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concours, une somme de quinze cents francs à été déposée chez M. le baron Ternaux, et le soin d'examiner les mémoires et de décerner le prix a été confié à une commission composée de MM. le duc de Broglie, Guizot, Jomard et Charles de Rémuzat. Six mémoires sont parvenus à cette commission. Tous contiennent des vues utiles, et sont dictés par les intentions les plus honorables. Mais trois seulement ont paru avoir rempli toutes les conditions du programme, et résolu la question d'une manière satifaisante. La commission les a classés dans l'ordre suivant: - 1o Le mémoire no 3, portant pour épigraphe: Nil desperandum. L'auteur a déterminé, avec beaucoup de précision et de justesse, le but même de la question; il a trèsbien montré qu'entre les classes ouvrières qui puisent, dans les écoles primaires, une instruction suffisante pour leurs besoins, et les classes élevées ou vouées aux professions libérales, qui reçoivent, dans les colléges et les établissemens supérieurs, une instruction savante, il existe dans la société une classe nombreuse à qui l'éducation classique ou philosophique n'est pas nécessaire, et pour qui cependant l'enseignement primaire est loin de suffire. Ce fait établi, l'auteur a cherché quel était l'enseignement exigé par les besoins de cette classe si importante et si étendue. Il ne s'est laissé entraîner dans cette recherche à aucune vue chimérique, à aucune exagération philanthropique, et s'est toujours renfermé, en traçant le plan d'études, dans les bornes de la nécessité et de la possibilité. Il a examiné ensuite, et avec détail, quelles devraient être l'organisation de de ces écoles, les relations des maîtres et des élèves, le mode et la durée des leçons, etc. Enfin, pour traiter complétement son sujet, et quoique le programme ne l'eût pas exigé, il a indiqué quelques-uns des moyens d'exécution par lesquels il lui semble que de tels établissemens pourraient être fondés et entretenus de nos jours. Cette dernière partie de son ouvrage, plus hypothétique que les trois premières, serait susceptible d'assez graves objections. Mais, dans son ensemble, ce mémoire a paru à la commission très-satisfaisant. Les idées en sont droites, simples, morales et bien ordonnées; un bon sens très-sûr s'y allie à des sentimens philanthropiques et religieux exprimés avec élévation. Enfin, le style, toujours clair et précis, s'anime quelquefois d'une élégante énergie. La commission, d'une voix unanime, lui a décerné le prix. L'auteur est M. Charles RENOUARD, avocat à la Cour royale de Paris, l'un des collaborateurs de la Revue Encyclopédique. — Le mémoire no 5, portant pour épigraphe : Dans l'ordre social, où toutes les places sont marquées, chacun doit

etre elevé pour la sienne, manque de développemens, surtout en ce qui concerne l'organisation et le mode de l'enseignement qui fait l'objet de la question; on y regrette aussi l'absence de vues géné rales qui démontrent la nécessité des établissemens proposés. Mais l'auteur a exposé, avec beaucoup de clarté et de méthode, l'état de l'instruction secondaire dans les divers pays civilisés, sauf les États-Unis d'Amérique. Il s'est particulièrement appliqué à faire connaître les Écoles moyennes de l'Allemagne, qui sont, à beaucoup d'égards, de bons modèles à suivre. Cette portion de son travail contient des renseignemens très-utiles, des idées pratiques assez précises, et prouve qu'il a réfléchi avec soin sur les études nécessaires et convenables pour les classes de la société que le programme a spécialement en vue. Le style en est simple et la composition méthodique. La commission lui a décerné une mention honorable. L'auteur de ce mémoire est M. G.-B. DEPPING, homme de lettres, déjà connu par d'utiles travaux, et l'un des collaborateurs de la Revue Ency clopédique.-Le mémoire no 4 est intitulé : De l'éducation industrielle. -L'auteur est le seul qui n'ait pas proposé, pour l'enseignement dont il s'agit, des écoles uniformes et partout identiques. Il distingue les écoles industrielles pour les villes, de celles qui seraient destinées aux campagnes; et parmi les villes et les campagnes, il distingue encore celles qui sont voisines de la mer de celles qui sont situées dans l'intérieur des terres. Cette classification le conduit à des vues d'application exactes et bien déduites. Il désire que les nouveaux établissemens soient confiés à des corporations religieuses, et que l'enseignement mutuel en soit banni. Il aurait dû donner plus de développemens à ses idées sur ce sujet; mais il les expose avec une franchise pleine de modération et une piété bienveillante qui annonce autant de vraie philanthropie que de sincérité. Le style, quelquefois un peu déclamatoire, est souvent animé par une chaleur de conviction et une naïveté attachantes. La commission lui a décerné une mention honorable. L'auteur de ce mémoire est M. QUEVET, ancien chef d'institution à Saint-Malo. Quant aux trois autres mémoires dont nous ne rendons point ici un compte particulier, ils ne manquent point de mérite; l'un des trois, coté sous le n° 2, est même le résultat de vastes et longues méditations. Les deux autres sont fort courts et dénués de tout développement. En général, les auteurs se sont trop écartés des termes du programme, pour se livrer à des généra lités un peu vagues, qui leur font souvent perdre de vue la question proposée. D'ailleurs, deux d'entre eux se sont nommés d'avance, ce

