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le changement de sa propre attitude envers les souffrances hu-
maines, n'altèrent en rien le calme et la sûreté de son regard.
C'est toujours la même prodigieuse faculté de saisir dans la réalité✓
les traits significatifs, de ne saisir que ceux-là et de les rendre
sans effort. Son esprit est toujours un irréprochable miroir qui
reflète les choses sans les déformer, mais en les simplifiant, en
les clarifiant, peut-être aussi en faisant ressortir de préférence
les liens de nécessité qui existent
t entre enn
eux. Nulle affectation,
romanesque ou réaliste, pas de casse-tete psychologique, peu de
commentaires de faits, une sobriété d'interprétation conforme à
la vérité, une surface assez simple et des dessous incompréhen-
sibles c'est-ce pas là tout l'homme que fut Guy de Maupassant?

II dit dans, Mire Harriet: cétait plus simple

et en

que 2L 2

font 4, dehors des règles académique M. dit: II nest pas besoin du vocabulaire bizarre, compliqué nombreux et chinois qu'on nous. impose aujourd'hui sous le nom décriture artiste, pour fixer toutes les nuances de la pentec."

§ 3. O HENRY ET MAUPASSANT
ÉLÉMENTS DE COMPARAISON

1.Base de la comparaison : [la trame'; choix du sujet et du titre.

Voici deux mille ans, Aristote en personne déclarait prendre comme point de comparaison d'une histoire à une autre, la trame. Et les plus modernes critiques admettent encore que pour établir ressemblances ou différences ce moyen est en effet le meilleur. 1 Un short story bien fait d'aujourd'hui, qu'il ait pour auteur un artiste ou un artisan, est toujours le produit d'une bonne construction, que nous appelons, techniquement, le mécanisme de la narration.

Si

Si l'art est une imitation de la vie propre à émouvoir le lecteur, la technique du short story ne doit-elle pas consister avant tout à présenter, dans une narration artistique, des caractères en lutte, ou une intrigue ayant une fin bien définie ?

Poe déclarait qu'il pouvait retracer tous les pas qui l'amenaient à une histoire telle qu'il l'avait bâtie, a fortiori construire ses histoires de la cave au grenier, en décomposant bien l'effet de chaque élément constitutif 2. Si l'on réduit la fabrication d'un short story à ses phases importantes, la tâche initiale est de concevoir l'histoire; la seconde, d'élaborer la trame; et la troisième, de développer la narration. Or, les principaux éléments de la narration étant l'action et le caractère, les bases logiques d'une narration sont des gens, des événements et des situations, c'est-à-dire, dans la narration concentrée que doit être le short story, le point culminant d'une situation ou la crise d'un caractère ayant, soit physiologiquement, soit psychologiquement, une valeur drama

tique.

Les Américains reconnaissent en Maupassant le maître technicien du conte moderne; quoiqu'il porte sa technique aussi

1. Blanche Colton Williams, Handbook of Short Story Writing.

2. Poe: Poems and Essays, Philosophy of Composition.

inconsciemment qu'un roi sa pourpre, nous pouvons néanmoins en étudier le style, la forme. Ils citent O Henry, disciple du maître français, comme leur grand artiste; c'est ici que semble être le point de notre étude, sinon le plus riche, du moins le plus significatif.

O Henry et Maupassant suivirent tous deux, dans le choix de leurs idées, des méthodes de reporter. Maupassant se vante de n'avoir point d'invention 1./Il dit ne rien décrire qu'il n'ait vu lui-même.70 Henry écrit d'expérience. Chacun d'eux a ce que nous pourrions appeler l'esprit du reporter professionnel, qui non seulement surveille avec un soin méticuleux les idiosyncrasies de tous les gens avec qui il est en contact, mais, de plus, questionne, analyse, isole leurs individualités particulières. On peut dire que, chez Maupassant et O Henry, le point d'origine de leurs histoires dépend de leur vision et de leur interprétation de reporters.

Aussi les œuvres de l'un et l'autre portent-elles le cachet de leurs expériences propres. Nous avons vu O Henry amasser sa matière première en vagabondant par les rues, en voyage, en prison. Al Jennings son ami nous raconte qu'il ne prenait jamais de notes, se fiant à son excellente mémoire 2. Nous apprenons par les souvenirs du valet de Maupassant, publiés en 1907, qu'il suivait une méthode assez analogue, employant même son serviteur à lui récolter des faits dans leur primeur, l'envoyant dans des maisons de jeu et l'encourageant à cultiver certaines personnes, pour pouvoir fournir à son maître des renseignements de première main. Le valet nous dit aussi que la splendide mémoire de Maupassant lui permettait de se passer de notes, qu'il méditait et avait en tête tous les détails d'une histoire avant de se mettre à l'écrire. Chez les deux auteurs, pour la majorité de leurs récits, il y a donc à la base l'expérience personnelle.

