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soldats qui avaient fait leur temps, à se réengager au service de l'Espagne, on autoriserait à prendre dans les régimens des soldats de bonne volonté qui voudraient prendre du service en Espagne; mais on leur refusa le drapeau français ; on leur refusa la solde française. Or, là où ces deux conditions manquent, l'intervention n'existe pas, et il n'y a plus qu'une simple coopération plus ou moins étendue, plus ou moins efficace....

<<< Voilà ce qu'a fait le cabinet du 22 février, ajoute M. Cousin: tout comme le cabinet du 11 octobre avait négocié avec un général pour qu'il se mit à la tête de la légion française en Espagne, de même le cabinet du 22 février avait autorisé le commandement de la nouvelle légion de 8 à 10,000 hommes par le brave et habile général qui venait de cueillir de beaux lauriers à la Sickak le général Bugeaud). La Grande-Bretagne s'engageait, de son côté, à porter la légion anglaise à 12 ou 15,000 hommes; le Portugal fournissait 6,000 soldats; on devait choisir dans toute l'armée espagnole les 10 ou 12,000 meilleurs soldats. Cet ensemble de forces devant obéir au général français qui devait avoir aussi sous ses ordres un effectif de prés de 40,000 hommes, avec lesquels il aurait pu, sans engager la France, sans compromettre le drapeau national, sans compromettre nos finances, sans excéder les limites de la politique suivie par le cabinet du 11 octobre, rendre à notre alliée les plus grands services.

« Voilà quel était le plan de la coopération arrêté par le cabinet du 22 fés vrier. Sur ces entrefaites, un grand événement intervint en Espagne : læ constitution de 1812. Cet événement pouvait avoir de graves conséquences, le ministère suspendit l'entrée de la légion étrangère en Espagne et attendit. C'est ce que la prudence exigeait. »

Cependant la constitution de 1812 n'ayant pas amené tout ce qu'elle annonçait d'orages, et le Gouvernement espagnol ayant surmonté une partie des difficultés semblables à celles que nous avons traversées, l'orateur croit qu'on pouvait reprendre la coopération telle qu'elle était préparée par le mi→ nistère du 22 février, par ce cabinet qui s'était dissous volon tairement en face de la question.

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Les faits ainsi établis, M. Cousin posait au président du Conseil le dilemme suivant :

«De deux choses l'une ou le cabinet nouveau continue, commeil l'a dit, la politique des cabinets qui l'ont précédé, des cabinets du 11 octobre et de du 22 février, et, dans ce cas, qu'il me soit permis de lui dire parlementairement que j'ai quelque peine à concevoir son existence; ou bien il ne la conu tinue pas, il la condamne; il désavoue à la fois et le ministère du 22 février ét le ministère du 11 octobre; car j'ai prouvé que ces deux ministères ont

professé et pratiqué la même politique, politique la plus nationale et la plus conforme aux intérêts comme à la dignité de la France, tandis que celle da cabinet actuel ne pouvait offrir à l'Espagne que des vœux stériles pour le succés de sa cause. »>

M. le président du Conseil répondant à ces interpellations n'hésitait pas à contester l'exactitude des faits énoncés. D'abord il ne comprenait pas qu'on pût coopérer sans intervenir pi intervenir sans coopérer.

« Quoi qu'il en soit, jusqu'ici la France n'a pas coopéré, je m'engage à le prouver. On a dit qu'on avait cédé la légion étrangère : non, Messieurs, on ne l'a pas cédée; on l'a licenciée, et puis on a dit aux hommes qui la composaient, aux officiers et aux soldats : « Prenez du service en Espagne si vous le voulez. » Ainsi il n'y a pas eu un corps au service de France qui ait passé au service d'Espagne. Il y a eu autorisation pour les hommes d'un corps qu'on venait de dissoudre, d'entrer au serviéé espagnol et de servir avec la cocarde espagnole. Ce fait était important à rétablir.

«Le ministère du 22 février a refusé la coopération au mois de mars aussi bien que l'intervention. M. le duc de Broglie vous a dit que pour lui la seule politique qu'il repoussait était celle qui entraînerait étroitement la France à l'Espagne; il s'est servi de l'image de deux vaisseaux qui s'abordent, et qui courent le risque d'être brisés ensemble par la tempête. C'est là, Messieurs, la question tout entière: de savoir à quel moment les deux vaisseaux s'abordent et s'engagent; de savoir à quel point la prévoyance prescrit de s'arrêter. C'est là que nous nous séparons du 22 février... Séparer n'est pas le mot; c'est là que notre opinion différe de celle des ministres du 22 février. La coopération comme le voulait le cabinet du 22 février, menait à l'intervention; c'est cette coopération-lå dont nous ne voulons pas. Vous savez maintenant pourquoi nous avons accepté le fardeau des affaires du pays. »>

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La discussion générale de l'adresse en resta là; mais celle des paragraphes ramena des particularités à relever sur la question de l'intervention.

