Immagini della pagina
PDF
ePub

LE

CULTE CHEZ LES ROMAINS

DES SACERDOCES EN PARTICULIER.

LE COLLÈGE DES PONTIFES ET LES SACERDOCES

QUI S'Y RATTACHENT (SUITE).

[blocks in formation]

Le collège placé sous l'autorité du pontifex maximus ne se composait pas uniquement des simples pontifes; le rex et les flamines en faisaient aussi partie. Le premier de ces prêtres s'appelle en réalité rex sacrorum, c'est là son titre officiel, le seul qu'on trouve dans les inscriptions; cependant les écrivains se servent aussi des expressions rex sacrificiorum, sacrificus, sacrificulus (1). La charge dont il fut investi ne date que du commencement de la République. Lorsque la royauté fut abolie, le pouvoir spirituel de l'ancien roi passa au pontifex maximus et on revêtit un prêtre spécial du titre de rex (2), en lui confiant

(1) V. les preuves dans Mommsen, Staatsrecht, II2, p. 14, rem. 3. (2) Liv. 2, 2, 1: et quia quædam publica sacra per ipsos reges factilata erant, necubi regum desiderium esset, regem sacrificulum creant. Id sacerdotium pontifici subiecere, ne additus nomini honos aliquid libertali officeret. 3, 39, 4. Dionys. 4, 74. Plut. q. R. 63. Festus, p. 318. <<Bouché-Leclercq, Man. d. Inst., p. 514: « on aurait dù l'appeler flamine de Janus. »>>>

MARQUARDT, Cultes, t. II.

1

certaines fonctions religieuses qui semblaient une dépendance obligée de ce titre. C'est ainsi que le Basiλeú; à Athènes, et les rois dans plusieurs villes de l'Italie (1) survécurent à la royauté en leur qualité de prêtres. A Rome, le nouveau rex eut le même rang hiérarchique que le roi d'autrefois; on lui réserva la première place dans les festins sacrés des pontifes et dans toutes les autres cérémonies (2); mais sa dignité était incompatible avec les fonctions politiques (3) et, même au point de vue religieux, il était subordonné au pontifex maximus (4); sa charge était viagère; il n'était permis ni de l'en dépouiller ni de le mettre à mort (5); il devait toujours être pris parmi les patriciens (6). Il était, semble-t-il, choisi par le pontifex max. sur une liste de candidats dressée par le collège, puis inauguré par les Augures calatis comitiis (7) et à dater de ce moment classé

(1) Il y avait un rex sacrorum à Lanuvium (Wilmanns, 1773), à Tusculum (Orelli, 2279 <=Wilmanns, 1757>), <à Velitræ (C. I. L., X, 8 417)> et à Bovillæ (C. 1. L. VI, 2125 : L. Manlio L. f. Pal. Severo regi sacrorum, fictori pontificum p. R., IIIIviro Bovillensi. <<C'est en faisant de ce personnage un rex sacrorum dans une petite ville comme Bovillæ qu'Henzen explique qu'il ait eu en même temps le titre tout à fait inférieur de fictor pontificum>>; Bull. d. Inst. 1868, p. 159. V. dans un autre sens Mommsen, C. I. L. VI, 2125. On ne sait où a été trouvée l'inscription d'Orelli, 2280, qui est relative à un municipe et qui fait mention d'un rex sacrum.

(2) V. ci-dessus t. I, p. 265.-... Au mois de février les pontifes recevaient du rex et du flamen dialis les objets qui servaient à la purification (februa). Ovid. fast. 2, 21: Pontifices ab rege petunt et flamine lanas, quis veteri lingua februa nomen erat; dans un passage remarquable de Pline, n. h. 11, 186, nous voyons le rex figurer comme éponyme: L. Postumio Lævino rege sacrorum post centesimam vicesimam sextam olympiadem cor in extis haruspices inspicere cœperunt. Mais nous ne savons pas dans quel cas il était d'usage de recourir à cette façon de dater.

