appuis pour escalader ces montagnes; il étend facilement ses bras d'un arbre à un autre, à mesure qu'on s'élève les arbres disparaissent, et sont remplacés par le gazon et les mousses. Le sommet du Washington dont l'élévation n'est pas de 2,000 mètres, est beaucoup au-dessus de la région ou toute végétation a cessé; en Europe, on trouverait à la même latitude et aux mêmes hauteurs, une température beaucoup plus douce, et les plantes auxquelles cette température convient. De ce point culminant de l'Amérique du nord, la vue s'étend sur des chaînes de montagnes inférieures, sur les plaines qui les séparent, sur des villes, des villages dont le nombre augmente continuellement. — Les descriptions de M. Pierce sont pleines de l'enthousiasme qu'inspire une première vue des montagnes : il aurait parlé tout autrement des montagnes Blanches, s'il avait commencé par visiter les Andes, les Alpes, ou même les Pyrénées.

4.

AMÉRIQUE MÉRIDIONALE.

F.

Mémoires des secrétaires de la république de Colombie, présentés au premier congrès constitutionnel, année 1823, x111o de la république. Bogota, 1823. Les mêmes traduits en anglais, et séparément en français. Londres, 1824; Treuttel et Würtz. 1 vol. in-8° de 193 pages d'impression.

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Ce recueil est extrêmement curieux; il fait assez bien connaître l'état présent de la république de Colombie : les documens qu'il renferme se composent des mémoires présentés au congrès de 1823, par les ministres des relations extérieures, de l'intérieur, des finances, de la marine et de la guerre. On y apprend que, malgré les nombreux efforts du gouvernement, depuis la déclaration d'indépendance, il lui reste encore beaucoup à faire pour arriver au but qu'il doit se proposer. On voit, par exemple, dans le rapport du ministre de l'intérieur, que jusqu'ici le gouvernement a peu fait pour l'agriculture et les arts. Quant à l'instruction publique, une loi du 2 août 1821 prescrit l'établissement d'écoles primaires, dans chacune des paroisses de la Colombie, et il paraît qu'elle a été exé

cutée autant que les circonstances l'ont permis. « Une multitude d'écoles ont été fondées, dit le ministre ; d'autres s'établissent, et le gouvernement espère, qu'au moyen de la constance et de l'assiduité des employés du pouvoir exécutif, les difficultés qu'on rencontre seront enfin surmontées. La première est la pauvreté des pères de famille, qui, dans quelques endroits, manquent de moyens pour rétribuer les maîtres; mais, comme leur fortune va s'améliorer, à mesure qu'on ressentira les effets de la tranquillité intérieure, cet inconvénient disparaîtra dans quelque tems. Le manque de maîtres et de livres élémentaires, qu'on éprouve dans la Colombie, est également très-sensible et retarde l'avancement des écoles. Cela vient de l'ignorance où les peuples ont été plongés sous le régime colonial... Le pouvoir exécutif fut autorisé, par l'article 15 de la loi du 2 août, à fonder dans les premières villes de la Colombie, des écoles normales d'enseignement mutuel. Le gouvernement a la satisfaction d'annoncer au congrès, que cette excellente méthode, si favorable à l'instruction élémentaire, est établie dans la capitale de la république, d'où elle se répand dans les provinces. » Le même ministre de l'intérieur nous apprend plus loin que l'on a exécuté exactement la loi qui établit la liberté de la presse. Dans les provinces et les villes où il y a des imprimeries, dit-il, on écrit librement sur tous les objets; on critique les opérations du gouvernement et on discute les grands intérêts politiques de la nation. Les journaux qui répandront les lumières et l'instruction jusqu'aux lieux les plus reculés de la république, vont en augmentant, à la grande satisfaction du pouvoir exécutif. Il est seulement à regretter que les imprimeries soient encore petites et peu nombreuses. Le gouvernement fera ses efforts pour que bientôt chaque province en ait une, et encouragera la publication des journaux, qui, étant bien dirigés, peuvent faire un grand bien. » Certes, on ne saurait douter que, si le gouvernement de la Colombie persiste dans cette marche franche et loyale, il ne parvienne bientôt à un haut degré de force et de puissance. Lorsque le pouvoir appelle à son secours les lumières, il ne tarde pas à en être récompensé; car on ne pourrait nier qu'il n'y ait plus de gloire et même de chances favorables de stabilité à gouverner des hommes libres, éclairés et industrieux, qu'à conduire des troupeaux d'esclaves et d'ignorans, dont les passions n'ont d'autre frein que la verge de leurs maîtres. Nous voyons, dans le rapport du ministre de la guerre, que les forces de la république se composaient alors de 32,466 hommes ainsi divisés; 25,750 d'infanterie, 4,296 de ca

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