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César à la royauté (1). De même, Lentulus qui prit part à la conjuration de Catilina, s'appuyait sur un prétendu oracle de la Sibylle (2). Enfin l'oracle publié par Caton, en l'année 9856, sur le rétablissement du roi Ptolémée Aulétès (3), est, dans la forme où il nous est parvenu (4), non pas une sentence originale, mais une interprétation spéciale d'une sentence plus générale ; c'est à cause de cela que Cicéron le traite de document faux (5) et apocryphe (6). L'usage que l'État faisait des livres sibyllins montre bien que l'on n'y cherchait pas des prophéties pour l'avenir; on s'en servait pour trouver des moyens d'expiation en cas de prodiges et de calamités extraordinaires (7).

(1) Cic. de div. 2, 54, 110: Quorum (librorum Sib.) interpres nuper, falsa quadam hominum fama, dicturus in senatus putabatur, eum, quem revera regem habebamus, appellandum quoque esse vellemus. Hoc si est in libris, in quem hominem et in quod tempus est? Callide enim, qui illa composuit, perfecit, ut, quodcumque accidisset, prædictum videretur, hominum et temporum definitione sublata. Adhibuit etiam latebram obscuritatis, ut iidem versus alias in aliam rem posse accommodari viderentur. Dio Cass. 44, 15. Suet. Cæs. 79. Plut. Cæs. 60. Appian b. c. 2, 110.

(2) Sallust. Cat. 47. Cic. Catil. 3, 4, 9; 3, 5, 11. Plut. Cic. 17.

(3) Sur le fait lui-même, v. Drumann, R. G., II, p. 535 et s.; quant à l'origine et au sens de l'oracle, v. Klausen, neas, p. 281.

(4) Il est en prose. Dio Cass., 39, 15 : Αν ὁ τῆς Αἰγύπτου βασιλεὺς βοηθείας τινὸς δεόμενος ἔλθῃ, τὴν μὲν φιλίαν οἱ μὴ ἀπαρνήσησθε, μὴ μέντοι καὶ πλήθει τινὶ ἐπικουρήσητε εἰ δὲ μή, καὶ πόνους καὶ κινδύνους ἕξετε. Lucan, 8, 824.

(5) Cic. ep. ad fam., 1, 7, 4: ita fore, ut per te restituatur, quemadmodum senatus initio censuit, et sine multitudine reducatur, quemadmodum homines religiosi Sibyllæ placere dixerunt.

(6) Cic. ad fam., 1, 4, 2: Hæc tamen opinio est populi Romani a tuis invidis atque obtrectatoribus nomen inductum fictæ religionis, non tam ut te impedi rent, quam ut ne quis propter exercitus cupiditatem Alexandream vellet ire. Drumann, II, p. 538. Il semble que ce soit en considération de cet oracle que l'on ait pendant longtemps pensé qu'il était interdit aux faisceaux romains d'entrer à Alexandrie. V. t. 12, p. 443, rem. 3, (ed. allemand).

(7) Dionys. 4, 62 : χρῶνται δ' αὐτοῖς, ὅταν ἡ βουλή ψηφίσηται, στάσεως καταλαβούσης τὴν πόλιν ἢ δυστυχίας τινός μεγάλης συμπεσούσης κατὰ πόλεμον, ἢ τεράτων καὶ φαντασμάτων μεγάλων καὶ δυσευρέτων αὐτοῖς φανέντων, οἷα πολλὰ συνέβη. Vopiscus, Aurel., 18: quare etiam libri Sibyllini noti beneficiis publicis inspecti sunt, inventumque, ut in certis locis sacrificia fierent. Varro, de r. r. 1. 1: ad cuius (Sibyllæ) libros --- publice solemus redire, cum desideramus quid faciendum sit nobis ex aliquo portento. Liv. 22, 9: Evicit, quod non ferme decernitur, nisi cum tætra prodigia nuntiata sunt, Xviri libros Sibyllinos adire iuberentur. Klausen, op. cit., p. 252 : « On trouve dans les livres sibyllins des menaces de malheurs publics, des prédictions de signes de terreur et, comme remèdes à ces maux, des ordres de rendre un culte aux dieux, des promesses

Il ne semble pas que l'on ait publié les oracles dont on s'inspirait; on se contentait de faire connaître les cérémonies religieuses que l'on croyait devoir célébrer d'après leurs indications; en d'autres termes, on donnait le sens pratique de l'oracle (1). Ce sont les cérémonies dont l'établissement est dù aux livres sibyllins, qui ont fait pénétrer dans la religion. romaine comme un élément nouveau.

