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de M. Guizot Je veux cela, rien de moins, rien de plus.

Après quelques nouvelles explications de M. Thiers et une réplique de M. Janvier, le ministère fut défendu de rechef par M. Piscatory, qui, en dirigeant une attaque toute personnelle contre la conduite de M. de Lamartine vis-à-vis de la Cour, provoqua de la part de ce dernier une éloquente justification. M. de Mornay revint à la question en exprimant son adhésion au système du Cabinet.asia tabas pa

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La discussion devenait languissante, lorsque l'attention de la Chambre fut réveillée par la présence de M. GarnierPagès à la tribune. Suivant l'honorable député de la Sarthe, on ne pouvait point, sur des mots sans garantie, décider que l'on avait confiance dans un Cabinet composé d'éléments divers et dont les membres n'avaient pas pu toujours tenir parole.

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Si le mot de transaction était une chose, ajoutait l'orateur, si le centre gauche était venu dire à la gauche: Vous voulez telle réforme dans une large proportion (je ne parle pas de la réforme que je veux, moi, je parle de la réforme que les autres veulent). Si on leur avait dit, par exemple: Vous voulez 600,000 électeurs, nous vous en donnerons un certain nombre, il y aurait eu transaction, parce que c'est là la seule question qui vous sépare; mais si on leur dit : Vous voulez quelque chose, et nous ne voulons rien; oh! assurément il n'y a pas de transaction, il y a abandon des exigences de l'une des parties en faveur de l'autre. »

M. Garnier-Pagès examina également la composition du Cabinet, qui, tout en se proclamant Cabinet d'opposition, était en réalité composé d'hommes qui pendant huit ans n'avaient fait que soutenir les actes du pouvoir. Comment se faisait-il, d'autre part, que le ministère eût contre lui ceux pour qui il avait tout fait, et précisément pour lui ceux pour qui il n'avait rien fait encore et pour qui il ne promettait pas de faire quelque chose? C'est que pendant l'alliance de ses membres avec les hommes de l'ancienne majorité, au lieu d'arrêter la réaction, comme ils le

prétendaient, ils l'avaient précipitée, par exemple, à la présentation de la loi de disjonction. En effet, le ministre actuel des travaux publics ne l'avait-il pas appuyée ? n'avaitil pas plus tard reproché à M. Molé d'avoir retiré la loi d'apanage? Le ministère avait rappelé son amour pour la révolution de juillet; un acte était nécessaire pour rétablir cet amour. L'orateur ne venait demander ni la réforme électorale, ni le rapport des lois de septembre : il n'eût été ni juste, ni raisonnable, ni possible de le demander, ajoutait-il ironi. quement; mais une proposition avait été faite pour interdire les emplois publics aux députés pendant la législature; en rejetant la proposition, on avait néanmoins reconnu qu'il y avait quelque chose à faire; ce quelque chose le ministère devait l'accomplir. L'état de la presse réclamait également d'importantes modifications; sans doute il fallait la punir lorsqu'elle faisait mal; mais il fallait aussi lui laisser la liberté, ne pas confisquer sa propriété; il était également sage et pressant de réformer cette prescription qui fixait à sept voix contre cinq la majorité dans les arrêts du jury. M. Garnier-Pagès proposait à M. Thiers d'imiter M. de Martignac ; autrement, il tombait dans le pire de tous les systèmes : le système de bascule de M. Decazes. Revenant de nouveau à la composition du Cabinet:

• Croyez-moi, n'appliquez pas cette phrase que vous avez prononcée dans d'autres temps; ne dites pas : « Cela porte malheur!» ne dites pas : « Les hommes sans les choses! » Les choses peuvent s'abandonner.

» Je crains que vous n'ayez dit cela, et que vous n'ayez été trop écoutés. » Si je regarde sur ces bancs, j'y vois des hommes qui voulaient des choses que sans doute ils ne veulent plus. Vous leur avez offert des portefeuilles en leur disant : « Jusqu'à présent votre politique a été fort exigeante; vous vous placiez d'un côté, et vous ne consentiez pas à vous placer de l'autre : nous vous acceptons. » Et ils se sont donnés ; sans doute ils ont cru amener les choses avec eux. S'il en est ainsi, ce n'est donc pás un ministère centre gauche que nous avons aujourd'hui, ce n'est donc pas un ministère Thiers (qu'on me passe l'expression ), c'est le Cabinet Jaubert. Si c'est cela, la gauche doit en être averlie.

» Si, au contraire, ces hommes n'ont pas apporté leurs idées; s'ils ont

laissé les choses en dehors, vous leur
leur avez donc dit : « Le

choses! » Et ils ont accepte,

: Les hommes sans les

Solavez trouv

» Mais vous ne vous êtes pas bornés là: vous avez trouvé des ministres : il vous fallait encore trouver une majorité; alors vous vous êtes tournés de ce côté de la Chambre (la droite), et vous avez dit : «Nous avons vécu avec vous, nous savons que vous êtes plus conservateurs qu'on ne le croit; ; ne nous demandez rien, et nous sommes à vous,

» Je le dis à la gauche, représentée par l'honorable M. Barrot: Deux choses sont essentielles aux partis : la moralité ( et assurément aucune fraction de la Chambre n'a plus de moralité que celle à laquelle je m'adresse) et l'habileté... L'habileté, il ne faut pas seulement en avoir, il faut encore qu'on le croie. Au 22 février vous avez compté sur des progrès, et vous avez été b bienveillants; ces progrès ne s ne sont pas venus; votre répulation d'habileté en a, ce me semble, subi quelque atteinte. Faites en sorte que l'avenir ne soit pas encore plus grave que le passé. Vous vous livrez sans condition, vous n'amenez pas les choses avec vous ; vous les réservez pour T'avenir. Prenez-y garde, le pays se dira peut-être un jour : « Ceux-là qui ne sont pas assez habiles pour se conduire ne sont pas assez habiles pour nous conduire nous-mêmes.

