duplicatio et duplicitas. Rien d'un autre côté ne prouve que natine vienne d'un nominatif natiu, qui ne se trouve nulle part1. Je pense qu'il faut admettre un suffixe ina, pareil au suffixe que nous avons en latin dans medicina, doctrina, disciplina. Un tel suffixe, qui sert à former des noms abstraits2, a trèsbien pu être employé pour désigner des quantités numériques. C'est ainsi que nous disons en français une neuvaine, une dizaine, une centaine, noms qui dérivent des mots latins comme centena, novena. Il y a seulement cette différence entre le ina latin et son frère ombrien, que celui-ci suit la cinquième déclinaison, et non la première. Nous rencontrerons dans la suite d'autres substantifs qui se fléchissent d'après la cinquième déclinaison'; je rappellerai seulement ici le nom sabin Neriene qui a la même formation. — Quant à la première partie du mot, j'éprouve quelque scrupule à la tirer de triplus ou triplex. Les mots tupler tripler se trouvent sur nos tables (V a 19, 29), sur VI b on a deux fois dupla, et III, 14 on a tuplak. Tous ces mots présentent un let non un r. Je préfère donc supposer un adjectif tribricus « triple» venant de l'adverbe trioper, trijuper, qui signifie « trois fois » : l'affaiblissement du p en b devant le r a déjà été constaté dans subra et le sera dans cabriner, abrons. Comohota est l'ablatif féminin d'un participe équivalant au latin commotus. L'orthographe oho pour ó est connue. Kirchhoff a donné les exemples qui prouvent que commovere était également employé en latin, dans la langue du rituel, pour signifier « offrir.» Caton, De R. R. 134: Priusquam porcam fœminam immolabis, Jano struem commoveto sic: Jane pater, te hac strue commovenda bonas preces precor.... Postea Jano vinum dato sic: Jane pater, uti te strue commovenda bonas preces bene precatus sum, ejusdem rei ergo macte vino inferio esto.... Les verbes movere et obmovere avaient le même sens. 1. Bugge (ZK. XXII, 431) croit découvrir trois nominatifs de ce genre en osque; ce sont: úíttiuf, tribarakkiuf, fruktatiuf, tous trois employés sur la table d'Abella. Il y voit des substantifs féminins en ion, ayant s pour désinence au nominatif, et changeant le groupe ns en f. Nous croyons que cet argument n'est pas de ceux qui emportent la conviction. 2. Ce même suffixe est très-employé en osque; mais il est du neutre : tanginúd, medicatinom. 3. Uhtretie, kvestretie, Jovie, etc. Buo(m) correspond à bo(v)um. Pihaclo(m) est un génitif pluriel formé comme les génitifs latins en um, tels que nummum, deum, sestertium. - Peracnio(m) ne peut guère être considéré que comme une faute pour peracrio(m), car l'épithète ordinaire de pihaclu, dans le passage qui précède, a toujours été peracrei. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas aussi un adjectif perakne nous le rencontrerons souvent dans la suite. Mais il a un autre sens et ne serait pas à sa place ici. Peracriom est un exemple du génitif pluriel des thèmes en i. TRADUCTION. (VI a 54) Die Grabovie, te oblata trinitate boum, ambarvalium piaculorum, (55) pro colle Fisio, pro civitate Iguvina, pro ejus (collis) nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Die Grabovie, te invocavi. (VI a 55) Tases persnimu (56) sevom. Surur purdovitu proseseto; naratu; prosesetir mefa spefa ficla arsveitu. Arvio setu. Este (57) esono. Heri vinu, heri poni fetu. Vatuo ferine fetu. (I a 3) Arvia ustentu. (4) Vatuva ferine feitu. Heris vinu, heri puni (5) ukriper Fisiu tutaper Ikuvina feitu. Sevum (6) kutef pes nimu. Aḍepes arves. La concordance entre les deux textes reprend ici. Mais les prescriptions ne sont pas disposées dans le même ordre sur les deux Tables. Nous continuerons à suivre VI, en rapprochant les variantes de I. Per Tases persnimu sevom. Sevum kutef pesnimu. snimu, écrit ailleurs persnihimu ou persnihmu (ce qui indique que la seconde syllabe est longue), ou pesnimu, est une forme très-fréquemment employée. Dans des phrases similaires, persnimu alterne avec des impératifs en tu; on a, par exemple esoc persnimu vestis (VI b 6, 25) et ailleurs eso naratu vesteis (VI a 22). Ou encore : ennom persclu eso persnimu (VII a 34), et un peu plus haut: ennom persclu eso deitu (VII a 20). Ou enfin suror persnimu puse sorsu (VI b 37) et suront naratu puse verisco Treblanir (VI b 44). Ces rapprochements, déjà faits par Aufrecht et Kirchhoff, prouvent : 1o que persnimu est un impératif ; 2° qu'il a un sens approchant de naratu« qu'il récite », deitu « qu'il dise. » Les mêmes auteurs, continuant leur