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les autres.

temporels, on doit le dire aussi des maux temporels, tels que la maladie, la pauvreté, etc., c'est à-dire, qu'il nous est permis de demander à Dieu, soit pour soi, soit pour les autres, ces sortes de maux, supposé qu'ils doivent être des moyens de sanctification pour nous ou pour Imple facies eorum ignominia, disait le prophète roi, et quærant nomen tuum, Domine. C'est ainsi que nous lisons de sainte Catherine de Sienne, qu'elle demandait à Dieu la pauvreté pour ses père et mère. Il faut cependant bien prendre garde, quand il s'agit de souhaiter, ou de demander des maux temporels pour les autres, que la haine et la vengeance ne nous fassent illusion, et ne prennent la place du zèle et de la charité.

S VI.

De la vertu ou efficacité de la prière,

La prière qui est revêtue de toutes les conditions nécessaires, a la vertu de mériter, de satisfaire et d'impétrer. Elle a la vertu de mériter, et même d'un mérite de rigueur et de condignité dans les justes qui prient, puisque c'est une action libre, surnaturelle, pratiquée en état de grâce, à laquelle Dieu a promis un effet certain et une récompense: demandez, et vous recevrez. Quiconque demande, reçoit. Elle a la vertu de satisfaire, parce que c'est une œuvre laborieuse et pénale, à laquelle Dieu a promis la rémission des peines dues au

pèché, aussi bien qu'à toutes les autres œuvres surnaturelles et laborieuses, et qu'elle renferme d'ailleurs l'obéissance et l'humiliation de l'homme en présence de la majesté divine. Elle a la vertu d'impétrer, tant par sa propre nature, puisque la demande est propre par sa nature, à engager celui à qui nous demandons à nous accorder l'effet de notre demande, que parce que Dieu, qui est fidèle dans ses promesses, s'est engagé lui-même à nous accorder ce que nous lui demanderions comme il faut. Oui, dit Jésus-Christ, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera.

La prière n'a cependant point ses effets, ni toujours, ni tous ensemble. Elle est quelquefois impétratoire, sans être méritoire ni satisfactoire; telles sont

les prières que les saints font pour nous dans le ciel. Ils peuvent obtenir des grâces, quoiqu'ils ne puissent ni mériter, ni ni satisfaire, parce qu'ils sont arrivés au terme où il n'y a ni mérite, ni satisfaction. La prière est quelquefois impétratoire et satisfactoire, sans être méritoire, au moins d'un mérite de rigueur et de condignité; telle est la prière des pécheurs pénitens, mais point encore justifiés : ils peuvent obtenir et même satisfaire, selon plusieurs théologiens, nommément les scotistes: ils ne peuvent mériter à la rigueur, parce que pour un tel mérite l'état de grâce est nécessaire.

La prière est quelquefois méritoire sans être impétratoire, comme lorsque quelque juste demande pour lui-même ce qu'il ne lui est pas expédient d'obtenir; telle fut la prière de l'apôtre saint Paul, lorsqu'il demanda la délivrance d'une tentation qui l'affligeait, il mérita par sa prière, sans obtenir l'effet de sa demande. Enfin la prière obtient quelquefois une chose et en mérite une autre. Un juste qui par sa prière obtient quelque bien temporel, impètre plutôt cet avantage qu'il ne le mérite, et il mérite la vie éternelle, qui est la récompense de toute action surnaturelle commandée par la charité. La prière est donc toujours efficace de sa nature; et lorsqu'elle n'a point son effet, c'est parce qu'elle manque des conditions nécessaires. S VII.

Des conditions de la prière. Rien de plus intéressant pour les fidèles, de connaître au que juste les conditions que doit avoir la prière, puisque les prieres qui manquent de ces conditions ne sont pas exaucées de Dieu. Vous demandez, et vous ne recevez pas, dit l'apôtre saint Jacques dans le quatrième chapitre de son épître canonique, parce que vous demandez mal. Or on peut réduire à sept les conditions principales de la prière; 1o. elle doit être de choses nécessaires ou utiles au salut; 2°. elle doit être attentive; 3°. humble; 4°. accompagnée

de confiance; 5°. persévérante; 6°. pieuse; 7°. au nom de J.-C.

1o. La prière chrétienne ne doit avoir pour objet que des choses nécessaires ou utiles au salut. Ce serait faire injure à Dieu que de lui demander des choses mauvaises ou indifférentes au salut, et qui ne s'y rapporteraient ni directement, ni indirectement; d'où il suit que ce serait un péché grief que de demander à Dieu une chose même qui ne serait que véniellement mauvaise, parce qu'une telle prière suppose que l'on croit que Dieu peut être l'auteur d'un péché véniel; ce qu'on ne peut penser sans lui faire une injure atroce, ni par conséquent sans pécher grièvement. Il suit aussi que c'est un péché de demander à Dieu une chose purement indifférente, c'est-à-dire, une chose qui n'est ni bonne, ni mauvaise, et qui n'a nul rapport, soit direct, soit indirect au salut. La raison est, qu'une telle chose demandée dans ces circonstances et sans aucun rapport au salut, n'est pas indifférente, mais mauvaise, puisqu'elle est sans aucun rapport à la fin légitime et nécessaire.

