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La doctrine que nous établissons ici, quoique presque universellement admise en philosophie, semble bien dure au premier abord. Ce Dieu qui conduit le monde par des lois générales inflexibles, ne perdil pas en bonté ce qu'il gagne en grandeur? On l'amoindrirait peut-être en le rendant accessible à nos vœux et à nos prières; mais à coup sûr, on le rendrait plus aimable. Pourquoi éloigner Dieu de nous au point de nous le rendre inaccessible? Cette prétendue perfection rêvée par la métaphysique, si on la poussait un peu loin, aboutirait à un Dieu solitaire, étranger au monde et à l'homme. Tel n'est pas Dieu, puisqu'il a voulu créer. La certitude de la création ne doit-elle pas tempérer la doctrine de l'immutabilité? Si Dieu a pu créer l'homme sans déchoir, ne peut-il s'occuper de lui avec la sollicitude d'un père, guider chacun dans la route de la vie, fournir des encouragements et des secours, et faire plier au besoin les lois qui règlent la nature physique, quand les nécessités du monde moral, bien autrement graves, l'exigent? On prend beaucoup de peine pour montrer que Dieu s'occupe du monde et qu'il le dirige cette doctrine, en effet, est celle qui nous importe le plus; mais à condition que ce Dieu agissant nous aime, nous écoute, nous protége, nous soutienne. Il n'est pas en notre pouvoir de nous contenter d'une protection qui ignore les individus et ne considère que les espèces. Nous réduire à cet isolement, à cette indifférence, c'est nous

ôter le Dieu, la Providence, le Père qu'on nous avait donné.

Ces plaintes sont injustes. Elles méconnaissent la doctrine qu'elles veulent combattre. Dieu connaît chacun de nous par son nom, et assiste à toutes nos œuvres. Il ne nous regarde pas avec indifférence, car il est l'amour. Mais il ne change pas pour nous ses lois, parce que ses lois sont l'œuvre de son intelligence, et ne peuvent pas varier au gré de nos désirs mal réglés et de nos frivoles passions. Il nous a donné le monde, puisqu'il est évident que nous régnons dans la sphère où nous sommes placés. La puissance de transformation qu'il nous a concédée sur les forces physiques est telle qu'après trois mille ans de civilisation, nous n'en connaissons pas encore la limite. Enfin, ce qui prouve qu'il n'est pas indifférent à la marche de la société, c'est qu'il a établi la loi du progrès, et ce qui prouve qu'il n'est indifférent aux intérêts d'aucun de nous, c'est qu'il nous a réservés à la vie bienheureuse, et qu'il nous a donné dès cette terre tous les instruments qu'il nous faut pour opérer notre salut'.

Ici-bas le devoir; le ciel après cette vie: voilà ce

1. Dans les Dissertations d'Arrien, Jupiter se justifie d'avoir placé Épictète dans une condition si misérable: «O Épictète, si cela avait été possible, je t'aurais fait libre. Je t'ai du moins donné le pouvoir de penser et de vouloir. Avec cela tu ne dépends de personne. » Et l'esclave répond : « Je suis content; je remercie les dieux. »

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que Dieu nous a donné. Que pouvait faire de plus pour nous un Dieu et un père?

Nous nous plaignons de la route. Cette plainte est une lâcheté. Qu'importe que nous soyons déchirés par les ronces, si nous sommes sûrs d'atteindre le but? O la honteuse, ô la lâche querelle! Il y a une chose qu'il faut connaître : c'est la souffrance. Il a une qu'il faut ignorer: c'est la souillure. Que le nom de Dieu soit béni!

y en

TROISIÈME PARTIE

L'IMMORTALITÉ

que Dieu nous a donné. Que pouvait faire de plus pour nous un Dieu et un père?

Nous nous plaignons de la route. Cette plainte est une lâcheté. Qu'importe que nous soyons déchirés par les ronces, si nous sommes sûrs d'atteindre le but? O la honteuse, ô la lâche querelle! Il y a une chose qu'il faut connaître : c'est la souffrance. Il y en a une qu'il faut ignorer: c'est la souillure. Que le nom de Dieu soit béni!

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