Immagini della pagina
PDF
ePub

publia à Paris, en 1691, une dis- même d'en avoir actuellement sertation in-4o. sur la métropole quelque doute ou soupçon; il de Narbonne, ou l'on fait voir suflit qu'on doive le savoir, et que l'évêché de Perpignan est de qu'on l'ignore par sa faute. Il sa dépendance. (Journal des Sa- n'est pas nécessaire encore d'avaps, 1692, p. 56 de la première voir actuellement le pouvoir de édition et 42 de la seconde.) s'abstenir d'une action mauvaise PÉCHÉ.

pour s'en rendre coupable , il

suffit qu'on se soit mis par sa SOMMAIRE.

faute dans l'impuissance de l'é SI. De la nature du péché.

viter, et qu'on ait pu et dû la S II. Des propriétés du péché.

prévoir. S IN. Du sujet du péché.

2. Le péché n'est péché que S IV. Des causes du péché. parce qu'il est contraire à la loi SV. Des occasions du péché.

éternelle, si par la loi éternelle S VI. Des circonstances du pé- on entend la raison souveraine ché.

et incréée qui existe en Dieu de S VII. Des effets du péché.

de toute éternité, et que Dieu S VIII. Des péchés en particu- consulte nécessairement dans ler.

tous ses desseins. Mais si par SI.

la loi éternelle on entend l'acte Nature du péché.

même par lequel Dieu juge qu'il

faut faire ou omettre une chose, Le péché est proprement et commande de la faire ou de une libre transgression de la l'omettre, le péché est tel antéloi. C'est une action ou une cédemment à cet acte, et à cause omission librement faite contre de son opposition intrinsèque à la loi divine ou humaine; car il la raison souveraine de Dieu, lan'est pas nécessaire pour le pé- quelle, selon notre manière de ché, que la loi violée vienne inn. concevoir, précède l'acte par leinédiatement de Dieu; il suffit quel il commande ou désend qu'elle vienne de quelqu'un de une chose. Le mensonge, par ceux que Dieu nous a donnés exemple, est péché avant que pour nous gouverner. Ainsi la Dieu le défende, parce qu'il est désobéissance à l'Église , ou à contraire à la première vérité tout autre supérieur légitime par sa propre nature, et indéqui commande selon l'ordre de pendamment de toute défense Dieu, est péché, comme la déso- positive. béissance aux lois

que
Dieu nous

Il y a deux choses dans le donne immédiatement par lui- péché; le matériel et le formel. même. Il n'est pas nécessaire Le matériel du péché est la subsnon plus, pour pécher, de con- tance même de l'action considé. naître actuellement que l'action rée précisément en elle-même

que l'on fait est contre la loi, ni comme un être physique. Le

[ocr errors]

formel du péché est l'opposition ou le rapport de difformité qu'a l'action avec la loi éternelle, cette souveraine règle des mœurs. Tous les théologiens conviennent que le matériel du péché est un être positif et réel; mais pour ce qui est du formel, qui le constitue essentiellement, les uns prétendent qu'il consiste dans la simple privation de la rectitude qui est due à l'acte moral, et les autres dans la tendance réelle et positive de cet acte moral à un objet contraire aux règles des mœurs; ou bien, ce qui revient au même, dans un rapport réel de difformité qu'a le péché avec la loi éternelle, ou la droite raison. Saint Bonaventure, Suarès, Contenson, soutiennent ce premier sentiment. Le second est soutenu par Cajetan, Medina, Melchior Canus, Massoulié, Gonet, les théologiens de Salamanque, etc.

:

Ceux qui font consister l'essence du péché dans la simple privation de la rectitude qui est due à l'acte moral, se fondent, 1o. sur plusieurs passages de l'Écriture et des Pères, qui parlent du péché comme d'une privation et d'un rien qui lætamini in nihilo. (Amos, 6, 14.) Ils disent, 2°. que si l'essence du péché consiste dans un être réel et positif, Dieu sera l'auteur propre ment dit du péché, comme il l'est de la bonne action; parce que, comme cause première et universelle, il est auteur de tout être réel et positif.

Ceux qui font consister l'es

sence du péché dans un rapport réel de difformité avec les règles des mœurs, disent, 1o. que quand l'Écriture et les Pères parlent du péché comme d'une privation et d'un rien, ils ne prétendent pas en donner une définition exacte; mais le décrire seulement par ce qui l'accompagne, et qui est plus capable de frapper l'esprit et le coeur. Le péché, en effet, renferme plusieurs sortes de privations; celle de la conformité avec les règles des mœurs; celle du rapport à Dieu comme à la fin dernière; celle de la grâce sanctifiante, etc. C'est à raison de ces différentes sortes de privations que le péché et les pécheurs ne sont rien dans l'être moral; qu'ils ne méritent aucune considération : qu'ils ne sont dignes que du dernier mépris, quoiqu'ils soient quelque chose dans l'être physique, par la tendance réelle qu'ils ont à un mauvais objet.