(3) Dionys. 4, 74. Plut. q. R. 63. Il est facile, suivant la remarque d'Henzen, Bull. 1868, p. 160, rem. 1, de mettre d'accord avec cette règle deux inscriptions qui la contredisent en apparence, C. 1. L. IX, 2847 et Mur., 329, 1= 358, 2. La première nous montre un légat impérial élevé au rang de patricien et nommé rex sacrorum, mais seulement après être sorti de charge; dans l'autre, on voit également Cn. Pinarius Severus investi de la dignité de rex sacrorum après avoir été consul. <<En sens contr. C. I. L. XIV, 3604. Regibus sacrorum ætate imperatoria licuisse publicis honoribus fungi, etc.>>

(4) Liv. 2, 2, 2. Dans la liste des pontifes que donne Cicéron, de har. resp. 6, 12, le rex occupe le treizième rang; il est classé comme les autres membres du collège d'après la date de son admission.

(5) Gajus, 1, 112. Serv. ad Æn. 8, 646. Ambrosch, Studien, I, p. 73. rem. 166. (6) Cic. pro domo, 14, 38. Liv. 6, 41, 9.

(7) Mercklin, Coopt. p. 79. Dionys. 5, 1, dit qu'il était choisi par les pon

parmi les membres du collège (1). Comme les femmes des fla- Regina sacrorum. mines, la femme du rex prenait part aux fonctions sacerdotales de son mari; elle portait le titre de regina sacrorum (2).

Faute de renseignements détaillés, il ne nous est pas possible de déterminer d'une manière précise le caractère et les attributions de ce couple de prêtres. Voici tout ce que nous savons à leur sujet. Avant l'année 450 304, date à laquelle Cn. Flavius publia les fasti, le rex faisait observer par un pontifex minor le jour de la nouvelle lune; quand celui-ci le lui indiquait, c'est-à dire aux calendes de chaque mois, il convoquait le peuple pour les comitia calata devant la curia Calabra sur le Capitole et il annonçait combien il y avait de jours depuis les calendes jusqu'aux nones; aux nones, le peuple se réunissait de nouveau in arce pour apprendre du rex quelles fêtes avaient lieu dans le mois (3). En outre lors des calendes, le rex avec le pontifex minor dans la curia Calabra, la regina sacrorum à la Regia sacrifiaient une porca ou une agna (4) en invoquant Janus (5). Aux nones, le rex

tifes et par les augures; mais les augures ne devaient intervenir que lors de l'inauguration comme quand il s'agissait du flamen. Gell. 15, 27, 1: Labeonem scribere, calata comitia esse, quæ pro collegio pontificum habentur aut regis aut flaminum inaugurandorum causa. Dans un passage fort instructif, T. Live (40, 42, 8) raconte que le pont. max. C. Servilius ne voulut consentir à l'inauguration de L. Dolabella qui était IIvir navalis, qu'à la condition que celui-ci déposerait sa charge de IIvir; il conclut en disant religio inde fuit pontificibus inaugurandi Dolabellæ. P. Clœlium Siculum inaugurarunt, qui secundo loco inauguratus (lire avec Rubino, p. 243, rem. 1, et Mercklin, p. 180, nominatus) erat. Il résulte de ce texte, en lui faisant subir cette correction qui s'impose, que le rex 1) était proposé, (nominatus), sans doute par les pontifes; 2) choisi par le pont. max., sans doute conformément au vœu de la majorité du collège; 3) inauguré comitiis calatis. Il est aussi question de l'inauguration dans un autre passage de T. Liv. 27, 36, 5. <<Bouché-Leclercq, les Pontifes, p. 302.>>

(1) C'est ce qui résulte des listes des pontifes (v. t. I, p. 290 et s.) comme du fait que le rex pouvait être représenté par les pontifes. Festus, p. 258a. (2) C. I. L. VI, 2123, 2124: Festi, ep. p. 113: Inarculum virgula erat ex malo Punico incurvata, quam regina sacrificans in capite gestabat. Serv. ad En. 4, 137. Macrob. 1. 15, 19.

