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18 Ire COLONIE DES AMÉRICAINS EN AFRIQUE.

qu'un hommage mérité rendu au président des États-Unis, James MONROE, dont le zèle éclairé a si bien servi la cause de son pays et de l'humanité tout entière.

Nous ne terminerons pas cet article sans faire remarquer l'influence que l'on peut exercer par les associations. Jamais des individus isolés ne seraient parvenus, je ne dis pas à consolider un établissement semblable à celui de Libéria, mais seulement à rendre à leur pays ces dix malheureux que l'on allait vendre et séparer pour jamais de leurs parens, de leurs amis, de leurs enfans en pleurs. Une seule personne qui parle au nom d'une association et qui sent qu'elle sera soutenue, a bien plus d'assurance et s'attire plus d'égards que si elle n'élevait qu'une voix isolée.

Dernièrement le secrétaire de la Société s'étant adressé au président de la république d'Haïti, Boyer, pour savoir sur quel pied seraient reçus les noirs et les gens de couleur libres qui désireraient se fixer dans ses états, a reçu de ce premier fonctionnaire une réponse détaillée où la politique de sa nation relativement aux immigrans est pleinement exposée (1). J.-B. SAY.

NOTICE

SUR L'EXPOSITION DES TABLEAUX EN 1824.

M. GÉRARD.

DEUXIÈME ARTICLE.

(Voy. tome XXIII, p. 551-560.)

Peinture historique.

Philippe V. La dénomination de peinture historique est bien vague. Aussi, a-t-elle donné lieu, dans

(1) Voyez, ci-après, dans ce même cahier, section des Nouvelles scientifiques, etc., la Lettre du président BOYER à M. DEWEY, secrétaire de la Société américaine de colonisation."

l'école, à beaucoup de discussions. Les gens du monde appellent tableaux d'histoire tous ceux dont les sujets sont puisés dans les récits des historiens; parmi les artistes, on appelle tableaux d'histoire ceux où l'on a cherché à surmonter les plus grandes difficultés de l'art; c'est-à-dire, à représenter un sujet puisé dans l'histoire ancienne ou dans la mythologie, peu importe, pourvu que le caractère de la scène soit grand et noble, et que la figure humaine s'y montre, autant que possible, dans sa plus grande beauté et dans sa proportion réelle. Mais, les tableaux dont les sujets sont empruntés à l'histoire moderne, cette époque malheureuse qui ne permet pas à l'art, lorsqu'il veut y puiser, de se montrer dans tout son éclat, quelle que soit la dimension dans laquelle ils aient été exécutés, sont difficilement admis dans cette classe. On voulut établir, à cet égard, une distinction particulière et les nommer tableaux d'apparat; il s'éleva des contradicteurs, et à la suite d'une discussion très-vive, dans le sein de l'Institut où cette question s'agitait, l'un de nos peintres les plus célèbres, qui tenait pour cette distinction, abandonna la part qui lui avait été donnée dans la rédaction du dictionnaire des beauxarts. Au reste, il me semble qu'il serait facile de mettre tout le monde d'accord. Par analogie avec ce que l'on appelle les tems héroïques, je nommerais tableaux héroïques tous ceux dont les sujets sont empruntés à la fable, parce que ces sujets permettent de montrer beaucoup de nuds, ce qui est tout à la fois la partie la plus difficile et la plus belle de l'art; les scènes graves et sévères de la Bible formeraient un genre distinct, et l'on appellerait compositions historiques tous les sujets puisés véritablement dans l'histoire, pourvu qu'ils offrissent, d'ailleurs, les autres conditions exigées, telles que la noblesse des scènes, le choix des costumes, l'élévation apparente des individus, etc. Si l'on voulait adopter cette démarcation, il en résulterait que, la dimension n'étant plus une condition exigée

pour placer un tableau dans la classe des compositions historiques, on adopterait, peut-être, pour les scènes empruntées aux époques modernes et contemporaines, une dimension qui me paraît leur convenir beaucoup mieux que la grandeur de nature; ainsi, le Gustave Wasa de M. Hersent serait, sans discussion, un tableau d'histoire, et celui de M. Gérard aurait reçu également la même qualification, lors même qu'il aurait jugé convenable de l'exécuter dans une moins grande proportion.

L'aspect de ce tableau a de la dignité, mais il laisse le spectateur froid, et sans émotion; le choix du sujet en est la cause. Charles II n'avait point de postérité, il s'agissait donc de savoir quel serait l'héritier de sa couronne. Les puissances de l'Europe, de son vivant même, avaient divisé entre elles, ses états, par des traités solennels. L'Autriche seule n'avait point pris de part à ce partage et prétendait à la totalité de la succession; mais les Autrichiens révoltaient les Espagnols par leur hauteur; d'ailleurs, la maison régnante en France avait des droits plus directs. Des Espagnols, amis de leur pays, sentirent de quelle importance il était pour eux de ne point souffrir le démembrement de leur patrie; et, d'après leurs instantes sollicitations, le duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, fut appelé à la couronne d'Espagne. Charles II mourut, un mois après avoir signé ce testament. Louis XIV devait-il l'accepter ? Pouvait-il le refuser? S'il l'acceptait, que devenaient les traités de partage qu'il avait consentis et signés; s'il ne l'acceptait point, il dépouillait son petit-fils, qui, après tout, n'avait pas signé les traités; c'est ce qui lui fit dire qu'il serait toujours blåmé, quelque parti qu'il prît.

