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Étit des mœurs

avant Moïse,

Dans quel hon

CHAPITRE XXII.

Lois morales.

1

QUOIQU'ON Vante beaucoup la simplicité des mœurs antiques, il paroît qu'avant Moïse les hommes ne méritoient pas toujours l'opinion favorable qu'on voudroit donner d'eux à cette époque de l'histoire. Nous trouvons, dans la contrée même qu'habitoient les patriarches, des exemples de tous les crimes, et sur-tout des crimes contre la pudeur; de la fornication et de l'inceste dans Thamar, de l'inceste encore dans Ruben et dans Bala et dans les deux filles de Loth, de l'adultère dans cette Bala et dans Abimélech, du violet du rapt dans Sichem, de l'abus du mariage dans Onan, de celui de la nature dans les habitans de Sodome, de la fourberie dans Laban et dans Jacob on y venge d'une manière atroce, sur les Hévéens, une faute que Sichem offroit de réparer, quoique les Hévéens se fussent tous soumis à la condition que les frères de Dina leur avoient imposée.

Des lois morales étoient donc nécessaires. Si neur étoient l'agri elles ne furent pas nombreuses, elles furent

propres à favoriser la vertu. Données à un peuple culture et la vic voué dès sa naissance à l'agriculture et à la vie pastorale. pastorale, puisque des fils du premier homme

que nous offre son histoire, l'un labouroit la

terre,

et l'autre gardoit des brebis, elles encouragèrent toujours ces professions utiles (1). L'orgueil humain ne dédaignoit point encore les travaux qui accroissent nos richesses en fertilisant nos campagnes. Abraham fut pasteur; Isaac le fut comme lui : des troupeaux étoient l'opulence de Jacob; Joseph en soigna long-temps avant de gouverner l'Égypte (2). Moïse avoit l'intendance de ceux de Jéthro; et c'est en les conduisant vers un mont fertile en pâturages, qu'il entendit la voix de l'Éternel sortir d'un buisson enflammé (3). Gédéon, choisi pour délivrer la Palestine de l'oppression des Madianites, est trouvé, par l'ange que le Seigneur lui envoie, battant et nettoyant le blé nécessaire à la subsistance de sa famille (4). Quand les députés de

(1) Genèse, IV, v. 2. Voir dans la Misna, tom. I, P. 109-155, les soins de Moise pour l'agriculture et pour les animaux qui servent au labourage.

(2) Voir la Genèse, chap. XIII, XXIV, XXV, XXVI, XXVII, XXIX, XXXI et XXXVII.

(3) Exode, iii, v. 1 et 2.

(4) Juges, VI, v. 11,

Jabès arrivèrent à Gabaa pour implorer les secours de Saul, ce prince étoit dans les champs, où il dirigeoit les boeufs consacrés au labourage (5). David n'étoit qu'un simple berger, lorsque Dieu l'appela au trône d'Israël (6). Sous le règne même de Salomon, on disoit encore, pour annoncer une vie tranquille : Chacun habite sans crainte à l'ombre de sa vigne et de son figuier; il y mange, il y boit, il s'y réjouit (7). Il est donc naturel que le souverain législateur relatifs à l'agricul- parle fréquemment aux Hébreux de leurs terres ture et aux trou- et de leurs troupeaux. Entendez-le promettre des bénédictions aux observateurs de sa loi : elles

Promesses, menaces et préceptes

peaux.

se rapportent presque toutes à ces deux objets. «On vous bénira, leur dit-il, dans la ville et dans les champs; on bénira vos fruits, vos bestiaux, vos bœufs, vos brebis, vos greniers, vos celliers, et tous les travaux de vos mains. Vous aurez des animaux féconds, des campagnes fertiles; et le ciel, prodiguant ses trésors, versera sur vous une pluie abondante (8). Mais, si vous n'observez pas mes préceptes, vous serez maudits dans la

(5) Reg. XI, V. 4 et 5.

(6) 1 Reg. XVI, V. 11 et 12.
(7) 3 Reg. IV, v. 20 et 25.

(8) Deut. XXVIII, v. 3-12. Lévit. XXVI, v. 3, 4, 5 et 9.

ville comme dans les champs; vos greniers et ce qu'ils enferment, le seront ainsi que vos bœufs, vos bestiaux, les productions de vos terres, tous vos travaux ; la pauvreté, la misère, la rouille des blés et des moissons, fa corruption de l'air, se réuniront pour vous accabler: le ciel sera pour vous d'airain, et la terre de fer; ils vous refuseront également leurs dons et leurs bienfaits; au lieu d'une pluie salutaire, des nuées de cendre et de poussière tomberont sur vous; votre bœuf sera immolé en votre présence, et vous n'aurez aucune part de la victime; vos brebis, tous les animaux que vous posséderez, seront ravis à vos yeux ou livrés à vos ennemis, sans qu'un seul homme songe à les secourir ou à vous les rendre ; les fruits de vos sueurs et de votre industrie, ceux de vos campagnes et d'une longue culture, un peuple inconnu les dévorera; vous semerez beaucoup, et vous moissonnerez peu; vos oliviers seront stériles comme vos vignes; les sauterelles, les vers, une foule d'insectes, s'y attacheront pour les ravager; vous n'aurez plus ni blé, ni huile, ni vin; vos étables et vos pacages seront déserts; vos temples seront abandonnés, et vos cités d'immenses solitudes (9).»

(9) Lévit. XXVI, V.

16-31. Deut. XXVIII, v. 15-40. Les versels

Il ne suffisoit pas d'encourager ou d'effrayer les Israélites par la crainte ou l'espoir de ce que produiroient les térres ou les troupeaux; Moïse leur indiqua plus d'une fois la manière dont il souhaitoit que leurs travaux fussent faits ou dirigés. En relisant ce que nous avons dit de ses lois sur la police rurale (10), on le verra exhorter les Hébreux à ne jamais confondre dans un champ des semences différentes, à ne jamais accoupler des animaux foibles avec des animaux forts, des animaux domestiques avec ceux qui ne le sont pas. Il règle les dédommagemens qui seront dus pour les dégâts causés dans le domaine d'un autre par des animaux qu'on y laisse entrer, par le feu mis aux moissons, ou de toute autre manière. S'occupe-t-il des travaux champêtres ; les animaux des cultivateurs et des bergers, le bœuf et la brebis, fixent sur-tout son attention (1 1). I

51 et suiv.; et quelques-uns de ceux qui précèdent, annoncent encore d'autres malheurs.

(10) Ci-dessus, tom. III, chap. XI, pag. 305 et suiv. Quelquesunes des défenses faitės purent aussi être inspirées par la haine des idolâtres, qui suivoient de telles pratiques. Voir Spencer, II, chap. XVIII; Maimonide, More Nevochim, III, chap. XXXVII; Léon de Modène, part. 1, ch. XIII; Guénée, part. IV, lettre VI, §. 6 et suiv.

(11) Voir l'Exode, chap. XXI, XXII, et alibi.

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