(3) V. t. I, p. 393. <<Bouché-Leclercq, M. d. 1. r., p. 21.>>

(4) Macrob. 1, 15, 19.

(5) Macrob. 1, 15, 19 cpr. avec 1, 9, 15.

Q.R.C.F.

offrait les sacra nonalia in arce (1) et, le 9 janvier, à la fête des agonia, il sacrifiait un bélier à Janus dans la Regia (2). Il y a deux jours dans le calendrier qui sont marqués du sigle Q.R.C. F. (3) c'est-à-dire quando rex comitiavit, fas; ce sont le 24 mars et le 24 mai; ce sont très probablement les deux jours destinés à la testamenti factio (t. I, p. 368 et 376), jours où le rex présidait les comitia calata (4). Les anciens confondaient déjà

(1) Varron, de l. l. 6, 28.

(2) Le mot Agonium désigne, en général, le sacrifice et on appelle la victime agonia. Festi ep. p. 10 Agonium dies appellabatur, quo rex hostiam immola bat, hostiam enim antiqui agoniam vocabant et plus loin: Agonias hostias pu tant ab agendo dictas. Varro, de l. L. 6, 12. 14. Ovid. F. 1, 317. Il fallait donc une indication spéciale pour montrer à qui s'adressait le sacrifice; on ne la donne pourtant pas toujours. On trouve dans les calendriers quatre jours qui portent la mention Agonium :

1) le 9 janvier; Ovide et Varron (v. les textes que nous venons de citer) nous apprennent qu'on y offrait un sacrifice en l'honneur de Janus ; <<Dictionnaire des Antiq. de Daremberg et Saglio, v Agonalia: d'après Varron, la fête tirait son nom du mot sacramentel Agone, « Ferai-je ? » que prononçait le roi et après lequel la victime était aussitôt immolée (agonales per quos rex in regia arietem immolat dicti ab « Agone? » eo quod interrogatur a principe civitatis et princeps gregis immolatur.) D'autres explications ont été proposées par les modernes (Hartung, Relig. d. Römer, II, p. 33. Huschke, das alte röm. Iahr, p. 247.>>

2) le 17 mars, qui s'appelait agonium Martiale d'après Masurius (v. Macrob. 1, 4, 15). Cpr. Varron, de l. l. 6, 14. <<Dict. des Antiq., . c. : ce jour est aussi celui des Liberalia, que les livres des Salii agonenses désignaient sous le nom d'agonia; les Salii sacrifiaient, ce jour-là sur le Quirinal, appelé aussi mons agonus. >>

3) le 21 mai désigné dans le Kal. Venus. sous le nom d'Agon(ia) Vediovi; <<Dict. des Antiq., l. c.: un sacrifice était offert à Vejovis dans son temple entre l'Arx et le Capitole. >>

4) le 11 décembre, avec l'indication suivante dans les Fasti Amiternini (C. I. L. p. 325) AG IN NP, c'est-à-dire d'après Mommsen, Agonia Inui. <<Dict. des Antiq., . c.: un sacrifice était vraisemblablement offert ce jourlà aux divinités infernales. Huschke, das alte röm. Iahr, p. 248. Cpr. Dict. des Antiq .c. 1630, art. de M. Humbert. Ces quatre fêtes étaient réunies sous des noms semblables sans doute à cause des cérémonies toutes semblables qu'on y accomplissait. Bouché-Leclercq, Man. d. Inst. r., p. 401: l'agonium Martiale était une sorte de concours de danse entre les deux confréries des Saliens du Palatin et des Saliens de la « Colline », rappelant chaque année les luttes entre les Sabins et les Ramnes. V. O. Gilbert, Gesch. u. Topogr. der Stadt Rom in Alterthum, I, p. 85, 223, 299.>>

(3) Varro, de 1. l. 6, 31. Festus, p. 258a. Cpr. p. 278a et la restitution de ce dernier texte par Mommsen, C. 1. L. I, p. 367.

