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CHAPITRE XVIII.

Réponse au seizième chapitre.

I. M. Arnauld commence ainsi son chapitre 46:

« Après avoir fait voir, dans le chapitre 44, que cette étendue intelligible infinie est tout à fait inintelligible, et n'est qu'un amas de contradictions; et après avoir montré, dans le quinzième, que quand on la supposerait telle qu'il veut qu'elle soit, il serait impossible que notre esprit y pût trouver les idées des choses qu'il ne connaitrait pas, et qu'il aurait besoin de connaître : il ne me reste plus, pour un entier renversement de cette nouvelle philosophie des idées, qu'à montrer que, quand ce qu'il fait faire à notre esprit, pour lui faire trouver ses idées dans cette étendue intelligible infinie, pourrait lui servir à les y trouver (ce qui ne peut être, comme nous venons de le voir), on n'en devrait pas moins rejeter, comme des chimères, tout ce qu'il dit sur cela, parce qu'il est manifestement contraire à ce que nous savons certainement se passer dans notre esprit, qui est la plus certaine des expériences, et aux lois générales que Dieu s'est prescrites à lui-même, pour nous donner la connaissance de ses ouvrages. >>

Voilà, Monsieur, de quoi surprendre les simples. Ce style et ces manières faisaient autrefois des conquêtes; mais présentement on s'en défie, les philosophes surtout, Et peut-être que les autres n'oseront parler de métaphysique, de peur qu'on se moque d'eux.

II. Après cinq ou six pages de discours assez inutiles à la question, M. Arnauld suppose une vérité dont je conviens. qui est que du marbre paraît blanc ou noir, à cause de la différence de l'arrangement des parties de leur surface : Dieu ayant jugé à propos de nous donner moyen de discerner les objets par les sensations de différentes couleurs.

<< Mais, continue-t-il, ce dessein de Dieu serait renverse. si sous prétexte que nul de ces marbres n'est proprement n

blanc, ni noir, ni jaspé, mais que ces couleurs ne sont que des modifications de mon âme, je pouvais attacher chacune de ces couleurs auquel je voudrais ; car alors, bien loin que ces couleurs me servissent à les distinguer, elles ne me serviraient qu'à les confondre. C'est pourquoi Dieu n'a pas voulu que cela dépendît de ma liberté, et j'en suis convaincu par l'expérience. >>

RÉPONSE. III. Mais quel est cet impertinent, qui croit qu'il dépend de sa liberté de voir la neige blanche ou verte? C'est moi, Monsieur, selon ce que vous allez lire.

« Il faut donc que l'auteur de la Recherche de la Vérité ait renoncé à tout ce qu'il sait le mieux, lorsque dans la nécessité de défendre à quelque prix que ce soit sa nouvelle philosophie des idées, il s'est trouvé réduit à attribuer à notre áme cette puissance imaginaire d'attacher la sensation du vert, du rouge, du bleu, ou de quelque autre couleur que ce soit, à une partie quelconque de l'étendue intelligible, qu'il ne peut pas seulement feindre avoir causé quelque mouvement dans l'organe de notre vue. »

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RÉPONSE. Pensez-vous, Monsieur, qu'il soit vraisemblable que M. Arnauld ait pu s'imaginer que j'eusse le sentiment qu'il m'attribue? Je veux que j'aie dit, que lorsque je vois de la neige, l'âme y attache la sensation de blancheur, comme elle attache la douleur d'une piqûre au doigt piqué. Mais cela peut-il faire croire, que j'aie pensé que ce fût « par le choix et l'usage de ma liberté; et que j'ai été réduit à attribuer à notre âme une puissance imaginaire d'attacher les sensations à ce qu'elle aperçoit? »>

Mais, supposé que M. Arnauld n'ait pas cru cela de moi, les honnêtes gens peuvent-ils être contents de lui, lorsqu'ils font réflexion, qu'il attribue à son ami la plus ridicule et la plus sotte pensée qui puisse entrer dans l'esprit d'un homme? Mais vous allez voir, Monsieur, encore une faute plus difficile à couvrir.