2o Cultes nouveaux introduits à Rome par les livres sibyllins.

On ne consultait point les livres sibyllins pour toute espèce de prodiges; dans bien des cas, les livres pontificaux prescrivaient des piacula (2); dans d'autres cas, on s'adressait aux haruspices (3); ce n'était que quand il survenait des prodiges tout à fait nouveaux, des phénomènes extraordinaires (4), surtout en cas de peste (5) et de tremblement de terre (6), que l'on recourait aux livres sibyllins; on y trouvait indiqués des moyens de purification d'une application générale, comme les fêtes pré

de bonheur sous la condition d'accomplir de pieuses solennités (Dionys. 10, 2; Tibull. 2, 5, 71). Tels étaient aussi les livres grecs; nous pouvons nous en rendre compte par l'examen de la partie païenne du troisième livre de notre recueil et des oracles cités par Pausanias. » <<V. Bouché-Leclercq, Man. d. Inst. rom., p. 546, n. 3.>>

(1) Liv. 42, 2, 5: Ob hæc prodigia libri fatales inspecti editumque ad decemviris est, et quibus diis quibusque hostiis sacrificaretur, itaque sacrificatum est, ut decemviri scriptum ediderunt.

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(2) Liv. 25, 7, 9; 27, 4, 15; hæc prodigia procurata decreto pontificum. 27, 37, 4; 30, 2, 13; 39, 22, 3; 41, 16, 6. Mème distinction, 30, 38, 9: id prodigium more patrio novemdiali sacro, cetera hostiis maioribus expiata. V. aussi 34, 45, 8; 35, 9, 5; 36, 37, 5; 38, 36, 4; 39, 22, 3.

(3) Liv. 24, 10, 13; 32, 1, 14; 35, 21, 5; 36, 37, 2; 40, 2, 4; 41, 13, 3. (4) Liv. 21, 62, 6: Ob cetera prodigia libros adire Xviri iussi, quod autem lapidibus pluvisset in Piceno, novemdiale sacrum edictum. 22, 9, 8: pervicit ut, quod non fere decernitur, nisi cum tætra prodigia nuntiata sunt, Xviri libros Sibyllinos udire iuberentur. Cpr. 31, 12, 9.

(5) Liv. 4, 41, 5; 38, 44, 7; 40, 37, 3; 41, 21, 10. Obsequens, 22.
(6) Liv. 3, 10, 6; 10, 31, 8. Obseq. 35. Pluie de pierres, Liv. 7, 28, 7.

catives et les expiations, mais les dieux auxquels il fallait s'adresser (1) n'y étaient pas nommés ou bien on y ordonnait d'implorer le secours de dieux nouveaux et étrangers aux Romains (2). Cette dernière circonstance eut une importance décisive sur le développement de la religion romaine. Les dieux dont les livres recommandaient le culte furent ceux de leur pays d'origine, c'est-à-dire des environs de Troie (3); ce furent les oracles sibyllins qui accréditèrent la légende d'Enée en Italie (4); ce furent eux qui firent pénétrer dans la religion romaine ces idées grecques qui avec le temps devinrent prédominantes (5). Les principaux dieux accueillis à Rome par l'intermédiaire des livres sibyllins furent Apollon, Diane, Cérès, etc.

Toutes les sibylles tenaient de près à Apollon; celle de Gergis (sibylle hellespontique) avait été enterrée dans le temple d'Apollon à Gergis (6); celle de Cumes avait son antre près du tem

Apollon.

