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çoit une réponse évasive, et ré- actes de démence révolutionnaipliqua par une excommunica- re. Buonaparte, qui venait de tion lancée contre les évêques détruire le Directoire, et de conqui avaient commis l'iniquité fondre les anarchistes, n'avait de prononcer des arrêts de mort, plus qu'un pas à faire pour moiet encore par passion. Telle fut ter sur le trône; mais ce beau la première partie de la vie fruit, l'objet de son ambition , de Chiaramonte , comme pape. n'était pas encore mûr pour lui; Nous allons entrer dans une au- il fallait y aller doucement tre bien différente, et dans la- d'abord, et ne l'enlever qu'à quelle se développent les rap- coup sûr. Or l'un des premiers ports du chef de l'Église avec moyens qui fixèrent son allenla révolution française.

tion, fut le rétablissement soLes temps étaient changés. Ce lennel de la religion catholique. n'était plus cette république in- Du milieu du carnage, dans le sensée, gouvernée par des hom- champ de bataille de Marengo , mes plus insensés encore que leur il ouvrit des négociations avec le pupille. La France, revenue d'u- saint-siége en faveur d'un noune erreur qu'elle avait partagée, veau système pour la restaurapendant près de sept ans, avec tion de l'Eglise gallicane. Le une certaine antiquité, soupirait jour inême de son entrée à Miaprès un gouvernement pluscon- lan, il assista à un Te Deum centré, plus stable, sans néan- qu'il fit chanter dans la cathémoins s'arrêter sur le nom. Dans drale, pour célébrer sa victoire. des circonstances si favorables L'armée n'était plus accoutumée pour tout ambitieux qui aurait à des fêtes religieuses; aussi le daigné prendre les rênes de l’É- premier consul écrivit-il à Patat, Buonaparte vise à la suprê- ris que, sans doute, les incréme autorité sous le titre mo- dules se moqueraient de lui ; deste de premier consul, réor- mais qu'il recommencerait à la ganise l'armée d'Italie, s'y rend, première occasion. Il alla plus et reporte avec lui dans cette loin ; ayant appris que le

papie contrée la terreur de son nom. s'était embarqué sur une frégate

L'attachement du peuple à la autrichienne pour retourner religion de ses pères n'avait été dans ses étals, il témoigna quelque comprimé. Déjà il avait que humeur, et dit tout baut donné des signes non équivo- que le Saint Père aurait reçu de ques de son mécontentement à l'armée française les honneurs cet égard , en bravant l'autorité dus à son rang, s'il avait eu la du directoire, en ouvrant les confiance de la traverser. Les égliseset annonçant, jusque dans négociations n'en continuèrent le son des cloches, qu'il s'en- pas moins, avec bonne foi d'anuyait du culte de la raison, de bord, et l'arrivée à Paris du carla théophilanthropie et autres dinal Caprara , muni de pleins

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pouvoirs, et légat du saint-siége, Clovis, de Charlemagne et de acheva de convaincre l'Europe, saint Louis ; le papier-monnaie que la religion allait enfin repa. anéanti, le crédit public conraître en France avec éclat, sous solidé, l'anarchie exterminée ; l'égide d'une autorité tutélaire. tels furent les services éminens

Mais cette autorité, entachée du premier consul; services juselle-même du vice de l'usurpa- tement estimés par le roi luition, devait en laisser des traces même dans son exil. Mais le plus ou moins fortes dans ses Ciel ne s'était servi de cet homopérations; or, la plus impor- me, que pour apprendre aux tante était, sans contredit, le rois et aux gouvernemens légirétablissement de la religion. times , qu'ils ne sont rien sans Cependant une sorte de défiance leurs peuples; et aux peuples, qui s'était emparée des hommes qu'ils ne peuvent attendre de d'état, quoique dissidens entre leurs révoltes que desolation et eux, ne tarda pas à être justifiée profond avilissement : les Bourpar une condition préliminaire, bons d'un côté, la nation franapposée de la main de Buona- çaise de l'autre, en ont donné parte à la confection du concor- un terrible exemple. dat. Il demandait au pape une A peine le concordat était-il nouvelle circonscription des dio. signé, à peine commençait-il à cèses, et par conséquent la dé- recevoir son exécution, que les mission générale de tous les conseillers de Duonaparte, enévêques de France alors recon- nemis par principes de ce pacte nus. Ce sacrifice, quelque péni- religieux, l'engagerent à y ajouble qu'il fût pour Sa Sainteté, ter de prétendues parties organifut consenti. On trouva quel- ques, pour faire du moins pasques évêques récalcitrans ; mais ser la religion et l'Église sous à de grands maux il faut de la main de leur chef, persuadés grands remèdes : le pape passa qu'il ne serait plus besoin, après outre; le concordat fut signé le quelques années, de déchirer 19 juillet 1801, et proclainé le de la patrie notre sainte relijour de Paque 1802, quinze jours gion, mais seulement de l'en après la signature du traité d'A- découdre, comme ils s'étaient miens avec la Grande-Bretagne. vantés, en 1991, d'avoir amené