analyse, remarquent que persnimu accom- pagné du régime direct esoc « hoc » se trouve souvent devant des formules de prières (par exemple, VI b 6), d'où l'on peut inférer la signification : « qu'il prie. » Il faut maintenant ex- pliquer la forme grammaticale. Aufrecht remarque que quand il y a un sujet pluriel (par exemple, VII a 47), la forme employée est persnimumo. Ce redoublement de la désinence (mu+mo) est semblable à ce qui se passe pour les impératifs comme etu, fertu, habetu, stahitu, tursitu, qui ajoutent au plu- riel une, syllabe ta, tu ou to: etuto (etuta, etutu), fertuta, habituto, stahituto, tursituto (tusetutu). Si l'on se rappelle qu'en latin l'impératif des verbes passifs et déponents emprunte par- fois ses formes au participe (famino, antestamino, amamini1), on est amené à voir dans persnimu (pour persnimnu) le parti- cipe à signification impérative d'un verbe déponent. Ce qui confirme cette hypothèse, c'est qu'on trouve (VI b 39, 40): pue pesnis fust « ubi precatus fuerit », pesnis étant pour pesnitus comme on a vestis pour vestitus. Cet exemple prouve que le verbe en question emprunte quelquefois les formes du passif, tout en gardant la signification active. Quant à l'ori- gine du mot, nous supposons que le verbe perse « demander, prier, » devenu pers, a formé avec le suffixe ni un substantif persnis « prière » de là un analogue aux verbes latins finire, munire, punire 2. - Les impératifs pareils à persnimu ne sont pas rares on a amparihmu à côté de amparitu, spahamu ou spahmu à côté de spahatu, anovihimu, stahmu ou stahamu. Quant au redoublement servant à marquer le pluriel, je n'y puis voir autre chose qu'une imitation du redoublement de Tases', écrit sur les anciennes tables taçez (p. ex. I a 26), est un participe passé comme pihaz et vesteis. Nous avons le souvent remplacé, comme il l'est ici, par kutef'. Aufrecht, - Viennent ensuite sur VI a trois propositions coordonnées renfermant chacune un impératif. Surur a déjà été analysé comme conjonction signifiant « là-dessus, alors3». — Pur- dovitu, sur les anciennes Tables purtuvitu, purtuvetu, vient du verbe duo « donner » fléchi d'après la conjugaison faible, à peu près comme si nous avions en latin un verbe duire, et du préfixe pur qui se trouve en latin dans porten- dere, porrigere. On a du même verbe le futur purtuvies où l'on remarque le même dédoublement de l'u en uv. Je regarde l'o de purdovitu comme une modification analogue à celle qui fait qu'on a indifféremment tuer et tover au génitif du pronom 1. Voy. I a 10, 13, 19, 23, I b 3, 7 = VI a 59, VI b, 2, 4, 20, 44, 46. Cela n'em- pêche pas que les anciennes Tables emploient aussi à l'occasion taçez. 4. On trouve plusieurs fois le s surmonté de la barre, en vieil ombrien 5. Voy. Brisson, De formulis, p. 28. Hartung, Die Religion der Römer, I, 162. tur in sacris, quæ inferuntur aris. Proseseto est le régime de purdovitu. Naratu nous est déjà connu comme un verbe signifiant << parler, dire1». Ici il a à peu près le sens du latin << declarare, nuncupare ». Le sens du passage est qu'au mo- ment où l'on offre les proseseta, on doit les déclarer en bon état. Ordinairement un adjectif tel que sevakne « justum » ou purtifele « pollucendum » est joint au verbe. Ainsi III, 27: ti- çlu sevakni teitu « litationem justam dicito». De même II b 24, où l'on immole un veau tacheté (vitlu vufru), l'in- scription prescrit que le sacrificateur dise: Jupater Saçe, tefe estu vitlu vufru sestu « Jupiter Sance, tibi istum vitu- lum varium sisto». Puis le texte ajoute: purtifele trijuper teitu, trijuper vufru naratu « pollucendum ter dicito, ter varium nuncupato ». De même encore II b 7: si perakne sevakne upetu; eveietu; sevakne naratu « suem de- bitam justam præstato; -to; justam nuncupato. » Cf. II b 11. L'absence d'un adjectif de ce genre dans le passage qui nous occupe ne doit pas nous empêcher de prendre le mot naratu dans le même sens : la langue du sacrificateur, comme celle de toutes les professions, abrége les locutions reçues; celles-ci n'en sont pas pour cela moins claires pour l'esprit qui est fa- milier avec les opérations ou les objets qu'elles désignent. Une autre manière de traduire consisterait à construire pur- dovitu comme faisant une phrase à part, et à joindre proseseto avec naratu. Mais VII a 42 on a naratu employé sans accom- pagnement d'aucun mot qui puisse être considéré comme son Prosesetir mefa spefa, ficla arsveitu. - Ce dernier mot, écrit adveitu sur les anciennes Tables, se compose du préfixe ad |