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à Paris pour se former dans les arts libéraux et dans les belleslettres. Il réussit dans la poésie, dans l'art oratoire, dans la jurisprudence, et s'appliqua encore à la médecine et aux mathématiques. De Paris il alla à Bologne en Italie, et de Bologne il revint à Paris, où, renonçant pour toujours aux beaux-arts, il fit son unique étude de la Théologie. Avec un esprit excellent, il devint en peu d'années un des bons théologiens de son temps. Sans tirer vanité de ses talens, mais uniquement pour en donner une preuve, il dit qu'il lui était arrivé en présence de plusieurs personnes, nommément de l'archevêque de Cantorbéry, de dicter en même temps trois lettres sur diverses matières, à trois scribes différens, et qui écrivaient avec célérité. (Epist. 92.) Pierre eut pour maître Jean de Salisbury, docteur célèbre, depuis évêque de Chartres. Après son cours d'études, il fut envoyé en Sicile par Rotrou, archevêque de Rouen, oncle de la reine Marguerite, vers l'an 1167. Il eut soin des études du jeune roi Guillaume 11, et fut en même temps chargé de son sceau; ce qui lui donnait le second rang après le chancelier Étienne, fils du comte de Perche, avec qui il était venu en Sicile. Un poste si avantageux excita la jalousie de quelques courtisans qui, pour éloigner Pierre de Blois, le firent élire archevêque de Naples. Il refusa cette di

gnité; et, voyant les fréquentes conjurations contre le chancelier Étienne, il sortit comme lui de Sicile, la même année que Catane fut renversée par un tremblement de terre, c'est-à-dire, en 1169. A peine était-il de retour en France, que Henri 1, roi d'Angleterre, l'appela à sa cour pour le renvoyer à celle de France négocier des affaires importantes. Il demeura à la cour de Henri n, jusqu'à ce que, par le désir d'une vie plus tranquille, il se retira auprès de Richard, archevêque de Cantorbéry, qui se servit de lui pour ménager les affaires de l'Église avec le roi Henri . Après la mort de ce prince, Éléonore, reine d'Angleterre, voulut avoir auprès d'elle Pierre de Blois, pour lui servir de secrétaire. Nous avons encore plusieurs lettres de lui, au nom de cette princesse. Sa grande probité et son intelligence dans le maniement des affaires, lui procurèrent une légation, en 1176, vers le pape Alexandre un, de la part de l'archevêque Richard, et une autre, en 1178, vers le papeUrbain in. Après avoir refusé l'évêché de Naples, il refusa aussi celui de Rochester, content de l'archidiaconé de Bath, qui lui fut même enlevé par la faction de ses envieux. On lui donna celui de Londres, plus honorable que riche. Il mourut pauvre en Angleterre, vers l'an 1200. Pierre de Blois se distingua dans le monde et dans l'église, par sa science et sa vertu. Il se fit estimer de ses compa

triotes et des étrangers. On loua vers empèchemens de mariage, particulièrement en lui la régu- qu'il renferme en six vers. Ces larité de ses mœurs, son zèle empèchemens sont à peu près contre les désordres, qu'il ne les mêmes qu'aujourd'hui. La souffrait ni dans ses amis, ni cent trente-deuxième lettre condans les princes auxquels il était tient des instructions à des abbés attaché, et sa liberté à avertir les nouvellement élus. Dans la cent évêques mêmes de leurs devoirs. quarantième, en parlant du

Il nous reste de lui cent qua- changement qui se fait du pain tre-vingt-trois lettres, tant de et du vin au corps et au sang de celles qu'il écrivit en son nom, Jésus-Christ , il se sert du terme que de la part des princes, prin- de transsubstantiation : in uno cesses, évèques, et de quelques sacramentorum videas abyssum autres personnes de la première profundissimam et humano sencondition. La lettre au prieur sui imperceptibilem pane et vino de Citeaux est sur les avantages transsubstantiatis virtute verbode la vie religieuse; Pierre y gé. rum coelestium in corpus et sanmit de se roir obligé de demeu- guinem. rer dans le siècle, et cite son li- Les discours de Pierre de Blois vre intitulé : Des prestiges de la sont au nombre de soixanteFortune. La quinzième , qu'il cinq, tant sur les dimanches que écrivit à un certain comte, élu sur les fêtes de l'année ; la pluérèque de Chartres, contient part sont très-courts, composés une instruction très-solide sur presque entièreinent de passages les devoirs et les qualités d'un de l'Écriture. Le style en est évêque. La vingt-sixième est un coupé et sentencieux comme ceéloge de saint Thomas de Can- lui de ces lettres; mais dans torbéry, et la vingt-neuvième celles-ci, outre les écrivains saun autre éloge de l'hospitalité. crés, il cite très-souvent les proLa cinquante-septième est adres. fanes, surtout les poëtes. sée à un de ses amis, moine de Des dix - sept opuscules de l'abbaye d'Aulnai en Norman- Pierre de Blois, le premier est die, qui s'était imaginé qu'aus- un discours moral sur la transsitôt après avoir embrassé la pro- figuration, adressé, comme l'on fession monastique, il serait dé- croit, à Frumald , évêque d’Arlivré de toute tentation. Pierre ras , qui lui avait ordonné de le fit souvenir de ce qu'on lit traiter ce mystère d'une manière dans le livre de Job, « que la qui pût édifier ceux qui l'entenvie de l'homme est une tentation draient ou le liraient. Le second et un combat continuels sur la discours a pour sujet la converterre. » Il joignit à sa lettre une sion de saint Paul. Le traité sur prose sur le combat de la chair Job est un commentaire sur les et de l'esprit. Il rapporte dans deux premiers chapitres de ce la cent quinzième lettre les di- livre, sur une partie du troisième

