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nant une nouvelle méthode de s'expliquer. Les protestans, qui ont intérêt d'abréger le règne des Pères, ne le conduisent que jusqu'au sixième siècle, c'est ce qu'ils appellent l'âge d'or de l'Église. Les docteurs qui sont venus depuis, ils ne les regardent que comme des sophistes et des partisans de la cour de Rome, qui ne méritent pas, selon eux, d'être traités avec tant de distinction. Mais il ne faut que jeter les yeux sur les livres de la Considération, adressés au pape Eugène in, par saint Bernard, pour juger s'il y avait encore de la liberté dans le douzième siècle de l'Église. On distingue le règne des Pères en trois âges, dont le premier contient les trois premiers siècles de l'Église, le second renferme les trois siècles suivans, et le dernier s'étend depuis le sixième siècle jusqu'au treizième, que la scolastique s'est emparée de nos écoles. Les hérétiques et les catholiques pensent bien différemment touchant l'autorité des Pères. Il s'en trouve de si emportés parmi les premiers, qu'ils ne rougissent pas de traiter les Pères de prévaricateurs dans la foi, et de fauteurs d'hérésies, d'ignorans et d'étourdis indignes d'ètre comparés pour le bon sens aux moindres auteurs profanes. Ils taxent ces grands hommes de ne pas entendre les divines écritures, et d'être bien au-dessous des célèbres protestans qui les ont interprétées de nos jours; sans faire attention que ces nouveaux

interprètes sont redevables de l'érudition dont ils se vantent, aux Pères, qu'ils méprisent, et qui par leurs travaux ont donné occasion à de nouvelles décou

vertes plus étendues peut-être que les premières, mais qui en découlent toujours comme des ruisseaux de leurs sources. Il faut néanmoins rendre cette justice aux protestans, qu'ils n'ont pas tous pensé de même, et que d'Aillé, l'un des ministres qui s'est déchaîné avec plus de fureur contre les Pères de l'Église, a trouvé des censeurs parmi les écrivains de sa communion, qui lui ont reproché de ne s'être servi de ses lectures que pour obscurcir le mérite des Pères et l'état de l'ancienne Eglise. Scrivener, savant théologien de l'Eglise anglicane, prend leur défense contre d'Aillé, dans une apologie qu'il a composée sur ce sujet. Il reconnaît que ces anciens docteurs ne s'abandonnent pas à toute sorte de préjugés, comme l'on fait aujourd'hui ; que leur intention est plus droite et leur charité plus pure que la nôtre; qu'ils ne se piquent point comme nous de disputer de toutes choses; qu'ils ont une intelligence plus parfaite du texte sacré, et une connaissance beaucoup plus étendue des divers sens que la parole de Dieu peut souffrir. Le fameux Jacques Ussérius, archevêque d'Armach en Irlande, ne pardonne point à ceux qui les traitent avec outrage. L'évèque d'Oxford, Jean Fell, dans la préface de sa belle

édition de saint Cyprien, déclare qu'il voudrait, comme un enfant respectueux, couvrir d'un éternel silence les fautes qui leur sont échappées, loin d'être de l'humeur de ceux qui affectent de les découvrir. Grotius les a toujours respectés, et André Rivet, quoique rigide calviniste, ne peut souffrir qu'on les charge d'injures, eux qui ont fondu la glace pour faire passage à des ingrats qui profitent à leur aise des travaux et des sueurs d'autrui.

Les théologiens de l'Église romaine qui ont traité de l'autorité des Pères, sont partagés entre eux sur ce point. Les uns l'ont trop étendue cette autorité, en l'égalant à celle des prophètes et des écrivains sacrés; les autres l'on trop rétrécie, et d'autres enfin en s'écartant de ces deux extrémités, comme il est juste, ont laissé aux Pères l'autorité légitime qui leur est due, sans leur attribuer celle que l'Eglise ne leur accorde pas.

On prétend que l'abbé Fridegise, qui fleurissait au commencement du neuvième siècle, est l'auteur de la première opinion qui égale les Pères aux écrivains sacrés. Le glossateur du décret (dist. 3) est de même avis; et parce qu'on lui oppose des passages de saint Augustin formellement contraires à son sentiment, il répond que cela était bon à alléguer du temps que les écrits des Pères n'étaient pas déclarés authentiques; mais que depuis que l'Eglise les a décla

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rés tels, on doit y ajouter foi jusqu'à un iota.

Alphonse de Castres se moque de cette pensée (advers. hæres. lib. 1, cap. 7. ), Melchior Canus ne la traite pas avec plus d'indulgence après Agobard, ancien évêque de Lyon, qui rejette Fridegise comme un ridicule et un ignorant qui ose élever au rang des prophètes et des écrivains inspirés, je ne sais quels interprètes de l'Écriture; égaler Symmaque à saint Paul, et Dydime à saint Jean-l'Evangéliste. (Melchior Canus, in loc. theologic.)

