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traitées, ou exprès, ou en passant. Il ne se sert que rarement des termes et des raisonnemens philosophiques sa méthode tient de la Théologie positive; y a tout lieu de croire qu'il ne composa son ouvrage que pour baunir des écoles les terines, les raisonnemens, et la méthode des scolastiques, qui commençaient à prendre le dessus. Son style est clair; il propose ses questions d'une inanière aisée, et les résout de même; mais il en laisse quelquefois d'indécises, après avoir rapporté les raisons de part et d'autre

et il

c'est ordinairement saint Augustin qu'il prend pour guide dans ses décisions. On l'a accusé de plagiat; mais, loin que la Somme théologique de maître Bandin, où l'on veut qu'il ait pillé, soit plus ancienne que les livres des sentences, il est certain au contraire que cette Somme n'en est qu'un abrégé, comme le prouve un manuscrit découvert par dom Bernard Pez, dans la bibliothèque de l'abbaye d'Obéraltaich. Ce manuscrit, qui est du treizième siècle, porte en titre, Abreviatio magistri Bandini de libro sacramentorum magistri Petri, Parisiensis episcopi, fideliter acta. Bandin a donc abrégé l'ouvrage de Pierre Lombard. H s'était glissé un grand nombre de fautes dans les livres des Sentences, soit par la faute des copistes, soit par la bonne foi de Pierre Lombard, qui n'avait pas assez examiné ce

qu'il avait tiré de Hugues de Saint-Victor, et de la glose ordinaire; mais Jean Aleaune et les docteurs de Louvain ont pris soin de corriger toutes ces fautes dans les éditions qu'ils ont données des quatre livres des sentences, et dont on va parler.

Les premières éditions de cet ouvrage sont celles de Nurem→ berg, en 1474, 1478, 1499, infol. Il fut réimprimé à Venise, en 1477, 1480, in-fol., et en 1507, in-4°, à Bâle, avec les commentaires de Nicolas d'Orbelles, les conclusions de Henri Govichem, et les problèmes de Thomas, en 1486, 1498, 1502, 1513, in-fol. On ajouta à la fin, la liste des erreurs condamnées à Paris, en 1277, par Guillaume, évêque de Paris, dans divers auteurs, et les articles dans lesquels on ne suit pas communément le Maître des sentences. Ils sont au nombre de vingtsix, mais dans la Somme de saint Antonin on n'en compte que quatorze. Les autres éditions de Paris sont de l'an 1528, 1536 et 1548, in-8°; celle-ci est de l'imprimerie de Charles Guillard. Jean Aleaume en donna une à Louvain, en 1546, in-fol., qui fut remise sous presse à Paris, en 1550, 1564, in-8°; et à Louvain, en 1568, in-4°. Plusieurs gens habiles, du nombre desquels était Gravius, revirent le texte des livres des Sentences, et le firent imprimer à Venise, en 1570, in-8°. D'autres savans en publièrent de nouvelles édi

tions à Cologne, en 1566, 1575, in-8°;à Lyon, en 1594,1618,1636; celle-ci est de Jean Martinez de Ripalda. L'édition, de Genève, en 1580, in-8°, ne contient que le premier livre des Sentences, avec le commentaire de Lambert Danæus.

On conserve dans la bibliothèque Pauline à Leipsick une lettre d'Arnoud, prévôt de l'église de Metz, à Pierre Lombard, et deux de cet évêque à Philippe, archevêque de Reins; elles n'ont pas encore été mises sous presse. Il en faut dire autant des sermons qu'il avait faits sur les dimanches et fêtes de l'année ils sont cités par Henri de Gand et par Cisingrenius. (Cap. 5, de script. eccl. et t. 7, Gallia christ. pag. 69.) On les trouve dans la bibliothèque de la cathédrale d'Erfurt, et dans celle de l'abbaye d'Alne ou d'Aune au diocèse de Liége. On les voit aussi à la bibliothèque du roi en un seul et même volume, et le sermon de l'Eucharistie à part dans un autre. Le père le Long cite de Pierre Lombard les gloses sur Job: elles se trouvent manuscrites dans la bibliothèque de Savigni. (Le Long, Biblioth. biblic., pag. go.) Pierre Lombard composa aussi, suivant le rapport de Trithême, des commentaires sur tous les psaumes de David, et sur toutes les épîtres de saint Paul. Ce n'est presque que des écrits de saint Ambroise, de saint Hilaire, de saint Jérôme,