2o. La seconde condition de la prière c'est l'attention qui doit l'accompagner, et qui consiste dans l'application de l'esprit.

L'attention est absolument nécessaire à la prière, puisque la prière est dans son essence une élévation de l'âme à Dieu; et que c'est violer le respect qu'on doit à la majesté divine, que de

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manquer d'attention quand on la renferme : en pensant au ciel, lui parle et qu'on est en sa pré- par exemple, on est censé penser sence ; mais il faut soigneuse- au soleil qui y est renfermé. ment distinguer ici diverses sor- L'attention aux paroles qu'on tes d'attentions; savoir, l'atten- récite dans la prière vocale , tion actuelle, virtuelle , habi- consiste à les prononcer toutes tuelle, interprétative, et l'at- sans en omettre aucunes; l'attention aux paroles qu'on récite tention au sens de ces paroles dans la prière vocale, au sens de consiste à réfléchir sur ce qu'elles ces paroles , à Dieu qui est la fin signifient ; l'attention à Dieu de la prière.

c'est de s'occuper de Dieu ou de L'attention actuelle à la prière ce qu'on lui demande , sans est celle par laquelle on pense en penser précisément au sens des effet à l'objet de la prière dans paroles qu’on prononce dans la le temps qu'on la fait; la vir- prière. La simple attention aux tuelle est celle qui subsiste en paroles qu'on récite dans la vertu de l'actuelle, qui a précédé prière ne suffit pas pour prier et qui n'a point été interrompue comme il faut, ni pour exempter ni révoquée , telle qu'elle est de péché ceux qui sont obligés dans une personne, par exem

à la récitation de l'office diyin, ple, laquelle ayant commencé parce qu'elle ne sert qu'à prier sa prière avec une intention ac- de bouche, tandis qu'il faut tuelle de louer Dieu, est ensuite aussi prier de cæur. L'atteninvolontairement distraite; une tion au sens des paroles ou à telle personne a une intention Dieu est donc nécessaire; et cette virtuelle à la prière, c'est-à-dire, dernière est la plus parfaite ; une intention qui subsiste en mais il n'est pas nécessaire que vertu, ou par la force et l'in- l'une ou l'autre soit toujours fluence de l'intention actuelle actuelle , il suffit qu'elle soit qu'elle a eue d'abord, et qui lui virtuelle ; et elle l'est , quoique a échappé malgré elle. L'atten- l'on soit distrait, pourvu que ce tion habituelle, ainsi nommée soit involontairement, tant du improprement , est une facilité côté de la distraction actuelle , et une disposition habituelle à que du côté de sa cause ; car une se rendre attentif, telle qu'elle distraction peut être volontaire est dans un homme qui a pensé ou en elle – même, ou dans sa fréquemment à une chose , et cause. Elle est volontaire en qui pense actuellement à une elle-même , lorsqu'on s'y arrête autre chose , ou même qui ne

librement et avec réflexion. Elle pense à rien étant plongé dans le est volontaire dans sa cause, lorssommeil. L'attention interpré- qu'on y a donné librement occatative est celle qui a pour objet sion, en faisant une chose non néune chose considérée non en elle- cessaire propre à l'exciter, quoimême , mais dans une autre qui qu'on n'y consente pas dans le

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temps qu'on l'a, et qu'on fasse contraire au recueillement aueffort pour la rejeter. Un ecclé- tant qu'il est possible, et à faire siastique, on le suppose, loin de tout ce qui peut le favoriser , à se préparer à la récitation de son mener en un mot uue vie solibréviaire par le recueillement, dement pieuse et chrétienne , s'entretient de choses vaines et chacun dans son état. frivoles avant de le cominen- La préparation prochaine concer, ou bien il le récite dans siste à mettre un intervalle enun endroit exposé aux distrac- tre les occupations ordinaires et tions, comme la rue, le marché, la prière , quand on le peut, ou une voiture, ou une prome- au moins à se recueillir et à élenade publique, etc. Cet eccle- ver son cæur vers Dieu en lui siastique est coupable des dis- demandant l'esprit de prière, et tractions qui lui surviennent la grâce de nous désendre de dans la prière , quoiqu'il n'y l'importunité et de la malignité consente pas, et même qu'il les des distractions, puisque la rejette , parce qu'elles sont vo- prière a pour principe l'esprit lontaires dans leur cause. Il faut de Dieu, appelé par un proporter le même jugement d'un phète esprit de grâces et de homme , d'une femme et de prières : spiritum gratie et pretoute autre personne qui ne cum. (Zacharie, 12, 10.) s'occupe que d'inutilités, d'a- 30. La troisième condition de musemens et de plaisirs, it dont prière, c'est l'humilité. Dieu la vie n'est qu'une continuelle résiste aux superbes , dit l'Écridissipation.

