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tous les anciens; ils sont barbares pour la plupart; et je crois qu'on ne se soucie pas plus de les connoître que de les lire.

DUPLE IX.

Scipion Dupleix donna une Histoire générale de France, depuis Pharamond jusqu'en 1646, Paris, 1648, 1650, 1654, 1663, six vol. in-fol. Quoique cet auteur écrive languissamment et d'une manière diffuse, cependant son livre a été autrefois lu, et est encore recherché par quelques curieux. Il n'est pas même tout-à-fait à négliger, tant pour ses Mémoires sur l'Histoire des Gaules, que sur l'Histoire de Henri IV. Il avoit été à portée d'avoir des connoissances exactes sur ce prince. Il est quelquefois satirique ; mais la satire est, aux yeux de certaines gens, le sel de l'Histoire.

MEZERA I.

Mezerai écrivit, après Dupleix, une grande Histoire de France en trois vol. in-fol. qu'on ne lit plus, quoiqu'il y ait des choses recherchées; et un Abrégé qui est entre les mains de tout le monde. Cet écrivain n'étoit pas assez instruit, et ne vouloit pas se don

ner la peine de s'instruire. Il avouoit bonnement qu'il écrivoit d'après ceux qui avoient compilé avant lui; mais il aimoit la vérité, et la disoit avec une énergie qui lui fut quelquefois funeste. Il manquoit de noblesse, de correction, de décence même dans son style; mais il l'avoit vif et énergique.

LE PÈRE DANIEL.

Le Père Daniel, qui nous a donné aussi une grande Histoire de France et un Abrégé, a le style net et naturel, la narration extrêmement dépouillée et liée. Ses réflexions sont sensées, mais communes; et il paroît infiniment mieux instruit des affaires militaires où un homme de son état se trompe presque toujours, que de celles du cabinet: c'est proprement l'Histoire des Guerres de France qu'il nous a données, et non pas celle de la nation. On le loue d'avoir débrouillé les deux premières races de nos rois; et on le blâme d'avoir montré de la partialité sur la fin de la troisième. En général, sa narration manque de chaleur, 'son style de couleur et de force. Il n'est ni assez profond, ni assez hardi. Qu'il se trompe sur quelques noms, sur la position de quelques villes; qu'il prenne l'entrée

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de quelques troupes dans une ville ouverte, pour un siége, ces légères fautes ne sont presque rien, parce qu'il importe peu à la postérité, dit Voltaire, qu'on ait eu tort ou raison dans de petits faits qui sont perdus pour elle mais on ne peut souffrir les déguisemens avec lesquels il raconte les batailles importantes, Au reste, il en est du Père Daniel comme de Mezerai; son Abrégé est plus estimé que sa grande Histoire; et il faut choisir les dernières éditions de l'une et de l'autre, revues, corrigées et augmentées par le Père Griffet (1), son confrère,

LIMIER S.

Limiers a fait une suite de Mezerai, qu'on pourroit aussi consulter pour suppléer à l'Histoire de Daniel: ce sont deux volumes in-4°. de Supplément, l'un pour le règne de Louis XIII, et l'autre pour celui de Louis XIV. Mais il est bon d'avertir que cette continuation est faite par un écrivain sans force et sans élégance.

(1) La grande Histoire est en 17 vol. in-4°., 1755, et l'Abrégé en 14 vol. in-12.

L'ABBÉ LE GENDRE.

L'abbé le Gendre, quoiqu'inférieur pour la diction à Daniel, attache davantage dans son Histoire de France jusqu'à la mort de Louis XIII, à Paris, 1718, en trois volumes in-folio, et en huit volumes in-12. « C'est un » des Abrégés les plus exacts de notre His>>toire (dit l'auteur du nouveau Dictionnaire » Historique); il est écrit d'un style simple >> et un peu lâche. Les premiers volumes pa>> rurent en 1700, et ne furent pas beaucoup >> recherchés : ce fut moins la faute de l'au>>teur que du sujet. Quand on auroit la plume » et la liberté du président de Thou, il seroit » difficile de rendre les premiers siècles de >> notre monarchie intéressans. >>

L'ABBÉ VÉLY.

C'est pourtant ce qu'a tâché de faire l'abbé Vély, dans son Histoire de France, depuis l'établissement de la monarchie jusqu'au règne de Louis XIV. Il prétend que la plupart de nos historiens n'ont donné que l'Histoire de nos rois, et non celle de la nation: c'est principalement cette dernière, qu'il s'est proposé de joindre aux Annales des Prin

ces qui ont régné. Il s'est appliqué surtout à remarquer les commencemens de certains usages, les, principes de nos libertés, les vraies sources et les divers fondemens de notre droit public; l'origine des grandes dignités, l'institution des parlemens, l'établissement des universités, la fondation des ordres religieux ou militaires; enfin, tout ce que les arts et les sciences nous fournissent de découvertes utiles à la société. L'auteur a rempli son plan. C'étoit un homme qui consultoit les sources, et qui citoit exactement ses autorités. Son style est sage et naturel, et ne manque pas d'une certaine chaleur.

La mort l'ayant surpris lorsqu'il travailloit au huitième volume de cet ouvrage, Villaret, secrétaire de la pairie, se chargea de le continuer, et il le fit avec succès; mais comme il s'abandonnoit quelquefois à sa verve, et qu'il aimoit les réflexions, il auroit allongé considérablement son travail, s'il avoit eu le temps de le finir. Il en étoit au règne de Louis XI, lorsqu'il mourut.

L'abbé Garnier, professeur d'histoire au Collége Royal, a été le second continuateur de cet ouvrage funeste à ses auteurs. Il est moins brillant que Villaret; mais il est aussi

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