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question sous un autre point de vue, le développement que les arts du dessin prennent en France doit être regardé comme une chose heureuse. La culture des arts élève l'esprit, adoucit les mœurs, rapproche les nations; elle donne de l'éloignement pour ces débats politiques dont l'arène n'est que trop souvent, ensanglantée. Les arts ne connaissent pas de division de territoire, et tous les esprits éclairés applaudissent à un beau vers, à une pensée généreuse de Pope ou de Byron, de Schiller ou de Goëthe, du Tasse ou d'Alfieri, de Racine ou de Voltaire, comme ils sont émus, à la vue d'un chef-d'œuvre de l'art, à quelque nation qu'appartienne celui qui l'a créé.

Au reste, les expositions de l'École française n'ont lieu qu'à des intervalles assez éloignés ; il n'est donc pas étonnant qu'elles saient nombreuses, avec d'autant plus de raison que tout ce qui s'exécute dans les villes de province est envoyé à Paris pour y figurer.

Cest aussi parce que les productions des arts du dessin apparaissent, tout à la fois, et non succcessivement, que la Revue Encyclopédique donne, lors des expositions, une attention particulière à cette partie de nos richesses intellectuelles; pendant le laps de tems qui s'écoule entre chacune d'elles, elle s'occupe presque exclusivement des ouvrages de sciences, de morale, de littérature, etc.; et, si l'on considère le rapport qui existe entre le nombre de livres publiés, et celui des tableaux et statues exécutés pendant le même tems, on conviendra que l'espace accordé à ces derniers ouvrages est au-dessous de ce qu'ils seraient peut-être en droit d'exiger. Les arts ne concourent pas moins que les lettres et les sciences à la prospérité et à la gloire des peuples; il ne faut donc pas les traiter avec moins de soins et d'égards.

Il me reste à faire connnaître les RÉCOMPENSES qui ont été accordées par le Roi; je vais en présenter le tableau.

MM. Carle Vernet, peintre, et Cartellier, statuaire, ont été nommés chevaliers de S.-Michel ; MM. Bosio et Dupaty, statuaires, Hersent

et H. Vernet, peintres, officiers de la Légion d'honneur; des croix de chevaliers du même ordre ont été données à MM. Ingres, Dejuinne, Schnetz, Drolling, Heim, Mauzaisse, Blondel, Picot, peintres d'histoire; Bouton, Daguerre, peintres d'intérieurs; Watelet, Bidault, paysagistes; Redouté, Vandaël, peintres de fleurs; David, Debay, Bra, Ramay, Raggi, statuaires; Richomme, Tardieu, graveurs; Th. Lawrence, peintre de portraits du roi d'Angleterre.

Des MÉDAILLES ont ensuite été distribuées aux artistes dont les noms suivent:

PEINTURE. MM. Adam, Augustin (Mme), Beaume, Bellange, Bellay, Blanchard (Mlle), Boisselier, Bonington, Brune, Clésian, Champin, Coignet, Colin, Copley - Fielding, Dassy, Delaroche jeune, Didier (Mme), Duchesne, Dupré, Duvidal (Mlle), Fleury, Frosté, Gaston, Gilbert, Girardin, Gosse, Godefroi (Mlle ), Gudin, d'Hervilly (Mlle ), Hollier, Isabey fils, Jacquand, Knip, Lami, Leclerc (Mlle), Lecomte, Leprince (R.-L.), Leprince (C. de Crespy), Meillan, Millet, Monthelier, Mouchy, Navez, Olry, Osterwald, Pagnierre (Mme Ve), Pastier, Pau de S.- Martin, Pérignon, Petit-Jean (Mme), Pingret, Quinart, Renaudin (Mme), Reverchon, Ribault (Mlle), Ricois, Rioult, Robert, Roqueplan, Rouillard (Mme), Sambat (Me), Saint-Evre, Sequeira, Sigalon, S.-Orelly, Taylor, Tournier, Treverret ( Mlle ), Van Risamburgh, Verboeckhoven, Filleneuve.

SCULPTURE.

Tiolier, Vietty.

MM. Bougron, Dantan, Elshoecht, Fessard, Pigalle,

GRAVURE. MM. Caron, Caunois, Châtillon, Garnier, Gatteaux, Gelée, Leisnier, Lemaître, Leroux, Rey, Sixdeniers, Texier, Thompson, Willemin.

LITHOGRAPHIE. - MM. Aubry-le-Comte, Bonnemaison, Grevedon, Jacob, Weber.

M. Desnoyers a été nommé premier graveur du Roi.

Pour compléter ce tableau, j'ajouterai que le ministère de la maison du Roi a acheté quarante-cinq tableaux et treize sculptures, et que de nouveaux travaux ont été commandés à trente peintres et à quinze statuaires.

Parmi les artistes auxquels des récompenses ont été accor-. dées, il en est que je n'ai pas nommés dans le compte que j'ai

rendu de l'Exposition; d'abord, plusieurs n'avaient pas exposé: tels sont, entre autres, MM. Cartellier et Redouté, nommés, l'un officier, et l'autre chevalier de la Légion d'honneur; ensuite, il m'a été impossible de mentionner tous les ouvrages même estimables, tant le nombre était grand; enfin, les titres de quelques-uns pourraient être contestés, mais je me donnerai bien de garde de les nommer; à dieu ne plaise que je veuille troubler la joie du triomphe! Nul doute qu'on n'ait voulu répandre les faveurs royales avec profusion et encourager grandement les arts du dessin. Je crois que c'est diminuer le mérite des grâces, que de les accorder trop facilement, et que, de cette manière, on atténue au lieu d'exciter l'émulation; mais je puis me tromper, et je laisse les lecteurs juges du mérite de cette observation.

