Immagini della pagina
PDF
ePub

SII.

sainte antiquité. Mais en quoi assure en même temps et avec consiste donc cette nouvelle opi- raison, qu'il y a une différence nion si fameuse et si pernicieu- extrême entre leur probabilisme se, si combattue et si défendue, et celui dont il s'agit à présent; chargée de tant d'anathèmes, et et que les anciens n'ont jamais couverte de tant de rains lau- appelé probables que les opiriers par ces artificieux défen- nions dont les contraires n'éseurs , et quelle en est la vérita- taient soutenues d'aucunes raible notion ? La voici en deux son. Le même auteur ne doute mols. Le probabilisme consiste point que le monde ne soit reà dire qu'il est permis de suivre devable du probabilisme aux une opinion moins probable qui théologiens scolastiques; mais favorise la liberté, dans le con- de dire précisément en quelle cours d'une autre opinion oppo- école ce dogme a pris naissance, sée est plus probable , qui favo- c'est ce qui lui paraît impossible. rise la loi. C'est du probabilisme Personne n'est jaloux de la gloire ainsi expliqué, selon sa véritable de lui avoir donné le jour. Vasnotion, que nous allons donner quez, le premier des jésuites qui l'histoire abrégée dans le para- le soutint avec éclat, en parle graphe suivant.

dans son ouvrage imprimé l'an 1598, comme d’un sentiment

commun. Valencia s'était expriDe l'histoire du probabilisme. mé comme lại cinq ans aupara

L'origine du probabilisine est vant. très-obscure et très-incertaine. Le père Concina, in Apparat. Le père Antoine Terille, jésuite, ad theolog. christ. dogm. mor. croit pouvoir en faire honneur tom. 2, lib. 3, cap. 1, pag. 269 à la sainte Vierge, laquelle, à ce et seq., parle de l'origine du proqu'il prétend , suivit l'opinion babilisme d'une façon qui nous moins probable, en négligeant paraît embrouillée et mêmeconpendant un jour de chercher son tradictoire. Voici ses paroles : fils, qui était demeuré dans le Istius systematis (probabilismi) temple. C'est un songe de vieille. parens fertur P. Bartholomæus

M. Habert, évêque de Vabres, Medina in suis commentariis cite dans un opuscule sur l'opi- in 1. 2. S. Thomae quæst. 19, nion probable, plusieurs Pères quod opus publici juris fecit ande l'Eglise, et un grand nombre no 1577. Multi partum hunc de docteurs fameux, plus an- abortivum Medine abjudicant, ciens que

le concile de Trente, nec frustrà... istius autem requi, selon lui, ont tous été pro- verà nec meminit P. Bartholobabilistes. Mais le père Jean Gis- mæus Medina. Quare non imbert, jésuite, qui rapporte dans meritò negant plures , theologum son Antiprobabilismus,cette pré- hunc præfati probabilismi patention de l'évêque de Vabres, rentem esse. Nemo tamen infi

[ocr errors]

ciari valet, tanti commenti ova implicat contradictionem, quòd posuisse Medinam, posteriores sit probabilis, et quòd non posverò excussisse. Si Médina a sumus eam licilè sequi.... Tercouvé les oeufs du probabilisme, tiò : opinio probabilis est cons'il en a posé le germe, comment formis rectæ rationi, et existin'en est-il pas le père ?

malioni virorum prudentum et Nous avons actuellement sous sapientum , ergò eam sequi non les yeux le texte de Médina, qui est peccatum... sed dices esse quia trompé le P. Concina , et d'a- demrectæ rationi conformem; laprès lui le célèbre procurcur- men quia opinio probabilior est, général du roi au parlement de conformior et securior, obligaProvence, M. de Ripert de Mon- mur eam sequi. Contrà est ar. clar, qui a adopté la méprise du gumenlum. Nam nemo obligatur savant dominicain , dans son ad id quod melius et perfectius Compte rendu des constitutions est; perfectius est esse virginem, des Jésuites , pag. 521. Sed ex. quum esse uxoratum; esse relihoc nascitur magna questio, dit giosum, quàm esse divilem : sed Médina à l'endroit cité, utrum nemo ad illa perfectiora obligateneamur sequi opinionem pro- tur. babiliorem, relicta probabili, an Lorsqu'on vient à peser ces pa