qui eût suffi pour les faire écarter du concours.

Nous ne douton s pas que les mémoires que ce concours a fait naître ne soient accueillis avec empressement par tous les hommes éclairés, et qu'ils ne contribuent à préparer la solution d'une question où la société tout entière est intéressée. Ils prouvent qu'il suffit aujourd'hui d'appeler sur un sujet grave les travaux des amis de la vérité, pour mettre en lumière une foule d'idées et de sentimens patriotiques qui, sans une telle provocation, seraient peut-être demeurés inconnus et stériles. Cela seul est un grand bien, et il appartient à la Société de la Morale chrétienne de recueillir dans son sein tous les germes d'amélioration morale et sociale qui ne sauraient manquer de porter un jour leurs fruits. (Extrait du Journal de la Société. )

Plagiat.MM. les éditeurs du Mémorial catholique ont inséré dans leur no du mois d'octobre 1824, la lettre de Volney à Grimm et la réponse de Grimm à Volney, que j'ai publiées à Paris, chez Potey, libraire, rue du Bac, 1823. In-8° de 20 p. Leur procédé eût été moins blamable, s'ils eussent daigné dans une note rappeler mon nom et celui de mon libraire. BARBIER, ancien bibliothécaire du Roi. Articles de la Revue Encyclopédique traduits dans les recueils étrangers. - Le journal anglais intitulé: The Times, dans son numéro du 9 Octobre, a parlé avec de grands éloges et a cité des passages étendus de l'Essai sur l'origine, les progrès et les résultats probables: de la puissance anglaise dans l'Inde, par M. J.-B. SAY, publié dans la Revue Encyclopédique (t. xx111, p. 281). Ce même morceau a été traduit en anglais et a paru, comme brochure séparée, chez Treuttel et compagnie, à Londres. Il est satisfaisant pour nous que justice soit ainsi rendue aux articles qui enrichissent les pages de la Revue Encyclopédique, et que ce soit par la nation qui est le plus à portée d'apprécier la vérité des faits et la profondeur des vues qu'ils révèlent; mais nous sommes un peu fondés à nous plaindre que ce soit sans faire mention de la source où l'on a puisé ces morceaux remarquables. — L'Anthologie italienne, journal très-estimé qui se publie à Florence, et un nouveau recueil; Annali universali di viaggi, geografia, storia, etc., dont le premier cahier vient de paraître à Milan, ont également traduit en italien et donné à leurs lecteurs, mais en citant la Revue Encyclopédique, les deux dissertations de M. de SISMONDI et de M. J.-B. SAY sur la balance des productions et des consommations. (V. Rev. Enc., t. xx11, p. 264, et t. xx111, p.18.)-Ces traductions et ces extraits des principaux articles de notre recueil, souvent

