Immagini della pagina
PDF
ePub

ment de pénitence. Par ce sacrement, l'Église tient en quelque sorte les clefs du ciel et celles de l'enfer, et elle devient maîtresse souveraine des volontés. Il n'importe pas à notre dessein d'examiner ici les effets des autres sacrements; nous nous bornerons à les mentionner le baptême, qui efface la tache originelle; la communion ou l'eucharistie, sacrement mystérieux dans lequel le catholique, en mangeant du pain, reçoit le corps même de Jésus-Christ; l'ordre, qui imprime le caractère de prêtrise; le mariage, qui consacre et rend indissoluble l'union de l'homme et de la femme; la confirmation, qui confère la plénitude du Saint-Esprit; l'extrême-onction, qui ne s'administre qu'au moment de la mort, dernier secours accordé par l'Église à ceux qui vont paraître devant Dieu. Ainsi elle prend le fidèle dans son berceau et ne le quitte qu'à la mort, l'unissant à Dieu et à elle par tous les liens de l'amour et de la crainte, tenant sous sa tutelle son esprit et sa volonté, ne lui laissant de liberté que pour les choses indifférentes, et lui imposant non-seulement la lettre écrite de son symbole et de ses règles, mais l'autorité toujours présente d'un confesseur.

déjà modérées, mais toujours plus insupportables que toutes celles. de cette vie. Notre extrême délicatesse ne peut encore souffrir ce tempérament; et voici que le Sauveur se relâche enccre Il fait une troisième commutation des peines que nous avions méritées. Il change les anciennes austérités en quelques jeûnes, quelques stations, des prières et des aumônes. » Bossuet, Sermon pour la circoncision de Notre-Seigneur.

Si de ces points fondamentaux nous descendions aux moindres détails, nous trouverions partout le même esprit. Non-seulement les sacrements sont conférés dans les formes, avec les cérémonies prescrites, et par des paroles sacramentelles; mais tous les détails du culte sont réglés avec la même précision. Les hommes doivent paraître à l'Église la tête nue, et les femmes la tête couverte. On doit prier Dieu à genoux. On doit entendre debout la lecture de l'Évangile. Le prêtre, pour dire la messe, doit porter un costume minutieusement réglé dans toutes ses parties. Le cérémonial lui indique quand il doit se tourner vers l'autel ou vers les fidèles, quand il doit lever les mains ou les abaisser. Toutes les prières qu'il prononce sont également fixées, et l'heure où il doit les dire, et la posture, et s'il doit les psalmodier, ou les chanter, ou les prononcer à voix basse. Il est rarement permis aux simples fidèles d'improviser des prières. L'Église recommande surtout un certain nombre de prières qu'elle fournit toutes faites, parmi lesquelles le rosaire et les litanies ne sont guère que la répétition constante des mêmes formules. Elle va même, pour rendre son unité et son universalité plus manifestes, et en même temps pour humilier la raison et ne laisser aucune place à ce qui constitue l'individualité, jusqu'à conseiller dans beaucoup de cas et à prescrire dans certains autres l'usage d'une langue que l'immense majorité des fidèles ne comprend pas. Enfin, elle autorise et elle encourage des pratiques dévotes,

telles que les macérations, les ex-voto, les actes exceptionnels d'humilité, les neuvaines, les processions, les pèlerinages, pratiques auxquelles elle attache souvent des indulgences, c'est-à-dire la remise d'une portion des peines du purgatoire. Ce tableau trèsincomplet de la discipline catholique suffit pour nous en remettre sous les yeux les principaux points, et pour nous montrer combien toutes les parties de la religion catholique sont étroitement unies entre elles..

