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nement absolu, il existe de confiance dans l'intervention des particuliers pour tout ce qui est bon et utile, tandis que, dans d'autres pays où les relations des gouvernans avec les gouvernés devraient être plus franches et plus multipliées, elles sont, au contraire, restreintes. L'empereur Alexandre corrige, 'par les dispositions bienveillantes de son caractère, tout ce que son autorité suprême pourrait avoir d'arbitraire. Il règne sans obstacle et participe cependant à toutes les institutions qui ont l'air d'être indépendantes de lui. Il pourrait disposer de la vie de tous ses sujets, et c'est dans son pays seul que la peine de mort est abolie. C'est par son influence que se sont formées toutes les associations de bienfaisance, parmi lesquelles se distinguent les sociétés pour l'amélioration des prisons fondées dans les principales villes, et qui correspondent toutes avec la Société centrale de Pétersbourg : des comités de dames, affiliées à ces sociétés et sous la direction de la princesse Metschersky, secondent puissamment leurs travaux. Ces dispositions ont produit les plus heureux effets, et la mortalité, ainsi que les maladies, a diminué d'une manière remarquable dans toutes les prisons.

Ne devrions-nous pas nous féliciter en France des mêmes résultats, et n'est-il pas pénible que, dans ce rapport destiné à faire connaître les bienfaits qui partout consolent et honorent l'humanité, il ne soit question de la France que par un accusé de réception des mémoires de la Société anglaise? Ce triste résultat n'est point la faute des membres composant l'ancien conseil des prisons, et l'on ne doit point les en accuser. Si les travaux utiles qui avaient été poussés avec tant d'éclat et de succès, pendant les années qui ont suivi la formation de la Société des prisons de Paris, se sont ralentis, c'est uniquement à cause des entraves de tout genre que cette Société a éprouvées dans le bien qu'elle voulait faire. Lorsqu'on a vu disparaître sur la liste de ses membres les noms de MM. La Roche

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foucault et Delessert, l'un destitué arbitrairement de ses titres à exercer la bienfaisance, l'autre s'éloignant d'une administration qui ne pouvait plus opérer de bien, on a dû penser qu'il y aurait une longue lacune dans les annales de la bienfaisance. Espérons toutefois que cet intervalle sera bientôt comblé. Il suffit qu'il ait fixé les regards d'un prince humain et généreux, Mgr le Dauphin, qui s'est déclaré l'appui des opprimés, et qui ne voudra pas laisser imparfait son ouvrage.

Un des plus utiles établissemens que l'on doit à la Société de Londres, est la fondation d'une Maison de refuge, ou autrement d'un Asile pour les prisonniers qui ont fini leur tems et qui, ne trouvant pas de travail, à la sortie de leur prison, seraient exposés à retomber dans le vice par la faim et la misère. Cet asile, pour lequel des fonds considérables ont été souscrits, a déjà sauvé du désespoir et ramené au bien un, nombre considérable de ces malheureux. Le rapport en rend un compte intéressant et donne une idée du bien qu'un semblable établissement pourrait opérer partout ailleurs. En effet, que peuvent devenir des hommes rendus à la société, mais toujours signalés comme des malfaiteurs? repoussés par leurs familles, odieux à leur commune, ils ne trouvent aucun emploi de leurs facultés. En admettant même qu'ils aient pu contracter en prison le goût du travail et apprendre un métier, ils ne trouvent qu'avec beaucoup de difficultés l'occasion de s'y livrer, et alors le désespoir les replonge dans le vice dont une main secourable aurait pu les éloigner pour toujours.

Ce rapport, après avoir fait ainsi connaître une suite de faits intéressans, se termine par des considérations générales que l'on ne saurait trop méditer. « Six années se sont écoulées, dit le Rapporteur, depuis l'établissement de la Société, et chacun de ses anniversaires a montré l'importance et le succès de son institution. Lorsqu'on se reporte vers le passé et qu'on se rappelle les abus qui existaient et l'indifférence que l'on portait à