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10 janvier. Après une interpellation de M. de Brézé sur la dette de l'Espagne envers la France, dette montant à 58 millions, dont les intérêts n'étaient pas payés depuis deux ans, M. le maréchal duc de Dalmatie exprima la plus vive oppo; sition au système de coopération dont on avait fait, honneur la veille au ministère du 22 février. Ce n'était, selon lui qu'une intervention honteuse, une intervention compromettante, qui aurait engagé le pays beaucoup plus qu'une intervention hautement avouée, à laquelle le drapeau national doit toujours présider. L'illustre maréchal n'approuvait pas même le mode pris, lors de la cession de la légion étrangère

à l'Espagne, c'est-à-dire le licenciement. Il blamait surtout comme un mode désorganisateur le parti qu'on prit ensuite de prendre dans les régimens français, particulièrement dans ceux placés sur la frontière et même jusqu'en Afrique, tous les hommes que la séduction engageait à passer au service de l'Espagne, pour en former le corps qu'on réunit à Pau. Cette manière d'intervenir était une des plus désastreuses qu'on pût concevoir. Ces quinze mille hommes, s'ils avaient pénétré en Espagne, s'y seraient trouvés dans une situation épouvantable... Ils pouvaient être forcés par les ordres d'un général espagnol de marcher à la répression des désordres qui éclatèrent à cette époque dans plusieurs provinces. Etait-ce là une situation convenable? Le Gouvernement de cette époque a-t-il prévu toutes les circonstances malheureuses qui pouvaient en résulter? « Je ne puis le supposer, dit le maréchal Soult ; autrement je l'accuserais d'avoir voulu compromettre la France, et l'exposer à une situation des plus fàcheuses, qu'elle n'aurait pas même osé avouer aux yeux des puissances étrangères.com

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Le célèbre capitaine reconnaissait qu'il pouvait se présenter des circonstances où l'intervention de la France pouvait être nécessaire. Mais, à son avis, le cas hic s'était pas encore présenté; il siégeait dans le Conseil du roi, lors de la conclusion du traité de la quadruple alliance, et rappelait qu'il n'hésita pas dès lors à se prononcer contre toute espèce d'intervention. Les événemens postérieurs l'avaient plus que jamais fait persister dans son opinion, et il terminait, en votant pour le paragraphe de l'adresse, par répéter qu'à ses yeux la coopération dont il avait été question n'était qu'une intervention déguiséc, honteuse, en ce que l'on n'osait pas l'avouer, compromettante, parce qu'elle pouvait mener aux conséquences les plus difficiles à réparer...

Cette opinion si franchement exprimée sur la coopération avait excité dans la Chambre une sensation désagréable aux membres des deux derniers cabinets; et M. Cousin, tout en

blâmant la sévérité de l'illustre maréchal pour cette coopération, renvoya le soin de la défendre au président du Conseil du 11 octobre. Ce fut M. Guizot, membre de ce cabinet, qui s'en chargea. D'abord il n'hésitait pas à reconnaître que le cabinet du 11 octobre avait donné au Gouvernement de la reine Christine un appui indirect qui avait varié suivant les circonstances.

« En même temps, dit-il, que le cabinet du 11 octobre se refusait à l'intervention, à la coopération armée, il appuyait la reine d'Espagne, tantôt par le blocus sur la frontière, tantôt en autorisant le Gouvernement espagnol à recruter en France et à lever lui-même, en son propre nom, par sa seule action, à lever, dis-je, dans la population ou parmi les militaires en congé, des corps de volontaires, comme l'a été la légion Schwartz; tantôt, enfin, en autorisant la légion étrangère, licenciée, à passer au service de l'Espagne, à devenir un corps espagnol; car il était bien formellement stipulé, dans la convention, que ce corps n'était plus au service de la France, qu'il devenait un corps espagnol, sous les ordres du général en chef espagnol. Oui, Messieurs, tous ces appuis indirects ont été successivement accordés, par le ministère du 11 octobre, à la cause de la reine; et aujourd'hui, pour mon compte, je n'en répudie aucun.

« Qu'a voulu, après la dépêche que je viens de lire tout à l'heure, qu'a voulu y ajouter le cabinet du 22 février?