IV. C'est le second Éclaircissement de la Recherche de la

Vérité qui en est le fondement. Il est nécessaire que vous le lisiez. M. Arnauld l'a transcrit par parties trois fois dans ce chapitre, et en a toujours retranché ce qui décidait la ques tion. Le voici, Monsieur, tout entier,

« Il ne faut pas s'imaginer que la volonté commande a « l'entendement d'une autre maniere que par ses désirs et ses << mouvements; car la volonté n'a point d'autre action. Et il « ne faut pas croire non plus, que l'entendement obéisse a « la volonté, en produisant en lui-même les idées des choses « que l'âme désire; car l'entendement n'agit point : il ne fait « que recevoir la lumière, ou les idées de ces choses, par « l'union nécessaire qu'il a avec celui qui renferme tous les « êtres d'une maniere intelligible, ainsi que l'on a expliqué « dans le troisième livre,

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« Voici donc tout le mystère. L'homme participe a la sou<< veraine raison, et la vérité se découvre à lui, à propor <«<tion qu'il s'applique à elle, et qu'il la prie. Or, le désir de « l'âme est une prière naturelle qui est toujours exaucée; car « c'est une loi naturelle que les idées soient d'autant plus << présentes à l'esprit, que la volonté les désire avec plus « d'ardeur. Ainsi, pourvu que la capacité que nous avons de « penser, ou notre entendement, ne soit point rempli des sen << timents confus que nous recevons à l'occasion de ce qui se « passe dans notre corps, nous ne souhaitons jamais de per« ser a quelque objet, que l'idée de cet objet ne nous wor « aussitôt présente: et comme l'expérience même nous l'ap<< prend, cette idée est d'autant plus présente et plus claire « que notre désir est plus fort, et que les sentiments confe « que nous recevons par le corps sont plus faibles et moins « sensibles, comme je l'ai déja dit dans la remarque pre« cédente.

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Ainsi, quand j'ai dit que la volonté commande a Tese «tendement de lui présenter quelque objet particulier, je prétendu seulement dire que l'âme qui veut considere « avec attention cet objet s'en approche par son désir: jar

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Vérité qui en est le fondement. Il est nécessaire que vous le lisiez. M. Arnauld l'a transcrit par parties trois fois dans ce chapitre, et en a toujours retranché ce qui décidait la question. Le voici, Monsieur, tout entier.

« Il ne faut pas s'imaginer que la volonté commande à << l'entendement d'une autre manière que par ses désirs et ses <«< mouvements; car la volonté n'a point d'autre action. Et il <«ne faut pas croire non plus, que l'entendement obéisse à << la volonté, en produisant en lui-même les idées des choses <«< que l'âme désire; car l'entendement n'agit point: il ne fait << que recevoir la lumière, ou les idées de ces choses, par <«<l'union nécessaire qu'il a avec celui qui renferme tous les << êtres d'une manière intelligible, ainsi que l'on a expliqué << dans le troisième livre.

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<< Voici donc tout le mystère. L'homme participe à la sou<«< veraine raison, et la vérité se découvre à lui, à propor«tion qu'il s'applique à elle, et qu'il la prie. Or, le désir de << l'âme est une prière naturelle qui est toujours exaucée; car <«< c'est une loi naturelle que les idées soient d'autant plus présentes à l'esprit, que la volonté les désire avec plus <«< d'ardeur. Ainsi, pourvu que la capacité que nous avons de << penser, ou notre entendement, ne soit point rempli des sen«<timents confus que nous recevons à l'occasion de ce qui se <«< passe dans notre corps, nous ne souhaitons jamais de pen«ser à quelque objet, que l'idée de cet objet ne nous soit << aussitôt présente et comme l'expérience même nous l'ap<< prend, cette idée est d'autant plus présente et plus claire. «< que notre désir est plus fort, et que les sentiments confus << que nous recevons par le corps sont plus faibles et moins <«< sensibles, comme je l'ai déjà dit dans la remarque pré« cédente.

« Ainsi, quand j'ai dit que la volonté commande à l'en«tendement de lui présenter quelque objet particulier, j'ai «prétendu seulement dire que l'âme qui veut considérer avec attention cet objet s'en approche par son désir; parce

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