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lors, par une sympathie bien naturelle, mon cœur et mes bras furent prêts à accueillir dans ce pays de liberté nos frères, trop long-tems accablés par l'infortune. Le projet de coloniser dans des régions pour ainsi dire barbares des hommes accoutumés à la civilisation, me paraissait impraticable, pour ne rien dire de plus. Les essais tentés à Sherbro et à Messurado, prouvent que je n'étais pas loin de la vérité. Enfin, quoique l'Afrique ait été le berceau de leurs pères, quelle effrayante perspective pour ces hommes, de se voir exilés dans des contrées malsaines, après avoir joui du climat plus sain des lieux où ils ont reçu la naissance! Souvent je me suis demandé pourquoi l'on ne préférait pas pour lieu de refuge Haïti, dont le climat est si doux, et dont le gouvernement a tant d'analogie avec celui des États-Unis. Craignant que mes sentimens ne fussent mal interprétés si je hasardais la première ouverture à ce sujet, je me contentai de faire connaître à ceux qui venaient nous visiter, les garanties et les droits établis en leur faveur par la constitution de la République. J'ai contribué à délivrer de leurs dettes ceux qui n'avaient pu payer entièrement leur passage; j'ai donné des terres à ceux qui voulaient les cultiver, et en lisant ma circulaire aux officiers de district (voyez ci-après), vous vous convaincrez que j'ai préparé pour les enfans de l'Afrique, sortis des États-Unis, tout ce qui peut leur assurer une existence honorable en devenant citoyens de la république haïtienne. Mais, maintenant que vous me faites des ouvertures, autorisées, à ce qu'il paraît, par la respectable Société dont vous êtes l'agent général, je suis disposé à répondre avec franchise aux huit questions que vous m'adressez. — 1o Si un certain nombre de familles émigrait à Haïti, votre gouvernement voudrait-il les défrayer d'une partie des dépenses du voyage, leur assigner des terres à cultiver, et les aider à établir leurs fermes ?· Le gouvernement haïtien fera une partie des dépenses pour ceux qui ne pourront y subvenir, à condition que l'autre partie de ces dépenses sera supportée par la Société de la colonisation. Il donnera des terres fertiles à ceux qui voudront se livrer à l'agriculture; il leur fournira des vivres, des instrumens, et d'autres objets de première nécessité, en attendant qu'ils puissent se suffire à eux-mêmes. 2o Jusqu'à quel point votre gouvernement encouragerait-il l'émigration? Combien accorderait-il à chaque famille pour son passage? Quelle quantité de terre et quels secours provisoires pourrait-il donner à chaque famille? A combien de familles et d'individus étendrait-il son assistance? Peu nous importe le nombre des émigrans: tous ceux dont l'intention sera de se soumettre T. XXIV. Octobre 1824. 15

aux lois du pays, seront bien reçus. Le prix du passage et les autres dépenses seront discutés par des personnes préposées à cette opération, afin d'obtenir les conditions les plus avantageuses. La quantité de terrain sera en proportion de ce que chaque famille pourra cultiver. Quant au reste, la plus grande bienveillance pour les nouveaux venus sera la base de tous les arrangemens. 3° Quels encouragemens auraient à espérer les artisans et les commerçans? Ils auront une entière liberté d'exercer leurs professions respectives. Le seul privilége qu'on puisse leur accorder, sera une exemption du droit de patentes pendant la première année. 49 Lors même qu'aucune assistance ne serait accordée, tous ceux qui émigreraient jouiraient-ils, pour s'établir dans votre île, des mêmes facilités que le gouvernement des États-Unis donne aux émigrans ? Quel serait le prix des terres pour ceuxlà, et pourraient-ils en acquérir en assez grande quantité pour que des réunions considérables pussent s'établir dans le même voisinage? Je le répète, tous les émigrans noirs qui viendront s'établir dans notre pays, quel que soit leur nombre, seront reçus avec plaisir, pourvu qu'ils se soumettent aux lois de l'état, éminemment libérales et protectrices, et aux règlemens de police dont le but est de réprimer le vagabondage, de maintenir le bon ordre et d'assurer la tranquillité de tous. Il n'y a point de prix à stipuler pour les terres, puisque le gouvernement les donne gratuitement à ceux dont le désir est de se livrer à leur culture. Nos nouveaux hôtes seront répartis aussi commodément que possible, et ceux qui le désireront seront placés dans le voisinage les uns des autres. Quant à la cinquième question, Jusqu'où s'étend la tolérance à l'égard des diverses religions ? - on n'interviendra point dans les affaires domestiques des colons, ni dans leur croyance religieuse, tant qu'ils ne chercheront pas à faire des prosélytes ni à troubler ceux dont la croyance diffèrera de la leur. 6° Quelles sont vos lois, relativement au mariage, et quel est l'état de la société sous ce rapport? Le mariage est encouragé; les bons ménages jouissent parmi nous de la même considération que dans les autres pays civilisés. 7° Jusqu'à quel point les écoles sont-elles encouragées? Partout où la population est suffisamment nombreuse, le gouvernement entretient des écoles où la jeunesse est élevée dans les principes de la morale et de la vertu. 80 Votre gouvernement permettrait-il à la Société d'établir dans votre île une colonie ayant ses propres lois, ses tribunaux, son assemblée législative, semblable en tout à l'un des États de la fédération américaine, uni seulement au gouvernement de Haïti par les mêmes liens qui existent ici entre chaque état parti