leur réforme, comparés au zèle qui se manifeste de tous côtés maintenant, on ne peut que se féliciter d'y avoir pris part. Le zèle des magistrats qui a été par-là stimulé, les lois qui ont été rendues, les édifices qui out été construits et les mesures de tout genre qui ont été adoptées, font apprécier les avantages de cet esprit d'association qui distingue particulièrement notre siècle, et surtout l'Angleterre. Il est rare qu'un seul homme ou quelques individus, quelque zélés et quelque puissans qu'ils soient, ne trouvent bientôt leurs efforts bornés par le tems, les faiblesses de l'humanité, ou le terme de la vie. Il n'est la que force de l'association qui puisse présenter une action systématique, uniforme et durable, de grandes réunions de cette nature. Comme elles s'identifient avec le but de leurs travaux, elles assurent non-seulement le premier établissement, mais la continuation indéfinie de ces nobles efforts. Elles n'établissent aucun devoir auquel les personnes de tout rang ne puissent se soumettre, et aucune sorte de considération que les plus humbles particuliers ne puissent partager. Cet admirable principe et la répartition générale des lumières sont la marque distinc`tive du tems actuel. Au milieu des scènes de vices et de misères dont on a eu souvent le tableau sous les yeux, il est consolant de penser que la science de la philanthropie marche d'un pas égal avec toutes les autres branches de la civilisation, et que la puissance des lumières ne sert pas moins à rendre les hommes heureux qu'à les éclairer. C'est aujourd'hui avec une égale énergie que l'on s'occupe partout de l'instruction générale, de la réforme des vices et des abus et des secours à donner au malheur. Ces admirables efforts ne partent pas du caprice d'un moment, ou d'un zèle inconsidéré, ou d'un désir vague d'innovation, mais du calme de la réflexion et de la passion du bien public: ils ne tiennent pas à des motifs d'intérêts ou d'amour-propre, mais à l'amour de son pays et des intérêts de l'humanité. Ils ne tiennent point aux

rêves d'une fausse sensibilité, mais à la pratique des principes du christianisme et à l'esprit bienfaisant de la charité chrétienne. Les magistrats de l'Angleterre se sont toujours distingués dans l'administration de la justice et dans l'exercice désintéressé de leur charge, sur laquelle reposent la sûreté et la prospérité du pays. Ils ont aujourd'hui de nouveaux devoirs à remplir, qui touchent encore de plus près aux droits et au bonheur des hommes. Leur tâche est sans doute pénible et difficile; mais ils auront pour récompense la reconnaissance de leurs concitoyens et les bénédictions des opprimés. C'est à leurs travaux que seront dues la réforme du vice et la plus grande sûreté de la propriété. Ils sont appelés à réformer des institutions qui, destinées à corriger le vice, n'avaient servi qu'à l'encourager: ils sont appelés à régler les punitions d'après l'expérience des âges, les règles immuables de la justice et l'esprit charitable de la religion. Enfin, leur noble privilége est d'adoucir les maux et d'encourager à la vertu. Quelle plus belle occasion pour eux d'étendre leur considération, de faire bénir leur pouvoir et de conserver le rang élevé que la Providence leur a assigné parmi les nations de la terre! >>

Ces sentimens généreux que l'auteur de ce rapport proclame avec une éloquence si simple et si touchante, sont dans le cœur de tous les hommes éclairés et honnêtes des autres pays. Puissent-ils être encouragés, comme en Angleterre, par le gouvernement et par l'opinion! Ils y produiront bientôt les mêmes résultats.

Alexandre DE LABORDE, de l'Institut.

LOIS SUR LA COMPÉTENCE DES FONCTIONNAIRES PUBLICS DE TOUTES LES HIERARCHIES; par M. DUPIN, Avocat; avec cette épigraphe :

L'ordre ne peut exister dans le royaume, qu'autant que chaque autorité constituée se renfermera dans les limites prescrites par la loi (1).

Ces quatre volumes complètent la Collection des lois par ordre de matièrés, que M. Dupin avait été chargé par le gouvernement de publier, suivant le plan tracé par l'avis du conseil d'état du 7 janvier 1813. Il y a travaillé assidûment, pendant les onze années qui viennent de s'écouler, et a conduit jusqu'à la fin sa laborieuse entreprise.

On doit lui savoir gré d'avoir eu l'heureuse idée de réunir en un seul recueil les lois sur la compétence des fonctionnaires publics. Le besoin d'un tel ouvrage se faisait vivement sentir parmi les jurisconsultes, les magistrats et les administrateurs; car, on doit le dire, il n'y a pas de partie dans notre législation qui soit plus imparfaite que celle qui règle les compétences. Tout a été l'œuvre du tems, du besoin, des circonstances; on a été, pour ainsi dire, au jour le jour, et trop souvent il semble qu'on ait voulu rester dans le vague et dans l'arbitraire. M. Dupin compare avec raison les fonctionnaires publics à des voisins mal bornés, qui sont sans cesse en querelle sur les limites de leurs héritages. La solution de ces déplorables conflits ne peut se trouver que dans le texte des lois.

En effet, dit M. Dupin, « en fait de pouvoir, tout est l'œuvre de la loi Omnis potestas à lege. Les commissions désignent

(1) Paris, 1824. 4 vol. in-8°. Guillaume, libraire, rue Hautefeuille, no 14; prix 26 fr., et 30 fr. franc de port,

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