La seconde opinion touchant l'autorité des Pères est celle du cardinal Cajetan, qui soutient que, sans avoir égard à la qualité des personnes, on ne doit s'arrêter dans l'interprétation de l'Écriture-Sainte, qu'à ceux qui en savent mieux développer le sens et expliquer la lettre. (Cajetan, præfat. in Pental.)

La troisième et dernière opinion touchant l'autorité des Pères est de ceux qui, prenant un juste milieu, enseignent qu'il y a des rencontres où les sentimens des Pères, ne pouvant passer que pour de simples conjectures, ne forment qu'une espèce de probabilité qu'on peut embrasser, ou rejeter comme l'on veut; mais que, dans les occasions où, s'agissant de la foi, les Pères prononcent unanimement, on ne saurait leur résister qu'on ne résiste au Saint-Esprit, qui est l'auteur du consentement unanime. On peut donc ajouter aux découvertes des Pères; on peut

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mettre dans un plus grand jour les Pères ont quelquefois erré, les vérités qu'ils n'ont pas entiè- et que les anciens théologiens rement éclaircies ; on peut ap- ont avancé plusieurs choses sans puyeret pousser plus avant leurs y prendre garde, qui ont donné pensées ; on peut enfin dans les sujet dans la suite à de méchans choses problématiques n'être pas esprits de les calomnier. « Je me de leur avis , sauf le respect qui » propose, dit-il ( epist. 251), leur est dû ; mais dans ce qui » d'examiner dans l'histoire des concerne les traditions univer- » écrivains ecclésiastiques , chaselles, ou les choses essentielles à

que chose en particulier. Je la foi, il n'est jamais permis de » soutiendrai les bonnes , j'as'écarter de ces oracles. Et tel » bandonnerai les autres, et ne est le sentiment des Pères eux- » jugerai d'aucune que selon les mêmes sur leur propre autorité, » lumières et les règles de la foi ainsi que celui de l'Eglise. catholique. » Mais ces mêmes

Saint Augustin déclare en plu- Pères, qui sont si réservés lorssieurs endroits de ses ouvrages, qu'ils parlent de chacun d'eux qu'il faut lire les écrivains ecclé- en particulier, reconnaissent siastiques, de sorte qu'on ne s'i- qu'étant tous, ou du moins la magine pas , quelque habiles et plupart unis ensemble, ils ne saints qu'ils soient, que ce qu'ils peuvent errer dans la foi ; et que disent soit incontestable, à moins cette unanimité en maiière imqu'il ne se trouve entièrement portante à la religion, tient lieu conforme à la droite raison et d'une règle infaillible qu'on ne aux divines écritures; et qu'il ne saurait abandonner sans tout faut pas lire les Pères de l'Eglise perdre. Ce qui a fait dire à saint comme on lit les prophètes et Augustin, que quiconque rejette les apôtres, de la doctrine des. le consentement unanime des quels il n'est pas permis de dou- Pères, rejette l'Eglise univerter. (Epist. 7, 9 et 48, edit. selle. (Aug. lib. 1, in Julian.) antiq.)

Saint Clément, pape (epist. 5), Saint Grégoire, pape (moral. décide qu'en matière de foi il lib. 26), dit que bien que les ne faut rien enseigner selon son Peres, en expliquant les Saintes. propre sens, inais selon le sens Écritures se soientbeaucoup plus et la tradition des Pères. étendus que les écrivains sacrés

Quiconque, dit saint Jérôme qui les ont composées, ils ne sont (in dan. 12), s'écarte du sentipourtant pas comparables à ces ment unanime des Pères, s'appremières sources d'où découle proche d'autant plus dangereuleur science et que ce n'est pas sement de lui-même, qu'il n'a les louer comme il faut, que de de son côté, ni la science des leur attribuer un mérite et une docteurs de l'Église, ni la luautorité qu'ils n'ont pas. mière de la grâce, qui éclaire les

Saint Jérôme reconnaît que humbles.

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Vincent de Lerins , auteur pèce qui détruisent leur autocélèbre du cinquième siècle, qui rité. a recueilli des anciens ce que On avoue que quelques-uns l'on doit penser de l'autorité des anciens Pères ont donné dans des Pères de l'Église, pose pour des opinions particulières qui fondement qu'il faut tenir com- ne sont pas approuvées de l'Eme indubitable tout ce que les glise. Papias, saint Justin, marPères ont tenu , écrit, enseigné tyr, saint Irenée et quelques unanimement clairement et autres ont été millenaires. Saint sans jamais se démentir : quid- Cyprien et les évêques d'Afrique quid non unus aut duo tantùm , soutenaient mal contre le pape sed omnes pariter uno eodem- saint Etienne, qu'il fallait reque consensu apertè, frequenter, baptiser les hérétiques. Saint perseveranter tenuisse, scrip- Clément d'Alexandrie a des tasisse, docuisse cognoverit , id ches qu'il tient de la philososibi quoque intelligat absque phie des païens. Arnobe et Laculla dubitatione credendum. tance sont dans des erreurs qui

