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noncé à ces découvertes; tant de luxe a semblé mesquin l'or, l'argent, sont choses trop communes; ce sont les vases myrrhins et le cristal qu'on arrache à la terre; et ici c'est la fragilité qui donne du prix à l'objet. La preuve évidente de l'opulence, la vraie gloire en fait de luxe, c'est d'acquérir, à grands frais, ce qu'un instant peut anéantir. Enfin, peu satisfaits encore, nous nous sommes mis à boire dans une masse de pierreries; nous avons revêtu nos coupes d'émeraudes; nous ne nous enivrons que les richesses de l'Inde à la main : l'or n'est plus qu'un accessoire.

En quel crédit il fut d'abord.

III. 1. Plût au ciel qu'on pût bannir à jamais de la vie, comme le disent de célèbres auteurs, la criminelle soif de l'or! l'or, objet des reproches de toutes les nobles âmes; l'or, de toutes les découvertes, la plus pernicieuse pour l'humanité. Qu'ils nous surpassaient en bonheur, les hommes qui vécurent au temps où il ne se faisait que des échanges en nature! temps que Troie vit encore fleurir, s'il faut en croire Homère. Les besoins relatifs à la subsistance avaient, je le pense, introduit cet usage. Ainsi les uns donnaient, pour prix d'un achat, des peaux de bœufs, les autres du fer, des dépouilles enlevées aux ennemis : ce qui n'empêche pas, qu'admirateur de l'or, Homère lui-même, dans ses évaluations, estime les armes d'or de Glaucus cent boeufs, et neuf bœufs seulement celles de Diomède. C'est par suite du même usage que les codes anciens, notamment à Rome, stipulent en têtes de bétail le montant des amendes.

De annulorum aureorum origine.

IV. Pessimum vitæ scelus fecit, qui id primus induit digitis. Nec hoc quis fecerit traditur. Nam de Prometheo omnia fabulosa arbitror, quamquam illi quoque ferreum annulum dedit antiquitas: vinculumque id, non gestamen, intelligi voluit. Midæ quidem annulum, quo circumacto habentem nemo cerneret, quis non etiam fabulosiorem fateatur? Manus et prorsus sinistræ maximam auctoritatem conciliavere auro, non quidem romanæ, quarum in more ferreum id erat, ut virtutis bellica, insigne. De regibus romanis non facile dixerim. Nullum habet Romuli in Capitolio statua, nec præter Numæ Serviique Tullii alia, ac ne Lucii quidem Bruti. Hoc in Tarquiniis maxime miror, quorum e Græcia fuit origo, unde hic annulorum usus venit, quamquam etiam nunc Lacedæmone ferreo utuntur. Sed a Prisco Tarquinio omnium primo filium, quum in prætextæ annis occidisset hostem, bulla aurea donatum constat : unde mos bullæ duravit, ut eorum qui equo meruissent filii, insigne id haberent, ceteri lorum. Et ideo miror Tarquinii ejus statuam sine annulo esse. Quamquam et de nomine ipso ambigi video: Græci a digitis appellavere, apud nos prisci ungulum vocabant: postea et Græci et nostri symbolum. Longo certe tempore ne senatum quidem romanum ha

Origine des anneaux d'or.