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et du quarante-deuxième. Pierre lui dont nous parlons, il se de Blois dédia cet opuscule à contente de mettre sous les Henri un, roi d'Angleterre , qui yeux du lecteur les passages les le lui avait demandé. Le traité plus formels de la loi et des qui a pour titre : Que l'on doit prophètes sur l'unité d'un se håter d'entreprendre le voyage Dieu en trois personnes, sur de Jérusalem , est une exhorta- l'incarnation de la seconde de tion aux princes chrétiens de se- ces trois personnes, sur les deux courir la Terre-Sainte. Suit dans natures en Jésus-Christ, sur le le recueil des peuvres de Pierre lieu et le temps de sa naissance, de Blois une instruction sur la sur ses miracles, sa mort, sa foi chrétienne pour le sultan d'I. résurrection et les autres circonie, faite au nom d'Alexan- constances de sa vie qui proudre m, en 1169. Cette instruc- vent qu'en lui ont été accomtion est suivie de deux traités, plies toutes les prophéties qui l'un de la confession sacramen- regardent le Messie promis aux tale, dans lequel l'auteur établit patriarches. Aux témoignages le pouvoir des clefs, l'utilité, la de l'Écriture touchant la dinécessité et l'intégrité de la con- vinité de Jésus - Christil fession; l'autre, de la pénitence ajoute ceux que lui ont rendus imposée par le prêtre. Le traité les gentils et les Juifs, Ponceintitulé : Canon épiscopal, ou Pilate, dans sa lettre à l'empeinstitution d'un évêque, en ren- reur Tibère; Philon et Josephe. ferme les devoirs : qu'il soit ré- Le traité de l'ainitié chrétienne glé dans ses meurs, libéral, af- ou de l'amour de Dieu et du fable , doux, discret, modeste, prochain, est un extrait de ce timide dans la prospérité, ferme que Pierre de Blois avait trouvé dans l'adverstié, modéré dans de mieux sur cette matière, soit son zèle, servent dans les au- dans les livres saints, soil dans vres de miséricorde..... ; que les écrivains ecclésiastiques, mètous ses momens soient remplisme dans les profanes. Ce traité de bonnes actions; qu'il rap- est divisé en deux parties, ou si porte à Dieu le fruit de ses tra- l'on veut, il y en a deux sur la vaux spirituels. Vient le traité même matière. Le premier est contre un censeur de ses ouvra- de vingt-cinq chapitres, le seges. Suit le traité contre les cond de soixante-cinq. Il monJuifs, dans lequel Pierre de tre dans l'un et dans l'autre que Blois renvoie à l'ouvrage qu'il la vraie amitié, soit qu'on la reavait fait, pour montrer com- garde par rapport à la société ment un catholique doit com- humaine, soit par rapport à la battre les blasphèmes et les chi- religion , doit avoir son fondecanes des hérétiques. Ce livre ment en Dieu. Le but du traité de Pierre de Blois n'a pas en- qui a pour titre : De l'utilité des core été rendu public: dans ce- tribulations, est de nous engager

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à les supporter avec patience, ne sont pas imprimés, et dont il en nous souvenant qu'elles nous fait mention lui-même dans l'aviennent de Dieu, et qu'il les brégé de la vie de Job, ou qui ordonne pour notre avancement sont cités dans plusieurs catalodans la vertu. Le traité inti- gues de ses écrits; savoir, un litulé : Quels sont-ils? est contre vre de la vie des clercs qui vivent les mauvais pasteurs. Pierre de à la cour; un de l'étude de la Elois y attaque non les pasteurs sagesse, un de la célébration des en général, mais ceux-là seuls synodes, la vie de l'archevêqui sont entrés dans l'épiscopat que Wilfride , celle du confespar des voies illégitimes, ou sans seur Guthlac, le dialogue enles qualités essentielles à un évê- tre un roi et un abbé; un livre que. Il veut que, si les évèques de la vérité de la foi; un reles plus réglés ne répriment pas cueil de fleurs. On doit la preles désordres, le roi, à qui il mière édition des ouvres de adresse son ouvrage, les réprimne Pierre de Blois, à Jacques Merlui-même par son autorité. Illin, docteur en Théologie, et ne nous reste qu’un fragment pénitencier de l'église de Paris : de la lettre que Pierre de Blois elle parut en cette ville l'an avait écrite sur l'obligation de 1519, in-fol. Quatre-vingts ans garder le silence. Nous n'avons après, c'est-à-dire, l'an 1600, non plus qu'un fragment du Jean Busée en donna une seconTraité des prestiges de la for:u- de édition à Mayence , avec un ne. Le traité suivant est une no- appendix contenant quelques tice des livres de l'Ancien et du opuscules de Pierre de Blois, Nouveau-Testament, et de ceux qu'il avait recouvrés depuis peu qui en sont les auteurs. Le der- de temps; l'appendix est in-8° nier traité est un poëme sur