Le moment choisi par le peintre est celui où Louis XIV annonce sa résolution aux princes et aux personnes de la cour, en leur disant : « Messieurs, voilà le roi d'Espagne. » Il est facile de sentir l'intérêt historique de cette scène. Tous les spec

tateurs durent être frappés de la résolution prise par le roi, et témoigner d'une manière différente ce qu'elle leur faisait éprouver; mais cette sorte d'émotion, diplomatique, si je puis m'exprimer ainsi, pouvait-elle produire un beau tableau ? Cèla n'est pas présumable, puisque M. Gérard n'a pas complétement satisfait l'attente publique. Ce n'est pas que plusieurs parties de ce tableau ne soient traitées de main de maître; ainsi, la pantomime de l'ambassadeur espagnol se prosternant devant le duc d'Anjou, pour lui baiser la main, est très-juste et d'une expression vive, animée, qui entraîne. Le jeune duc d'Anjou éprouve une sorte de timidité et d'embarras bien rendus; c'est une belle figure que celle de ce jeune secrétaire d'ambassade placé à la gauche du tableau. La figure de Louis XIV a de la noblesse et de la dignité; mais il existe un grand nombre de portraits de ce monarque, exécutés à l'époque où cet événement se passait, et le peintre n'en a suivi aucun: il l'a d'ailleurs fait trop jeune : Louis XIV avait alors soixante-deux ans, et certes, dans le tableau, il est loin d'avoir cet âge. Il me semble, aussi, que la coiffure est bien étroite; je trouve encore, relativement à Bossuet, que M. Gérard aurait dû suivre plus positivement le portrait de Rigaud, sauf à lui donner une expression différente; Quant à cette grande quantité de figures qui composent les deux groupes de gauche et de droite, que puis-je dire? si ce n'est qu'elles sont distribuées avec une adresse infinie, mais que toutefois elles produisent peu d'effet, parce qu'en général elles sont peu modelées et qu'elles offrent peu de variété de caractères. On sent que l'artiste s'est fatigué promptement et qu'il s'est arrêté par l'ennui de reproduire des perruques immenses et des costumes sans intérêt.

Tel qu'il est, cet ouvrage ne me paraît pas être à la hauteur des autres productions de M. Gérard, et je crois que, sans rien perdre de son caractère historique, il aurait pu être exécuté dans une proportion de demi-nature. Alors les accessoires auraient

pu être sacrifiés davantage; les têtes en auraient pris d'autant plus d'importance et l'effet général y aurait gagné. C'est au reste un doute que j'exprime avec une extrême méfiance, et que je soumets à M. Gérard lui-même qui, peut-être, s'est trouvé enchaîné par la nécessité de satisfaire à un désir qui lui avait été témoigné; s'il en était ainsi, les observations tomberaient et il resterait toujours un ouvrage dans lequel il n'est pas difficile de reconnaître l'empreinte d'un très-grand talent.

Il existe encore au salon un'autre tableau de ce même peintre: c'est une réduction de sa Corinne, avec quelques changemens par exemple, l'introduction d'un nouveau personnage. Cette réduction avait été commandée par S. M. le défunt roi. C'est un charmant ouvrage, cependant je trouve que la tête de la Corinne n'a pas autant d'élévation que dans le tableau original; au reste, M. Gérard a fait plusieurs répétitions de ce tableau; M. le prince de Talleyrand en possède une dans laquelle Corinne est seule. C'est à celle-là que je donne, sans hésiter, la préférence. L'impression que produit cette belle figure n'est pas troublée, elle en est donc d'autant plus forte.

M. ABEL DE PUJOL.

Germanicus sur le champ de bataille où Varus et ses légions furent massacrés par les Germains. Le récit de Tacite est de nature à émouvoir vivement. « L'armée s'avança à travers ces tristes lieux; le champ de bataille était couvert d'ossemens blanchis; là dispersés, ici entassés, suivant qu'on avait fui ou résisté. Près de là se trouvaient les bois sacrés avec les autels où les Barbares avaient massacré les tribuns et les premiers centurions. »>

Germanicus et ses officiers, dit M. Abel dans sa notice, sont descendus de cheval en approchant du camp où Varus périt. Ils arrivent, après le lever du soleil, à la vallée fatale dont l'aspect les pénètre d'horreur. Valerius, vieux soldat romain échappé au massacre, s'est réfugié dans le fond des bois où il

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