(4) Gajus, 2, 101. Gell. 15, 27, 3. Mommsen, le premier, a remarqué, Staatsrecht, II2, p. 37, rem. 1, le rapport qu'il y avait entre ces deux jours et la testamenti factio. Huschke est d'accord avec lui, Das alte röm. Iahr, p. 179.

ces jours de comices avec le Regifugium, qui tombait le 24 février (1); le roi sacrifiait alors au comitium, après quoi il prenait la fuite en toute hâte (2). Ce dernier rite rappelait la fuite de Tarquin le Superbe (3): du moins, c'était ainsi qu'on l'expliquait en s'inspirant, faute de mieux, de l'étymologie du mot. Quelle que soit la valeur de l'explication, nous sommes autorisés à en conclure, tout au moins, que le Regifugium n'était célébré Regifugium. qu'une fois par an et par suite qu'il différait des deux jours désignés par le sigle Q.R.C.F. Mais l'explication elle-même. doit être écartée; elle est en opposition avec ce fait que les Saliens y prenaient part (4), preuve manifeste qu'il s'agit d'une vieille cérémonie remontant à l'époque des rois. La fuite du prêtre sacrificateur, c'est-à-dire du rex, qui était aussi difficile à comprendre pour les Romains des temps postérieurs qu'elle l'est pour nous, a des analogies dans plusieurs autres cérémonies pratiquées dans l'antiquité; ainsi le sacrifice d'un animal

(1) On lit dans le Cal. Prænest. au sujet du 24 mars: [Q. R.] C. F. Hunc diem plerique perperam interpretantes putant appellar[i], quod eo die ex comitio fugerit [Rex; n]am neque Tarquinius abiit ex comitio [urbis] et alio quoque mense eadem sunt [idemque s]ignificant. Qu[are comitiis factis iudicija fieri indica[ri iis magis putamus.] Ov. F. 5, 727. Varro, de l. L. 6, 31: Dies qui vocatur sic: Quando Rex comitiavit fas, is dictus ab eo quod eo die rex sacrificulus itat (le ms. porte: dicat; Hirschfeld, Hermes, VIII, p. 469 et Jordan, Topogr. I, 1, p. 509, proposent de lire: sacrificulus litat) ad comitium, ad quod tempus est nefas, ab eo fas. <V. aussi Huschke, das röm. Iahr. p. 162 et s.>

(2) Plut. q. R. 63 : ἔστι γοῦν τις ἐν ἀγορᾷ θυσία πρὸς τῷ λεγομένῳ Κομητίῳ πάτριος, ἣν θύσας ὁ βασιλεὺς κατὰ τὰχος ἄπεισι φεύγων ἐξ ἀγορᾶς. Ovid. fast. 2, 685. Je ne puis comprendre pourquoi le texte de Plutarque où il est question de la fuite du roi ne peut pas faire allusion au regifugium comme le prétend Huschke, das alte röm. Iahr, p. 165.

(3) Ovid. fast. 2, 685. Verrius Flaccus dans le Kal. Præn. pour le 24 mars; Auson. ecl, de fer. 13. Cette opinion a été soutenue, il y a peu de temps encore, par Christ, Sitzungsberichte der Münchener Acad. Ph. hist. Cl. 1876, p. 195 et s. <<Bouché-Leclercq, Man. d. Inst. rom., p. 486: « la dernière cérémonie de l'année était le Regifugium, sorte de drame symbolique dans lequel le chef de l'État, assisté des Saliens, se chargeait pour ainsi dire des péchés de toute la communauté et prenait tout à coup la fuite, pour revenir ensuite purifié de toute souillure. note 2. C'est une cérémonie qu'on a comparée avec raison au Leπtýptov de Delphes.>>

[ocr errors]

(4) C'est là la seule donnée quelque peu sûre qui résulte du texte incomplet de Festus, p. 278a. On a proposé pour ce texte les restitutions les plus diverses: Mommsen, C. I. L. I, p. 367; Huschke, das alte röm. Iahr, p. 166; Christ, op. cit. p. 200.

« IndietroContinua »