IV. Plus funeste encore fut celui qui, le premier, en revêtit ses doigts. On ne nous a pas transmis le nom du coupable; car l'histoire de Prométhée n'est, à mes yeux, qu'un tissu de fables. C'est à lui que l'antiquité a donné le premier anneau en fer; mais l'antiquité présente cet anneau comme une entrave, et non un ornement. L'anneau de Midas, cet anneau qui rendait invisible quand on le tournait d'une certaine manière, est évidemment encore plus fabuleux. C'est donc la main, la main gauche, si bien nommée sinistre, qui a valu à l'or tant de considération. Cependant n'accusous point les mains romaines, qui, comme insigne de la vaillance militaire, ne portaient qu'un anneau de fer. J'aurais de la peine à dire quel fut sur ce point l'usage des rois de Rome. La statue de Romulus au Capitole n'a point d'anneau, pas plus que celles des autres rois, sauf Numa et Servius; Brutus même n'en porte pas. Cette absence me semble surprenante, surtout chez les Tarquins, originaires de la Grèce, à laquelle nous avons emprunté l'usage des bagues. A Sparte pourtant elles sont vulgairement en fer, même de nos jours. Tarquin l'Ancien donna le premier à son fils une bulle d'or, pour le récompenser d'avoir, ne portant encore que la prétexte, costume de l'adolescence, tué de sa main un ennemi; et de là l'usage des bulles d'or pour les enfans de ceux qui ont servi dans la cavalerie, des bulles de cuir pour tous les autres. On doit donc s'étonner de voir la statue de Tarquin sans bague. Du reste on varie sur le nom même de cet ornement. En grec il est tiré du mot doigt (dactylion); en vieux latin,

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buisse aureos manifestum est. Siquidem his tantum qui legati ad exteras gentes ituri essent, annuli publice dabantur credo, quoniam ita exterorum honoratissimi intelligebantur. Neque aliis uti mos fuit, quam qui ex ea causa publice accepissent; vulgoque sic triumphabant. Et quum corona ex auro etrusca sustineretur a tergo, annulus tamen in digito ferreus erat, æqua fortuna triumphantis, et servi coronam sustinentis. Sic triumphavit de Jugurtha C. Marius aureumque non ante tertium consulatum sumpsisse traditur. Hi quoque, qui ob legationem acceperant aureos, in publico tantum utebantur his intra domos vero ferreis. Quo argumento etiam nunc sponsæ muneri ferreus annulus mittitur, isque sine

gemma.

Equidem nec iliacis temporibus ullos fuisse annulos video nusquam certe Homerus dicit, quum et codicillos missitatos epistolarum gratia indicet, et conditas arcis vestes, ac vasa aurea argenteaque, et ea colligata nodi, non annuli, nota. Sortiri quoque contra provocationem duces non annulis tradit. Fabricam etiam deum fibulas, et alia muliebris cultus, sicut inaures, in primordio factitasse, sine mentione annulorum. Et quisquis primus instituit, cunctanter id fecit, lævisque manibus,

il s'appelait ongle. Depuis, la Grèce et Rome se sont accordées pour le nom de symbole. Il est constant que, pendant fort long-temps, les sénateurs mêmes ne connurent point l'usage des bagues d'or. Cependant on en donnait aux commissaires envoyés chez les nations étrangères l'état alors en faisait la dépense. Le but sans doute était de faire regarder les députés comme les plus honorables des Romains. Ceux-là seulement étaient dans l'usage d'en porter, à qui le trésor en avait ainsi décerné. Ceux des triomphateurs venaient de la même source; et encore, tandis que derrière le héros du triomphe on soutenait une couronne étrusque en or, en or, la bague n'était que de fer compensation faite pour égaler la haute fortune du triomphateur à celle de l'esclave qui soutenait la couronne. Tel fut le spectacle que présentait le triomphe de Marius sur Jugurtha. La bague d'or n'orna la main de ce général qu'à son troisième consulat. Ceux mêmes qui, pour cause d'ambassade, avaient reçu des anneaux d'or, ne les portaient qu'en public; dans l'intérieur, ils usaient d'anneaux de fer. La bague nuptiale en fer et sans pierreries, est une preuve de cet usage.

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Je ne vois pas qu'à l'époque de la guerre de Troie on ait connu les anneaux. Jamais Homère n'en parle, bien qu'il fasse mention de tablettes envoyées en guise de lettres, et de coffrets renfermant des habits et des vases d'or ou d'argent; des nœuds, et non un sceau imprimé par bague, sont la marque du propriétaire qui les y enferme. Il ne dit pas non plus que les chefs grecs, lorsqu'ils tirent au sort pour combattre Hector, aient fait usage de cachets. Enfin, dans son dénombrement des objets fabriqués pour les dieux, il parle d'agrafes, de boucles d'oreilles, et d'autres élémens de la toilette des déesses,

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