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CHAPITRE X.

GRANDE-BRETAGNE. Majorité de la princesse Victoire, héritière présomp

tive du trône.

-

Mort du roi Guillaume IV. - Séparation des deux cou

ronnes d'Angleterre et de Hanovre. Victoire comme reine d'Angleterre.

Proclamation de la princesse

Sermens et déclarations de la nou

velle reine. - Adresses des deux Chambres à la nouvelle reine et à la reine douairière. Ajournement à la session prochaine de toutes les grandes mesures en discussion. Déclaration du duc de Wellington au sujet de l'Irlande. - Budget. Bill relatif à la succession au trône. Bill relatif aux élections irlandaises. Incident relatif au roi de Hanovre. Clôture de la session. Dissolution du Parlement. -Etat des partis. Elections. Dissolution de l'association générale d'Irlande. — Ouverture de la session. Déclaration de foi de la reine. Discours de la couronne. Discussion de l'adresse dans les deux Chambres. - Liste civile.. · Motion tendant à réviser les pensions de la liste civile. - Vote de la liste civile. — Etat général du Canada. — Insurrection dans cette colonie. - Crise commerciale.

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Déjà même avant la maladie du roi, les regards avaient commencé à se porter avec plus d'empressement vers la princesse Alexandrine-Victoire, héritière présomptive de la couronne; et c'était l'Irlande qui avait donné le signal des hommages à lui rendre. Dans une réunion de l'association générale, tenue le 28 mars à Dublin, M. O'Connell avait rappelé que la jeune princesse atteindrait bientôt sa dix-huitième année, âge auquel elle deviendrait sur-le-champ reine d'Angleterre, libre de tout contrôle de la part d'un régent ou d'un protecteur, si quelque accident frappait le roi. Se répandant alors en éloges pleins d'enthousiasme sur la princesse Victoire, sur sa mère, la duchesse de Kent, pour l'éducation qu'elle avait donnée à sa fille; sur son père, que l'orateur représentait comme ayant été un ami de l'Irlande et un partisan sincère Ann. hist. pour 1837.

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des principes de liberté civile et religieuse, M. O'Connell avait déclaré qu'il convenait que les Irlandais fissent une adresse à la jeune princesse, pour lui témoigner leur dévouement et leur fidélité. Il n'avait pas manqué de réveiller à ce propos le souvenir du projet attribué aux loges orangistes «< d'empêcher l'héritière légitime de monter sur le trône, et de mettre à sa place un don Carlos, » c'est-à-dire le duc de Cumberland. La proposition d'envoyer par une députation une adresse à la princesse Victoire, à l'occasion de sa majorité royale, avait ensuite été adoptée à l'unanimité, au milieu des acclamations les plus bruyantes.

Le 24 mai, jour où cette majorité s'accomplissait, fut signalé par des réjouissances et des fêtes à Londres et dans les principales villes du royaume. L'aristocratie whig et tory s'empressa d'aller au palais de Kensington pour offrir ses félicitations à la jeune princesse. Des adresses émanées de divers corps constitués lui furent présentées, ainsi qu'à la duchesse de Kent. Enfin les whigs et les radicaux célébrèrent la circonstance par des banquets dans lesquels ils exprimèrent les nouvelles espérances qu'elle les autorisait à concevoir en faveur de leurs principes politiques. Ainsi tous les partis faisaient des avances à la princesse, que, d'après l'état de la santé du roi, ils voyaient, dans un avenir prochain, assise sur le trône d'Angleterre.

En effet, Guillaume IV était atteint, à cette époque, d'une espèce d'asthme fiévreux, accompagné d'une toux violente et difficile. Plusieurs fois on espéra qué la constitution du malade et les efforts de la science triompheraient du mal; mais cet espoir fut trompé : Guillaume IV mourut d'une hydropisie de poitrine, au château de Windsor, le 20 juin à deux heures et quelques minutes du matin. Né le 21 août 1765, il touchait, par conséquent, à sa soixante-treizième année. Il avait régné près de sept ans, ayant succédé à son frère Georges IV lė 26 juin 1830.

Le nom de Guillaume IV restera lié au plus grand événe

ment de l'histoire d'Angleterre depuis la révolution de 1688, à la réforme parlementaire, qui est à elle seule une révolution. Loin du trône, et quand il n'était encore que troisième prince du sang, sous le nom de duc de Clarence, il avait combattu dans les rangs du parti libéral. Appelé à la couronne, il avait gardé ses anciennes opinions politiques, et la réforme s'était accomplie, non sans un effort assez énergique de sa volonté, bien qu'ensuite il soit revenu vers les tories.

Guillaume IV n'ayant point laissé d'enfans légitimes, il fut remplacé sur le trône par la princesse Victoire, fille de son frère puîné, le défunt duc de Kent, et de la princesse MarieLouise-Victoire de Saxe-Cobourg, sœur du roi des Belges. Née le 24 mai 1819 à Kensington, elle venait d'atteindre, comme nous l'avons dit, sa dix-huitième année, âge auquel la loi anglaise fixe la majorité pour la succession à la couronne; elle entra donc, sans tutelle ni régence, par la mort du roi son oncle, dans le plein exercice de la souveraineté sur les trois royaumes.

