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de joie s'élève jusqu'aux astres. On arrive au coude du fleuve; les anciens ont nommé portes du Tibre le lieu où il s'échappe à gauche. Il était nuit; on attache la corde à un tronc de chêne, et après le repas, on se livre au sommeil. Le jour paraît; on détache la corde du tronc de chêne; mais d'abord on brûle l'encens sur l'autel préparé; devant la poupe couronnée on immole une génisse sans tache, qui n'a connu ni le joug ni l'amour.

Il est un lieu où l'Almon capricieux se précipite dans le Tibre, et perd son nom dans le grand fleuve. Là un prêtre à la tête chenue, à la robe de pourpre, lave la déesse et les objets consacrés à son culte dans les eaux de l'Almon; ses accolytes poussent des hurlemens, la flûte rend des sons perçans, les tambours résonnent sous leurs mains efféminées. Claudia marche la première, rayonnante de gloire, Claudia dont enfin la chasteté n'est plus méconnue sur la foi de la déesse. La déesse ellemême, portée sur un char, entre par la porte Capène, les génisses qui la traînent sont couvertes de fleurs nouvelles. Nasica la reçut; il fut le premier fondateur de son temple. Auguste aujourd'hui, et Metellus avant lui ont droit au même titre.

Érato se tut, et attendit d'autres questions. Pourquoi, lui dis-je, la déesse a-t-elle recours à de minces aumônes? « Parce que le peuple a, par des 'collectes, fourni les fonds avec lesquels Metellus éleva le temple ces aumônes ont ainsi passé en coutume. » Pourquoi, surtout à cette époque, fait-on échange d'invitations et de festins?« Parce que la déesse de Bérécynthe a heureuse

Captant mutatis sedibus omen idem.

Institeram, quare primi Megalesia ludi

Urbe forent nostra: quum Dea, sensit enim,
Illa Deos, inquit, peperit: cessere parenti,
Principiumque dati mater honoris habet.
Cur igitur Gallos, qui se excidere, vocamus,
Quum tanto Phrygia Gallica distet humus?
Inter, ait, viridem Cybelen, altasque Celænas
Amnis it insana, nomine Gallus, aqua.

Qui bibit inde, furit : procul hinc discedite, quîs est
Cura bonæ mentis : qui bibit inde, furit.
Non pudet herbosum, dixi, posuisse moretum
In dominæ mensis? an sua causa subest?
Lacte mero veteres usi memorantur, et herbis,
Sponte sua si quas terra ferebat, ait.
Candidus elisa miscetur caseus herbæ,
Cognoscat priscos ut Dea prisca cibos.

POSTERA quum cœlo motis Pallantias astris
Fulserit, et niveos Luna levarit equos,
Qui dicet, quondam sacrata est colle Quirini
Hac Fortuna die Publica, verus erit.

TERTIA lux, memini, ludis erat: at mihi quidam
Spectanti senior, contiguusque loco,

Hæc, ait, illa dies, Libycis qua Cæsar in oris
Perfida magnanimi contudit arma Jubæ.
Dux mihi Cæsar erat, sub quo meruisse tribunus
Glorior officio præfuit ille meo.

Hanc ego militia sedem, tu pace parasti,
Inter bis quinos usus honore viros.

ment changé le lieu de son séjour; on cherche le même présage en passant d'une demeure dans l'autre. » Je continuai : Pourquoi les jeux Mégalésiens sont-ils célébrés les premiers dans notre ville? Erato avait prévu ma demande; elle me dit : « Les dieux sont les fils de Cybèle; ils cèdent le pas à leur mère qui reçoit les premiers honneurs. >> Mais pourquoi le nom de Galles donné à ceux qui se mutilent, malgré la distance qui sépare la Phrygie de la Gaule? « Entre le vert Cybèle et la haute Celène, un fleuve, le Gallus, roule son onde insensée; qui boit à ses eaux devient fou. Fuyez, vous qui voulez conserver la raison qui boit à ses eaux devient fou. Ne rougiton pas, repris-je, de servir sur la table de la déesse le moretum, ce ragoût aux herbes? cet usage a-t-il aussi sa cause? «On dit que les anciens se nourrissaient de lait pur et d'herbes que la terre portait d'elle-même; on présente à l'antique déesse, ce mélange de blanc fromage et d'herbes pilées, pour qu'elle reconnaisse les mets antiques.