Quel homme pouvait être plus le monarque au mème point heureux, selon le monde, que avec la nation, par leur acte conne l'était Buonaparte à cette stitutionnel; mais Pie vii, sentiépoque? L'Europe en silence nelle élevée pour veiller à la devant lui (1); la France récon- garde du dépôt sacré de la foi, ciliée par lui avec le Dieu de ne tarda pas à frapper de nul

lité ces articles, en déclarant, (1) Siluit terra m conspectu ejus. dans une allocution tenue en (1 Mach. 1. 3.)

consistoire secret, qu'en proclamant le concordat, il n'avait coureur de la réprobation du nullement prétendu sanctionner Ciel et des nouveaux malheurs des clauses additionnelles dont

de la religion. il n'avait pas cu la moindre Le pape' resta encore près de connaissance.

quatre mois à Paris, attendant, On négocia donc de part et mais en vain, le résultat des d'autre. Il y eut même une ap- promesses de son allié; touparence de conciliation en 1804,

tes ces promesses, toutes ces époque à laquelle le premiercon- concessions, toutes ces améliosul, qui s'était fait empereur, rations, s'étaient évanouies. Nacoulut être couronné par le pape. poléon, pour se débarrasser du Il fallait adoucir Sa Sainteté et Saint Père, se rend en Italie, l'attirer à Paris. Le

résista dans l'espoir de l'y attirer après d'abord, céda ensin, et se laissa lui, ce qui arriva. Sa Sainteté tromper dans ce voyage, com- reprit la route de ses états aussi me son prédécesseur dans ce- tristement qu'elle en était sortie, lui de Vienne. La correspon- et alors, au lieu de concessions, dance de Napoléon avec le saint- on lui fit parvenir, à son arrivée, siége était devenue très - satis- une série de conditions auxfaisante ; on se flattait à Rome quelles on savait d'avance qu'il qu'il tiendrait sa promesse très- ne souscrirait pas; lelles étaient, positive d'améliorer le sort de entre autres, l'abolition du célila religion ; et l'on croyait que bat, le mariage des prétres, la c'eût été un crime de se refuser loi du divorce, l'indépendance à ses sollicitations. Le pape quit. des évéques à l'égard du saintta Rome dans une profonde tris- siége, et autres absurdités encore tesse, le 2 novembre 1804 , et plus révoltantes; mais ce qui y arriva , après vingt-quatre jours mettait le comble, était une tolé. de voyage, à Fontainebleau, où rance indéfinie, même à Rome, il eut sur-le-champ une entre- pour tous les cultes. Ainsi on vue avec le nouvel empereur. aurait vu s'ériger, et en très-peu Il avait traversé une grande par- de temps, dans la capitale du tie de la France au milieu des monde catholique, les mosquée bénédictions d'un peuple qui d'une religion qui avait été moavait reçu de même son pré- mentanément celle de l'empedécesseur, tourmenté, humilié reur des Français. Pie vil resusa et moribond. Les prières de tout. Pic vi agonisant, pour notre Ici commence une persécumalheureuse patrie, n'étaient tion cruelle et acharnée contre pas restées sans effet. La céré- le pape, de la part de Napoléon. monie du sacre eut lieu le 2 dé- Six mois après le retour de Sa cembre, et à cette pompe, qui Sainteté, une colonne de sis avait séduit tant de chrétiens, mille français reçut l'ordre de succéda un vide immense, avant- se porter à marches forcées sur

pape

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Rome. Le général de cette di- valies, en un mot, son trône vision s'empara d'Ancône, et pontifical, pour traiter libreen occupa le château et le port. ment d'égal à égal avec un vainOn enlera successivement, et queur qu'il n'avait jamais ofsans peine , toutes les villes fensé. On s'y attendait, et le situées sur les côtes de l'Adria- fléau de la guerre continua de tique, ainsi que les deux prin- ravager les États de l'Église. cipautés de Benevent et de Pon- Le nouveau refus du pape fut te-Corro. Ces premières hosti- payé de menaces. Napoléon silités rendirent tout rapproche- gnifia au cardinal Caprara, dans ment impossible. Enfin Rome une réception à Saint-Cloud, fut envahie, le pape renfermé que si le pape ne se rendait pas, dans le château Quirinal; et les il ferait occuper le reste de ses canons braqués contre cette der- domaines, et afficher l'aigle imnière retraite du souverain pon- périale sur toutes ses villes. A tise indiquaient assez les vues cette nouvelle, Pie vu revêt le ultérieures du soldat fortuné personnage auguste d'un souvequi ne reconnaissait plus, par rain outragé, et digne du chef toute la création, d'autre puis- de la religion. Il envoie l'ordre sance que