« D'une part, il a voulu rendre beaucoup plus considérable la force du corps ou des corps qui servaient en Espagne comme volontaires ou sous le nom de légion étrangère. De plus, il s'est chargé lui-même du recrutement en France: c'est M. le ministre de la guerre qui, par des circulaires et des instructions émanées de lui, par des officiers envoyés par ses ordres, a provoqué et dirigé ce recrutement; ce n'est plus l'ambassadeur d'Espagne seul, ce n'est plus le gouvernement espagnol seul qui a recruté et enrôlé des volontaires en France, ainsi qu'on l'y avait autorisé lors de la formation de la légion Schwartz : c'est le ministre de la guerre de France qui a écrit, qui a ordonné, qui a fait voyager des officiers, qui a récruté et formé les corps d'armée sur le territoire français. »

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Ici M. Guizot rappelait à la Chambre ou mettait sous ses yeux plusieurs dépêches d'où il résultait que le cabinet du 11 octobre, en accordant à la reine d'Espagne un appui indirect, avait soin de le limiter et de se retenir lui-même sur la pente sur laquelle il était placé...

«Eh bien! Messieurs, ajoutait-il, c'est cette limite que le ministère du 22 février a cru devoir dépasser; il a fait faire le recrutement par le ministre de la guerre lui-même, dans les régimens français eux-mêmes; en sorte que, sans sortir encore de l'appui indirect, et ici je fais sa cause meilleure que ne la faisait tout à l'heure le préopinant lui-même, il a cependant fait un pas, un pas immense, un pas qui devait plus tard rendre inévitable la coopération armée ou l'intervention, comme on voudra; d'autant plus inévitable, permettez-moi de le dire, que le chef même du cabinet, dans ses convictions

les plus sincères, avait toujours été partisan de l'intervention, au sein même du cabinet du 11 octobre; d'autant plus inévitable que, lorsque le cabinet du 11 octobre avait refusé l'intervention, l'honorable M. Thiers avait manifesté une opinion différente de celle qui avait prévalu dans le sein du conseil.

« Voilà donc un pas nouveau, un grand pas fait par le cabinet du 22 février, sous la direction d'un président partisan de l'intervention, et vous voudriez que tout cela fût insignifiant, que tout cela ne fût pas autre chose que ce qu'avait fait le cabinet du 11 octobre!... Il faut mettre de côté les mots les apparences; il faut voir ce qu'on voulait, ce qu'on cherchait, ce qui serait arrivé, quand même peut-être on ne l'eût pas cherché ou voulu. L'intervention, la coopération armée étaient au bout de ces actes, et c'est à cause de cela que, pour notre compte, nous n'en avons pas voulu, pas plus dans le cabinet du 11 octobre que dans le cabinet du 6 septembre. Nous avons toujours eu devant les yeux et déterminé avec grand soin la limite à laquelle la France s'arrêterait. Sans prononcer d'une manière irrévocable, absolue, que toute intervention était à tout jamais impossible, nous nous sommes toujours proposé, non seulement de ne pas pousser à l'intervention, mais de l'éviter. Les limites que le cabinet du 22 février a voulu dépasser, nous nous y sommes renfermés. Le cabinet du 22 février s'est retiré pour avoir voulu les dépasser. Le cabinet du 6 septembre s'est formé pour s'y tenir encore renfermé, comme avait fait le cabinet du 11 octobre, ainsi que je viens, je crois, de le démontrer irrésistiblement à la Chambre. »

Après ces détails qui établissent clairement les dissidences. des deux cabinets, la discussion n'offre plus d'intérêt historique.

M. le duc de Broglie revint pourtant encore sur l'espèce de coopération que le cabinet du 11 octobre avait accordée, et en prit occasion de relever l'expression dont le maréchal Soult l'avait flétrie, mais que celui-ci expliqua ensuite de manière à calmer la susceptibilité de l'ancien ministre.

La discussion arrivée au paragraphe relatif à l'expédition de Constantine, M., Villemain, après quelques observations piquantes sur les, variations montrées dans la conduite de l'administration de la guerre, terminait ses observations en demandant à M. le président du Conseil à quelles limites s'arrêterait la pure vengeance de l'honneur français; comment serait manifestée cette résolution de borner ses entreprises en Afrique, pour les assurer; jusqu'à quel point le régime sous Jequel était placée la ville d'Alger devait être continué, et s'il était dans l'intention du Gouvernement de faire subir à ce régime, au moins pour l'ordre civil, des modificati¡pas qui le rapprochent davantage de l'esprit de la Charte, des intérêts

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