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ni la patience nécessaires pour en achever la lecture: la surabondance produirait un véritable chaos. Un choix rigoureux, un classement méthodique et une analyse rapide, fidèle, impartiale des meilleurs ouvrages, au milieu de cette multitude de livres publiés dans tous les pays, sont donc à la fois propres à satisfaire un besoin généralement senti, et constituent la partie essentielle de la tàche que nous avons entreprise.

en

On sait que l'Allemagne seule envoie annuellement à la foire de Leipsick plus d'ouvrages, annoncés comme nouveaux, qu'il ne nous serait possible d'en examiner, pendant le cours d'une année. L'Angleterre et la France commencent à rivaliser avec l'Allemagne de fécondité bibliographique; et en cela, comme d'autres choses, l'extrême abondance n'est pas toujours la richesse. Quant à nous, réduits à la nécessité de choisir et de nous renfermer dans des bornes déterminées, il a pu nous arriver sans doute de nous tromper dans nos choix, ou d'être induits en erreur par nos correspondans; nous sommes exposés à l'inconvénient grave de négliger, sans le vouloir, ce qui est bon, et de nous arrêter sur ce qui est médiocre, en cédant quelquefois aux circonstances. L'attention la plus scrupuleuse ne peut pas toujours nous préserver de semblables méprises, qui néanmoins, nous osons l'espérer, deviendront de plus en plus rares, à mesure que nous avançons dans notre carrière, que nos relations s'étendent, que nos vues et notre but sont mieux appréciés, et qu'une longue expérience et des conseils judicieux nous apprennent à nous perfectionner.

Nous devons ici faire remarquer, au sujet des simples brochures, des mémoires et des rapports scientifiques annoncés dans chacun de nos cahiers, et qui tiennent une place que pourraient occuper des ou vrages plus étendus, qu'il est souvent nécessaire de les signaler, au moment de leur publication. Ces brochures et ces mémoires sont ordinairement la représentation exacte de l'état présent des esprits et des opinions; ils mettent sur la voie des recherches; ils indiquent des besoins pressans, ou préparent des découvertes. Nous continuerons donc à parler des brochures et des mémoires qui nous paraîtront remarquables, soit par l'importance du sujet, soit par les noms et les travaux de leurs auteurs, soit par leur mérite littéraire.

Ce qui caractérise particulièrement notre ère intellectuelle, c'est la direction commune de toutes les sciences vers des applications d'une utilité générale. La pensée de l'homme abandonne les régions des abstractions, et se fixe au milieu d'objets réels. La plupart des ouvrages de sciences que nous avons analysés, en 1824, renferment des applications aux arts. La terre et les trésors qu'elle offre au travail de l'homme ; l'homme lui-même et ses facultés; dans une autre division de nos connaissances, l'origine, l'organisation, l'état actuel, les progrès de nos sociétés, les biens et les maux dont elles sont la source; les dangers de l'erreur et les avantages de l'instruction: voilà ce qui. occupe nos savans, plutôt que de vains systèmes.

Les sciences naturelles et la géographie, au profit des

quelles des naturalistes instruits et de hardis navigateurs vont explorer des contrées lointaines, se sont enrichies depuis peu par d'utiles travaux, qui sont recueillis avec

soin, les uns dans les Annales des sciences naturelles, commencées en 1824 par MM. AUDOUIN, Ad. BRONGNIART et DUMAS; les autres, par la Société de géogra phie, qui continue à exciter par son exemple, à diriger par ses instructions, à encourager par d'honorables récompenses les auteurs laborieux et les voyageurs intrépides qui s'occupent d'agrandir la sphère des connaissances géographiques.

La physiologie, et surtout la physiologie du cerveau et du système nerveux, présentent les commencemens et les premiers germes de découvertes importantes qui doivent avoir plus tard une grande influence sur l'art de guérir en général, et sur la médecine pratique (1).