la sicone. Cependant, à son légat de cesser toute comqui croirait qu'au milieu de ce munication avec le gouvernedésordre, Napoléon, sans doutement de France, aussitôt après pour tromper les liommes reli- le commencement d'exécution gieux de tous les pays, ait osé des menaces de son chef. Il écrit faire au pape des propositions à Napoléon lui-même, pour lui aussi absurdes en politique, que reprocher ses torts, et le meses premières l'avaient été en nacer de faire

usage de la force religion? Il demandait à Sa Sain. que le Dieu tout-puissant avait teté, de fermer ses ports aux inise dans ses mains. Que l'on Anglais, de contracter avec lui se figure, s'il est possible, la une alliance offensive et défen- colère d'un homme qui, après sive envers et contre tous, et avoir vu pâlir devant lui tant de surtout de s'armer aussitôt que princes, tant de rois, se voyait l'Italie serait menacée. Le Saint braver au sein de sa grandeur, Père répondit , qu'en sa qualité par le souverain d'un état borde père commun des fidèles , il né, sans soldats, sans argent, et ne ferait la guerre à personne , son prisonnier. La perte du et particulièrement aux Anglais, gouvernement papal fut décidont le gouvernement pouvait, dée. Napoléon avait déjà incorpar représailles, rendre encore poré les Marches au royaume plus dure la condition des ca- d'Italie, et la Toscane à la tholiques d'Irlande. Il exigeait France; il y incorpora de mê

; au préalable sa mise en liberté, mne le reste des États romains la restitution des provinces en- par un décret daté du camp de

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Vienne. On n'avait plus à combattre que la seule personne du pape, qui devait hériter des souffrances de son prédécesseur aussi bien que de sa vertu et de sa gloire.

Un général entre, par une surprise indigne de l'honneur français, dans le château Quirinal, pénètre jusque dans la chambre du pape, qu'il trouve revêțu de ses habits ordinaires, et occupé à écrire; il ose lui déclarer que s'il voulait abdiquer sa souveraineté temporelle, il pouvait continuer de séjourner dans Rome. Le pape répond à cette ridicule proposition en peu de mots, alléguant qu'il n'était pas le maître de disposer d'un bien qui ne lui appartenait pas. Dans ce cas, dit le général, j'ai ordre de vous cmmener hors de Rome. A ces mots, Pie vi se lève avec majesté, donne la main au cardinal Pacca, son secrétaire d'état et son ami, et sort de son appartement. On le conduit à Savone, lieu fixé pour son exil. Les ennemis de la religion conviennent eux-mêmes qu'il s'y montra, comme à Rome, au-dessus du malheur, inaccessible à la séduction et à la crainte.

Nous passons ici sous silence les maux cruels qu'eut à souffrir le pape, avant son départ, dans la personne de ses ministres, de ses serviteurs les plus dévoués, de ses plus intimes amis, et même de plusieurs braves et fidèles officiers de sa milice. Les uns furent éloignés

de lui, renvoyés sans aucun moyen d'existence, d'autres emprisonnés, et tous molestés, affligés plus ou moins, à cause de leur amour pour un si bon maître. Toutes ces vexations, tantôt ignobles, tantôt cruelles, n'avançaient pas les affaires de Napoléon. Dans son embarras, il conçoit la singulière pensée de faire croire au public que le pape était libre à Savone, et donne commission à ses agens d'en faire toutes les démonstrations possibles. Il fait dire à Sa Sainteté, qu'il lui faut une demeure plus digne du chef de l'Église. On présente de sa part au Saint Père une livrée magnifiquement vêtue, vingt-quatre chevaux de belle race, et cent mille francs par mois. Rien de

tout cela ne coûtait à Buonaparte, qui prenait cette dépense sur le patrimoine de l'Église et celui des cardinaux qu'il avait réduits à la mendicité. Pie vu résiste à toutes les embûches qu'on lui dresse, refuse tout, et laisse donner, en son nom, mais de force, les repas somptueux auxquels il ne daigna jamais paraître. Tout ceci n'était qu'un hors d'œuvre dans la grande affaire de la religion. Le pape refuse l'institution aux évêques nommés; vingt-deux églises demeurent sans pasteurs titulaires. Napoléon trouva des prélats assez lâches, les uns pour lui servir de geôliers honorables auprès du souverain pontife, les autres pour le fortifier dans la pensée,

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