et l'édition de 160o in-ho. C'est l’Eucharistie. Il portait le nom celle-là que l'on a réimprimée de saint Anselme dans un ma- dans le douzième tome de la Binuscrit de la bibliothèque du bliothèque des Pères de Coloprince Charles de Lorraine, évê- gne. La troisième édition est de que de Metz et de Strasbourg; Pierre de Goussainville: elle fut mais il est visiblement de Pierre publiée à Paris, en 1667, in-fol. de Blois, qui s'en reconnaît deux et copiée dans le vingt-quatrièfois auteur dans le prologue, en me tome de la Bibliothèque des s'y désignant par son nom. Ce Pères de Lyon , en 1677. Ingultraité est divisé en neuf chapi- phe avait fait l'histoire de l'abtres, dans lesquels on établit la baye de Croyland, jusqu'en présence réelle, la vérité du sa- 1091; Pierre de Blois la conticrifice dont Jésus-Christ est lui- nua depuis cette année jusmême le sacrificateur et la vic- qu'en 118. On n'a rien mis time, etc. Pierre de Blois com- de cette continuation dans le posa divers autres ouvrages qui recueil de ses ouvrages ; mais

elle fut imprimée à Oxfort, en 1684, in-folio, à la suite de l'histoire d'Ingulphe, et par manière d'appendix: on a été quelque temps sans savoir de qui elle était ; mais Bricnus Turinus, dans le premier livre de l'antiquité de l'académie d'Oxfort, dit avoir vu plusieurs manuscrits où elle portait le nom de Pierre de Blois. Outre les variantes et les notes de Jean Busée et de Pierre de Goussainville, dont l'édition de 1667 est enrichie, l'éditeur a donné dans un appendix plusieurs pièces intéressantes pour l'intelligence des lettres et autres écrits de Pierre de Blois; une lettre de Henri, évêque de Bayeux; deux de Richard, roi d'Angleterre; une d'Urbain 11, et de Lucius

; huit diplômes de Henri 11, roi d'Angleterre; une lettre de Hervée, abbé de de Ville-Loup; divers diplômes de fondations de monastères; une lettre de Vauthier, archevêque de Rouen; plusieurs lettres des évêques de Paris pour l'abolition de la fête des Fous et le rétablissement de la fête de la Circoncision au premier jour de janvier, avec le décret de la faculté de Paris sur la même matière; diverses autres lettres des évêques de cette ville sur les prébendes de l'église cathédrale et autres; une lettre touchant les limites respectives des églises de Paris et de Beauvais ; une lettre d'Odon de Paris touchant la légitimation des enfans que le roi avait eus de la fille du

duc de Méranie; plusieurs lettres du pape Célestin, touchant l'interdit de Rouen et l'excommunication prononcée par l'archevêque Vauthier; enfin les actes du concile qu'il tint dans sa ville métropolitaine, l'an 1207. (Voyez vita Petri Blesens., ad cap. op. ses différentes lettres, et dom Ceillier, Hist. des Aut. sacr. et ecclésias. tom. 23, pag. 206 et suiv.)

PIERRE, moine des Vaux de Cernai, ordre de Citeaux, a écrit par l'ordre du pape Innocent in, une histoire des Albigeois, imprimée à Troyes en 1615 et dans les Bibliothèques des Pères. Pierre était contemporain des Albigeois, et il avait accompagné son abbé, nommé Gui, dans le voyage qu'il fit en Languedoc pour combattre ces hérétiques. (Dupin, Bliblioth. des Aut. ecclés. du treizième siècle.) Son Histoire des Albigeois, imprimée à Troyes en 1615 par les soins de Nicolas Camusat, se trouve dans le tome 5 des scriptor. de rebus francicis, de Duchesne, p. 555. Arnauld Sorbin en a donné une traduction française, imprimée à Paris chez G. Chaudière en 1569, in-8°. Mais celle du célèbre Guillaume Pélissier, évêque de Montpellier, qui n'a ja mais été imprimée, vaut mieux. Cette dernière est dans la bibliothèque du roi et autrefois dans celle de Sainte-Geneviève.

PIERRE, moine de Saint-Pierre sur la Dive, au diocèse de Séez, est auteur de la vie des sept premiers abbés du Bec, qui se

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