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DE QUELQUES ORATEURS QUI
SE SONT DISTINGUÉS A LA
TRIBUNE DE L'ASSEMBLÉE
CONSTITUANTE, DE LA CON-
VENTION, ET DES ASSEM-
BLÉES LÉGISLATIVES.

La carrière des affaires politiques ouverte à tous les citoyens, a produit, le même effet en France que chez tous les peuples où chaque individu étoit appelé à prendre part à l'administration publique. Les âmes se sont enflammées à l'aspect des grands intérêts qu'elles avoient à discuter, et les factions venant tour à tour à les comprimer ou à les exalter suivant leurs triomphes ou leurs défaites, dans l'espace de quelques années, l'art oratoire a acquis, en France, un degré de supériorité qui y étoit inconnu. Le génie national, impatient, vif et impétueux, a próduit dans son effervescence, des chefs-d'œuvres d'éloquence. Les haines des partis, les froissemens des intérêts, les élans de la liberté, les résistances de l'ambition déconcertée, les efforts de l'amour-propre éveillé, l'image des grandes catastrophes, le sentiment des dan

gers pressans, tant de germes, en alimentant à la fois toutes les passions, en les irritant, ont fait éclore des talens dans tous les partis, qui méritent d'être placés dans une galerie destinée aux orateurs célèbres. Nous commencerons par Mirabeau.

LE COMTE DE MIRABEAU.

Ce célèbre écrivain mérite le premier rang parmi les orateurs qui se sont distingués dans l'assemblée constituante. Jamais, peut-être, la nature n'avoit réuni dans un même homme autant de talens oratoires, à des formes plus propres à les faire valoir. Son ton, ses regards, son geste, la force de sa déclamation, tantôt impétueuse et entraînante, et tantôt majestueuse et calme; son attitude fière et imposante à la tribune, un organe qu'il maîtrisoit à volonté, une physionomie dessinée à grands traits, et où toutes les passions venoient successivement se peindre avec énergie; cet ascendant, en un mot, que donne à une grande âme le sentiment de ses forces et de sa supériorité, tout concouroit à faire de Mirabeau le plus grand des ora

teurs.

Quant aux ressources de son génie, peu

d'hommes, peut-être, en eurent de plus fécondes et de plus brillantes. Dans cette assemblée, où tous les partis se trouvoient en présence, Mirabeau eut à lutter contre les plus grands talens; et si, le plus souvent, il fut leur vainqueur, il faut convenir que la nature l'avoit autant favorisé des dons du génie que des avantages extérieurs.

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Après avoir rendu justice à Mirabeau nous ne devons pas oublier d'observer que, lorsqu'il étoit forcé d'improviser, il étoit bien inférieur à l'orateur qui s'étoit préparé : aussi a-t-on remarqué qu'il évitoit, autant qu'il le pouvoit, ces épreuves, aussi difficiles que délicates pour son amour-propre.

On doit à M. Etienne Méjan la collection complète des travaux de Mirabeau à l'assemblée nationale, précédée de tous les discours et ouvrages de cet auteur, prononcés ou publiés pendant le cours des élections, 1791,5 volumes in-8°. On imprima, en 1792, le choix des meilleurs Discours de cet orateur, sous le titre de Mirabeau à la Tribune, I vol. in-8°. ou 2 vol. in-18.

M. LE CARDINAL MAURY.

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à la tribune de l'assemblée constituante. Son éloquence hardie étoit toujours semée des traits brillans d'une érudition vaste et profonde doué d'une mémoire prodigieuse, il mit plus d'une fois en défaut ses antagonistes, en relevant leurs erreurs, et en les mettant dans l'embarras des rétractations; sa constance imperturbable le ramenoit sans cesse à la tribune, où quelquefois, après avoir été foudroyé par l'éloquence de Mirabeau, il se montroit aussi grand que son rival. Il avoit comme lui, des formes oratoires; sa voix étoit forte, sa prononciation distincte, son geste expressif et animé : destiné à courir, avant la révolution, la carrière de la chaire il avoit fait une étude particulière de l'art de la déclamation; ses succès dans ce genre lui avoient, pour ainsi dire, donné la clef du cœur humain; et dans les grandes occasions, il sut toucher et entraîner ceux même qui étoient venus l'entendre avec le plus de préventions.

Ses écrits pendant sa carrière politique, sont nombreux; on distingue les suivans: Opinion dans la cause des Magistrats qui composoient la ci-devant chambre des vaca tions du parlement de Bretagne, I vol. in-8°, TO ME III.

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Opinion sur le Droit de faire la Guerre et de conclure les Traités de Paix, d'Alliance et de Commerce, I vol. in-8°.

Opinion sur les Finances et sur la Dette Publique, I volume in-8°.

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Réflexions sur la Constitution Civile du Clergé, I vol. in-8°.

Opinion dans l'affaire de la Dot de la Reine d'Espagne, I vol. in-8°.

Opinion sur la Réunion d'Avignon à la France.

Opinion sur la Régence, etc. On a publié, en 1791, 1 vol. in-8°., intitulé l'Esprit de M. l'abbé Maury.

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M. DE TALLEYRAND-PÉRIGORD.

M. de Talleyrand-Périgord a montré à l'assemblée constituante une éloquence de discussion qui a obtenu les suffrages de tous ceux qu'un esprit de parti n'égaroit pas. Ses dehors étoient calmes; la réserve et la modestie présidoient à tous ses mouvemens ; il sembloit, en quelque sorte, se défier de ses forces; peu d'orateurs cependant ont offert dans leurs rapports des vues plus philosophiques et plus heureuses; celui qu'il fit sur l'instruction publique, est à la fois un modèle de

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