En effet, les mystères humilient la raison, la rendent impuissante, obligent de recourir aux interprétations de l'Église. Le péché originel, la rédemption, la grâce, expliquent, nécessitent l'usage des sacrements. Le dogme de l'intervention directe de la Providence dans les affaires humaines, entraîne toutes les pratiques dévotes, les neuvaines, les prières recommandées, les chapelets bénits, les scapulaires. Le paradis et l'enfer servent d'auxiliaires à toutes les prescriptions de l'Église. Le prêtre n'est pas seulement un docteur, un prédicateur, un modèle; il a des pouvoirs surnaturels. Il paraît, dans le sacrifice de la messe, comme un intermédiaire entre les deux mondes.

Comme nous avons négligé toute discussion historique, nous rejetons aussi tout ce qui importe moins à notre but, et par exemple les rapports de l'Église catholique avec le pouvoir temporel, les tendances de son clergé dans les affaires moins essentiellement ecclésiastiques, l'importance que lui donne le vœu

d'obéissance prononcé par tous les prêtres, le droit d'enseigner du haut de la chaire, l'autorité que le caractère épiscopal communique à ses instructions pastorales et à ses mandements. Nous ferons seulement une remarque sur laquelle tout le monde sera d'accord; c'est qu'il y a dans son culte quelque chose de pompeux et de naïf à la fois, qui émeut et qui transporte. Les descriptions de l'Italie sont toutes pleines de la magnificence de Saint-Pierre de Rome; et tout le monde sait que, dans le dernier village catholique, quatre murs de pierres blanchis à la chaux, quatre planches de sapin pour autel, une branche de buis dans un bénitier, suffisent avec un vieux prêtre et un enfant à demi vêtu, pour rendre le culte imposant et touchant. Il y a dans toutes les fonctions catholiques une image vive de la présence de Dieu et de la piété des hommes; et ces chants, ces rites, ces costumes, dans notre société réaliste, qui n'a plus ni formalités, ni traditions, tranchent si vivement avec tout le reste, qu'on ne se sent plus le même homme en leur présence. Il est difficile de ne pas oublier Dieu partout ailleurs; et il est difficile, dans une chapelle catholique, de ne pas s'en souvenir.

Nous parlons, dans tout ce qui précède, de ce qui est essentiel à la religion catholique; et nous allons parler maintenant de tendances qui ne peuvent être imputées ni à son dogme ni à sa discipline, et qui tiennent à ce qu'il y a de nécessairement humain dans

toute religion, de l'aveu même des fidèles. Or, il arrive à certains catholiques, accoutumés à mettre l'autorité de la foi au-dessus de l'autorité de la raison, d'aller jusqu'à traiter d'impiété toute doctrine qui n'est pas née dans le sein du catholicisme et soumise à l'autorité des docteurs orthodoxes. Ils contestent à la raison tous ses droits, et parce qu'ils ne peuvent admettre la liberté dans l'Église, ils ne veulent pas la tolérer au dehors. L'obligation de respecter partout la lettre et la formule, pousse quelques fidèles à donner une efficacité superstitieuse à des pratiques de piété qui n'ont pas le caractère sacramentel. Une fois sur cette pente, il est à craindre qu'ils n'en viennent à matérialiser en quelque sorte une religion dont le caractère propre est l'idéalisme le plus élevé. Le nom de Dieu perd de sa sainteté pour être répété trop souvent; l'église devient familière, elle n'inspire plus le respect; la prière dépasse à peine les lèvres; les œuvres pies, contre le texte formel de l'Évangile', remplacent les bonnes œuvres; les pratiques d'humilité tournent à l'orgueil et à la satisfaction de soi-même; on quitte le chevet d'un malade pour assister à une messe; on oublie le devoir de charité, le premier

1. «Tous ceux qui me disent : « Seigneur! Seigneur! » n'entreront pas dans le royaume des cieux; mais celui qui fait la volonté de mon père qui est dans le ciel, celui-là entrera dans le royaume des cieux. » Ev. selon S. Math., chap. vii, vers. 21.

<< Laissez là votre présent devant l'autel, et allez d'abord vous réconcilier avec votre frère; et alors vous viendrez offrir votre présent. » Ib., chap. v, vers. 24.

« IndietroContinua »