de saint Augustin de Cassio-dore, de Remi d'Auxerre, dont il a supprimé les noms; il ne laisse pas de temps en temps d'y dire quelque chose de luimême. On n'a pas rendu publiques les gloses sur Job; mais le commentaire sur les Psaumes parut à Nuremberg en 1478 in-fol.; à Bâle, en 1486; et à Paris, en 1541. Celui des Epîtres de saint Paul, a été imprimé à Paris, en 1535, 1537, in-fol.; et en 1541, 1543, 1555, in-8°. Il y a encore de Pierre Lombard un commentaire sur la concorde évangélique. On trouve parmi les manuscrits de l'abbaye d'Afflighem, Petri Lombardi methodus practice Theologiæ. Léland témoigne avoir eu en main l'apologie de Pierre Lombard, composée par lui-même, contre les imputations d'erreurs dont le chargeait Jean de Cornouailles. François Pithou dans une lettre à un de ses amis lui disait : « Je vous prie de m'a» cheter Pierre Lombard sur les » Psaumes: c'est un très-bon livre. » (Pith. in Pithaanis, p. 20.) Tout ce qu'a fait Lombard est excellent. Sa personne et ses ouvrages ont été en une singulière vénération dans toutes les écoles catholiques; mais c'est principalement sur la Somme des sentences que porte cet éloge, et que l'on doit apprécier le mérite littéraire de Pierre Lombard. Il fut accusé auprès du pape Alexandre i, d'avoir enseigné que Jésus-Christ com

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ne l'avait

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me homme n'est rien. Jean de rédigée dans une assemblée de Cornouailles, son disciple, 'prit sa l'université, que les articles défense dans un écrit adressé au qu'elle contient n'ont cessé d'êsouverain pontife, où il prouve tre enseigné que par une convenque Jésus-Christ est Dieu et tion économique, et qu'on ne homme parfait , et où il assure connaît aucun décret ni de cette que Lombard, qui paraissait être école, ni d'aucune autre , qui dans un sentiment contraire, les ait proscrits. Ils sont au nom

pas

avancé assertive- bre de seize , dont voici les plus ment, mais comme une opinion remarquables. 1°. La charité par qu'il avait reçue de son maître. laquelle nous aimons Dieu et le C'est ainsi que Dom Ceillier ra- prochain, n'est point quelque conte le fait. Les auteurs de l'his- chose de créé, mais le Saint-Es. toire littéraire de la France le prit même. (Saint Thomas, 2 , rapportent tout

autrement : 2, 9.23, art. 2,) explique en « Sous prétexte du nibilisme, bonne part cette proposition, disent-ils, qu'on y

insinue en disant que « l'intention du » (dans le livre des Sentences ),

» maître n'est pas que

le mou» Jean de Cournouaille, entre- » vement par lequel nous ai» prit, du vivant de l'auteur et » mons Dieu soit le Saint-Es

après sa mort, de le faire con- prit même, mais qu'il vient » damner. Il adressa dans cette » immédiatement du Saint-Es» vue un écrit plein de fiel et » prit, et non par le moyen d'au» d'emportementau pape Alexan- o cune habitude , comme les ac► dre in, et se donna pendant

» tes des autres vertus, tels que » environ douze ans divers mou- » ceux de la foi et de l'espéran» vemens. A la fin il obtint du » ce.» 2o. Les anges croissent en

pontife, l'an 1170, un rescrit mérite par rapport à la récom» portant défense à tous les pro- pense essentielle , jusqu'au ju✓ fesseurs d'enseigner que Jésus- gement dernier. 3o. L'homme, » Christ en tant qu'homine n'est avant le péché, jouissait de la » point quelque chose. » Gau- vision intuitive de Dieu. 40. tier, prieur de Saint-Victor, et le Ceux quifurent baptisés du bapfameux abbé Joachim , s'élevé- tême de Jean,

mettre rent aussi contre Pierre Lom- leur espérance, n'étaient point bard, et les maîtres en Théolo- tenus de recevoir celui de Jésusgie de Paris dressèrent, vers l'an Christ. 50. Les schismatiques, les 1300, une liste des articles qu'ils hérétiques, les excommuniés et n'approuvaient point dans l'ou- ceux qui sont dégradés, ne convrages des Sentences, et s'accor- sacrent point le corps de Jésusdèrent à ne les point enseigner. Christ. 6o. Les évêques qui sont M. d'Argentré remarque néan- dans le même cas, n'ont

pas le moins que cette liste ne fut point pouvoir de conférer les ordres.

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A ces seize articles, on en ajoute son érudition , dont on voit des quelques-uns, savoir entre au ratits frappans dans ce nombre tres, io le nihilisme, c'est-à-di- prodigieux de passages de l’Ére, l'opinion de ceux qui préten- criture et des Pères, qu'il emdaient que Jésus - Christ n'était ploie pour l'ordinaire avec goût point quelque chose selon l'hu- et discernement dans ses livres ; manité. 20. Pierre Lombard soit enfin par la netteté de son n'admettait qu'une espèce de style, qui, à quelques endroits contrition pour la pénitence ; près, est le mieux assorti au gensavoir, la contrition parfaite et redes matières qu'il traite. (Hist. rémissive du péché avec les littéraire de la France, tom. 12, væux du sacrement. 3o. Il n'ac- pag. 583 et suiv. Dom Ceillier, cordait aux prêtres que

le

pou- Ilist. des Aut. sacr. et ecclésias. voir de déclarer les pécheurs liés t. 23. p. 12 et suiv.) ou déliés, et ne regardait con- PIERRE DE CELLE, évêque séquemment l'absolution sacra- de Chartres, était d'une honmentelle que comme un acte juri- nète famille de Champagne. Il dique,par lequel le prêtre déclare vint au monde dans un fauque les péchés sont remis. On re- bourg de la ville de Troyes, et proche outre cela, à notre auteur fut mis, dès sa première jeunesse, des omissions importantes, com

