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La Lorraine se divisait alors ainsi :

Lorraine propre ou ducale, capitale NANCY.

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Après ce préliminaire historique, il est aisé de comprendre que les recherches bibliographiques sur la Lorraine et les trois Évéchés, doivent présenter l'attrait de recherches littéraires. En se bornant à la typographie, quelle mine féconde pour les curieux, qui ne reculent devant aucun travail patient, heureux qu'ils sont d'étaler sous nos yeux les trésors qu'ils ont découverts, et qu'ils nous dispensent libéralement ! Sous ce dernier rapport, l'ancien duché héréditaire de Lorraine n'a rien à envier notamment au Languedoc, à la Normandie, à la Champagne, au Lyonnais, à la FrancheComté, à la Provence, qui toutes possèdent leurs historiens de l'art de l'imprimerie; chez elle, la Lorraine cite les noms de MM. Tessier (1) et Beau

(1) Tessier, Essai philosophique sur les commencements de la typographie à Metz et les imprimeurs de cette ville, Metz, 1828, 1 vol. in-8°. chez Dasquet, imprimeur-éditeur.

pré (1), les pères et les maîtres en cette matière, qu'ils ont supérieurement débrouillée. Le premier de ces érudits s'est borné à l'histoire de la typographie dans le pays Messin; l'autre, savant magistrat, l'a étudiée à fond dans chacun des pays formant l'ancien pays Lorrain.

Ce sont donc les travaux de M. Tessier qui nous ouvrent également les premiers la voie, chronologiquement aussi, pour l'histoire de l'imprimerie dans le pays Messin.

METZ (MOSELLE).

1482.

Le génie belliqueux ne l'emporte.pas tellement dans cette antique cité, qu'elle n'ait encore la gloire de compter la huitième parmi les villes de France qui introduisirent dans leurs murs l'art de l'imprimerie : l'Alsace alors n'était pas française.

Les premières presses qui y fonctionnèrent, d'après un monument certain, furent celles de JEAN COLINI, de l'ordre des Carmes, et GÉRARD DE VILLENEUVE (De nová civitate), tous deux associés en 1482, et qui firent paraître, à cette époque, le

(1) Beaupré, Recherches historiques et bibliographiques sur les commencements de l'imprimerie en Lorraine et sur ses progrès jusqu'à la fin du XVIIe siècle, Nancy, 1845, 1 fort vol. in-8° Nouvelles recherches bibliographiques, Lorraine, 1500 à 1700, Nancy, 1856. 1 vol.

in-8°.

premier livre de l'Imitation de Jésus-Christ, attribuée à Thomas-à-Kempis; in-4o, très-petit format, à longues lignes (29 dans les pages entières), sans chiffres ni signatures, caractères gothiques, et dont les initiales des chapitres sont laissées en blanc. La Bibliothèque publique de Metz en possède un exemplaire peut-être unique.

A partir de cette époque, on trouve les noms de plusieurs autres imprimeurs-libraires à Metz, et d'abord :

JEAN MAGDELEINE. 1498. Considéré seulement comme libraire par les uns, comme imprimeur suivant les autres, comme imprimeur-libraire par voie de conciliation entre les deux opinions, il est à coup sûr le moteur principal d'un livre dont la belle exécution fait le plus grand honneur aux presses messines; on y lit, au dernier feuillet, cette souscription:

« Ces présentes Heures à l'usage de Metz, furent achevées le XVIII' jour de novembre, l'an mil. cccc. iiii et XVIII, pour maistre Jean Magdelène, demeurant à la dicte ville de Metz; in-8°, gothiq. Signatures de A I à P-R; 108 feuillets, sans chiffres, 26 lignes à la page, qui est encadrée chacune de gravures sur bois. »

Qu'on chicane tant qu'on voudra sur le lieu précis de la naissance de ce livre, il n'en appar

tient pas moins à l'histoire de la typographie à Metz, puisqu'il s'y trouvait déjà un imprimeur, et un libraire faisant imprimer, sous ses yeux, dans les deux cas de producteur ou de vendeur.

MAISTRE JACQUES. 1525. Ce libraire et imprimeur, sans conteste pour ces deux qualités, était natif de Metz, et en sa qualité sans doute de compatriote, il en fut quitte pour le carcan et la perte des deux oreilles, pour avoir été impliqué dans une accusation de bris d'image, portée contre un certain Jean Leclère. « Jacques, nous apprend la chronique, ayant esté attaché au carcan de la chappe (c'est-à-dire d'une fosse bourbeuse où l'on faisait barboter les inculpés), eust les deux oreilles arrachées, et puys il fust banni de la ville pour jamais. >>

La chappe ou cheuppe était une punition infamante particulière à la législation messine, une mitigation de la noyade usitée alors dans cette ville, au pont, si tristement à propos nommé le pont des morts. Ailleurs on brûlait plus volontiers, comme le fut à Vic le docteur Jehan le Chatellain, de l'ordre de Saint-Augustin, en 1524, convaincu d'héréšie et relaps, lequel « fust tort ou droit, je n'en dis plus,» ajoute prudemment la chronique de Metz, qui rapporte le fait. On a vu le sort funeste d'Estienne Dolet, tête assez inconsidérée, qui mònta

sur le bûcher pour des choses, disait-il, qu'il n'avait peut-être pas entendues, et ses juges encore moins la voix de la miséricorde (1).

PALLIER OU JEAN PALIER, dit Marchand. 1542. -On doit attribuer à ce libraire-imprimeur une édition, sans nom de ville, ni lieu d'impression, de la loi municipale, dite le GRAND ATOUR. En voici le titre avec exactitude:

« Statuts et Ordonnances faictz entre les Seigneurs gouverneurs de la Noble et Impériale cité de Metz et les bourgeois (quon dict en langue vulgaire du pays, le Grand Atour de la Cité) par lesquels est notoire à tous combien grande et honeste liberté ont eu du passé les bourgeois de la Cité de Metz, et est démonstré av commencement comment très lourdement ont tresbuchez en leur office ceux qui auaient les gouuernements des cytoiens deuant que ces Statuts et Ordonnances fussent faictz, imprimé nouvellement, M. D. XLII.

Mais l'ouvrage le plus remarquable à plusieurs titres, sorti des presses de Palier, est sans contredit celui-ci :

• Laurentii Pilladii Canonici ecclesiæ sancti Deodati Rusticiados libri sex, in quibus illustris principis Untonij, Lothoringie, Barri, et Gheldrie ducis, gloriosissima de seditiosis Alsatie rusticis victoria

(1) Un inquisiteur de la foi, grand rechercheur de sorciers, s'appelait Grillandus, et il a laissé un traité sur la matière.

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