2o. Ils disent que, dans leur sentiment, Dieu ne sera point l'auteur du péché, parce qu'il ne produira point la tendance. réelle et positive, en tant que contraire aux règles des mœurs, ou sous le rapport de difformité qu'elle a avec la loi éternelle ou la droite raison. Car tout ce qui est être, n'est pas pour cela produit de Dieu sous toutes sortes de formalités et de rapports, puisqu'il y a des formalités et des rapports qui sont hors la sphère de son activité. Et quoique dans un même effet il y ait plusieurs choses inséparablement unies, il ne s'en

[ocr errors]

suit pas que la cause de l'une de un objet mauvais, ou contraire ces choses soit aussi la cause des aux règles des meurs, qui consautres. C'est ainsi que la nature, titue le mal moral, et par

consédans un aveugle, est la cause de quent le péché, parce que cette l'ail quant à la substance, quoi- tendance procède d'une volonté qu'elle ne soit pas la cause de libre, qui veut au moins virtuell'aveuglement, qui vient du lement et indirectement le mal, défaut de la nature. C'est ainsi en tant qu'elle se porte libreencore que l'âme est la cause du ment vers un objet connu commouvement d'une jambe boi- me contraire aux règles des teuse, quoiqu'elle ne soit pas mours; ce qui suffit pour la cause du boitement de cette malice du péché. jambe. De même aussi la cou

S II. leur, l'odeur, la saveur, sont in

Des propriétés du péché. séparablement unies dans une

On entend par les propriétés même pomme, et cependant la yue ne porte que sur la couleur, des péchés leur unité et leur le goût, que sur la sayeur , l'o- distinction, soit spécifique, soit dorat, que sur l'odeur. C'est'ainsi numérique, leur inégalité et

leur connexion. qu'il faut raisonner de la part que Dieu peut avoir au péché. De la division des péchés. Quoique ce qui le constitue es

Le péché se divise, 1o. en orisentiellement soit une tendance ginel et personnel. Le péché oriréelle à un objet mauvais, et ginel est celui qui a passé du que cette tendance réelle soit premier homme à tous ses desunie inséparablement au mal cendans; le personnel, celui que moral; Dieu, qui produit ce qu'il chacun commet par sa propre y a de réel dans cette tendance, volonté. ne produit pas cependant ce 2o. Le péché personnel se souqu'il y a de mal moral, parce divise en péché actuel et habiqu'il ne l'a produit que sous le tuel. L'actuel est une action ou rapport d'être physique, et non une omission contraire aux rèsous le rapport d'être défec

gles des maurs : l'habituel est la tueux et contraire aux règles tache qui demeure dans l'âme des mours; il est même impos- ensuite du péché actuel. sible que

Dieu la produise sous 3o. Le péché actuel se divise ce rapport, parce qu'un tel rap- en mortel et véniel. Le mortel port ne peut avoir qu'une cause est celui qui donne la mort à déficiente, et que Dieu est né- l'âme en la privant de la grâce cessairement et uniquement sanctifiante, qui est la vie de l'âcause efficiente. ( Saint Tho- me dans l'ordre surnaturel, eten mas, in 2. dist. 37. quæst. 2. la détournant de Dieu comme fin art. 2. ad 5. et q: 79. art. 2.) dernière. Le véniel est celui qui

30. C'est la tendance réelle à ne prive point de la grâce sanc

[ocr errors]

tifiante, mais qui diminue seu-
lement la ferveur de la charité.
4. Le péché actuel se divise
encore en péché de commission,
qui consiste dans un acte con-
traire aux règles des mœurs, et
en péché d'omission, qui consiste
dans la privation d'un acte que
l'on doit faire. Le péché de
commission par lequel on fait
une chose défendue, est un vio-
lement du précepte négatif qui
la défend. Le péché d'omission
est un violement du précepte
qui commande de faire la chose
que l'on omet.

5°. Le péché actuel est encore ou charnel ou spirituel. Le charnel est celui qui consiste dans le plaisir de la chair, comme la gourmandise et la luxure; le spirituel est celui qui consiste dans le plaisir de l'esprit, comine l'orgueil, l'envie, etc.

6°. Le péché actuel est encore, ou contre Dieu, comme le blasphême, ou contre soi-même, comme la luxure, ou contre le prochain, comme le vol, l'homicide, etc.