Il est remarquable que dans marquent qu'ils étaient plus le premier concile de Constanti- oraleurs que théologiens. Saint nople, où se trouvèrent les prin- Epiphane, qui censure les autres, cipaux évêques des sectaires de n'est pas toujours correct luice temps-là, Nectaire , qui pré- même. Saint Jérôme ne paraît sidait, ne leur fit point d'autre pas penser assez dignement de instance pour les confondre, que la Providence et du soin que de les obliger à dire en un mot Dieu prend de ses moindres créa. s'ils voulaient ou ne voulaient tures. Saint Augustin á avancé pas s'en rapporter aux décisions bien des choses qu'il a été obligé des Pères qui fleurissait dans de retrancher dans la suite; et l'Église avant la naissance des en général les Pères des trois hérésies dont il s'agissait. On a premiers siècles n'ont pas parlé toujours produit les témoigna- assez correctement des mystères ges des Pères dans les autres de la trinité et de l'incarnation. conciles, et l'on peut dire en

On doit reconnaître encore que général que les Pères de l'Eglise si les Pères ne s'accordent pas sont l'âme et l'esprit des con- toujours les uns avec les autres, ciles.

ils ne s'accordent pas non plus Mais, disent les protestans, toujours avec eux-mêmes; qu'ils quelque favorable que l'on varient quelquefois dans l'interpuisse être aux Pères de l'Eglise, prétation des Écritures, et qu'ils il n'est pas possible de ne point s'expriment avec plus de préciapercevoir dans leurs écrits une sion dans leuts traités dogmamultitude d'opinions particu- tiques que dans leurs autres oulières, d'erreurs, de contradic- vrages. Mais on soutient que ces tions et de taches de toute es- défauts et lous les autres quc

les

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protestans aiment à faire valoir

PERESTAT. Il y eut un concontre l'autorité des pères, ne

cile célébré en 1085, pour sauraient la détruire en ce qu'elle apaiser les différends d'entre a d'essentiel à la religion. Car, l'état ecclésiastique et politique outre qu'on peut donner un bon d'Allemagne. (Le père Mansi, sens à la plupart des passages Supplément à la collection des qu'on objecte, c'est que tous ces Conciles du P. Labbe, tom. 2, passages réunis ensemble ne col. 65) prouveront jamais que tous les PEREZ (Jacques) connu sous Pères, ni znême la plupart d'en- le nom de Jacques de Valence, tre eux, aient erré dans aucun en Espagne, parce qu'il était article de foi. Leurs erreurs pour

natif de ce royaume, vivait sur Vordinaire ne portent que sur la fin du quinzième siècle. Il fut des questions de peu de consé- religieux de l'ordre des Augusquence, ou, si elles ont pour ob- tins, évêque de Chrysopolis, et jet des choses plus importantes, suffragant de Frédéric Borgia , ils s'écartent alors de l'unani- cardinal de Valence, depuis pamité des autres Pères , qui les pe du nom d'Alexandre vi. Il condamnent, et dont l'autorité mourut en 1491, et laissa dine peut souffrir de leurs écarts. vers commentaires sur les PsauIl doit donc passer pour cons

mes, sur le Cantique des cantitant que les différentes taches ques, etc. Un livre contre les qu'on remarque dans les ouvra- Juiss. De Christo reparatore geges des Pères, n'en diminuent neris humani. Quæstionis finalis point l'autorité; et que la lec- discussio. (Bellarmin, de script. ture en est extrêinement utile, eccl. ) quand on les lit dans le même PEREZ (Jérôme), Espagnol , esprit qu'ils ont été faits , c'est- religieux de la Merci, qui vivait à-dire , dans un esprit d'humi

vers l'an 1555, a laissé des comlité, de droiture , de charité et mentaires sur saint Thomas, et de zèle. (Voyez l'ouvrage inti- d'autres ouvrages. ( Alphonse tulé: de la Lecture des Peres de Raimond, Hist. de l'ordre de la l'Eglise, ou méthode pour les Merci. Nicolas - Antonio, bibl. Jire utilement, 4 vol. in-12. script. hisp. ) Paris, chez Louis Guerin, 1697.

PEREZou PEREZIUS (Joseph), Voyez surtout le résumé de tou- bénédictin espagnol, et profestes ces opinions dans l'avant seur de théologie dans l'univerdernière strophe de l'hymne du sité de Salamanque, s'appliqua commun des docteurs dans plu- à éclaircir l'histoire d'Espagne, sieurs bréviaires de France, la- et surtout celle de son ordre. Il quelle est ainsi conçue :

publia, en 1698, des dissertations

latines contre le P. Papebroch, Qui dixére tuis consona sensibus Nostris illa Deus cordibus imprimas, qu'il trouvait trop rigide sur

certains points, et en particulier

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