Dans Sur l'Eau, Maupassant décrit un vieux couple qu'il a vu et entendu deux fois : il a eu la sagesse de ne pas gâter l'art de la fiction» par l'addition de faits recueillis plus tard, qui changent la beauté de l'histoire vraie en ironie amère. La Maison Tellier, nous dit-il, a réellement existé à Rouen, et la cérémonie de la première communion s'est passée au Bois Guillaume, aux

1. Pierre et Jean: Introduction.

2. Trough the Shadows with O Henry, pp. 250, 290,

9. Mémoirs of a Valet. New York Times, critique, 1907.

4. La Maison Tellier

environs de la ville. Boule de Suif aussi a réellement existé et s'appelait, de son vrai nom, 1 Adrienne Legay. De même, l'héroïne d'O Henry, dans Furnished Room, qui n'apparait dans l'histoire que comme un fantôme, elle aussi a réellement existé: la biographie d'O Henry par Jennings nous apprend comment il sut les faits véritables. Retrieved Reformation est l'histoire authentique d'un de ses camarades de prison. The Day We Celebrate est une expérience personnelle de l'auteur sous les tropiques ; et ainsi de suite.

2

Peut-être, cependant, O Henry a-t-il moins donné que Maupassant à l'observation personnelle. Il ne fut pas autant que lui le peintre sincère de la vie. Quelques-unes de ses histoires sont, sans aucun doute, des histoires burlesques; d'autres sont banales. Et s'il est redevable envers Maupassant, il semble que ce soit moins pour le germe même du récit que plutôt pour les modifications qui y sont apportées.

La différence fondamentale entre la manière de Maupassant et celle d'O Henry est symboliquement représentée (et le point nous semble avoir son importance) par le choix d'un titre pour l'histoire. Le choix de Maupassant est direct, sans affectation simple; le titre se dégage de la trame de l'histoire et consiste souvent en un simple nom ou dans la désignation d'un caractère: Boule de Suif, Le Colporteur, La Femme de Paul, Le Père, Mademoiselle Fifi, Le Petit, Miss Harriet, Un Parricide, Un Lâche, L'Ivrogne, La Folle; ou bien il désigne une qualité, une situation; mais toujours il est bref: La Parure, Les Tombales, L'Aveu, Les Sabots, Nuit de Noël, La Bûche, A cheval, Une Aventure parisienne, Histoire d'une Fille de Ferme. Presque toujours il est une indication simple du contenu, facile à comprendre et à traduire.

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O Henry, lui, rend son titre énigmatique : il cherche le bizarre et le surprenant, il recourt à des symboles quasi absurdes: A Double Dyed Deceiver, A Bird of Bagdad, The Things the Play, The Sphinx Apple, Next to Reading Matter, Cherchez la Femme. Dans chaque titre il y a une surprise, souvent très adroite. Aprèsavoir lu une histoire d'O Henry il est nécessaire qu'on revienne au titre pour en apprécier la signification. Chacun de ceux-ci, par

1. Boule de Suif.

2. Jennings: Through the Shadows with O Henry, p. 287.

exemple The Last of the Troubadours, The Passing of Black Eeagle, A Black Jack Bargainer, ajoute lui-même à l'effet du récit. Les séries de contes de Maupassant prennent simplement le nom du premier, ou sont qualifiées Contes, sans plus. Le titre des volumes d'O Henry fait souvent appel à l'imagination; dès le titre, il commente la nature de ses contes.

Ce contraste dans le choix du titre semble significatif, comme illustrant une tendance fondamentale chez Maupassant à laisser la situation se définir d'elle-même chez O Henry, à interpréter personnellement son histoire pour ses lecteurs.

2. La trame Touite): Anecdote, incident, histoire (ou story).

Une fois trouvés le germe, les caractères et l'action principale, intervient le plus important des éléments de construction ; l'organisation des incidents de l'histoire. Beaucoup des histoires de Maupassant et d'O Henry sont de simples anecdotes, ou des incidents. En fait, c'est la qualité de l'anecdote qui souvent offre une base de comparaison entre les deux auteurs. Qu'est une anecdote, sinon la narration la plus simple, et de la forme la plus brève, construite suivant un plan bien ordonné? Elle présente un caractère, une situation où se traduit ce caractère, et un instant dramatique où il apparaît En d'autres termes, et pour réduire la chose à sa plus simple expression, les anecdotes de Maupassant peuvent se décomposer en caractère, situation, moment dramatique. Citons, seulement pour illustrer ceci : L'Ane, La Confession, Conte de Noël, La Porte 1

O Henry est passé maître dans l'anecdote; on peut juger de son habileté dans Lickpenny Lover, The Romance of a Busy Brocker, A Comedy in Rubber, Extradicted from Bohemia, The Day We Celebrate, The Man Higher Up, The Enchanted Profile, The Call of the Tame, etc. Or, si l'on observe les modifications de son propre

1. L'âne (Miss Harriet); La confession, (Contes du Jour et de la Nuit); Conte de Nool, (Clair de lune); La Porte, (Clair de lune); Au Printemps, (La Maison Tellier).

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