(1) Liv. 5, 50, 2. Il se peut que, toutes les fois qu'on accomplissait quelque acte d'expiation en l'honneur des dieux romains, les livres sibyllins n'eussent pas désigné d'une manière spéciale les dieux auxquels il fallait s'adresser. P. ex. lorsque T. Live dit, 22, 1 decemvirorum monitu decretum est, Iovi fulmen aureum fieret, Junoni Minervæque ex argento dona darentur. On apaisa aussi par des dons et des sacrifices Juno Regina in Aventino, Juno Sospita à Lanuvium, et Feronia. (pr. 21, 62, 8. Les fêtes précatives s'adressaient, d'ordinaire, omnibus diis, quorum pulvinaria Romæ essent (Liv. 24, 10) et lorsqu'on faisait des sacrifices (Liv. 36, 37: et Consul P. Cornelius, quibus Diis quibusque hostiis edidissent decemviri, sacrificaret), les XV viri pouvaient y procéder aussi bien que les pontifes, dont Liv. 30, p. 2, 13, dit: editi a collegio pontificum dii, quibus sacrificaretur, et aussi bien que les consuls chargés de sacrifier quibus diis ipsis videretur. Liv. 31, 5, 3; 32, 1, 13. Cpr. Klausen, Æn., p. 257.

(2) Liv. 37, 3, 5: Supplicatio - fuit. Quibus diis decemviri er libris ut fieret, ediderunt. 42, 2, 5.

(3) Ainsi Apollon, Artémis et Latone. V. Klausen, Æn. p. 259.

(4) V. Schwegler, R. G., I, p. 312 et s. <Cpr. J. Mörschbacher, Ueber Auf nahme griechischer Gottheiten in den ræmischen Kultus. Jülich, 1882.>

(5) Steph. Byz. s. v. l'épris.

(6) Lycophron, Cass. 1278:

Ζωστηρίου ('Απόλλωνος) σε κλιτύν, ἔνθα παρθένου

Στυγνόν Σιβύλλης ἐστὶν οἰκητήριον

Γρώνω βερέθρῳ συγκατηρεφές στέγης.

Verz. Æn. 6, 9: arce, quibus altus Apollo Præsidet, horrendæque procul secreta Sibyllæ. Et sur ce passage le com. de Servius: Cum ubique arx lovi detur, apud Cumas in arce Apollinis templum est.

ple d'Apollon sur la citadelle de Cumes (1), et son tombeau dans ce même temple (2); la sibylle s'appelait tantôt sœur (3), tantôt fiancée, tantôt fille, tantôt amante, tantôt enfin prêtresse (4) d'Apollon; tous les lieux où elle apparait (5) sont connus par le culte que l'on y rendait à Apollon. Les livres sibyllins euxmêmes passaient pour un présent d'Apollon (6). Ce sont ces livres sans doute qui ont fait connaitre Apollon à Rome (7), car ce dieu ne figure pas dans les Indigitamenta de Numa (8). C'est sous Tarquin le Superbe, que les Romains envoyèrent pour la première fois, une députation à l'oracle de Delphes (9); et ce fait se reproduisit souvent dans la suite (10). Soixante ans après l'expulsion des rois, il y avait déjà un sanctuaire d'Apollon à la prairie flaminienne (11); en l'an 321-433, on lui voua pour la première fois un temple (12), et deux ans après on en fit la dédicace (13). C'est de là que partaient les processions expiatoires

(1) Pausan. 10, 12, 8. Schol. Lycophr. 1278.

(2) Pausan. 10, 12, 2. Clemens Al. Strom. 1, 21, § 108, p. 384 P.

(3) Serv. En. 6, 321.

(4) Verg. Æn. 6, 35: Phœbi Triviæque sacerdos. Serv. En. 3, 332: Sibylla Apollinis vates. Klausen, En. I, p. 213, cite encore d'autres textes.

(5) Klausen, Æn. I, p. 214 et s.

(6) Tibull. 2, 5, 15.

(7) Klausen, Æn. 1, p. 258. <Cpr. R. Hecker, de Apollinis apud Romanos cultu, diss. inaug. Lipsia, 1879.>

(8) Arnobius, 2, 73.

(9) Liv. 1, 56, 5.