Le décès de Guillaume IV amenait encore un changement d'un autre ordre, moins important pour l'Angleterre que pour l'Europe. La couronne de Hanovre, réunie, depuis l'avènement de Georges Ier, à celle de la Grande-Bretagne, s'en sé→ parait aujourd'hui, parce que, d'après la loi du pays, elle ne passe à la ligne féminine que dans le cas de l'extinction absolue de la ligne masculine. Ce n'était pas une perte pour l'Angleterre, qui n'avait vu trop souvent dans l'adjonction du Hanovre qu'un fàcheux motif de se mêler aux querelles du continent. L'Angleterre ne retirait rien de cette adjonction et n'y avait trouvé qu'une bien faible source d'influence à la Diète de la confédération germanique. C'est le duc de Cumberland, frère puiné du duc de Kent, et, dans l'état actuel des choses, héritier présomptif de la couronne d'Angleterre, qui allait régner en Hanovre. On sait que ce prince était lié intimement avec le parti ultrà-tory, et qu'il avait été le grand maître des loges orangistes. Il ne resta plus en Angleterre que quelques

jours pendant lesquels il reçut du peuple de Londres des marques significatives de l'impopularité qui lui était dès longtemps acquise à divers titres.

Dans la matinée du 20 juin, un conseil de cabinet eut lieu au palais de Kensington, où la reine fut proclamée avec toutes les formalités d'usage, en présence d'un grand nombre de membres du conseil privé, des ministres et des grands officiers de l'Etat. Le lord chanchelier lut à la reine la formule du serment ordinaire, portant qu'elle gouvernerait le royaume conformément aux lois, etc. Elle fit, en outre, une déclaration (voyez l'Appendice) dont voici le passage essentiel :

« Je regarde comme un avantage tout spécial de succéder à un monarque dont le nom est devenu un objet de vénération et d'affection générale, à cause de son respect constant pour les droits et les libertés de ses sujets et de sa sollicitude pour l'amélioration des lois et des institutions nationales.

« Elevée en Angleterre sous la direction aussi tendre qu'éclairée de la mére la plus affectionnée, j'ai appris dès mon enfance à respecter et à aimer la constitution de ma patrie. Je m'étudierai sans cesse à soutenir la religion réformée, telle que la loi l'a établie, assurant en même temps à tous l'entière jouissance de la liberté religieuse. Je protégerai avec fermeté les droits, et je contribuerai de tout mon pouvoir au bonheur et au bien-être de toutes les classes de mes sujets. »>

Les ministres s'approchérent du trône et prêtèrent à genoux le serment de fidélité. Les membres du conseil privé, et à leur tête le duc de Cumberland, prêtèrent successivement le même serment. Les ministres remirent ensuite les sceaux de leurs fonctions respectives à la reine, qui les leur rendit aussitôt. Enfin il fut ordonné que Sa Majesté serait proclamée le lendemain dans Londres, sous le nom de Victoire 1re.

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Cette proclamation se fit (voyez la Chronique, 21 juin) suivant les formes traditionnelles, dans cinq ou six quartiers différens de la capitale, pendant qu'une foule immense, tirée par ce spectacle, sur le passage du cortège, ne cessait de manifester le plus vif enthousiasme pour la jeune reine.

Le même jour, la reine prêta le serment relatif à la garantie de l'Eglise d'Ecosse, et fit publier deux proclamations, dont l'une avait pour objet d'inviter toutes les personnes qui

occupaient des emplois publics à continuer de les remplir avec zèle et assiduité, et l'autre, de déclarer les intentions du nouveau monarque pour l'encouragement de la piété et de la vertu, et la résolution de punir le vice, la profanation et l'immoralité (1).

Dans la séance du 22 (elle eut ceci de particulier à la Chambre des lords, que le roi de Hanovre y prêta de nouveau serment de fidélité comme pair d'Angleterre, bien que d'ailleurs il ne dût pas laisser de procuration pour voter à sa place, après son départ), lord Melbourne donna communication à cette Chambre, et lord John Russell à la Chambre des communes, d'un message de la reine portant qu'elle aimait à penser et qu'elle était convaincue que la Chambre partageait l'af

(1) Voici cette curieuse formule, qui fait partie intégrante du cérémonial de l'avènement des rois d'Angleterre, mais que les scandales de la vie de Georges IV, les tristes exemples qu'il donna jusqu'à sa mort, avaient engagé Guillaume IV à supprimer, tant ils rendaient ridicule cette protection officielle accordée aux bonnes mœurs.

Après avoir rappelé les exemples de vertu et de piété offerts par ses prédécesseurs, les actes qui, sous différens règnes, ont été publiés pour punir le vice, la profanation et les blasphêmes, et les encouragemens donnés aux vertus et aux sentimens religieux, la nouvelle reine d'Angleterre terminait ainsi :

<< Pour prévenir toute espèce de vices et de débauches, et pour que la religion soit pratiquée par les officiers, soldats, marins et autres employés à notre service de terre ou de mer, nous recommandons de la maniére la plus formelle à tous les commandans et officiers supérieurs de ces corps, de veiller strictement à ce qu'il ne se commette aucune profanation, débauche ou autre immoralité parmi leurs subordonnés, et nous leur enjoignons par leurs bonnes vie et mœurs, comme par leurs discours, de donner l'exemple de la piété et de la vertu à tous ceux qui se trouvent placés sous leur autorité immédiate, comme aussi de surveiller très sévèrement leur conduite et de punir tous ceux qui se rendraient coupables de quelques-unes des offenses mentionnées ci-dessus, les déclarant responsables des funestes conséquences qui pourraient résulter de leur négligence à cet égard. Nous ordonnons que la présente proclamation soit lue quatre fois par an au moins dans toutes les paroisses, églises et chapelles de notre royaume, par les ministres, chapelains et aumôniers, immédiatement après le service divin. »

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