renouvelés dans les meilleurs journaux étrangers, en Europe et en Amérique (spécialement dans le North american review), sont autant de preuves que nous nous rapprochons davantage, chaque année, de notre but, qui est de rendre communes à plusieurs nations les richesses scientifiques et littéraires de chacune d'elles, et de mettre en circulation les méditations des hommes éclairés de tous les pays, nobles représentans du génie et du caractère national de chaque peuple, qui contribuent, au moyen de la correspondance centrale que nous avons établie entre eux et par leurs communications mutuelles sur des objets d'un intérêt général, à l'avancement de la raison publique et aux progrès de la civilisation. M. A. J. THEATRES.-Théâtre royal de l'Odéon. - Première représentation: le Veuvage et les Fiançailles, comédie en quatre actes et en prose. (Mercredi 27 octobre.)-Le personnage principal de cette pièce est un certain Nebelkopf, professeur allemand, grand faiseur de métaphysique et de pathos, qui commence ordinairemant ses phrases, sans savoir comment les achever, parce qu'il ne se comprend pas lui-même, et dont la tête, comme son nom l'indique ( Nebelkopf signifie tête de brouillard), est pleine de sottises et de rêveries. Cet Allemand est placé au milieu de Français qui sont encore moins sages que lui; c'est un M. Bardois, antiquaire renforcé, qui parle de la Taprobane et du samskrit, et prend des assiettes de la manufacture de Morin, à Dax, pour de précieuses antiquités; c'est une dame Bardois qui ne rêve que romantisme et sentimentalité ; c'est une dame Dorbelle, folle de botanique, et qui ne saurait dire un mot sans parler de plantes exotiques. Toutes ces peintures sont chargées, sans comique et sans originalité; les incidens imaginés par l'auteur ne sont ni plus gais, ni plus neufs. Nebelkopf s'est impatronisé chez les Bardois, qui sont en admiration devant lui, et il veut épouser Euphrosine leur fille. Les choses sont déjà fort avancées, les préparatifs sont faits, les présens sont donnés, et dans la journée même on doit partir pour Porentrui, où Nebelkopf a une terre, et où la cérémonie doit se célébrer. Cependant, notre Allemand n'est pas sans inquiétude, il a deux enfans d'un premier mariage, circonstance qu'il a soigneusement cachée dans la maison Bardois; car, si l'on savait qu'il est veuf et père de famille, tout serait rompu. En second lieu, on attend incessamment un certain Jacques, oncle de la jeune personne, qui revient d'un long voyage', et comme c'est le seul personnage raisonnable de la famille, il est probable qu'il tâchera de faire éconduire Nebelkopf, d'autant plus qu'il protège le jeune Plainval, amant et de plus cousin d'Euphrosine, et auquel, depuis quelque tems, les Bardois ont fermé leur

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porte. Nebelkopf n'est pas en veine; Jacques arrive en effet, son protégé accourt sur ses pas et se raccommode avec la petite cousine; et, pour comble de malheur, la personne à laquelle Nebelkopf avait confié ses enfans étant morte, on les lui ramène; il n'a que le tems de les cacher dans son appartement. Nous sommes ici à la fin du second acte. Au commencement du troisième, Nebelkopf obtient de Mme Bardois que rien ne sera changé à leurs projets, et qu'on partira le jour même pour Porentrui; mais le public, moins accommodant que Mme Bardois, n'a pas voulu entendre parler du voyage, et s'est montré peu curieux d'en savoir davantage. L'impatience manifestée dès la première scène a toujours été croissant, et il a fallu baisser la toile au commencement du troisième acte. Nous n'ajouterons point, par nos observations, à la dureté d'une leçon si sévèrement donnée par les spectateurs; malheureusement, nous partageons l'avis du public, et nous ne pourrions rien dire à l'auteur qu'il n'ait déjà trop bien compris à la demi-représentation de sa pièce. C'est un homme d'esprit et de talent, qui s'est fait connaître par plusieurs ouvrages justement applaudis, mais qui cette fois s'est complétement trompé ; et qui cependant, nous n'en doutons pas, prouvera, dès qu'il le voudra, qu'il sait faire autre chose que des intrigues rebattues et des caricatures usées, et que, pour se venger d'une chute, il a plus d'un succès à sa disposition.

X*.

NÉCROLOGIE. VAN THOL, ancien libraire hollandais, bibliographe laborieux, est mort, le 23 mars 1823, dans un âge très-avancé. Durant la révolution, il fut conservateur du dépôt de livres provenant des bibliothèques de couvens supprimés, que l'on avait formé à Corbeil; ensuite, le dépôt de l'église des jésuites, rue Saint-Antoine, fut confié à ses soins, jusqu'à ce que ces richesses littéraires pussent être employées d'une manière utile. M. Van Thol s'acquitta de ses devoirs avec zèle, intelligence et succès. Au milieu des occupations pénibles dont il ne négligeait aucun détail, il travaillait à un Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes publiés en français. Cet ouvrage n'ayant pu paraître avant celui de M. Barbier, sur le même sujet, l'auteur y avait renoncé; mais, lorsqu'il fut question de réimprimer le livre de M. Barbier, M. Van Thol consentit à un arrangement pour y insérer les articles qu'il avait rédigés, en les distinguant par les initiales V. T. Ainsi, les travaux du savant hollandais ont trouvé la destination qui leur convenait le mieux.

Z.

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