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Enfin, M. Garnier-Pagès discutait ce dilemme posé par la commission: le ministère du 1er mars ou la dissolution. Si cette conséquence eût été probable, c'eût été pour lui une raison de plus de voter contre le Cabinet. Les électeurs actuels, éclairés comme ils l'avaient été depuis deux ans, s'apercevant que le triomphe de la coalition n'avait amené nilanarchie, ni la guerre, assureraient le triomphe de la gauche.

M. le ministre des travaux publics fit valoir quelques considérations qui tendaient à expliquer les divergences qui avaient pu, dans le passé, séparer sa politique de celle de M. Thiers, et les sympathies qui avaient dû l'en rapprocher; et après avoir entendu M. de Lamartine, qui pour la troisième fois était appelé à la tribune; M. Teste, qui défendit l'administration du 12 mai, comme essentiellement parlementaire; M. Chegaray, qui interpellait le ministère sur la révision des lois de septembre et la réforme électorale; enfin, M. le président du Conseil, qui devait une réplique à cette interpellation; la Chambre prononça la clôture de la discussion générale, et passa à l'examen des articles.

M. Dangeville proposa à Particle 1 un amendement qui portait une réduction de 100,000 francs; cet amendement subit l'épreuve du scrutin secret et fut rejeté. Les. deux articles du projet furent successivement adoptés, et dans le vote sur l'ensemble de la loi, 246 boules blanchescontre 160 boules noires, constatèrent le premier succès du Cabinet.

Chambre des Pairs.

Restait encore à obtenir la sanction de la Chambre des pairs. Les considérations développées à ́ce sujet par M. le duc de Broglie, rapporteur, différaient sensiblement, en quelques points importants, des explications données à la Chambre des députés par le président du Conseil. Le ministère sortait directement, comme celui qui l'avait précédé, de la lutte engagée l'année précédente, d'abord dans le sein de la législature; puis, devant le corps électoral. Il était l'expression manifeste de l'opposition qui l'avait emporté dans cette lutte, et son avènement prouvait jusqu'à la dernière évidence combien, sous la suprême tutelle du Roi, le jeu de nos institutions, le mécanisme constitutionnel, sous quelque nom qu'on le désigne, est libre, efficace et régulier. Toutes les dissidences qui séparaient les partis s'étaient évanouies; la fusion avait commencé cependant la conciliation dans les personnes ne devait point entraîner la confusion dans les choses: la transaction devait avoir ses principes, ses règles, ses limites. Point de changement dans nos institutions fondamentales; ainsi, ajournement indéfini de toute réforme électorale, et dans la distribution des emplois, point de réaction, point de destitution pour cause politique. Sur la question de savoir quelle serait la nature du concours, ses conditions, ses limites; deux opinions avaient partagé la commission : la minorité estimait à propos de vivre avec le ministère, en quelque sorte au jour le jour, attendant ses actes et sans rien présumer; ce n'étaient point les desseins du ministère qui l'inquiétaient ; c'étaient les conditions de son existence; il mar

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chait sur un terrain glissant, et courait risque d'être entraîné. Pour qu'un état de choses inspirât confiance, il fallait que le point d'appui du pouvoir se trouvât placé dans les intérêts conservateurs, là où l'esprit de modération prédominait; là où se rencontraient les habitudes paisibles et réglées, le contentement du présent, l'appréhension du désordre et des nouveautés qui l'enfantent, une certaine bienveillance naturelle envers l'autorité. Tels n'étaient pas les raisonnements de la majorité de la commission le ministère est nouveau; il n'a rien fait jusqu'ici que de très-simple et de très sage; la confiance à laquelle il aspire est nécessairement conditionnelle, elle ne peut s'adresser encore qu'aux principes qu'il professe (ses principes sont bons, on en convient), aux intentions qu'il manifeste (ses intentions sont droites), aux vues qu'il annonce (ses vues sont raisonnables). A l'égard d'un ministère qui commence, la confiance se résout en espérance et en bienveillance; on craint qu'il n'ait pas la forcé d'exécuter ses résolutions raison de plus pour la lui donner. L'honorable rapporteur concluait donc à l'adoption du projet de loi.

La discussion, qui s'ouvrit le 14 avril, ne fut guère que le développement des deux opinions qui s'étaient manifestées dans le sein même de la commission. MM. de Morogues, Villiers du Terrage, Boissy-d'Anglas, de Brigode, de Noailles, Brandeau, Thiers à plusieurs reprises, Villemain, de Boissy, Mérilhou, Cousin, Viennet, Montalembert, d'Alton-Shée, 'Daunant, de Rémusat, de Broglie prirent successivement la parole, et il résulta des nouvelles explications données par les organes du Cabinet, qu'il acceptait le rapport de la commission comme l'expression exacte de ses opinions et de ses vues, et comme le programme de sa politique. En définitive, la pairie vota le projet de loi à une majorité de 90 voix: 143 contre 53. (16 avril).

Chambre des députés. Le ministère sortait à peine de ces débats à la Chambre élective, qu'une difficulté impré

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