Quoique M. Lawrence n'ait exposé que deux portraits, je trouve que l'on a eu raison de lui donner la croix d'honneur. Il est évident que c'est au président de l'Académie de Londres qu'elle a été accordée, et que l'on a voulu honorer toute l'École anglaise dans la personne de celui qui en est le chef; mais je regrette que l'on n'ait pas accordé de médailles à M. Rauch, sculpteur prussien, qui jouit d'une grande réputation en Allemagne, ainsi qu'à M. Amsler, graveur allemand, dont le talent est fort remarquable (1).

P. A.

(1) L'exposition comprend aussi des dessins d'architecture dont je n'ai point parlé. Je ne voudrais pas que l'on pùt, à cette occasion, me reprocher une indifférence d'autant plus blâmable, que cette partie des arts du dessin est cultivée en France, et surtout à Paris, avec un succès non contesté ; je vais donc faire connaître les motifs de mon silence. — La véritable exposition des architectes, ce sont les édifices eux-mêmes: mettre au Salon les élévations et les plans des monumens exécutés, ou des projets qui peut-être ne se réaliseront jamais, c'est, dans le premier cas, montrer ce que l'on connaît, et, dans le second, donner des preuves d'une habileté plus ou moins grande à disposer

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR GIRODET,

Peintre d'histoire, membre de l'Institut, officier de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre de St. Michel.

Un peintre doué d'un génie extraordinaire vient de mourir; la douleur publique a été vive et profonde; ses élèves et ses amis sont inconsolables; organe des' regrets communs, que je voudrais adoucir, je vais rappeler les titres de gloire et les qualités privées de l'homme célèbre que nous pleurons.

GIRODET (Anne-Louis) naquit à Montargis, le 5 janvier 1767 (1). Il dut le jour à des parens qui appartenaient à la classe

des masses, à arranger des lignes; mais j'avoue que je n'ai pas osé discuter des projets; il y a toujours un peu d'aridité dans une discussion de cette nature, et comme cette discussion reposerait sur une éventualité, on aurait pu la juger inutile. Il est une autre sorte de dessins exposés : ce sont ceux qui doivent entrer dans des ouvrages que l'on publie. Ceux-ci ont un intérêt positif; j'aurais donc dû parler des dessins que M. Gau a faits tant en Nubie qu'à Jérusalem. Nous acquitterons notre tâche envers cet artiste en parlant de nouveau (voyez Rev. Enc., t. XIII et xvII, p. 378 et 155), de son Voyage en Nubie, auquel le ministre de l'Intérieur vient de souscrire pour 25 exemplaires. Quant à M. Mazois, nous avons déjà consacré un article à l'ouvrage intitulé: Ruines de Pompéi (voyez Rev. Enc., t. xvII, p. 638), dont il a exposé plusieurs parties, et nous y reviendrons.-M. LEBAS aurait bien mérité aussi que l'on parlât du projet qui a obtenu le prix au concours pour l'église que l'on va élever dans le faubourg Montmartre; mais il me semble que je ferai une chose plus agréable pour les lecteurs et plus complète pour les architectes, en consacrant un article spécial à l'ensemble des monumens exécutés à Paris depuis dix ans, et à ceux qui sont maintenant en cours d'exécution. La Bourse en fera nécessairement partie.

(1) Son père était directeur des domaines de Mgr le duc d'Orléans; sa mère, née CORNIER, était fille d'un banquier expéditionnaire en la cour de Rome. - Le Portrait de GIRODET est joint à cette Notice.

moyenne de la société; ce fut une circonstance heureuse : né dans les rangs inférieurs, ses grandes dispositions auraient pu être étouffées, et, s'il avait appartenu aux classes élevées, sa position sociale l'aurait probablement détourné de sa voca

tion.

Déjà même, le jeune Girodet eut à combattre les intentions de ses parens qui le destinaient à la carrière militaire; mais ses instances furent si vives, son penchant si marqué, qu'ils cédèrent, et la peinture fit une des plus grandes conquêtes dont elle puisse se glorifier. A treize ans, pendant le cours de ses études, il fit le portrait de son père; à 22 ans, il gagna le grand prix; il était alors dans l'école de David, où ses progrès avaient été immenses (1).

Maintenant, l'avenir se montre à ses yeux brillant d'espérances et de gloire; les succès de Drouais dont le tableau l'avait si vivement frappé; l'idée de fouler le sol de l'Italie, cette terre chérie des esprits éclairés, où les nobles productions des arts se mêlent à une nature grande et pittoresque, vinrent imprimer à un esprit délicat et sensible, à un cœur ardent et passionné, l'impulsion la plus vive et la plus forte. Il part, et ses émotions qu'il révèle à son tuteur, depuis son père adoptif, prouvent qu'il sent avec cette force et cette vivacité qui sont les indices du génie, s'ils ne sont pas le génie lui-même. Arrivé à Rome, pour remplir l'obligation qui lui était imposée, comme pensionnaire, de faire une figure d'étude, il crée un chef-d'œuvre, le Sommeil d'Endymion; et les professeurs de l'ancienne Académie, auxquels les productions de David avaient déjà montré quelle était la route qu'il fallait suivre pour arriver au beau,

(1) David a dit plus tard, en parlant de Girodet, que c'était son plus bel ouvrage.

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