ture, et il donne sa grâce aux Que si l'on demande quel est humbles: Deus superbis resistil, le remède à ces sortes de distrac- humilibus autem dat gratiam. tions volontaires dans leur prin- (Jacob. 4.) Il écoute la voix d'un cipe, on répond que c'est celui cour contrit et humilié, et il

, que nous donne le sage , lors- nous déclare lui – même qu'en qu'il nous avertit de nous pré- vain on lui bâtit des temples, parer à la prière, et de n'ètre qu'inutilement on lui offre des pas comme un homme qui tente victimes et de l'encens , si l'huDieu : anie orationem præpara milité n'est l'âme de cet appaanimam tuam, et noli esse quasi reil extérieur : ad quem autem homo qui tentat Deum. (Eccli. respiciam, nisi ad pauperculum, 18,23.)Or il y a de deux sortes de el contritum spiritu , et tremenpréparations à la prière , l'une tem sermones meos ? (Isaïe , 66, éloignée et l'autre prochaine. 2.) C'est donc dans la disposi

La préparation éloignée con- tion d'un coeur liumilié, brisé siste à veiller sur ses pensées, et pénétré d'un vis sentiment de ses désirs, ses affections, ses sa pauvreté, de son indignité, paroles , ses démarches , ses de ses misères, qu'il faut paraîactions; à éviter tout ce qui est tre en la présence de Dieu pour

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vie, afin qu'étant arrosés des gouttes qui en découlent, nous ne tombions pas dans la défaillance: nemo habet de suo nisi mendacium et peccatum : quidquid autem habemus justitiæ et veritatis, ex illo fonte est, quem debemus sitire in hac eremo, ejus quasi guttis irrorati, non deficiamus in vid.

ut

le prier; c'est ainsi que priait David, Pour moi, dit-il, je suis un mendiant et un pauvre; je suis dans la pauvreté et l'indigence; mon Dieu, secourez-moi. (Ps. 39, 18, ps. 69, 6.) C'est que priait Daniel, en confessant ses péchés et ceux d'Israel, et qu'en se prosternant il priait en la présence de Dieu: abaissez, mon Dieu, disait-il, votre oreille jusqu'à nous; et écoutez-nous : ouvrez les yeux, et voyez notre désolation; car ce n'est point par la confiance en notre propre justice, que nous vous offrons nos prières, et que nous nous prosternons devant vous, mais c'est dans la vue de la multitude de vos miséricordes. ( Daniel. 9, 18.) C'est ainsi encore que priait le publicain, n'osant lever les yeux au ciel le sentiment de son inpar dignité; et c'est pour cela qu'il fut exaucé, tandis que le pharisien fut rejeté à cause de son orgueilleuse prière. Les fondemens de cette humilité qui doit accompagner la prière, sont les infirmités, les faiblesses, la pente au mal, le dégoût du bien, les misères, enfin l'état de corruption où les hommes ont été réduits par le péché d'Adam leur premier père; ce qui a fait dire au deuxième Concile d'Orange, canon 22, que nous n'avons de nous-mêmes que le mensonge et le péché; et que tout ce que nous avons de justice et de vérité, vient de cette source dont nous devons être altérés dans cette

4°. La prière doit être accompagnée de confiance, c'est-àdire, de la foi, ou de la persuasion que Dieu peut nous accorder tout ce que nous lui demanderons de juste, comme il faut, parce qu'il est tout-puissant ; et qu'il nous l'accordera, parce qu'il est tout bou. Cette assurance doit être fondée sur la promesse que Jésus-Christ nous a faite, que le Père céleste nous accordera tout ce que nous lui demanderons en son nom: si quid petieritis Patrem in nomine meo, dabit vobis. Ainsi la puissance de Dieu, sa bonté, sa fidélité dans ses promesses, les soins et les attentions continuelles de sa providence sur nous, sont autant de raisons de croire qu'il exaucera nos prieres. malgré nos faiblesses et le fonds de misères qui se trouve en nous, sans que la vue de ces objets puisse diminuer notre confiance, selon ces belles paroles de saint Bernard, dans son sermon trente-huit sur les cantiques. Quel est, dit-il, le sujet de votre défiance? Est-ce que vous êtes faibles? Mais Dieu connaît votre faiblesse. Est-ce que vous êtes liés au péché par

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