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culier et notre gouvernement central? Accorderait-on des terres pour cette colonie? Cela ne peut être. Les lois de la République sont communes à tous ; il ne peut y exister de lois particulières. Les émigrans sont des enfans de l'Afrique et deviendront Haïtiens, dès qu'ils mettront le pied sur notre territoire : le bonheur, la sécurité et la tranquillité dont nous jouissons, quoiqu'en disent nos ennemis, deviendront leur partage. - Enfin, Monsieur, pour vous prouver à quel point je suis disposé à secourir ceux de nos infortunés frères qui gémissent encore aux États-Unis sous le joug des anciens préjugés (dont Jes Noirs furent si long-tems victimes), je suis sur le point d'envoyer à New-York des fonds et un agent confidentiel, chargé d'entrer en négociation avec vous et avec la Société dont vous faites partie, afin de faciliter l'émigration des Africains qui voudraient venir entrer en partage des biens précieux que nous accorde la divine Providence. -Il ne faut pas croire que le défaut d'un accroissement de population parmi les Haïtiens soit le motif qui me détermine à vous répondre comme je le fais, et à vous donner les détails contenus dans cette lettre. Des vues d'un ordre plus élevé me dirigent. Animé du désir de servir la cause de l'humanité, j'ai pensé que je ne pouvais trouver une occasion meilleure que celle qui se présente d'offrir une hospitalité agréable, un asile sûr à des infortunés exposés à trouver sur les côtes d'Afrique la misère ou la mort. Je ne m'attacherai pas à développer les avantages qui résulteront pour votre nation du transport à Haïti de la population noire dont les États-Unis veulent se délivrer. Chacun peut concevoir parfaitement que ce sera un moyen infaillible d'accroître et d'étendre le commerce des États-Unis, en multipliant les relations entre deux peuples, que l'analogie des principes sur lesquels leurs législations et leurs gouvernemens sont fondés, doit nécessairement unir par les liens de l'amitié, quoiqu'un aveugle préjugé semble jusqu'à ce jour avoir empêché d'établir des relations plus directes entre l'une et l'autre nation. Les lumières et la philantropie assureront, n'en doutons pas, le triomphe de la raison et de la justice. Mon agent ne tardera pas à arriver à New York. Je suis, etc. CIRCULAIRE. Port au Prince, 24 décembre 1823. BOYER, Président de la république d'Haïti, aux commandans des districts. Désirant augmenter le nombre des cultivateurs, et accroître ainsi la population de ce pays, j'ai décidé, mon cher général, que les émi- • grans de couleur, qui désireraient s'établir à Haïti, sur les montagues ou dans les vallées, pour cultiver de leurs mains les domaines publics,

BOYER.

Jean-Pierre

seront autorisés à garder pour eux et leurs familles tous les profits provenant de leur travail. Les terres, après le paiement des taxes établies par les autorités du lieu, seront cédées à fee simple (1) à ceux qui les auront défrichées et en auront augmenté la valeur, en les divisant en plantations convenables pour la culture du café et d'autres produits qui peuvent fournir un revenu à l'état. Vous êtes chargé, en conséquence, d'établir les hommes de couleur qui pourront arriver, ou ceux qui désireraient débarquer et se fixer dans le district où vous commandez. Ayez soin de m'envoyer une liste des noms de toutes les personnes qui seront dans ce cas, et une description des terres qui leur seront assignées. Il est entendu que cette mesure ne changera rien à celle qu'avait prescrite ma circulaire du 2 décembre 1822, en faveur des personnes qui, antérieurement au 1er janvier dernier, se seraient établies sans titres sur les domaines de l'état.