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Le lendemain, lorsque l'Aurore aura par son éclat chassé les astres du ciel, et que la Lune aura dételé ses blancs coursiers, on dira avec vérité : Jadis en ce jour fut consacré sur le mont Quirinal un temple à la Fortune Publique.

Le troisième jour, il m'en souvient, on célébrait des jeux; un vieillard placé près de moi parmi les spectateurs, me dit : « C'est en ce jour glorieux que César brisa sur les côtes de la Libye les armes perfides du valeureux Juba. César était mon général, je m'honore d'avoir mérité sous lui la charge de tribun que j'exerçai sous ses ordres. La place que j'occupe ici, je la dois à la guerre, tu dois la tienne à la paix qui t'a placé au

Plura locuturi subito seducimur imbre :

Pendula cœlestes Libra movebat aquas.

Ante tamen, quam summa dies spectacula sistat,
Ensiger Orion æquore mersus erit.

PROXIMA Victricem quum Romam inspexerit Eos,
Et dederit Phœbo stella fugata locum,
Circus erit pompa celeber, numeroque Deorum;
Primaque ventosis palma petetur equis.
Hi Cereris ludi non est opus indice causæ :

Sponte Deæ munus, promeritumque patet.
Messis erant primis virides mortalibus herbæ,
Quas tellus, nullo sollicitante, dabat:
Et modo carpebant vivaci cespite gramen ;

Nunc epulæ tenera fronde cacumen erant.
Postmodo glans nata est: bene erat jam glande reperta ;
Duraque magnificas quercus habebat opes.
Prima Ceres homini, ad meliora alimenta vocato,
Mutavit glandes utiliore cibo.

Illa jugo tauros collum præbere coegit :
Tum primum soles eruta vidit humus.
Æs erat in pretio; chalybeia massa latebat:
Heu ! quam perpetuo debuit illa tegi!
Pace Ceres læta est: at vos optate, coloni,

Perpetuam pacem, perpetuumque ducem.
Farra Dea micæque licet salientis honorem

Detis, et in veteres turea grana focos:
Et, si tura aberunt, unctas accendite tædas:
Parva bonæ Cereri, sint modo casta, placent.
A bove succincti cultros removete ministri :

rang honorable des décemvirs. » Nous en aurions dit davantage, mais une pluie subite nous sépara; la Balance épanchait les eaux des cieux. Cependant avant que les spectacles aient pris fin avec le jour, Orion, armé du glaive, se sera plongé dans les eaux.

Lorsque l'aurore prochaine éclairera Rome victorieuse, et que les étoiles en fuyant cèderont la place à Phébus, la pompe et le nombreux cortège des dieux resplendiront dans le cirque, et les chevaux rapides disputeront le prix de la course. Ce sont les jeux de Cérès; il n'est pas besoin d'en indiquer la cause; les dons et les bienfaits de la déesse parlent d'eux-mêmes. Les premiers mortels ne connaissaient pas d'autre moisson que les herbes verdoyantes, produit spontané de la terre. Tantôt ils cueillaient le vivace gazon, tantôt ils se nourrissaient du tendre feuillage qui couronne les arbres. Ensuite naquit le gland; c'était déjà une heureuse découverte, et le chêne dur donnait de magnifiques récoltes. Cérès, la première, convia l'homme à de meilleurs repas, et substitua au gland une nourriture plus utile. Elle força les taureaux à soumettre leur cou au joug; alors, pour la première fois, le sol labouré reçut les rayons du soleil; l'airain seul était en usage; l'acier n'apas été découvert, et plût à Dieu qu'il fût toujours demeuré enseveli au sein de la terre! Cérès aime la paix; quant à vous, cultivateurs, faites des vœux pour conserver toujours même paix, même chef. Vous pouvez offrir à la déesse des gâteaux sacrés, un peu de sel, et quelques grains d'encens répandus sur les foyers antiques; si l'encens vous manque, allumez des torches parfumées; la bonne Cérès se contente de peu, pourvu que l'offrande soit pure. Vous, ministres préparés pour

vait

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