à satis sit sequi opinionem proba- roles de Médina , on y voit claibilem? Il rapporte ensuite le rement deux choses. La

presentiment de Soto, de Sylves- mière , qu'il suppose constamtre, de Conrad et de Cajetan, ment qu'une opinion probable qui soutiennent

que
dans la mo-

dans la concurrence d'une plus rale et dans les choses où il s'a- probable , demeure toujours git du droit d'un tiers , il n'est probable, conforme à la droite pas permis de suivre l'opinion raison et sentiment des probableen abandonnant la plus hommes sages et prudens, cerprobable; puis il ajoute : certè taine , sûre dans la pratique, et argumenta videntur optima; sed exempte de toute erreur, de tout mihi videtur quòd si est opinio blâme , de tout danger de péché. probabilis, licitum est cam sequi, La seconde, qu'il confond l'olicèt opposita probabilior sit : pinion la plus probable arec nam opinio probabilis in specu- celle qui a pour objet l'état le lativis ea est, quam possumus plus sûr pour le salut et le plus sequi sine periculo erroris et de parfait, quoique l'état contraire ceptionis ; ergò opinio probabi- soit sûr, mais moins parfait, lis in practicis ea est quam pos

comme il paraît par les exemsumus sequi sine periculo pec- ples qu'il rapporte du célibacandi. Secundò: opinio probabi- iaire et de l'homme marié, du lis ex eo dicitur probabilis, quòd religieux et du riche. possumus eam sequi sine repre- Or, que s'ensuit-il de ces deux hensione et viluperatione : ergò choses également incontesta

[ocr errors]

bles? Il s'ensuit évidemment que Médina n'a nullement enseigné le probabilisme tel que nous l'avons défini et qu'on l'a enseigné depuis. Médina suppose toujours qu'une opinion probable dans la concurrence d'une plus probable, ne perd rien de sa probabilité, de sa certitude, de -sa conformité à la raison et aux sentimens des sages; qu'elle est exempte de toute erreur, de toute tromperie, de tout blâme, de tout danger dans la pratique. Et il est démontré qu'une opinion probable cesse de l'ètre dans le concours d'une plus probable, parce que l'opinion plus probable ruine le fondement de la moins probable qui lui est contraire, et détruit sa probabilité : ce qui fait conséquemment que l'opinion probable dans cette opposition, devient absolument improbable, fausse, peu conforme à la raison et aux sentimens des sages, imprudente, téméraire, entièrement repréhensible et pleine de dangers. Médina n'a donc point enseigné le probabilisme odieux qu'on veut lui attribuer; et tout le reproche qu'on peut lui faire, c'est d'avoir supposé faussement qu'une opinion moins probable reste probable et sûre dans la concurrence d'une plus probable reproche au reste qui lui est avantageux, puisqu'il le lave de l'odieux du probabilisme. Cependant, quoiqu'on ne doive pas regarder Médina comme le père du probabilisme, il est vrai néanmoins que, depuis

227

l'impression de son ouvrage, il se répandit dans toutes les écoles. Vasquez lui donna le plus grand développement en 1598, et Thomas Sanchez l'étendit à toutes sortes de matières en 1611. Mutio Vitteleschi, général des jésuites, fit de vains efforts en 1617, pour en arrêter le cours dans sa compagnie. Layman le porta en Allemagne, Bauny l'enseigna en France, Diana en Sicile, Coninch dans la Flandre, Filiucius en Italie: son plus grand progrès est depuis 1620 jusqu'en 1656.

Le père Comitolus, jésuite, fut le premier qui le combattit en Italic; et le père Rebellus, de la même compagnie, en Portugal, l'an 1609; le père Thyrso Gonzalez, général de la société, et le père Gisbert l'attaquèrent aussi depuis. Les théatins furent les premiers qui le condamnèrent par un décret solennel dans leur cinquième chapitre général tenu en 1598. Mais la France le perça de mille traits. Le livre du jésuite Garasse fut censuré par la Sorbonne en 1626; et celui de Bauny en 1642. Le clergé de France, la même année, condamna plusieurs ouvrages de la secte des probabilistes.

En 1646, le vénérable Jean de Palafox écrivit au Pape Innocent X sa fameuse lettre, si souvent imprimée, contre la morale relâchée d'autre part, Antoine Escobar, pour faire un rempart au probabilisme, publia sa somine des vingt-quatre

docteurs, qu'il compare au cinquième chapitre de l'Apocalypse, où saint Jean rapporte qu'il vit vingt-quatre vieillards prosternés devant le trône de l'agneau. Selon cette allégorie d'Escobar, l'agneau Jésus montre le livre de sa Théologie morale, scellé de sept sceaux. Suarez, Vasquez, Molina et Valencia, sont les quatre animanx. Les vingt-quatre vieillards sont vingt-quatre autres jésuites, savoir, Ranctius, Azor, Tolet, Henripuez, Lessius, Rebellus, Coninch, Avilla, Reginald, Fillucius, Salas Hurtado de Mendoza, Gaspard Hurtado, Layman, les deux Lugo, Becan, Fagundea, Granados, CastroPaolo, Gordonius, Baldelus, Sa, et Meratius.