(10) Ainsi après la bataille de Cannes. Liv. 22, 57, 5 (cpr. 28, 45, 12). <5, 15, 3.>

iam

(11) Liv. 3, 63, 7: in prata Flaminia, ubi nunc ædes Apollinis est. tum Apollinare appellabant · avocavere senatum. Jordan, Topogr. II, p. 235. <Il serait fait mention d'un autre ancien sanctuaire d'Apollon sur le Quirinal dans Varron, de l. l. 5, 52, du moins, si l'on accepte la restitution très vraisemblable qu'a proposée pour ce texte K. O. Müller. <Cpr. H. Jordan, Topogr. II, 249.): adversum est Apollinar cis. ædem Salutis (le ms. porte: pilonarois edem salutis).) L. Havet lit: adversum (préposition) Estpilonar (nom de lieu). Mém. de la Soc. de ling. 1881, p. 236.>>

(12) Liv. 4, 25: ædis Apollini pro valetudine populi vota est. Multa duumviri ex libris placandæ deum iræ causa fecere. T. Live ne dit pas expressément que le vou eut lieu sur l'ordre des livres sibyllins. Mais cela résulte des étroites relations qu'il y avait entre les IIviri et le culte de ce temple. (13) Liv. 4, 29, 7. Le temple était situé près du théâtre de Marcellus. V, Fasti Arvalium (C. I. L. VI, 2295) pour le 23 septembre. Becker, Topographie, p. 605. Pour les détails sur l'histoire de ce temple qui fut jusqu'à l'é

ordonnées par les livres sibyllins (1). Aux lectisternes établis pour la première fois en 355-399 sur l'ordre de ces livres, Apollon et avec lui Latone et Diane (2) occupèrent les places d'honneur; la présence de Latone prouve que cette triade divine est tout à fait grecque et il est clair aussi que Diane se confondait avec Artémis. Dans les dangers que fit courir à Rome la deuxième guerre punique, après la bataille de Cannes, on eut connaissance de l'oracle des Marcii qui ordonnait de vouer des jeux à Apollon et prescrivait aux décemvirs de lui faire des sacrifices suivant le rite grec: car ce dieu devait anéantir les ennemis de Rome (3). On trouva le même conseil dans les livres sibyllins (4) et l'on institua en 542 212 les jeux Apollinaires dont il sera question plus loin.

Apollon est une divinité qui n'a rien de romain. Au contraire, l'Artémis grecque fut identifiée par les interprètes des li

Diana,

poque d'Auguste l'unique temple d'Apollon à Rome (Ascon. p. 81, K.-Sch.) v. Hecker, op. cit., p. 4-12.>

(1) Liv. 27, 37.

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(2) Liv. 5, 13, 6. Plus tard, en 537=217, Apollon et Diane. Liv. 22, 10, 9. (3) Liv. 25, 12 : Apollini vovendos censeo ludos decemviri Græco ritu hostiis sacra faciant — nam is Divus exstinguet perduelles vestros. Macrob. 1, 17, 25. 28. 25, 52. <<Dict. des Antiq. de Daremberg, vo Apollon, p. 317 : Le dieu que les Romains empruntèrent des Grecs fut l'Apollo devin et sauveur. Les Vestales l'invoquaient sous le nom d'Apollo Medicus et d'Apollo Pæan (Macr. 1, 17, 15). Dès le temps de la deuxième guerre punique il était adoré à Rome avec tous ses attributs et dans toute l'étendue de sa puissance; il était un dieu sauveur, le dieu des oracles, de la musique et de la joie; enfin quand on excitait sa colère il devenait un dieu vengeur: « la gaieté, le caractère hospitalier qui accompagne, d'ordinaire, ces cérémonies, est un des traits particuliers aux fêtes de l'été et des moissons qu'on célébrait en l'honneur d'Apollon... A côté des anciens dieux du Latium et de la Sabine, aucun dieu n'est devenu plus populaire que l'Apollon grec... Sous Auguste il prit place à côté de Jupiter Capitolin et resta, jusqu'à la fin du paganisme, le dieu le plus adoré. Cpr. Roscher, Ausführl. Lexic. v° Apollon, c. 446 (art. de Roscher).>>

(4) Liv. . . Macrob. 1, 17, 25: ex vaticinio Marcii vatis carmineque Sibyllino. § 29 Ex hoc carmine cum procurandi gratia dies unus rebus divinis impensus esset, postea SCtum factum, uti decemviri quo magis instruerentur de ludis Apollini agundis reque divina recte facienda, libros Sibyllinos adirent. In quibus cum eadem reperta nuntiatum esset.... Festus, p. 326b at in hoc libro (Verrius Flaccus) refert Sinni Capitonis verba, quibus eos ludos Apollinares Claudio et Fulvio Cos. (212 av. J. Chr.) factos dicit ex libris Sibyllinis et vaticinio Marcii) vatis institutos.

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