Signé BOYER.

N. d. R. Nous pouvons annoncer, d'après les journaux américains, que la lettre du président Boyer à M. Dewey, et la déclaration qu'elle contient, ont produit les plus heureux résultats. Les citoyens des États-Unis se sont montrés partout disposés à seconder les généreuses dispositions du gouvernement haïtien. Des sociétés pour favoriser l'émigration des hommes de couleur à Haïti, ont été fondées à New-York et à Baltimore (2). Les gens de couleur les plus aisés de la cité de New-York se sont aussi réunis dans les mêmes vues. M. Granville, agent de Haïti, dans la même ville, a témoigné, en son nom et au nom de plusieurs de ses compatriotes, le désir de contribuer, comme simples citoyens, aux souscriptions en faveur des émigrans. Enfin, le New-York daily advertiser, du 4 septembre 1824, annonce que le brick le Will. Clinton vient de quitter cette ville pour Haïti avec cent vingt passagers noirs; soixante autres sont partis sur le brick la Charlotte Corday.

Nouveau Journal.

Magasin des écoles du dimanche. La Société américaine des Écoles du dimanche se propose de publier un journal, sous le titre de Sunday school Magazine, destiné à contenir un rapport

(1) Nous n'avons pu trouver l'équivalent de cette expression en français. (2) D'après un rapport fait à la première de ces Sociétés, il existait, en 1820, dans les états de New-York, 39,367 hommes de couleur, dont 29,279 hommes libres, et 10,088 esclaves. Depuis, le nombre de ces derniers a considérablement diminué. L'esclavage sera aboli entièrement, dans cet état, à dater du 4 juillet 1827.

succinct de ses opérations et des travaux des Sociétés du même genre en Amérique et dans les autres parties du monde, et à répandre ainsi la connaissance des bienfaits qui sont dus à ces utiles institutions. Ouvrir la discussion sur les meilleures règles à observer dans la direction des écoles du dimanche, rendre compte des ouvrages sur l'éducation, ou des livres consacrés à la jeunesse; tel est le but que se proposent encore les éditeurs du nouveau journal.

EUROPE.

ILES BRITANNIQUES.

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A. J.

OVERTON-HALL. — Phénomène de végétation. Près de Chesterfield, résidence de l'illustre Joseph Banks, on voyait, en 1821, deux groseillers remarquables qui sans doute ont été respectés ; ils s'étendaient l'un sur deux faces d'un édifice, et l'autre sur une muraille. Le premier, planté depuis une trentaine d'années, couvrait cinquante-trois pieds de longueur de murailles; l'autre, beaucoup plus ancien, occupait une longueur de cinquante-quatre pieds, et rien n'annonçait qu'il fût sur le retour. (Transactions de la Société d'horticulture de Londres.)

LEEDS. — Ravages causés par l'écoulement d'un marais. - Au mois de juin dernier, l'écoulement subit d'un marais répandit l'alarme dans cette ville industrieuse et dans les environs; les eaux de la rivière qui la traverse furent troublées tout d'un coup, au point qu'il fut impossible de les employer à aucun usage. Le marais qui était la cause de cet accident est fort élevé au-dessus du niveau de la rivière, sur les confins du Lancastshire, à neuf milles de Keighley et six de Colne. Il est la source de petits ruisseaux qui s'écoulent par une ravine profonde, et vont tomber dans l'Aire, petite rivière qui passe à Leeds. Une cause inconnue rompit la digue naturelle qui soutenait ses eaux ; il se forma un canal d'environ douze verges de largeur et six de profondeur, et tout ce que contenait un espace de douze cents verges de tour, solide ou liquide, s'écoula par cette ouverture et se précipita dans la ravine. Le mouvement de cette masse énorme, accéléré par sa chute, entraîna tout sur son passage. Heureusement personne ne périt. Partout où les eaux s'étendirent, une vase épaisse couvrit les champs; des rochers furent entraînés à plus d'un mille. Quelques personnes attribuent ce phénomène à un tremblement de terre; mais on n'en ressentit en aucun lieu. Comme un nuage trèsépais et très-orageux couvrait le ciel au moment où les eaux du ma

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