C'est à l'année 1824 que des arts nouveaux devront leur origine, ou des arts déjà connus, leur introduction dans des emplois auxquels on ne les croyait pas destinés. Dans le cours de cette année, la connaissance

(1) Nous rappellerons ici les savantes recherches de M. GEOFPROY-SAINT-HILAIRE (voy. les comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, et spécialement t. xxiv, p. 248, 249); de M. FLOURENS (t. xxш, p. 253); de M. SERRES (Voy. Rev. Enc., t. xxIII, p. 234); et les travaux importans de MM. ADELON, MAGENDIE, de quelques savans italiens, MM. GALLINI, de Padoue, BELLINGERI, de Turin (voy. Rev. Enc., t. xxII, p. 151 et 660); enfin, la nouvelle édition de l'ouvrage de M. le docteur GALL, sur l'Organologie, ou Exposition des instincts, des penchans, etc., et du siége de leurs organes. Paris, 1823, 1824 et 1825. 6 vol. in-8°. L'auteur, rue de Grenelle, F.-St.-G., no 5o. Prix 42 fr.

des ponts suspendus est devenue commune à toute l'Europe et prépare une révolution dans les travaux publics (1). L'application de la machine à vapeur de M. Perkins à l'art de la guerre (2), et les essais hardis et curieux de la navigation sous-marine (3), ne seront point sans influence, lorsqu'ils auront subi les épreuves qui mettront en état de les apprécier. L'éclairage par le gaz (4) a pris une grande extension, et le gaz lui-même, en devenant portatif, pourra satisfaire à plusieurs usages auxquels il n'a pas encore été approprié. Tandis que ces arts matériels reçoivent partout l'accueil le plus favorable, nous avons vu, avec douleur profonde, frapper d'interdiction ou renfermer dans des limites étroites le plus noble des arts, celui de rendre l'instruction primaire, plus générale, plus facile et presque vulgaire, par la méthode perfectionnée de l'enseignement mutuel, et d'y faire participer la multitude qui jusqu'ici n'a guère pu jouir de ce précieux

une

(1) Voy. la Notice sur les ponts suspendus; par M. NAVIER, t. XXII, p. 13-25, avril 1824. Ce savant et habile ingénieur dirige luimême, dans ce moment, les travaux entrepris à Paris pour la construction d'un pont en chaînes de fer, appelé pont des Invalides, qui partira de l'esplanade des Invalides pour conduire aux ChampsÉlysées.

(2) Voy. le Mémoire sur les armes à vapeur; par M. DE MONTGÉRY, t. xx, p. 529-541, septembre 184.

(3) Voy. la Notice sur la navigation et la guerre sous-marines; par M. DE MONTGÉRY, t. xxII, p. 521-540, juin 1824.

(4) Voy. la Notice historique sur l'éclairage par le gaz, sur sa nature et ses propriétés; par M. FERRY, t. xx1, p. 12-21, et p. 497-508, janvier et mars 1824.

avantage, et que l'on ne semble pas disposé, dans une partie de l'Europe, à traiter avec plus de bienveillance. Les chefs des gouvernemens et leurs ministres ne devraient pas néanmoins méconnaître cette vérité fondamentale, que la moralité des nations est proportionnelle à leur instruction; que, plus celle-ci est également répandue et bien dirigée, plus les sociétés fleurissent; que la stabilité des états, la puissance et la gloire des rois, l'industrie et le bien-être des peuples sont en raison du degré d'instruction et de moralité auquel ceux-ci peuvent s'élever. Par quel déplorable malentendu, par quel contre-sens funeste, ceux qui sont le plus intéressés à ce que les nations soient essentiellement morales, éclairées et industrieuses, riches et puissantes, se montrent-ils obstinés à mettre des entraves à ce libre et complet développement des facultés humaines qu'ils devraient être les premiers à favoriser ? Certainement, ils ne voudraient point perdre pour euxmêmes ces produits variés de la civilisation et des arts qui les environnent de jouissances et qui relèvent encore leur existence privilégiée; et ils compriment, autant qu'il dépend d'eux, cette même civilisation qui ne demanderait qu'une atmosphère de liberté et de tranquillité pour prodiguer de nouveaux bienfaits.

Il ne s'agit d'ailleurs, en appliquant et en propageant l'enseignement mutuel avec une judicieuse libéralité, que d'élargir la base de l'instruction primaire, qui n'est plus en proportion avec l'état général des lumières et avec l'accroissement de la population. Il s'agit d'accorder au moins l'absolu nécessaire sous ce rapport aux

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