à Saint-Martin-des-Champs, me sur l'Écriture-Sainte, l'É- d'où il passa à Moutier-la-Celle, glise, la primauté du pape , les au diocèse de Troyes, pour y conciles, toutes matières qu'il apprendre les premiers élémens ne touche point; des allégories de la vie monastique. Vers l'an forcées qu'il rapporte quelque- 150, il en fut élu abbé. Douze fois en preuve de ses assertions ; ans après, c'est-à-dire, en 1162, enfin un défaut de critique qui il quitta cette abbaye pour paslui a fait adopter des pièces sup- ser à celle de Saint-Remi de posées, telles que les fausses dé- Reims, mais en conservant toucrétales. Malgré ces taches, Pierre jours le nom de Pierre de Celle, .

, Lombard a toujours été regardé qui lui est demeuré. Vers l'an et ne cessera de l'être, comme 1181 , il monta sur le siége le chef et le modèle de l'école. épiscopal de Chartres, qu'il Il mérite effectivement ce dou- gouverna environ six ans, étant ble titre, soit par l'excellence de mort le vingtième de février sa méthode , la meilleure, pour 1187, avec une grande réputane pas dire la seule , à laquelle tion de savoir et de vertu. Son on puisse s'attacher; soit par la

mérite l'avait fait considérer, justesse et la sagacité de son es- pendant sa vie, de ce qu'il y avait prit, qui se manifestent dans alors de plus grand dans l'Église, presque toutes ses décisions;

Alexandre de saint soit par l'étendue et le choix de Bernard, de Jean de Salisbury. .

1

du pape

ill,

Ses lettres, qui sont en grand nombre, et distribuées en neuf livres, ont été rendues publiques, et enrichies de notes par le père Sirmond, à Paris, en 1613, in-8°, avec celles du pape Alexandre n, et de quelques autres à Pierre. Elles ont été réimprimées dans le troisième tome des œuvres de cet éditeur, à Paris, en 1696, et à Venise, en 1729, dans la Bibliothèque des Pères de Paris, de Cologne et de Lyon, et dans l'édition générale des œuvres de Pierre de Gelle, à Paris, en 1671, par les soins de D. Anbroise Janvier, de la Congrégation de SaintMaur. Les sermons de Pierre de Celle y tiennent le premier rang, au nombre de quatre-vingt-onze, dont neuf ont été prêchés dans des synodes. Ils sont placés suivant l'ordre du calendrier ecclésiastique, sept sur l'Avent, six, tant sur la veille que sur la fête de Noël, un sur la fête de la Purification, dix-huit sur le Carême, sept sur l'Annonciation, buit sur la Résurrection, trois sur l'Ascension, quatre sur la Pentecôte, deux sur la Transfiguration, huit sur l'Assomption de la sainte Vierge, les autres sur diverses fêtes des saints. Rien de plus précis que sa croyance sur la présence réelle dans l'Eucharistie, comme il paraît par son sermon de la Cène. «Il est nécessaire, dit-il, que vous croyiez véritablement que le vrai corps et le vrai sang de Jésus-Christ sont sur l'autel,

sous une espèce visible, et que cette espèce n'est pas celle du corps, ni du sang de J.-C., qui est là d'une manière invisible, mais du pain matériel et du vin qui toutefois ne sont pas là substantiellement. Il est en même temps dans le ciel, sur l'autel, et dans le cœur du chrétien. Quoique après la conversion de la substance du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ par les paroles de la consécration, vous voyiez encore sur l'autel le pain et le vin, croyez indubitablement qu'il n'y a plus ni pain ni vin, si ce n'est le pain des Anges dont il est écrit: l'homme a mangé le pain des anges. » Pierre de Čelle adressa son livre intitulé, des Pains, à Jean de Salisbury, évêque de Chartres, et son ami. Il expliquait dans cet ouvrage, en un sens mystique et moral, ce qui est dans l'Écriture des différentes tables que Dieu avait ordonné à Moïse de faire placer dans le tabernacle, devant le voile et ailleurs, et de divers genres de pain dont elle fait mention.

Les deux livres du tabernacle construit par Moïse, par l'ordre de Dieu, sont dans le même goût que le précédent, c'est-à-dire, que Pierre de Celle donne une explication morale et mystique de toutes les parties dont il était composé, de l'arche d'alliance, du propitiatoire, de la table du bois de Sethim, et de tout ce qui était nécessaire pour le sacrifice.

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