7°. Le péché actuel est encore, ou péché de cœur, comme le désir de la vengeance; ou péché de bouche, comme les injures, la médisance; ou péché d'action, comme la fornication, etc.

8o. Le péché actuel se commet aussi, ou par excès, comme la prodigalité, ou par défaut,

comme l'avarice.

9°. Il y a aussi des péchés d'ignorance, des péchés de faiblesse et des péchés de malice. Les péchés d'ignorance sont ceux

que l'on commet par une ignorance vincible et coupable. On dit que ces péchés sont contre la personne du Fils, auquel on attribue particulièrement la sagesse. Les péchés de faiblesse sont ceux dans lesquels on tombe, étant prévenu et comme emporté par le mouvement de quelque forte passion, par le poids d'une mauvaise habitude à laquelle on a renoncé, ou par la violence de quelque tentation On dit que ces péchés sont contre la personne du Père, auquel on attribue la puissance. Les péchés de malice sont ceux que l'on commet avec une pleine liberté et comme de sang-froid, sans y être engagé, ni par la passion, ni par l'ignorance, ni par l'habitude ou la tentation; en sorte que la volonté s'y porte de son propre mouvement. Ou dit que ces péchés sont contre la personne du Saint-Esprit, auquel on attribue la bonté, opposée à la malice.

10o. On distingue encore les péchés capitaux, qui sont la source des autres, et ceux qui en proviennent; les péchés propres, que l'on commet soi-même, el les péchés d'autrui, auxquels on coopère, soit en les commandant, soit en les conseillant, soit en y consentant, etc.

De l'unité et de la distinction spécifique des péchés.

La distinction spécifique des péchés a sa source dans les différentes sortes d'oppositions qu'ils ont à la loi, et par conséquent

les péchés sont de différente espèce, lorsqu'ils ont différentes sortes d'oppositions à la loi. Or les péchés ont différentes sortes d'oppositions à la loi, lorsqu'ils sont opposés à différentes vertus, ou à différens devoirs de la même verta, ou à la même vertu, d'une façon contraire, ou enfin à la même vertu, d'une façon différente, quoique non contraire. Par exemple, les péchés contre la foi, l'espérance et la charité, sont de différente espèce, parce que ces trois vertus, auxquelles ils sont opposés, sont différentes l'une de l'autre. La magie, le parjure, le blasphême et le sacrilége sont d'espèce différente, quoiqu'ils combattent la même vertu, qui est la religion, parce qu'ils sont opposés à différens devoirs de cette vertu. La prodigalité et l'avarice sont d'espèce différente, parce qu'elles sont opposées d'une façon contraire à la libéralité; savoir, la prodiga lité par excès, et l'avarice par défaut. Enfin le vol, la rapine, la médisance et l'homicide sont d'espèce différente, parce qu'ils combattent la justice en diffé

rentes manières.

De la distinction numérique des

péchés.

Trois choses mettent de la distinction entre les péchés de même espèce, et les multiplient en nombre; savoir, les actes de la volonté par lesquels on se porte au mal; les actes des autres facultés qui servent à exécuter la mauvaise volonté, et la

multitude des choses qui font la matière du péché.

Les mauvais actes de la volonté sont autant de péchés, toutes les fois qu'il se trouve entre eux une interruption morale, qui rompt la liaison, capable de les faire regarder comme n'étant qu'une action; et cette interruption morale entre deux actes de la volonté se trouve, 1°. lorsque après le premier on change de volonté par un repentirou par un acte contraire, Ainsi celui qui, après s'être laissé aller à la haine du prochain, s'en serait repenti, ou serait rentré dans des sentimens d'amitié pour lui, et serait ensuite tombé dans une nouvelle haine contre la même personne, aurait commis deux péchés. 2°. Il y a aussi interruption morale entre deux actes de la volonté, quand, avant le second, le premier a cessé d'être, et physiquement, c'est-à-dire, en lui-même, et virtuellement, c'est-à-dire, par rapport aux mouvemens qu'il a produits dans les autres facultés qui dépendent de la volonté. Mais il faut remarquer que les actes purement inté rieurs, qui ne tendent point à agir

au-dehors, cessent plus facile

ment que les actes extérieurs, qui tendent à agir au-dehors. Les actes intérieurs cessent virtuellement, et par conséquent s'interrompent moralement, par la distraction volontaire, qui détourne la pensée ailleurs; en sorte que celui qui a consenti à un mouvement d'orgueil, et, aussitôt après, a pensé à d'autres choses qui l'ont

« IndietroContinua »