L'université de Louvain ayant condamné en 1649 et 1653 plusieurs propositions relâchées, ces deux condamnations furent comme le signal de la guerre qu'on déclara au probabilisme en 1656. Cette même année, les curés de Rouen et de Paris présentèrent à l'assemblée du clergé un grand nombre de propositions relâchées, extraites des livres des probabilistes; et ce fut pour commencer une digue à ce torrent, que cette assemblée donna commission à M. de Marca, archevêque de Toulouse, de traduire en français et de faire imprimer les Instructions de saint Charles aux confesseurs; ce qui fut exécuté. Cette même année 1656, le chapitre général de l'Ordre de Saint-Dominique,

assemblé à Rome, forma un décret pour obliger les dominicains à prendre les armes contre la morale relâchée ; et tandis qu'ils montaient en chaire et écrivaient de toute part coutre le probabilisme et les autres erreurs dans la morale, Jean Pirot, jésuite, publia, en 1555, son Apologie des casuistes; elle fut censurée plusieurs fois par un très-grand nombre d'évêques de France, par les souverains pontifes et par la Sorbonne, en 1658. Le père Honoré Fabri, jésuite, vint au secours du P. Pirot, en faisant imprimer, en 1659, un dialogue pour sa défense, sous le nom de Bernard Stubroch. Il fit aussi des notes sur les notes de Wendroch, dans le même dessein. La congrégation de l'Index condamna ces deux ouvrages de Fabri. Cette même année 1659, le père Étienne Deschamps, autre jésuite, se joignant à Fabri pour défendre sa société, ne se proposa d'autre objet dans son ouvrage intitulé, Question de fait, que de mettre le probabilisme sur le compte des dominicains. Le père Vincent Baron, religieux de cet ordre, réfuta le père Deschamps; le père Daniel, jésuite, prit la défense de son confrère, en 1694, dans ses dialogues, où il ne rougit pas d'attribuer le probabilisme au bienheureux Albert-le-Grand, à saint Thomas et à saint Antonin. N'en soyons pas surpris ; Terille, confrère de ce calomniateur, l'avait bien attribué à la sainte Vierge Marie. Le plus

[ocr errors]
[ocr errors]

méchant ouvrage qu'ait produit entier. Ce souverain pontife le probabilisme , c'est celui que condamna vingt-huit proposile jésuite Moya fit imprimer en tions relâchées, en 1665, et dix1660, à Palerme, à Bamberg et sept en 1666. Ces décrets pontià Valence , sous le titre de , caux obligerent plusieurs faAmadei Guimeneii Lomarensis meux probabilistes à abandonopusculum, singularia universæ ner cette doctrine proscrite. Tels ferè theologiæ moralis complec- furent entre autres le cardinal tens , adversùs quorumdam ex- Pallavicini , jésuite , et le carpostulationes contra nonnullas dinal d'Aguirre, bénédictin. jesuitarum opiniones. La Sor- Mais ces beaux cxemples ne fubonne le censura en 1565, com: rent pas universellement suivis, ine un libelle anti-évangélique à beaucoup près dans la compaet rempli d'abominations horri- gnie de Jésus. Ge fut sous le bles. Rome l'a condamné de- généralat de Gosvin Nickel, puis. Ces anathèines n'effrayè- que les jésuites, après avoir fait

, rent point le P. Moya. Il coin- imprimer le scandaleux ouvrage posa une apologie, adressée en du Tambourin, sur le Décaloforme de requête aux cardi- gue, dans les principales villes naux de la congrégation de l'In- d'Italie, le firent encore impridex, et un autre ouvrage sous le mer en France, pour braver les titre de quæstiones selectæ , qui censures des évêques et de la est un abrégé de toutes les propo. Sorbonne. Il parut à Lyon, avec sitions relâchées , et qui n'ent pas l'approbation de Théophile Reyun meilleur sort que ces proposi- naud et de Charles du Lieu , en tions mêmes, tant de fois pros- 1659, et fut condamné la même crites avec horreur. Ce sont néan- année par le cardinal de Retz, moins ces ouvrages de Moya, archevêque de Paris, à la poursi justement condamnés, que les snite de son clergé. Jean-Paul pères Lacroix , Viva , et les au- Oliva , successeur de Gosvintres probabilistes, prônent, exal- Nickel , favorisa constamment tent, donnent comme des rè- le probabilisme. Les décrets d’Agles sûres pour la conduite des lexandre vn, en 1655 et 1666 âmes et des consciences.

n'empêchèrent pas le père Fabri En 1664, on condamna à de publier, en 1671, avec l'apRome l'apologie du probabilisine probation du général et de neuf par Caramuel. Un évêque des théologiens jésuites, sa grande Pays-Bas interdit les résolutions apologie latine, en 2 volumes de Diana. Un grand nombre d'é- in - folio , avec laquelle il a invêques de France , peu contens séré l'apologie du grand oud'exterminer le probabilisme de vrage de Tambourin. La même leurs diocèses, écrivirent au année, Sotwel, dans son Catapape Alexandre vii, pour le sup- logue des écrivains de la société, plier de l'exterminer du monde dressa des autels aux probabi

[ocr errors]
« IndietroContinua »